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III Synthèse et caractérisation des Alliages (CuAu)

III.1 Synthèse et caractérisation

Les nanoparticules de cuivre étant facilement oxydable à l’air, ceci nuit à l’évaluation de leur potentiel réel. La formation d’une couche d’oxyde à leur surface provoque en effet un amortissement de l’intensité de la bande plasmon ce qui rend les nanoparticules de cuivre impopulaires en tant que substrat SERS. Pour prévenir l’oxydation, les nanoparticules sont habillées de ligands dont l’efficacité reste assez limitée. (Kanninen et al., 2008) Une autre approche consiste en la formation d’alliages CuAu (Saha et al., 1997; Xu et al., 2012).

Chapitre IV. Synthèse et propriétés de NPs bi-métalliques

140 Le cuivre et l’or sont deux métaux qui vérifient les règles de Hume Rothery, ils ont en

effet la même structure cristalline (cfc) des rayons atomiques très proche (RCu=1,35 Å et RAu=

1,36 Å) des électronégativités et une valence similaires. La formation d’alliages à partir de ces deux métaux est donc favorable. Plusieurs méthodes de synthèse chimique de NPs d’alliage

CuAu sont reportées dans la littérature, par exemple par photocatalyse d’un sel d’or HAuCl4

et CuCl2, (Hai et al., 2014) et par co-réduction en phase aqueuse de HAuCl4 et

Cu(NO3)2(Andolina et al., 2013) ou de HAuCl4 et Cu(acac)2 en phase organique(Motl et al.,

2010), constitué d'un mélange d'oleylamine, d'acide oléique et 1-octadecene.

Les nanoparticules d’alliage CuAu sont étudiées dans la littérature pour leur propriétés plasmoniques afin d’être utilisée pour des traitements photothermiques (He et al., 2014) de par leur plasmon situé dans le visible (cf chapitre 1) mais aussi en catalyse (Bracey et al., 2009; Hai et al., 2014). L’objectif est d’avoir un pourcentage d’or suffisant dans l’alliage pour prévenir l’oxydation et garder les propriétés physiques du cuivre.

III.1.1 Synthèse

Le protocole de synthèse des NPs d’alliage CuAu est basé sur une réaction d’échange galvanique lors du mélange d’une solution colloïdale de nanoparticules de cuivre et d’un sel d’or ClAuPPh3 favorisée par la différence de potentiel entre les couples Cu+/Cu (0,52 V /

ESH) et Au+/Au (1,69 V / ESH) la réaction suivante est attendue:

Cu0 + AuI = CuI + Au0

Contrairement aux synthèses précédentes, aucun agent réducteur comme l’oleylaminine n'est introduit dans le mélange. Deux solutions sont donc préparées. L’une contient les nanoparticules de cuivre (8.5 ± 0,9 nm) dont la synthèse a été décrite au chapitre

2, l’autre, le sel d’or (ClAuPPh3). La solution colloïdale de NPs de cuivre est lavée par ajout

d’éthanol. La deuxième solution est préparée en dissolvant 11 mg de sel d'or AuClPPh3 (soit

22 mmol) dans 1 mL de toluène.

Par la suite, 100 µL de solution de NPs de cuivre est mélangée à un volume de 300 µL

de solution d’AuClPPh3 (22 mmol.L-1). Le volume est complété à 2 mL par ajout de toluène.

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III.1.2 Caractérisation par microscopie électronique III.1.2.1 MET

Les NPs synthétisées ont été caractérisées par microscopie électronique à transmission. Les grilles MET ont été préparées comme précédemment par dépôt de gouttes. L’image MET du dépôt ainsi que l’histogramme de taille correspondant sont représentés sur les figures IV-19 a et b.

Figure IV-19 : (a) Image MET d’un dépôt de nanoparticules d’alliage CuAu et (b) l’histogramme correspondant

Après chauffage pendant 6h, nous observons une légère augmentation du diamètre moyen des NPs avec une polydispersité en taille qui est doublée. De plus les nanoparticules apparaissent nettement plus facettées. Cette modification est en accord avec la formation d’alliage conformément à ce qui a déjà été observé dans la littérature (Chi et al., 2015; Yin et al., 2012). En effet, dans le cas de NPs d'alliage PtCo, un facettage de la surface des NPs apparait durant le recuit de par une combinaison d'une ségrégation et d’une reconstruction des atomes de surface. Ces phénomènes privilégient certaines facettes des NPs (Chi et al., 2015). A l’instar des NPs Ag@Au, nous n’observons pas sur les images MET de différence de contraste indiquant une éventuelle formation d’une coquille d’or (plus sombre) en surface des NPs de cuivre (plus claire).

