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4. Discussion

4.3 Tâche de répétition de phrases (H3)

4.3.1 Retour sur les hypothèses H3 A et H3 B

Les résultats ont montré que les enfants bilingues DT (séquentiels et simultanés) ont obtenu des résultats significativement supérieurs à ceux des enfants bilingues TSL (séquentiels et simultanés) dans la tâche de répétition de phrases. Cette différence significative était présente tant lorsque nous les avons comparé sur l’ensemble des items, que lorsque nous avons considéré uniquement les phrases enchâssées (voir 3.3.1). Les enfants bilingues séquentiels DT ont également des résultats significativement plus élevés que les enfants bilingues séquentiels TSL dans cette tâche. Cependant, nous avons obtenu une différence non significative lorsque nous avons comparé ces derniers uniquement sur les phrases enchâssées. Ceci infirme les résultats de l’étude de Schneides (2012) selon laquelle les

structures de phrases enchâssées permettent de diagnostiquer un TSL chez un enfant bilingue séquentiel, puisque les enfants bilingues séquentiels DT utilisent tout autant l’enchâssement que les monolingues DT, et l’utilisent donc davantage que les monolingues TSL. Nous aurions donc dû obtenir une différence significative entre les bilingues séquentiels DT et TSL au niveau de cette structure syntaxique. Cependant, nous pouvons supposer que cette absence de significativité est due à un manque de force statistique, lié au fait que le nombre d’items constituant des phrases enchâssées est réduit (13/32). En effet, la tâche de répétition de phrases contient le même nombre de phrases contrôles (phrases au présent et passé) que de phrases enchâssées. De plus, nous rappelons que notre groupe d’enfants bilingues DT n’était composé que de 8 enfants contre 20 enfants bilingues séquentiels TSL, ce qui a inévitablement diminué la force statistique de notre résultat. Un prolongement intéressant de cette étude pourrait donc être de comparer les bilingues séquentiels DT et TSL sur cette même tâche de répétition de phrases en augmentant d’une part le nombre d’items enchâssés et d’autre part le nombre d’enfants constituant les groupes.

4.3.2 Approfondissement de l’hypothèse H3 B

Nous avons obtenu une différence non significative entre les bilingues séquentiels DT et les bilingues séquentiels TSL en les comparant uniquement sur les phrases enchâssées. Les phrases enchâssées comprennent les phrases complétives et les phrases relatives (sujets et objets). Les phrases relatives constituent la structure syntaxique la plus complexe puisqu’elles comprennent un mouvement syntaxique ainsi qu’un enchâssement, contrairement aux complétives qui ne contiennent qu’un enchâssement. Nous avons donc également comparé les scores de ces deux groupes sur les phrases relatives objets et sujets afin de déterminer si la différence entre les TSL et les DT était davantage marquée dans la structure syntaxique la plus complexe. En ce qui concerne les phrases relatives objets, malgré un écart (visible sur la figure 21) de 11% entre les scores des DT séq et ceux des Bi-TSL séq (au détriment de ces derniers), cette différence n’est pas significative en ce qui concerne le pourcentage moyen de répétition correcte des deux groupes (p= 0,94).

Figure 21 : Pourcentage de répétition correcte des phrases relatives objets dans la tâche de répétition de phrases pour les Bi-DT séq et les Bi-TSL séq

Le pourcentage moyen de répétition correcte des phrases relatives sujets entre les deux groupes d’enfants bilingues séquentiels DT et TSL est lui aussi similaire puisque la différence statistique des scores obtenus n’est pas non plus significative (p = 0,22)(Figure 22).

Figure 22 : Pourcentage moyen de répétition correcte des phrases relatives sujets dans la tâche de répétition de phrases pour les Bi-DT séq et les Bi-TSL séq

Le score de répétition exacte que nous avons utilisé pour l’analyse des résultats est un score sévère, puisqu’il entraine une cotation de 0 à la moindre erreur. Cette cotation est très

% répétition exacte des phrases relatives objets

NS

% répétition exacte sur les phrases relatives sujets

NS

pénalisante pour les enfants TSL car ils ont tendance à faire de nombreux ajouts de pronoms ou encore d’omissions de noms. Or ces erreurs ne sont pas celles qui nous importent dans cette tâche de répétition de phrases puisque le seul objectif est d’évaluer les compétences des enfants au niveau des structures syntaxiques complexes. Pourtant, ces inexactitudes sont prises en compte dans le score de répétition exacte. C’est pour cette raison que nous avons comparé ces deux mêmes groupes mais sur le score de maintien de la structure syntaxique. En effet, ce score ne tient compte que du respect dans la répétition de la structure syntaxique demandée, et pas des autres erreurs fréquentes faites par les enfants TSL mais qui ne sont pas ciblées ici. Par exemple, lorsque l’enfant répète « Les enfants ils ont mangé la carotte » pour la phrase « Les enfants ont mangé la carotte », ceci va entrainer une cotation de 0 pour le score de répétition exacte, puisque l’ajout de pronom compte pour une erreur. Cependant, cette réponse entraine une cotation de 1 dans le score de maintien de la structure syntaxique. En effet, malgré l’ajout de pronom, la structure syntaxique demandée (le passé) est respectée. Nous avons donc comparé le pourcentage de maintien de la structures syntaxique des phrases complétives des Bi-DT séq et celui des Bi-TSL séq.

Malgré un écart de 14% (visible sur la figure 23), cette différence n’est pas significative (p=

0,25).

Figure 23 : Pourcentage de maintien de la structure syntaxique des phrases complétives dans la tâche de répétition de phrases pour les Bi-DT séq et les Bi-TSL séq

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

Bi-DT séq Bi-TSL séq

% score de maintien de la structure syntaxique sur les complétives

NS

Compte tenu de ces divers résultats, nous pouvons conclure que comparer les bilingues séquentiels DT et TSL uniquement sur les structures syntaxiques les plus complexes pour les TSL (phrases enchâssées, phrases relatives) ne semble pas efficace pour diagnostiquer un TSL. Cependant, comme nous l’avons expliqué, nous pouvons constater que nos résultats manquent de force statistique compte tenu du petit nombre d’items contenant les structures syntaxiques les plus complexes et de l’effectif réduit de notre groupe d’enfants bilingues séquentiels DT. Nous pouvons tout de même conclure qu’au niveau clinique, les logopédistes peuvent utiliser la tâche de répétition de phrases pour diagnostiquer un TSL chez les enfants bilingues simultanés et séquentiels, en les comparant sur l’ensemble des items.

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