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Le système verbal du français

TROISIÈME PARTIE

I. Les systèmes verbaux du français et des créoles de l’océan Indien et de l’océan Atlantique

I. 2. Le système verbal du français

I. 2. 1. La morphologie du verbe I. 2. 1. 1. Forme, voix, nombre et personne

Les formes verbales comportent un nombre important d’informations sur le plan sémantique et sur le plan morphologique. En français, le verbe est structuré de la manière suivante : radical + terminaison. Les modes se subdivisent en mode personnels (temps passé, présent, futur et du conditionnel) et en mode non personnel (infinitif et participe, passé et présent). Certaines formes verbales sont simples (exemple : « Je mange » (présent), d’autres sont composées (exemple :

« J’ai mangé » (passé composé avec l’auxiliaire « avoir »)).

Trois notions sont à prendre en compte lorsque nous analysons le verbe : l’acte de locution, la

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structure de l’événement et le rôle grammatical. Ainsi selon Léon & Bhatt (2009 : 130) : La notion de l’acte de locution désigne les divers éléments de la situation de communication. On distingue :

- Le locuteur, la personne qui parle

- L’interlocuteur, la personne à laquelle s’adresse le locuteur - L’énoncé, le message linguistique produit par le locuteur - Le moment de locution, le moment où le locuteur parle […]

On distingue ensuite les divers participants dans la structure de l’action :

- L’actant (ou dans certains cas l’agent), la personne ou l’entité qui fait véritablement l’action du verbe

- L’action même du verbe

- Le moment de l’action, le moment réel où l’action à lieu

- Le patient (ou le thème), la personne ou l’entité qui subit directement l’action du verbe - Le bénéficiaire, la personne ou l’entité qui profite indirectement de l’action du verbe.

[…]

On distingue finalement le rôle grammatical des différents éléments de la phrase : - Le sujet grammatical de la forme verbale

- Le verbe même

- Les compléments d’objets directs et indirects.

Il faut aussi distinguer la voix active de la voix passive. Selon Léon & Bhatt (2009 : 131) la distinction entre ces deux voix dépend « de l’interaction entre les deux derniers éléments ».

Ainsi :

À la voix active, le sujet grammatical est également l’actant de l’action. Dans la phrase le chien mord Pierre, c’est le sujet grammatical chien, qui est l’actant et fait l’action mord.

On peut alors se dire que le sujet grammatical est « actif ». Dans cette phrase, c’est le complément d’objet direct, Pierre, qui est le patient et subit l’action.

À la voix passive le sujet grammatical de la phrase est le patient de l’action. Ainsi, dans la phrase Pierre est mordu par le chien, le sujet grammatical Pierre subit l’action de mordre.

On peut dire alors que le sujet grammatical de la phrase est « passif ». Celui qui fait véritablement l’action de mordre, à savoir le chien, se trouve dans la proposition introduite par la préposition. Il est appelé traditionnellement complément d’agent.

Certains linguistes et grammairiens distinguent également une troisième voix que l’on appelle voix pronominale ou voix moyenne. Ce qui distingue les verbes pronominaux des autres types de verbes est la présence d’un pronom obligatoire. Ce pronom peut représenter soit le patient, soit le bénéficiaire de l’action.

La voix pronominale se sous-divise en trois catégories :

- La voix pronominale réfléchie, où il y a une seule personne qui est à la fois l’actant et le patient de l’action, comme dans : François se lève de bonne heure.

- La voix pronominale réciproque, où il y a deux personnes qui sont à la fois l’actant et le patient d’une seule et même action, comme dans : Georges et Laura s’aiment.

- La voix pronominale avec un pronom grammaticalement vide, où le pronom indique un changement de sens ou un sens particulier, comme dans : Charles s’est aperçu de son erreur.

Le nombre se divise en deux catégories : le singulier (« je », « tu », « il ») où il n’y a qu’un seul actant et le pluriel (« nous », « vous », « ils ») où il y a au moins deux personnes au plan

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référentiel. Le français possède également un pronom « on » qui correspond à la troisième personne du singulier mais qui peut également faire référence à la première personne du pluriel : par exemple « on vient » pour dire « nous venons ». Le français distingue également le « vous » de politesse qui correspond soit à « tu » (2e personne du singulier) soit à un pluriel.

Le dernier élément qu’il faut prendre en compte c’est la personne. Voici la définition que donnent Léon & Bhatt (2009 : 133) :

La personne désigne un concept apparemment simple, mais en réalité assez complexe, qui dépend d’une interaction entre l’acte de locution, la structure de l’action et le rôle grammatical. Le concept de personne permet de définir précisément celui qui fait l’action.

