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Diversity Connectivity

A. Synthèse des principaux enseignements

La question de recherche qui a guidée ce travail était d’étudier en quoi une approche territoriale et décloisonnée, s’appuyant sur les principes de l’écologie industrielle, pouvait permettre de développer de nouvelles opportunités et de révéler un optimum en termes de gestion des ressources. Par ailleurs, la question sous-jacente était de savoir dans quelle mesure ce(s) processus d’adaptation pouvait(aient) contribuer à la capacité de résilience du système étudié.

Nous avons abordé ces questionnements en trois temps, correspondant à trois chapitres, dont les principaux enseignements sont détaillés ci-dessous. Dans un premier temps, nous avons entrepris l’analyse (selon une approche plutôt spatiale) de plus d’une trentaine de places portuaires à l’échelle internationale. Puis, nous avons approfondi cette analyse (en adoptant une approche temporelle) pour étudier l’historique d’évolution de trois places portuaires. Enfin, nous avons finalisé notre analyse en nous focalisant sur le territoire de la future métropole d’Aix-Marseille Provence.

Page 162 Une diversité d’approches d’écologie industrielle observée au sein des espaces portuaires

Les travaux entrepris dans le cadre du chapitre 1 ont permis de présenter la diversité d’approches en termes d’écologie industrielle au sein de différentes places portuaires, en se basant sur l’étude de plus d’une vingtaine de cas à une échelle internationale. Sur la base de cette analyse croisée, il est ressorti trois grands modèles en termes de configuration spatiale de ces initiatives d’écologie industrielle portuaire : l’éco-site, l’éco-territoire et l’éco-réseau.

Si l’approche type « éco-site » est plutôt caractérisée par des synergies entre industriels, souvent à la seule échelle des Zones Industrialo-Portuaires, les approches type « Eco-territoire » et « Eco-réseau » voient s’élargir le cercle des parties prenantes au sein des dynamiques de coopération, jusqu’à parfois dépasser les frontières des Etats et remettre en cause le principe de proximité (géographique) généralement associé aux démarches d’écologie industrielle.

Au sein de ces différentes démarches, multi-scalaires, il a été constaté une dimension territoriale qui tend à apparaître et à s’affirmer, quels que soient les contextes et les cultures. Ces observations montrent qu’il existe des approches territoriales, au-delà des seules optimisations par sous-système, qui s’appuient sur des interactions entre sous-systèmes (industriel, urbain, agricole) au sein de l’espace portuaire (validation de notre première hypothèse de recherche).

Les travaux réalisés dans le cadre du chapitre 1 ont montré l’importance de l’accès aux ressources (eau, énergie, utilisation de l’espace, etc.) dans la quasi-totalité des cas étudiés, et consolidé la volonté de s’attarder sur la dimension énergétique dans le cadre de ce travail de thèse.

Une diversification des sources énergétiques et une augmentation des interactions locales

L’étude comparative des trajectoires socio-écologiques des territoires de Ningbo (Chine), Ulsan (Corée du Sud) et Marseille (France) a montré une tendance de déconnexion spatiale et fonctionnelle, opérée au cours du 20ème siècle dans une phase de développement des complexes industrialo-portuaires (induisant une forte croissance des échanges de flux physiques). L’ouverture des territoires sur l’extérieur a basé ce développement sur un recours massif à des sources d’énergies extérieures (majoritairement d’origine fossile), au détriment de l’utilisation des sources d’énergie locales. L’observation des initiatives sur les dix dernières années tend à démontrer une nouvelle phase, avec la diversification des sources énergétiques, une meilleure utilisation des ressources locales, une redensification des liens entre les parties prenantes locales, une intensification des échanges de flux immatériels entre eux et des projets d’interactions physiques nouvelles entre l’industrie, la ville et le milieu agricole.

Les travaux réalisés dans le cadre du chapitre 2 ont montré que ces efforts de structuration territoriale, préalablement observés et décrits au chapitre 1, s’appuyaient sur des interactions nouvelles, permettant uen meilleure gestion des ressources, notamment au point de vue énergétique, entre les sous-systèmes industriel, urbain et agricole (composant le territoire portuaire dans notre définition). Cela conforte notre seconde hypothèse de travail, à savoir que les espaces

Page 163 portuaires ont tendance à évoluer vers une interaction croissante entre les sous-systèmes par la mise en œuvre de dynamiques territoriales d’écologie industrielle.

L’étude comparative des trajectoires socio-écologiques des territoires d’Ulsan (en Corée du Sud), de Ningbo (en Chine) et de Marseille (en France) a montré une tendance commune de complexification. Cela s’illustre notamment par le processus de métropolisation initié dans la dernière décennie sur chacun des trois territoires étudiés, qui correspond à un objectif de décloisonnement des approches au sein des territoires pour mieux y appréhender les enjeux, notamment énergétiques, nécessitant une nouvelle structuration du territoire (faisant référence à la notion de proximité organisée). L’analyse comparée a également mis en évidence une succession similaire de régimes et de transitions au sein des trois territoires, mais selon des pas de temps très différents (le rythme d’enchainement de ces périodes étant plus rapide en Asie, principalement dans le cas chinois).

Une plus-value territoriale difficile à évaluer

L’exercice d’évaluation du phénomène de complexification du système d’étude portuaire a été appréhendé par l’étude de la co-évolution des sous-systèmes et via la prise en compte de deux composantes (la diversité et la connectivité), selon une approche qualitative.

Les territoires portuaires sont dépendant d’une grande diversité d’événements perturbateurs endogènes (fermetures de sites industriels, accidents majeurs, crise environnementale, etc.) ou exogènes (évolution des coûts de l’énergie, des stratégies industrielles des grands groupes implantés à une échelle planétaire, contraintes carbone, etc.). Les travaux du chapitre 3 ont permis de vérifier que le territoire portuaire reste un système complexe à appréhender. En ce sens, il n’a pas été démontré ici, quantitativement, que la démarche territoriale entrainait nécessairement un gain de performances, notamment au point de vue énergétique. C’est dans ce cas une limite rencontrée quant à la possibilité de vérifier notre troisième hypothèse, à savoir qu’une approche décloisonnée et inter-fonctionnelle de l’écologie industrielle permet d’accroître les performances territoriales en termes de gestion des ressources, au bénéfice d’une plus grande résilience des territoires portuaires. Toutefois, cette logique de décloisonnement progressif des actions et des stratégies accompagne un processus de reconnection entre les différents sous-systèmes (industriel, agricole, urbain, mais également naturel) constitutifs du territoire industrialo-portuaire.

Enfin, il a été montré une forte dualité dans les démarches étudiés au niveau du territoire de Marseille, avec des enjeux locaux et nationaux souvent orthogonaux, entre des initiatives qui s’apparentent plutôt à une écologie industrielle et territoriale (avec une forte dimension d’ancrage local et de proximité) et d’autres faisant plutôt référence à une économie circulaire, mondialisée et s’affranchissant en partie ou totalement des notions d’ancrage local et de proximité (géographique). Ainsi, il peut au sein d’un même territoire, exister différents optimums possibles et non pas un optimum (territorial) évident.

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