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synthèse des éléments concernant les australes issus de l’aer marine de polynésie française de 2010

Dans le document Environnement marin des îles Australes (Page 144-147)

contexte géologique

Les Australes se situent à la limite sud de la zone d’influence tropicale de la Polynésie et bénéficient, au moins pour les coraux, d’un apport larvaire des Cook. À cheval sur les aires d’influence des faunes tropicales et tempérées, la faune de Rapa présente une double particularité, liée à sa position «d’écotone» et à son isolement générateur d’un fort endémisme. Sa

biodiversité côtière est remarquablement élevée au regard de sa position géographique (extrémité sud- est).

Ceci s’explique en partie par un effort de connaissance beaucoup plus important sur Rapa qu’ailleurs en Polynésie et notamment les autres îles des Australes. En effet, la biodiversité des autres secteurs est sans doute encore sous-estimée (Tableaux I et II).

patrimoine naturel

TABLEAU I - Richesse spécifique observée dans les archipels de Polynésie (AER 2010) (mise à jour pour les crustacés sur http/decapoda.free.fr).

mollusques 700 600 627 (1000) 300 160 500 (600) Société

Tuamotu Marquises Gambier

Australes (hors Rapa) Rapa

coraux 127 104 35 54 105 110

crustacés

405 281 411 (>800) 69

? 31 poisssons

767 619 558 259 351 417

mollusques 3,5 2 9 2 3 20 Société

Tuamotu Marquises Gambier

Australes (hors Rapa) Rapa

coraux 0 0 0 0 0 0

crustacés

3,9 4,9 9 8,7

?

? poisssons

1,2 0,5 8 (9) 0 0,6 2,2

TABLEAU II - Pourcentages d’endémisme observé au sein des groupes côtiers dans les archipels de Polynésie française (AERA 2010) (mise à jour pour les crustacés sur http/decapoda.free.fr).

FIGURE 1 - Patrimoine naturel (AER de Polynésie française, 2010).

prenantes issues de tous les archipels. Des réunions publiques de restitution ont permis de restituer ces travaux à la population à Nuku Hiva, Hiva Oa, Rangiroa, Fakarava et Tubuai en 2010-2011.

Ces tournées coordonnées par la Polynésie française avait pour but d’engager un débat avec la société civile et les élus sur la suite à donner concernant la gestion du milieu marin polynésien.

FIGURE 2 - Synthèse des enjeux écologiques (AER Polynésie française, 2010).

La synthèse des différents usages sur le milieu (pêche côtière, pêche lagonaire, perliculture et tourisme) montre une concentration d’activités dans les îles de la Société et dans les atolls du nord des Tuamotu. Les Australes font proportionnellement, l’objet de moins d’usages.

Les pêches lagonaire et côtière sont pratiquées dans quasiment toute la Polynésie française. Aux Australes, la pêche lagonaire est principalement développée à Tubuai, Raivavae et Rurutu. Une grande partie de la production de pêche est liée à l’exploitation des bénitiers dont les stocks naturels sont particulièrement importants à Tubuai.

Raivavae et Tubuai produisent le plus de bénitiers avec l’atoll de Tatakoto aux Tuamotu (70 tonnes par an). La pêche côtière est pratiquée sur toutes les îles des Australes, principalement à bord de poti marara, et se concentre beaucoup sur les poissons pélagiques. En 2009, était notée une augmentation de la flottille de 42% en deux ans. L’analyse des pressions exercées par ces deux types de pêche sur les îles Australes a montré que celles-ci pouvaient être qualifiées de moyennes à fortes selon les îles. Compte tenu de l’importance de l’activité, l’enjeu économique est essentiel pour ces îles. Dans cet esprit, le service des pêches polynésien avait engagé en 2005 un programme pluridisciplinaire visant à étudier les stocks de bénitier et à proposer des mesures de gestion dans les trois principales îles exportatrices vers Tahiti dont Tubuai.

En matière de pêche hauturière, l’activité palangrière polynésienne se concentre sur le nord-nord-ouest de la

Polynésie française. Ceci s’explique par la localisation de la ressource mais aussi en raison de l’absence d’infrastructures relai dans les archipels. Les Australes n’apparaissent pas comme une zone fréquentée par ces palangriers. Cependant il a été envisagé de développer des bases de pêche avancées aux Australes (à Rapa).

Le tourisme est beaucoup plus restreint aux Australes que dans les îles de la Société. Les infrastructures d’accueil restent de la petite hôtellerie de famille avec des flux relativement modérés. Néanmoins, l’île de Rurutu connait une certaine activité et renommée avec l’observation des baleines à bosses.

Concernant les activités à terre, telles que l’agriculture, la gestion des déchets ou l’assainissement, celles-ci sont modérées mais génèrent des pressions importantes sur le milieu lagonaire des îles de Rurutu et Tubuai.

En résumé, les Australes sont le siège d’usages multiples sur le milieu lagonaire et côtier mais ayant une intensité assez modérée. Les îles concentrant le plus d’activités sont Tubuai ainsi que Rurutu dans une moindre mesure. Dans cet archipel, les pressions possibles sur le milieu marin résultent de l’agriculture et de l’élevage, des déchets et de l’assainissement ainsi que des pêcheries lagonaire et côtière (Figures 3 et 4).

