1.2 Intérêt de l'étude par simulation
1.2.4 Systèmes rigides non sphériques
Un des objectifs de ce travail a été l'étude de la viscosité de l'eau. Les algorithmes décrits
précédemment sont directement applicables à des systèmes atomiques, considérés comme
sphé-riques et où les mouvements sont de type translationnel uniquement. Cependant, dans le cas
d'un système moléculaire, l'étude de sa trajectoire est beaucoup plus complexe. L'orientation de
la molécule fait intervenir des degrés de liberté supplémentaires, puisqu'elle possède en plus des
trois degrés de liberté translationnels, trois degrés de liberté rotationnels. Les degrés de liberté
internes (exibilité des liaisons et variation de l'angle de liaison) sont liés aux vibrations de la
molécule qui existent à des fréquences plus élevées. Pour les prendre en compte, il faudrait que
le pas de temps∆tde la simulation de DM reste petit devant la période de vibration interne la
plus courte dans le système. Celle-ci est de l'ordre de 10
−14s (domaine infrarouge) alors que le
temps caractéristique de réorganisation spatiale des molécules est de l'ordre de 10
−12s. De plus,
l'étude de la viscosité demande un échantillonnage de l'espace des phases très important (de
l'ordre de 10
−9s). Pour pallier cette diculté, on a couramment recourt à des modèles rigides
dans lesquels on considère les longueurs et les angles de liaison comme xes. Par conséquent,
les molécules sont considérées comme des solides indéformables que nous traiterons comme des
corps rigides non sphériques.
Toutefois, cet artice induit certaines dicultés. En eet, les énergies d'interactions
intra-moléculaires sont indéterminées lorsqu'on use de cette astuce. Or, les équations du mouvement
de Newton pour chacun des atomes ne peuvent être intégrées que, si et seulement si, le champ
de force total (intra et inter-moléculaire) est bien déni. Dans ces modèles, seules les forces
extérieures à la molécule (correspondant à la partie inter-moléculaire) sont connues, comme nous
le verrons dans le Chap. 2. C'est donc le mouvement du centre de gravitéGde chaque molécule,
et non pas celui de chaque atome, que l'on décrira en appliquant le principe fondamental de la
1.2. Intérêt de l'étude par simulation
dynamique (PFD) :
((((
((((
(((
X
F
ext/at=m
at·γ
at⇒XF
ext/mol=m
mol·γ
mol. (1.8)
Il faut néanmoins tenir compte de la rotation de la molécule par rapport à son centre de gravité
pour calculer les positions atomiques. Ce mouvement de rotation peut être décrit à l'aide du
théorème du moment cinétique :
˙
J
/G=XM
/G(F
ext). (1.9)
J et J˙ correspondent respectivement au moment d'inertie et à sa dérivée première. M est le
moment des forces.
La combinaison de ces deux types de mouvement est traduite par les lois de compositions
des positions, vitesses et accélérations. En eet, de façon générale, le mouvement quelconque
d'un solide peut se décomposer en un mouvement de translation de son centre d'inertieGet un
mouvement de rotation autour de ce point. On est donc amené à considérer deux repères : le
premier est un système de coordonnées déni par (I, J, K) attaché au corps rigide et tournant
avec lui ; on l'appellera ici repère moléculaire et la notation ")
mol" signiera que le vecteur est
exprimé dans cette base. Le centre de masse de la molécule est confondu avec l'origine de ce
repère. L'autre est un système d'axes xes dans l'espace déni par (i,jetk) et lié à la boîte de
simulation, donc au laboratoire, et la notation ")
lab" signiera que le vecteur est exprimé dans
cette base. L'orientation réciproque de ces 2 repères peut être décrite par les 3 angles d'EulerΨ,
θetφ.
La loi de composition des positions s'écrit ainsi :
OA = OG+GA (1.10)
où OA correspond au vecteur position d'un des atomes appartenant à la molécule H
2O par
rapport au centre du repère de la boîte de simulation et donc au laboratoire.OG représente la
position du centre de gravité dans ce repère alors queGAest la position d'un atome de H
2O par
rapport au centre du repère mobile lié à la molécule en mouvement. Spontanément, on accédera
grâce au PFD àOGdans la base du repère lié au laboratoire :
OG=x
Gi+y
Gj+z
Gk. (1.11)
alors qu'on aura intérêt à exprimer GA dans la base du repère lié à la molécule car il y sera
constant :
GA=X
AI+Y
AJ+Z
AK (1.12)
An de pouvoir utiliser l'Eq. 1.10, il faudra travailler dans le même repère. Cela sera possible
grâce à la matrice de rotationR, dépendante du temps, telle que :
GA)
lab= R(t)·GA)
mol(1.13)
GA)
mol= R
−1(t)·GA)
lab. (1.14)
De la même manière, la loi de composition des vitesses s'écrit :
˙
OA = OG˙ +GA˙ (1.15)
avec OA˙ correspondant à la vitesse d'un des atomes appartenant à la molécule d'eau exprimée
dans le repère de la boîte. Le vecteur vitessev
Gest la vitesse du centre de gravité de la molécule
dans ce repère.ωest la vitesse angulaire de rotation de la molécule. Enn en dérivant la relation
précédente, on obtient la loi de composition des accélérations dans laquelle apparaît la dérivée
seconde des positions angulaires.
Dans son principe, l'intégration des équations du mouvement de molécules rigides apparaît
bien plus complexe que celle du mouvement translationnel de points matériels. La grandeur
clé qui détermine l'évolution de la rotation de la molécule en fonction du temps est la vitesse
angulaire ω. Elle est reliée au moment cinétique grâce au tenseur d'inertieI par :
J =Iω. (1.17)
Le tenseur d'inertie présente la propriété importante d'être diagonal et constant dans le référentiel
moléculaire, mais pas dans celui du laboratoire qui est galiléen. Ainsi, l'application du théorème
du moment cinétique se verra compliquée par le fait queI)
lab=I)
lab(t).
De nombreuses étapes sont nécessaires an d'évaluer le mouvement d'un atome de la molécule
dans l'espace au cours du temps pour construire cette trajectoire. Il est nécessaire d'achever tour
à tour chacune d'entre elles et de réitérer cet ensemble d'étapes à chaque pas de temps. Nous les
présentons maintenant succinctement.
Dans la relation 1.10, le vecteur position GA)
molest connu car les coordonnées des atomes
restent xes dans le repère lié à la molécule. Par conséquent, on voit que pour dénir la trajectoire
d'un atome de la molécule, c'est-à-dire sa position au cours du temps, on doit avoir connaissance
de l'évolution temporelle de la matrice de rotationR an de pouvoir appliquer la relation 1.13.
Celle-ci peut être écrite en fonction des angles d'Euler Ψ, θ et Φ, dépendants du temps. Cela
nécessite donc, dans un premier temps, de déterminer leurs valeurs à chaque instant. A ce stade
et pour y parvenir, plusieurs étapes sont nécessaires en partant d'une conguration donnée :
La première consiste à calculer la dérivée du moment cinétiqueJ˙
/Gà partir du théorème
du moment cinétique (Eq. 1.9), qui requiert d'estimer au préalable les moments des forces
M
/G. Ces derniers sont obtenus après le calcul des forcesF, elles-mêmes évaluées à partir
des positionsOA de la conguration de départ.
Une fois J˙
/G