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Tâches effectuées par les travailleurs sociaux

Chapitre 6 : Résultats des analyses transversales

6.4 Tâches effectuées par les travailleurs sociaux

Certaines tâches sont ressorties dans nos analyses comme étant centrales dans l’exercice du travail social à l’IUSMQ. Le tableau à la page suivante les présente en les regroupant selon des catégories qui concernent d’une part les niveaux d’intervention et, d’autre part, certains paramètres externes à la relation entre l’usager et le travailleur social. Les sous-sections qui suivent abordent chacune de ces catégories de façon détaillée.

Tableau 8. Interventions et tâches des travailleurs sociaux Types d’interventions Tâches décrites par les répondants

Individuelles - S’assurer que les besoins physiologiques sont comblés

- Accompagner la personne au sujet du problème d’utilisation de substances

- Partage d’outils pour faciliter la gestion des émotions - Développer le réseau de soutien

- Offrir un soutien dans les moments de crise

- Accompagner la personne dans la définition et l’actualisation de son projet de vie

- Diriger les usagers vers les ressources pour la continuité des services - Planifier avec la personne l’orientation post-hospitalisation

Familiales - Initier le contact avec les familles en début de suivi

- Faire la collecte d’informations collatérales concernant la situation avant le début du suivi

- Offrir du soutien (ex : gestion de la charge émotive, révision des attentes, acceptation des déficits amenés par la maladie, encadrement, écoute active, réassurance, ventilation, diminuer les inquiétudes) - Transmettre des informations pendant le suivi

- Diriger les proches intéressés aux organismes d’aide aux proches - Offrir de la psychoéducation sur la maladie et la médication - Faire l’évaluation de la dynamique familiale

- Inclure les familles dans les interventions et le plan d’intervention

De groupe - Préparer, animer et retour sur les différentes interventions de groupes

Interdisciplinaires - Assister aux réunions cliniques - Participer aux discussions de cas

- Planifier l’orientation et les tâches à réaliser avec les usagers

- Informer l’équipe des interventions réalisées avec les usagers en suivi

De liaison avec les partenaires

- Effectuer la liaison avec les partenaires impliqués dans la situation de l’usager (échange d’informations en cours de suivi)

- Soutenir, accompagner et rassurer les partenaires dans leurs interventions auprès des usagers

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6.4.1 Interventions individuelles

Pour les répondants de notre étude, plusieurs tâches liées à l’intervention auprès des usagers sont caractérisées par la réponse à des besoins de base tels que l’hébergement, le revenu et l’accès à de la nourriture. De plus, notons que plusieurs travailleurs sociaux nommeront s’occuper également des sphères occupationnelle et sociale pour les usagers qu’ils rencontrent : « Mais on voit vraiment la globalité de la personne, ce n’est pas juste… la personne. Ouais, bon, toute l’aspect du travail, la gestion budgétaire par exemple, l’occupation, le social […] ». La gestion des émotions est aussi un aspect rapporté par les répondants : « Donc je vais travailler vraiment les objectifs qu’on… qu’on a mis ensemble [dans le plan d’intervention]. Ça peut aller de la psychoéducation à la maladie, à la gestion des émotions, à la gestion du stress ». La consommation de drogues et d’alcool, la définition et l’actualisation du projet de vie font aussi partie de sujets à aborder en intervention individuelle pour ces travailleurs sociaux. Cette répondante résume bien la plupart des interventions dirigées vers les individus :

Les interventions auprès de la clientèle, ça peut être autant intervention de crise. Donc... Une situation change, que ce soit rupture amoureuse, présentation de symptômes qui refont surface… Ça peut être ben crise psychosociale avec la famille, de leur côté à eux, je veux dire là. Donc un conflit familial… Rechute en toxicomanie, perte de milieu de vie... Sinon, ça peut être des interventions aussi... lorsque la personne est plus stable. Donc […] le maintien des acquis surtout, le renforcement, motivationnel. Puis je veux dire, des fois des rencontres de courtoisie aussi en fin de suivi. Qui est vraiment avec le maintien.

Plus largement, les participants évoquent les modalités des interventions individuelles. Ils parlent ainsi de rencontres individuelles, de celles qui concernent les plans d’intervention, de l’accompagnement dans différents milieux et ressources, de références à d’autres organismes et de psychoéducation.

