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Système endocrinien

Dans le document L'halitose : une approche pluridisciplinaire (Page 174-179)

II. CAUSES DE L’HALITOSE

4. Système endocrinien

Le système endocrinien est un ensemble d’organes, appelés glandes endocrines, responsables de la sécrétion d’hormones. Ces organes, répartis dans l’ensemble du corps humain, régulent son fonctionnement général. Ils comprennent :

- L’hypophyse, l’épiphyse et l’hypothalamus dans le crâne - La thyroïde et les parathyroïdes dans le cou

- Le thymus dans le thorax

- Les glandes surrénales qui surplombent les reins - Le pancréas dans la cavité abdominale

- Les organes génitaux : ovaires et testicules

Les hormones sécrétées par ces glandes sont des protéines qui permettent de moduler le fonctionnement d’un organe ou d’un tissu cible situé à distance de la glande. Il s’agit donc d’un messager chimique déversé directement dans la circulation sanguine.

B Pancréas et diabète

Le pancréas fait donc partie du système endocrinien, mais cette glande abdominale, située derrière l’estomac, a aussi une fonction exocrine. Cette glande mixte est ainsi composée de deux parties :

- Une partie exocrine constituée d’acini (masses arrondies de quelques cellules sécrétrices s’ouvrant sur un canal) qui sécrètent le suc pancréatique formé d’enzymes (lipase, amylase, protéase) et d’ions (bicarbonates). Le suc pancréatique permet de compléter la digestion des aliments.

- Une partie endocrine constituée de cellules dispersées dans tout le pancréas ou regroupées en nodules appelés îlots de Langerhans qui produisent le glucagon, l’insuline, la somatostatine et des polypeptides pancréatiques. Ces hormones sont déversées directement dans le sang et régulent le métabolisme des lipides, des glucides et des protides.

Les hormones sécrétées par le pancréas ont un rôle majeur dans la régulation du métabolisme des glucides : l’insuline est hypoglycémiante (elle diminue le taux de glucose dans le sang ou glycémie) alors que le glucagon est son antagoniste (hyperglycémiant). La balance insuline/glucagon joue un rôle primordial. Une pathologie bien connue, le diabète, traduit un déséquilibre de cette balance.

Le diabète se définit comme une perturbation du métabolisme des glucides, des lipides, et des protéines à cause d’un déficit partiel ou total d’insuline [211]. Le diabète est dit « déclaré » lorsque la glycémie à jeun dépasse 160mg de glucose/dl de sang [211]. Il s’agit donc d’une maladie systémique endocrine, qui touche environ 2 à 6% de la population des pays occidentaux [110].

On distingue deux types de diabète :

- Le diabète de type 1 ou diabète insulinodépendant [2, 211] : il concerne 5 à 10% des cas de

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Surnommé « diabète du sujet jeune », il provient d’une réaction auto-immune détruisant les cellules β des îlots de Langerhans. Le corps ne produit plus d’insuline et un apport exogène est nécessaire pour compenser cette déficience.

- Le diabète de type 2 ou diabète non-insulinodépendant [2, 211] : il touche 90 à 95% des

sujets diabétiques, plus particulièrement les personnes âgés. Dans ce type de diabète, le corps ne fabrique pas d’insuline ou ne peut pas l’utiliser. Cela étant, la quantité résiduelle d’insuline est suffisante pour limiter le phénomène de lipolyse (destruction des graisses). Un régime alimentaire adapté, ainsi que des médicaments suffisent donc à traiter cette pathologie.

La perturbation de la balance glycémique a de nombreuses répercussions sur l’organisme. Les complications reconnues du diabète comprennent [110, 211] :

- La micro-angiopathie : épaississement de la paroi des petits vaisseaux (artérioles et capillaires).

- La macro-angiopathie : atteinte des gros vaisseaux (artères coronaires qui irriguent le cœur, artères des membres inférieurs, artères du cou) par le dépôt de cholestérol sur la paroi interne des artères (plaque d’athérome), ce qui provoque leur rétrécissement.

- Les néphropathies : maladies des reins.

- Les neuropathies : atteinte des nerfs qui fait suite à la micro-angiopathie. - Le retard de cicatrisation.

Depuis quelque temps, une sixième complication est reconnue : il s’agit des parodontopathies [110, 153]. En effet, le diabète a une grande influence sur la cavité buccale, surtout lorsqu’il n’est pas équilibré (c'est-à-dire lorsque la glycémie à jeun varie énormément d’un jour à l’autre) : il n’existe pas de lésions spécifiques au diabète, mais les affections bucco-dentaires (pathologies carieuses, parodontales et muqueuses) sont plus sévères et évoluent plus rapidement [5, 153, 211].

