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Vers une plus grande interaction fonctionnelle par la mise en œuvre de dynamiques territoriales d’écologie industrielle au

Multiples échelles de mise en œuvre

3. Socio-ecological regimes and transitions in port cities in Europe and Asia: analysis of three case studies

2.3. Vers une plus grande interaction fonctionnelle par la mise en œuvre de dynamiques territoriales d’écologie industrielle au

sein de territoires recomposés

2.3.1. Une lecture des trajectoires socio-écologiques à travers les interactions fonctionnelles

L’analyse croisée des trajectoires socio-écologiques de chacun des trois territoires d’études a permis de constater une trajectoire de déconnexion/reconnexion successives entre Ville et Port, et donc différentes niveaux de coopération entre sous-systèmes (ville, industrie, agriculture) sur les aspects de gestion des ressources et sur les enjeux énergétiques notamment. Les trois territoires d’étude ont chacun connu ces cent dernières années, de manière plus ou moins rapide, une évolution marquée par l’enchainement entre des régimes (1 et 2), ponctués de périodes de transition.

Une nouvelle fois, ces évolutions peuvent être appréhendées (Tableau 4) par le cadre de la proximité (géographique et organisée) et par le niveau d’interaction entre les sous-systèmes, industriel et urbain en particulier.

Tableau 4 – Lecture des évolutions socio-écologiques par la proximité et par les interactions fonctionnelles

Régime 1 Transition 1 Régime 2 Transition 2

Proximités géographique, organisationnelle et institutionnelle Le régime 1 se caractérise par une forte proximité spatiale et organisationnelle (l’industrie étant souvent imbriquée dans la ville) La première transition se caractérise par la perte de ces interactions du fait d’un éloignement géographique des unités de production industrielle vers des bassins extérieurs. Le régime 2 se caractérise par un fonctionnement séparé et cloisonné (polycentrique) des fonctions portuaire, urbaine et industrielle. La deuxième transition se caractérise par une redéfinition du périmètre du territoire industrialo portuaire (métropolisation) Niveau d’interactions fonctionnelles Cette configuration spatiale est marquée par de fortes interactions entre la ville et le port.

Ces nouvelles dispositions spatiales ont favorisé une spécialisation des espaces, entrainant une augmentation des performances (mono-activités) de chaque sous-systèmes, tout en se déconnectant des ressources locales (période du « tout- pétrole »).

Cette reconfiguration spatiale et administrative tendrait à favoriser ou renouer des liens (échanges de flux physiques et informationnels) entre la ville, le port, l’industrie et l’agriculture.

Le cas de Marseille illustre bien, par exemple, cette dynamique d’évolution constatée sur les trois territoires d’étude :

- Au niveau de la déconnexion spatiale : L’évolution spatiale et fonctionnelle du territoire industrialo-portuaire de Marseille est caractéristique d’un processus de déconnexion Port-

Page 117 Ville, opéré progressivement sur une centaine d’années depuis la fin du 19ème siècle. Ce processus est malgré tout non linéaire, et est marqué par différentes phases (Figure 25), depuis des formats d’extension plutôt à la marge (développement du front de la Joliette) jusqu’à des changements plus structurants avec la création ex nihilo de complexes chimiques, pétrochimiques et logistiques de grande taille sur le pourtour de l’Etang de Berre dans la première moitié du 20ème siècle puis à Fos dans les années 60.

Figure 25 – Evolution spatiale de l’interface Port-Ville de Marseille (d’après Junqua et Mat, 2011)

- Au niveau de la déconnexion organisationnelle : les entreprises marseillaises étaient très connectées à la Ville (représentations de chefs d’entreprises au sein des élus, etc.) jusqu’au début du 20ème siècle (Daumalin, 2013, 2014). Puis les effets cumulés de l’éloignement spatial (migrations des bassins industriels vers l’Etang de Berre et Fos) et de la mondialisation, ont progressivement contribué à désolidariser ces entreprises du seul développement local. - Au niveau des conséquences sur les interactions fonctionnelles : Ces nouvelles dispositions

spatiales ont favorisé une spécialisation des espaces, entrainant une augmentation des performances (mono-activités) mais entrainant aussi une plus grande vulnérabilité quant aux évolutions économiques. L’exemple du Grand Port Maritime de Marseille-Fos est à ce titre intéressant, s’étant bâti progressivement sur la gestion de flux d’hydrocarbures, et étant depuis quelques années gravement confronté à la baisse de ces flux (et donc des recettes liées).