6.4.2 Interventions familiales

Les interventions auprès des familles se caractérisent par leur visée. En effet, les interventions familiales sont réalisées dans des contextes différents selon le lieu de pratique de l’IUSMQ. Par exemple, à l’intrahospitalier, l’objectif est de

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comprendre la situation de la personne en intégrant des informations relevant de la perspective des membres de sa famille :

Auprès des familles, ben, c’est sûr que c’est de les accueillir dans ce qui a amené l’hospitalisation. Pis des fois, c’est des situations qui datent depuis longtemps. Une détérioration qui continue. La présence de drogue aussi qui est présente beaucoup […] chez cette clientèle-là, c’est des soutenir. Mieux comprendre aussi ce qui s’est passé. Mieux comprendre le fonctionnement familial. Pour après ça, qu’on soit capable de de de cibler vraiment est où la problématique principale, qu’est-ce qui va être à travailler, à court terme, à moyen terme, à long terme.

En lien avec ceci, notons que les travailleurs sociaux ont aussi un rôle de soutien aux familles, comme nous avons pu voir dans un des extraits présentés à la section 6.1. Or, en fonction des différents milieux de pratique à l’intérieur de l’IUSMQ, les interventions familiales sont de différents ordres : aider le psychiatre à compléter l’histoire développementale de l’usager, identifier les événements marquants dans sa vie, évaluer le contexte familial dans lequel il a grandi et évolue au moment du suivi, estimer les besoins des proches, identifier les ressources disponibles et comment l’usager interagit avec son système familial.

OK, bien auprès de la famille, ça va être beaucoup de l’échange d’informations sur la situation actuelle du client : comment il va, répondre aux questions de la famille... Je trouve qu’il y a beaucoup d’écoute active, de soutien, rassurer la famille, c’est ça, aider à diminuer les inquiétudes […]. Mais il y a vraiment aussi un échange, les informer sur […] des informations générales t’sé sur la maladie et tout ça le traitement, mais aussi donner des informations sur présentement comment y va.

Les modalités des interventions auprès des familles varient aussi d’un milieu de pratique à l’autre. Par exemple, notons les rencontres familiales, le suivi familial, le soutien, les conseils, la liaison, la transmission d’informations, la psychoéducation et l’évaluation familiale.

6.4.3 Interventions de groupe

Quelques répondants de notre étude utilisent l’intervention de groupe dans le cadre de leur pratique en troisième ligne psychiatrique. Dans notre échantillon, quatre travailleurs sociaux participent à l’animation de différents types de groupe pour les usagers et leur famille. Ces groupes ont différentes cibles. Ceux qui s’adressent aux usagers visent l’apprentissage de nouveaux comportements, la mise en action, la psychoéducation et la gestion des émotions. En ce qui concerne

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les groupes pour les familles, ceux-ci ciblent davantage la psychoéducation sur la maladie et l’apprentissage de stratégies d’adaptation. « Donc c’est de l’information rapide sur le programme […] et c’est beaucoup, c’est surtout de répondre aux inquiétudes et questionnements des gens. Pis de présenter les ressources [pour les familles] à cette rencontre-là. C’est des rencontres qui durent environ deux heures, deux heures et demie. »

Si peu d’interventions de groupe ont été explicitées dans nos entrevues, il en est autrement pour les interventions à caractère interdisciplinaire. Au point suivant, nous résumerons les interventions interdisciplinaires abordées par les répondants à notre étude.

6.4.4 Interventions interdisciplinaires

Les réunions cliniques semblent être le type d’intervention interdisciplinaire le plus courant. En effet, selon les répondants, ces rencontres ont pour but de discuter de la situation du client, des différentes tâches à réaliser, de l’orientation des services ou du suivi, des possibles impasses cliniques et d’autres sujets significatifs liés à l’usager et aux objectifs fixés avec lui.