L’excès de glucose dans le sang existe aussi dans la salive et le fluide gingival, ce qui favorise la croissance des bactéries saccharolytiques de la plaque dentaire. Cette plaque dentaire plus importante est riche en bactéries anaérobies à Gram négatif et en Candida albicans [211, 212] : l’inflammation parodontale est donc plus sévère, la candidose plus fréquente et l’haleine devient malodorante. Parallèlement, la micro-angiopathie engendre une diminution du flux salivaire [5]. La xérostomie qui en résulte aggrave l’halitose ainsi que les problèmes carieux, parodontaux et muqueux [110, 212].

Le diabète est donc associé à la mauvaise haleine et celle-ci est d’autant plus marquée que le diabète est déséquilibré [5, 44, 110, 211, 212]. Cependant, il existe également une autre complication du diabète à l’origine de l’halitose : c’est l’acidose (ou acidocétose) diabétique [9]. Il s’agit en fait d’une décompensation brutale par carence totale ou partielle en insuline suite à une agression (maladie, médicament, jeûne) [2, 9]. Comme le glucose ne rentre pas, ou mal, dans les cellules qui en ont besoin ; ces cellules vont utiliser une autre source nutritive. Cette source nutritive est constituée par :

- Les lipides : les acides gras présents seront dégradés en acides gras libres, puis transformés

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[2, 7, 9, 173]). L’accumulation de ces corps cétoniques dans le sang diminue son pH et le rend acide. On parle alors d’acidose diabétique (pH sanguin inférieur à 7,4) [2]. Parallèlement, l’accumulation d’acétone et des autres corps cétoniques dans le sang provoque une acétonémie [1]. Elle se traduit cliniquement par des vomissements répétés, des nausées, une cétonurie (présence d’acétone dans les urines), des douleurs abdominales, et une perte d’appétit. Ces symptômes apparaissent sous forme de crise durant quelques heures à quelques jours chez l’enfant [2]. Les vomissements répétés vont à leur tour provoquer une hypoglycémie qui aggrave le processus.

- Les protéines : la protéolyse libère des acides aminés qui seront ensuite métabolisés en

glucose ou en corps cétoniques [2].

Les métabolites produits lors de cette décompensation vont s’accumuler dans la circulation sanguine. Ils seront ensuite véhiculés jusqu’aux poumons où ils seront excrétés dans l’air expiré [6, 7]. L’haleine prend alors une odeur caractéristique de « pomme de reinette » (à cause des corps cétoniques et d’autres molécules ayant une odeur d’acétone comme le pentanone et le 2-butanone [27]) [2, 6, 9, 24, 27, 33]. Cette haleine fruitée se retrouve également chez les personnes faisant un régime amaigrissant riche en protéines, ou pendant une longue période de jeûne : au lieu d’utiliser les glucides en tant que source énergétique primaire, l’organisme utilise les lipides et les protéines, d’où une transformation cétosique source d’halitose (voir chap II 7) [8, 27, 44, 55].

En conclusion, le diabète, particulièrement lorsqu’il est déséquilibré, peut induire une mauvaise haleine caractéristique : soit par les différentes manifestations bucco-dentaires (rendues plus sévères par le déséquilibre glycémique), soit par un phénomène d’acidocétose [2, 3, 5, 8-10, 14, 18, 19, 21, 24, 25, 28, 110, 141, 157, 211-213].

C Hormones sexuelles féminines

Les ovaires sont deux petites glandes en forme d’amande situées dans le bassin, de chaque côté de l’utérus. Ils forment, avec les trompes de Fallope et l’utérus, l’appareil génital interne féminin. Ces glandes mixtes assurent à la fois une fonction exocrine (production d’ovules en vue d’une fécondation) et endocrine (synthèse d’hormones).

Le cycle menstruel désigne l’ensemble des phénomènes physiologiques liés à la préparation de la fécondation. Ce cycle est régulé par des hormones d’origine ovarienne (œstrogènes, progestérone, androgènes), et hypothalamo-hypophysaire (FSH ou hormone folliculo-stimulante et LH ou hormone lutéinisante). Au cours du cycle menstruel, on observe de grandes fluctuations du taux sanguin de ces hormones :

- Phase menstruelle : le premier jour des règles (ou menstruations), désigne le début du cycle.