De fait, tout à la fois résultant et à la base de tels niveaux de développement, ce territoire a progressivement vu ses sous-systèmes (urbaine et industrielle) croître et consommer de nouvelles emprises foncières généralement dévolues auparavant aux pratiques agricoles. C’est ainsi une place portuaire dont la composante industrielle et portuaire majeure s’est progressivement éloignée de la ville centre initiale pour former au cours des dernières décennies une complexe industrialo-portuaire multipolaire déconnectant très nettement le Port et la Ville, tout en consommant d’importantes surfaces agricoles ou naturelles, faisant apparaître des zones industrialo-portuaires spécialisées. C’est ainsi le cas à Marseille avec la montée en puissance industrielle à l’Ouest de Fos sur Mer, mais

Old harbor 600 BC

Extension - Congestion Late XIXth century

Extension toward external basins Early XXth century

Emergence of Fos as a maritime industrial development area

Late XXth century

Adapted from Junquaand Mat, 2011. Présentation d’une dynamique de recherche-action sur les territoires portuaires, pour une optimisation de la gestion des ressources et de nouveaux modes de gouvernance, GETIS, Cannes,.

Page 118 également en Chine à Ningbo, avec l’émergence des complexes industrialo-portuaires de Beilun et Zenhai à l’Est (Figure 26), ou encore à Ulsan avec les zones de Mipo et Onsan sur le front de mer.

Figure 26 – Similitudes en termes d’évolution spatiale (déconnexion Ville-Port) entre Marseille et Ningbo

Actuellement, la période de transition constatée au sein des territoires portuaires étudiés se caractérise par une nouvelle exploration des interactions fonctionnelles possibles (détaillées dans le paragraphe suivant), notamment à travers la dimension stratégique de l’énergie.

2.3.2. Vers un renouvellement des interactions entre sous-systèmes territoriaux, le levier énergétique

Les trois études de cas considérés donnent un aperçu des trajectoires socio-écologiques des territoires portuaires évoluant vers des systèmes économiques à bas carbone.

Au-delà des politiques locales d’amélioration (économies d’énergie, innovations technologiques, etc.) par sous-système (industriel et portuaire, agricole, urbain), l’écologie industrielle et territoriale est ici utilisée pour développer de nouvelles interactions sur le territoire industrialo-portuaire, au sein des sous-systèmes (industriels, agricoles et urbains) et entre sous-systèmes dans une logique de décloisonnement territorial. L'exploitation des sources d'énergie locales et/ou renouvelables repose sur une forte diversité et diffusion de parties prenantes et de gisements locaux (ou matières premières secondaires) dans l’agriculture (déchets d’exploitations, solides ou liquides), l’industrie (sous-produits, chaleurs fatales, etc.), la ville (boues de STEP, etc.). Les zones industrialo-portuaires de Beilun-Zenhai près de Ningbo constituent par exemple un espace symbiotique (Figure 27) basé sur des échanges de flux (matières premières chimiques de base, eaux usées, vapeur, hydrogène, etc.) entre industries mais également entre industries et les ensembles urbains (interactions I-U) situés à proximité des complexes industrialo-portuaires.

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Figure 27 – Métabolisme simplifié des zones industrial-portuaires de Beilun et Zenhai en Chine

Le réseau de chaleur, alimenté par les centrales de production d’énergie locales et par les rejets de l’usine sidérurgique (projet en cours de réalisation), fournit par exemple de la chaleur à une série d’acteurs industriels pour leurs besoins de process et de chauffage, mais également à d’autres acteurs situés en périphérie de la zone industrialo-portuaire (hôtels, batiments publics, restaurants, PMI, etc.).

A Ulsan, près d’une trentaine de symbioses industrielles ont été identifiées, dont la moitié concernent des problématiques énergétiques (Figure 28).

Page 120 Figure 28 – Evolution des synergies à Ulsan (source: Park, 2013)

Ces synergies ont été développées dans un premier temps au sein du complexe industrialo-portuaire, constitué de différentes entités (Onsa, Mipo, etc.). Là encore, les réseaux de chaleur (Figure 29) alimentés par des excédents thermiques provenant des industries locales fournissent de la chaleur à des acteurs locaux privés (entreprises) ou publics (collectivités).

Source : Park. 2013

Part des