Notons aussi que les interventions interdisciplinaires se caractérisent par certains modes de communication. Les répondants parlent de discussions de cas, de contacts de liaison et de transmission d’informations de manière plus informelle. Un des répondants nomme cet aspect : « Je dirais plus les discussions de bureau, de corridor entre guillemets ; là, où ce que là, on a quelque chose […] à donner de l’information à donner ou à recevoir pis on se visite comme ça sur le pouce pis qu’on passe de l’information. »

D’autres éléments concernant l’interdisciplinarité ont été rapportés par les participants : la nature des interventions et les professionnels inclus dans ces équipes. En effet, certains répondants parlent ainsi d’assister au rapport matinal quotidien sur l’unité de soins où ils travaillent, dans le but de prendre le pouls sur ce qui s’est passé la veille et de faire un plan en équipe pour les suites. « Fait que souvent, le début de la journée va être comme ça. C’est une rencontre d’environ 15 minutes où on va faire le tour des choses qui sont particulières à faire pour la journée. » Plus de la moitié des répondants souligne par ailleurs avoir plus de deux réunions cliniques par semaine. « C’est sûr qu’il y a presque des réunions chaque jour. » Les professionnels faisant partie des équipes cliniques sont des psychiatres,

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des infirmiers, des ergothérapeutes, des éducateurs spécialisés et parfois des psychologues. Par exemple, ce répondant parle de son équipe de travail : « Parce que là, on est moi, le psychologue, il y a l’ergothérapeute et l’infirmier bachelier. » Les répondants rapportent aussi que les interventions en interdisciplinarité incluent aussi de la co-intervention avec un membre de l’équipe : « Ça peut arriver que je fasse de la co-intervention avec un médecin psychiatre, pis des fois aussi avec l’infirmière aussi qui est au dossier. »

Cet autre passage illustre quant à lui ce qui entoure la planification interdisciplinaire ayant lieu durant l’hospitalisation ainsi que la hiérarchie médicale :

[…] j’ai vraiment défendu mordicus ce projet-là, devant le médecin. Ultimement, c’est toujours le médecin qui signe le congé ici. Pis ça ne passait pas pantoute. (rire) Je ne rassurais pas du tout mon médecin. Mais, j’ai vraiment... J’y croyais, sans tout avoir les données objectives pour le justifier, j’y croyais en me disant, t’sé, j’ai des partenaires autour de la table qui sont solides et qui me disent qu’« on s’en va dans ce sens- là ». Pis finalement, ça... t’sé, mon médecin n’a comme pas acheté ça du tout. Fait qu’il y a fallu se revirer de bord.

Toutefois, un autre participant aborde la hiérarchie qui est présente dans sa pratique à l’IUSMQ. « Mais je sens des fois un peu plus comme un exécutant... Que comme un clinicien là. »

6.4.5 Liaison avec les partenaires

La liaison avec les partenaires est une partie prépondérante du travail de plusieurs répondants. Parmi ceux-ci, nous retrouvons les ressources communautaires consacrées à la réinsertion socioprofessionnelle, les milieux d’hébergement, les propriétaires de logements, les intervenants de la première ligne (travailleur social et éducateur spécialisé des différents Centres de santé et de service sociaux – CSSS) ainsi que les intervenants de 2e ligne en protection de la

jeunesse. « […] Toutes les liaisons avec les partenaires. Donc si c’est des gens qui ont des enfants, donc avec la DPJ, avec d’autres milieux de vie s’ils ont des milieux de vie subventionnés ou pas là, mais qui sont supervisés, CLSC, si c’est des suivis en transfert qui peuvent être conjoints aussi. »

Je te dirais qu’il y a beaucoup de collaboration qui se fait avec le réseau, parce qu’évidemment quand les gens du CLSC par exemple sont impliqués dans nos dossiers, ben t’sé on agit en liaison. Parce qu’ils

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demeurent les pivots au dossier. Même chose avec les gens du communautaire. S’il y a un intervenant dans le communautaire d’impliquer, évidemment qu’on va faire le lien. Pis on va référer beaucoup nos gens vers le CLSC, vers les organismes.

Pour les répondants, les objectifs de ces contacts avec les partenaires sont le soutien, l’accompagnement et l’échange d’informations. « Sinon, les contacts avec le réseau, c’est beaucoup avec les ressources d’hébergement. […] Fait que là, t’sé, c’est vraiment de l’échange d’infos sur “il en est où, y en est rendu où... dans ses objectifs, son projet de vie... comment ça se passe sa participation”, pis ben, sur l’état mental. »