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2. D ETERMINATION DU STOCK CARBONE AERIEN ET SOUTERRAIN DE LA VALLEE

2.3. Synthèse des résultats de stock carboné aérien et souterrain

La contribution des différents compartiments du Genévrier thurifère dans les potentialités de stockage du carbone de ce taxon met en évidence le rôle majeur du (ou des) tronc(s), et des branches (Figure 37). En effet, ce compartiment représente près de 94 % du stock carboné total de la partie épigée de l'arbre.

Représentant un réservoir de carbone près de dix fois plus important que le feuillage du Thurifère, les xérophytes sont également un acteur essentiel du stockage du carbone dans ces écosystèmes. Feuillage 0,9 t/ha Tronc/branches 22 t/ha Rameaux 0,48 t/ha Xérophytes 8,1 t/ha Sol 22 - 51 t/ha Racines

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Valeurs moyennes de stock carboné aérien et souterrain de la Thuriféraie de la vallée de l’Azzaden

Genévrier thurifère Stock carboné aérien total:

31 t/ha

Stock carboné souterrain total:

27 t/ha

Xérophyte Sous couvert Hors couvert 40 à 50 cm 30 à 40 cm Figure 37

La somme de ces différentes composantes permet d'estimer le stock carboné aérien total à environ 31 t/ha. Le stock carboné souterrain moyen, qui en l'absence de mesures effectuées sur l'appareil racinaire, correspond en fait au stock carboné moyen du sol, est estimé à environ 27 t/ha, les valeurs oscillant entre 22 t/ha hors du couvert des arbres et 51 t/ha sous canopée. La rapport "stock carboné aérien / stock carboné souterrain" est donc voisin de l'unité. Or, si l'on fait la synthèse des travaux de Zinke et al. (1984) et Olson et al. (1983) sur les grands écosystèmes terrestres, on s'aperçoit que ce rapport est généralement en faveur du stock carboné souterrain. Cet répartition homogène du carbone entre la partie épigée et hypogée de l'écosystème traduit donc un déficit du stock carboné souterrain, qui vient confirmer nos observations précédentes issues de la comparaison de nos résultats avec ceux d'écosystèmes semi-arides ou de haute montagne (Dobremez, 1979; Zinke et al., 1984; McDaniel & Graham, 1992). Deux facteurs essentiels peuvent expliquer la nature de ce déficit en carbone au niveau du sol: le premier est le faible pourcentage de recouvrement des genévriers thurifères, sous la couronne desquels peut se développer un horizon humifère riche en matière organique; le second tient à la profondeur du sol qui dépasse rarement 40 cm, suite au décapage des niveaux superficiels dont la teneur en carbone organique est la plus forte (Gauquelin et al., 1998b). Les phénomènes érosifs, apparaissent donc comme une composante déterminante du cycle du carbone dans ces milieux altimontains, et doivent être précisément quantifiés si l'on souhaite estimer les pertes en carbone organique, et tenter de modéliser l'évolution à court et moyen terme du stock carboné total. L'étude d'une parcelle mise en défens à l'Azzaden depuis 1989 (Ouhammou, 1992; Ouhammou et al., 1996) pourrait permettre, par comparaison avec nos données, de mettre en évidence la part de l'action anthropique dans la dynamique érosive du milieu.

Pour la première fois, des données extrêmement précises sont fournies pour ce type d'écosystème. Mais au-delà de l'intérêt local d'une étude sur le stockage du carbone dans un écosystème de haute montagne méditerranéenne, ce travail apporte des résultats nouveaux susceptibles de compléter les bases de données internationales sur les stocks de carbone des différents écosystèmes terrestres, tant il est vrai que les données utilisées dans les études globales sont imprécises et fragmentaires. A titre d'exemple, les travaux de Zinke et al. (1984) sur le carbone du sol à l'échelle mondiale ne mentionnent pas d'écosystème de type méditerranéen en Afrique, et les seules données de stock carboné disponibles pour tout le Maroc concernent la région de Fès et de Ouezzane, dans le nord du Maroc, où l'on trouve des

forêts de chêne liège et de thuya. On peut également s'interroger sur la validité des valeurs de stock carboné présentées par incrément de 1° de latitude, quand on sait qu'au Maroc, à la même latitude on trouve aussi bien des déserts de sable que des formations steppiques ou des forêts denses de chêne vert, et que la valeur moyenne de stock carboné du sol annoncée par ces auteurs pour la latitude de notre site d'étude est de 100 t/ha (notre estimation est de 27 t/ha pour la Thuriféraie).

Une meilleure connaissance des capacités de stockage du carbone de ces écosystèmes marginaux est donc nécessaire à l'amélioration des modèles pour l'estimation des stocks de carbone actuels. De même, ces données sont indispensables si l'on souhaite reconstituer les variations du réservoir continental de carbone depuis la dernière glaciation, notamment par l'étude de données polliniques (Van Campo et al., 1994).

4EME PARTIE: SYNTHESE CARTOGRAPHIQUE ET APPROCHE DIACHRONIQUE DE L'EVOLUTION DE LA THURIFERAIE ENTRE 1965 ET 1989

- Évolution entre l'année 1965 et l'année 1989 -

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Dans les milieux où la pression démographique est forte, on peut s'attendre à des perturbations importantes dans la végétation, perceptibles sur des échelles de temps même réduites.

A travers une approche diachronique de la couverture arborée de cette vallée, nous avons tenté de quantifier, en terme de phytomasse, de minéralomasse et de stock carboné, l'impact des activités humaines sur l'écosystème Thuriféraie sur une période de 24 ans. Ce travail est basé sur la comparaison d'une mission aérienne de 1965, et d'une scène SPOT de 1989 (aucune mission aérienne postérieure à 1965 n'ayant été réalisée). En raison de la difficulté et du biais résultants de la comparaison de deux images issues de méthodes d'acquisition très différentes, les résultats présentés ici doivent être pris avec prudence. Pour cette étude, nous avons utilisé plusieurs types de supports:

- La scène SPOT du 06/05/1989, n° 31287 - La mission aérienne de 1965 n° 169

- Les cartes topographiques au 1/50 000 du "Jbel Toubkal" (feuille NH-29-XXIII-Ia, 1968) et "d'Amezmiz" (feuille NH-29-XXII-2b, 1974)

- La carte de la végétation de la partie occidentale du Haut Atlas marocain (Ouhmidou, 1993 et Ouhmidou et al., 1994), la carte de la végétation du bassin versant de l'Oued Rheghaya (Haloui, 1986) et la carte de la végétation de l'Azzaden (Donadieu et al., 1976 et Hammoudi, 1977)

- Les données de terrain

1. DEMARCHE METHODOLOGIQUE