Elles sont provoquées par une chute brutale du taux de progestérone, ce qui déclenche le détachement de la muqueuse utérine interne et l’écoulement sanguin.

- Phase pré-ovulatoire : le taux d’œstrogène augmente progressivement après les

menstruations. Il est maximal juste avant l’ovulation (qui se produit aux alentours du 14ème jour du cycle). Cela déclenche la sécrétion massive d’hormone lutéinisante par l’hypophyse : c’est cette décharge massive qui provoque l’ovulation.

- Phase post-ovulatoire : le taux d’œstrogènes et de progestérone augmente progressivement,

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Ces fluctuations hormonales semblent associées à l’halitose car [13, 25, 131, 214] :

- Les tissus mous buccaux sont très sensibles à l’imprégnation hormonale [5]. Plusieures études ont démontré que pendant la phase menstruelle et/ou pré-menstruelle (1 à 3 jours avant le début des règles), il y a une augmentation du nombre de cellules épithéliales desquamées et une tuméfaction des gencives [4, 111, 165]. Ceci fournit des nutriments aux bactéries productrices de CSV.

- La flore buccale subit des modifications importantes [7] : pendant la phase menstruelle et/ou pré-menstruelle, on note une augmentation du nombre de bactéries buccales [4, 165]. Ces bactéries, richement nourries par les débris cellulaires buccaux et par les hormones sexuelles (nutriments protéiniques), vont produire une importante quantité de CSV.

On note donc une augmentation considérable du taux de CSV dans l’air buccal pendant les phases menstruelles et ovulatoires [4, 131, 165]. Cette augmentation d’origine hormonale provoque l’halitose [13, 25, 214].

De plus, certaines femmes souffrent d’un état de stress juste avant les règles : c’est le syndrome pré-menstruel. Il se caractérise par une multitude de symptômes tels qu’une irritabilité, une tension nerveuse, des sautes d’humeur, des maux de tête, une anxiété, etc.… [165]. Ce syndrome est, dans certains cas, associé à une mauvaise haleine caractéristique. Une étude brésilienne menée en 2002 a permis de montrer que le taux de CSV présents dans l’air expiré pendant la période pré-menstruelle est plus élevé chez les femmes souffrant de ce syndrome que chez les autres femmes [165]. Cette situation de stress favorise donc une halitose caractéristique, dite « menstruelle » [2, 8, 13, 21, 25, 131, 214]. La cause serait à la fois psychologique et physiologique (par les modifications hormonales).

D’autre part, il existe d’autres situations pendant lesquelles les modifications hormonales sont très importantes :

- La puberté [153] : elle signe le début d’une sécrétion accrue d’œstrogènes et de progestérone qui sensibilisent les tissus parodontaux, favorisent l’inflammation gingivale (par augmentation du flux sanguin) et accentuent la croissance des bactéries buccales. Les gingivites sont très fréquentes et sont le résultat d’une réponse exagérée de la gencive marginale aux modifications hormonales.

- La grossesse [5, 44] : la concentration plasmatique d’œstrogènes et de progestérone augmente considérablement pendant toute la grossesse, jusqu’à atteindre respectivement 10 à 30 fois leurs taux habituels. Cela entraîne de très nombreuses modifications :

o Au niveau des tissus muco-parodontaux : il y a une amplification de la réponse inflammatoire par augmentation de la synthèse de prostaglandine pro-inflammatoire (modulation hormonale par la progestérone) et une diminution des défenses par perte de kératinisation gingivale (à cause des œstrogènes).

o Au niveau de la salive : on note une diminution du flux salivaire.

o Au niveau des défenses immunitaires : elles diminuent car la progestérone a des propriétés immuno-suppressives.

o Au niveau de la flore buccale : on observe une augmentation de la concentration en bactéries anaérobies à Gram négatif (qui se nourrissent des protéines hormonales).

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Toutes ces modifications influencent l’haleine et favorisent l’apparition de maladies parodontales.

- La ménopause : l’arrêt de la sécrétion hormonale provoque l’atrophie des ovaires, des muqueuses génitales, des muqueuses buccales et des glandes salivaires. Les gencives sont plus fragiles et s’enflamment plus facilement. L’hyposialie aggrave le phénomène et favorise une mauvaise haleine.

La cavité buccale est extrêmement sensible à ces modifications hormonales. Les troubles salivaires, parodontaux et les modifications de la flore buccale expliquent la survenue d’une halitose au cours des changements hormonaux majeurs.

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