III.1.2.2 MEB-SDE

Des analyse en EDS (spectroscopie d’énergie) ont été menées en vu d’obtenir des informations sur la composition relative (wt%) des deux éléments Cu/Au constituant les nanoparticules. Pour cela nous avons utilisé un microscope électronique à balayage MEB JEOL 5510 LV. Les analyses ont été faites sur des films minces de nanocristaux (Figure IV-20) obtenus par dépôts de goutte sur substrat de silicium.

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142 La zone analysée symbolisée par la croix sur l’image MEB et le spectre EDS correspondant sont présentés sur la figure IV-20. Les spectres ont été traités à l’aide de la méthode de correction ZAF adaptée au traitement d’éléments lourds comme l’or et le cuivre.

Figure IV-20 : (a) image MEB d'un dépôt de NPs bimétallique CuAu sur du silicium et la zone analysée symbolisé par une croix (b) le spectre EDS correspondant

Nous avons déterminé un pourcentage d’or d’environ 55% et de cuivre de 45% dans le

film déposé ce qui indiquerai la formation de nanoparticule d’alliage Cu0,45Au0,55. Cependant,

les pourcentages calculés sont une moyenne réalisée sur un ensemble de particules et ne nous permettent pas de dire si les nanoparticules synthétisées sont toutes de composition similaire.

Il faut noter que le signal correspondant à l’oxygène a été considéré comme négligeable par rapport à ceux des autres éléments mesurés. Même si les mesures EDS ne sont pas adaptées à l’analyse des éléments légers, nous pouvons dire que la présence d’oxyde est négligeable dans nos échantillons.

III.1.2.3 MET haute résolution

Pour cette étude, nous avons utilisé un microscope JEOL 2010 UHR (200 KV). La figure IV-20 montre les clichés HRTEM de nanocristaux individuels. Il est possible de distinguer les plans cristallins sur chacun d’eux. D’après les clichés, nous avons des nanoparticules monocristallines (structure cristalline unique) (Figure IV-20 a et b) et des nanoparticules polycristallines (Figure IV-20c et d). Nous avons réalisé des analyses des clichés obtenus par Transformée de Fourrier (FFT). Pour cela le logiciel Gatan Digitalmicrograph a été utilisé. Les FFT ont été calculées sur une zone carrée comprenant l’image de la particule individuelle (voir Figure IV-21). Les distances inter-réticulaires ainsi mesurées correspondent au plan (111).

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143 Elles varient de 2,12 à 2,30 Å (Tableau IV-5) Nous avons déduit le paramètre de maille associé aux différentes distances inter-réticulaires, ces derniers sont reportés dans le Tableau IV-5. Le paramètre de maille du cuivre étant plus petit que celui de l’or une augmentation du paramètre de maille indique une augmentation de la quantité d’or. Il faut noter que les incertitudes sont autour de 0,05 Å. Les FFT associées aux images HRTEM figures IV-20 a et b de NPs autour de 8 nm de diamètre ne présentent qu’une seule distance inter-réticulaire. Les nanoparticules sont homogènes sur l’ensemble de leur structure et aucun défaut important n’est visible sur les images HRTEM. Cette observation montre l’absence de ségrégation entre le cuivre et l’or. Les images HRTEM figure IV-20c et d montrent des NPs de plus grandes tailles (autour de 10 nm de diamètre) inhomogènes avec des FFT plus complexes caractéristiques de nombreux défauts et d’une composition inhomogène. Différentes distantes inter-réticulaires ont été calculées pour une même nanoparticule. A partir de ces mesures, nous avons pu remonter à la composition en cuivre et en or des NPs (Tableau IV-5).

Tableau IV-5 : Taille, composition de nanoparticules CuxAuY, énergie de cohésion et énergie de surfacepour un ordre de facette cfc (111)/ (100)/(110) (Gilroy et al., 2016)

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144 Figure IV-21 : (a) Images HR-MET et transformées de Fourier associées de NPs bimétalliques CuAu avec (a) NPs de 8,5 nm de diamètre et (b) de 7,6 nm (c) de 10,4 nm et (d) de 10,3 nm avec (e-h) les transformées de Fourier correspondantes. Les traits en pointillés rouges correspondent aux mesures des distances inter-réticulaires.

D’après les valeurs reportées dans le tableau IV-5 , nous déduisons que nous avons deux types de nanoparticules à lier avec la taille, les plus petites (taille moyenne autour de 8nm ) correspondent à un alliage homogène Cu0,60Au0,40 dont la composition est proche de celle déduite par EDS et les plus grandes (taille moyenne autour de 10nm) présentent un cœur plus riche en cuivre et une coquille plus riche en or. Ce gradient de concentration peut s’expliquer en terme de minimisation de l’énergie de surface qui est plus faible pour l’or que pour le cuivre alors que les énergies de cohésion sont proches mais légèrement plus grandes pour le cuivre.