Cette notion est définie par rapport au locuteur et signifie que tout verbe contient un acte de locution implicite « je dis que » ou « je vous dis que ».

Les verbes français peuvent être conjugués de trois façons, avec la première, la deuxième ou la troisième personne.

I. 2. 1. 2. Mode, temps et aspect I. 2. 1. 2. 1. Le mode

Dans la grammaire traditionnelle française, les verbes peuvent se conjuguer selon quatre modes différents : le mode indicatif (qui permet à celui qui parle d’affirmer l’évènement qu’il énonce) ; le mode impératif (qui permet à celui qui parle de donner un ordre à un interlocuteur ou à une troisième personne afin qu’il fasse l’événement exprimé par le verbe) ; le mode subjonctif (qui permet à celui qui parle d’affirmer de manière plus ou moins nette l’événement exprimé par le verbe. Il s’agit de manière générale d’atténuer une affirmation) ainsi que le mode conditionnel (mode de l’irréel).

Cependant, il existe des cas où par exemple, le doute peut être exprimé par l’indicatif ou un ordre par le subjonctif. Ce sont en fait les critères syntaxiques qui gouvernent l’emploi des modes.

D'autre part, à notre avis, le conditionnel doit être considéré comme faisant partie de l'indicatif comme le présent, le passé et le futur : en réalité, le conditionnel est à l'imparfait ce que le futur est au présent, et l'imparfait est au présent ce que le conditionnel est au futur.

L’infinitif et le participe ne sont pas des modes tensés : ce sont des modes non personnels.

I. 2. 1. 2. 2. Le temps

Les temps morphosyntaxiques des verbes sont les formes par lesquelles on situe l'action sur la ligne du temps (passé, présent, futur). Cette précision temporelle peut être donnée soit par rapport au moment du discours (oral ou écrit) soit par rapport à une indication de contexte ou

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encore par rapport à un autre verbe de la phrase. Le repère fondamental est le moment de l'énonciation. Le temps est en général représenté comme suit :

passé présent futur

I. 2. 1. 2. 3. L’aspect verbal

L’aspect verbal sert à désigner l’état de l’action du verbe. Il existe deux aspects en français : l’aspect accompli et l’aspect non-accompli.

I. 2. 1. 3. Les verbes transitifs et intransitifs

De manière générale, pour les verbes dits transitifs, l’événement peut avoir un patient tandis que les verbes intransitifs ne peuvent pas se combiner avec un complément d’objet direct. Cette notion de transitivité est abordée par Léon & Bhatt (2009 : 141) :

La notion de transitivité désigne le fait que certaines formes verbales se combinent avec un complément d’objet direct au niveau grammatical. Il s’agit en fait d’une propriété de combinaison syntaxique des formes verbales et non d'une distinction morphologique. Cette propriété de combinaison avec un complément d’objet direct dépend surtout de certaines propriétés sémantiques du lexème verbal.

I. 2. 1. 4. Les verbes de modalité et les auxiliaires temporels

La grammaire traditionnelle française distingue les verbes de modalité - parfois considérés comme « auxiliaire modaux » - qui servent à exprimer la possibilité, la probabilité ou encore l’obligation des auxiliaires temporels qui servent à nuancer le moment de l'événement. Les auxiliaires temporels les plus courants sont :

- « venir de » + infinitif qui exprime le passé récent ;

- « être en train de » + infinitif qui exprime le présent progressif ; - « aller » + infinitif qui exprime le futur proche ;

- « être sur le point de » qui exprime le futur imminent.

I. 2. 2. La copule « être » en français

La fonction de la copule est d'unir le sujet à l'attribut comme dans l’exemple : « Leila est fatiguée ». Elle porte les marques de temps, de mode ou d’accord mais elle n’est pas porteuse de sens. Le dictionnaire de Mounin (1974 : 87-88) la définit comme suit :

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Se dit en général d’un terme de liaison et, spécifiquement, du verbe être qui lie le sujet à l’attribut. L’air EST pur. Selon une définition plus précise de Martinet : « Élément du contenu sémantique nul qui indique le caractère prédicatif du substantif ou de l’adjectif suivant et auquel, matériellement, s’agglutinent les déterminations temporelles et modales de ce prédicat ».

Martinet distingue aussi des copules vides (verbe être) et des copules sémantiquement pleines (sembler, paraître, etc.), « susceptibles de recevoir des déterminations [sémantiques] autres que celles du prédicat substantival ou adjectival suivant ».