Le milieu hauturier fait l’objet de peu d’activités. Il est donc probable qu’il fasse l’objet de peu d’impacts, quoique la biodiversité n’ait pas fait l’objet de beaucoup d’évaluation.

les usages et les pressions en mer aux australes L’archipel des Australes n’est sans doute pas une entité écologiquement homogène. Cette hétérogénéité se traduit d’ailleurs dans le découpage des écorégions marines (Spalding et al., 2007). En effet Rapa, du fait de ses nombreuses spécificités, représente une entité écologique sensiblement différente de la Polynésie du point de vue du pool d’espèces présentes et peut être du reste des Australes du fait de son éloignement et de sa position latitudinale extrême (écorégion Rapa-Pitcairn) alors que le reste des Australes est rattaché à l’écorégion Cook. Toutefois, les connaissances actuelles ne permettent pas de déterminer si les îles proches, notamment Raivavae, possèdent les mêmes caractéristiques d’assemblages d’espèces.

L’endémisme et la particularité des cortèges d’espèces côtières observés à Rapa doit donc être confirmé par des recherches supplémentaires dans les autres îles de l’archipel (Figure 1). Par ailleurs et quel que soit le groupe côtier, la question se pose également de l’affinité de la faune des Australes avec

celle des Tuamotu- Gambier.

Pour ce qui est du patrimoine pélagique, celui ci est encore peu connu près des îles (requins, tortues, cétacés) car peu de campagnes d’acquisition de connaissances ont été réalisées sur ce domaine (campagnes de pêche expérimentales ou d’observation des cétacés). La présence de mégaptères y est cependant attestée autour de quatre îles : Rimatara, Rurutu, Tubuai, Raivavae, probablement aussi autour de l’atoll Maria. Des observations ont également été réalisées sur les bancs au large et au niveau des monts sous marins (mont Arago, Banc Thiers, Banc du lotus).

Les écosystèmes profonds liés aux pentes récifales des îles ou aux monts sous-marins sont encore peu connus (campagne BENTHAUS).

La prise en compte de tous les éléments disponibles concernant le patrimoine naturel a permis lors de l’AER Polynésie française de mettre en avant deux îles à fort intérêt écologique Rapa et Tubuai (Figure 2).

FIGURE 3 - Synthèse des usages (AER Polynésie française, 2010).

FIGURE 4 - Synthèse des pressions (AER Polynésie française, 2010).

synthèse des enjeux aux australes

FIGURE 5 - Carte de synthèse Australes - AER de Polynésie française 2010.

ENJEUX GÉNÉRAUX

Concernant les enjeux côtiers. Il est important de souligner que les connaissances patrimoniales sur les différentes îles des Australes étaient très limitées en 2009. Mise à part Rapa qui avait fait l’objet de d’inventaires conséquents et pluritaxons dans les années 2000. Ces résultats sont présentés sur la Figure 5.

ENJEUX PAR ÎLES

RAPA – ENJEU PRIORITAIRE MAJEUR

C’est l’île la plus méridionale de Polynésie française et aussi la plus isolée. A cheval entre les zones tropicales et tempérées, elle abrite des assemblages particuliers et de nombreuses espèces endémiques.

Elle abrite également des populations remarquables de Puffin de Newell (Puffinus nexelli) et de Pétrel de Murphy ainsi que de fortes densités de langoustes et de requins, notamment le requin des Galapagos (Carcharhinus galapagensis) observable aux

Australes. Sa position lui confère un rôle d’observatoire des changements climatiques. Lîle est à associer à Marotiri, au banc Nelson et éventuellement au mont Mac Donald.

L’activité de pêche lagonaire et côtière est relativement développée. Les pressions restent moyennes et peu nombreuses (pêche, agriculture et érosion). L’île bénéficie d’un rahui (système de gestion traditionnel) original.

TUBUAI - ENJEU PRIORITAIRE

Une des deux îles hautes à récif barrière des Australes, Tubuai présente de fortes potentialités en termes de biodiversité récifale et côtière. De plus, elle abrite des structures récifales particulières, réticulées. L’île abrite le seul stock important de bénitiers du sud de la Polynésie française (dynamique différente des stocks du nord). Celui-ci fait l’objet d’une exploitation conséquente. Avec plus de 2000

habitants en 2007, les usages sont multiples et développés, surtout la pêche lagonaire sur les bénitiers mais la pression de pêche reste modérée.

Les pressions liées à la démographie sont moyennes (assainissement et érosion) à fortes (agriculture et déchets). Les enjeux de diminution des pressions et de règlementation des usages sont donc importants.

RAIVAVAE- PRESSIONS ET/OU USAGES IMPORTANTS SUR UN PATRIMOINE NATUREL MÉCONNU

L’autre île à récif barrière des Australes présente les mêmes potentialités que Tubuai mais n’abrite pas de structure réticulée. Elle abrite également un stock de bénitiers remarquable, bien que moins important que sur Tubuai. Les connaissances sur les communautés marines de cette île sont très limitées, notamment

sur leurs liens avec les communautés de Rapa. La pression de pêche lagonaire est importante (exploitation du stock de bénitiers nécessitant une gestion raisonnée) et les pressions des activités terrestres (agriculture, érosion, déchet et assainissement) sont notables.

RURUTU - PRESSIONS ET/OU USAGES IMPORTANTS SUR UN PATRIMOINE NATUREL MÉCONNU

Ile haute sans barrière récifale, Rurutu n’abrite théoriquement pas autant de biodiversité récifale que les deux précédentes. Cependant les connaissances sur les communautés de cette île sont inexistantes.

Rurutu est connue pour accueillir des baleines à bosse (Megaptera novaegliae) durant la période de

mise bas. Les pressions sur le milieu sont fortes et multiples (importantes pour la pêche lagonaire, l’agriculture et la gestion des déchets, moyennes concernant le tourisme, l’érosion, la pêche côtière et l’assainissement).

RIMATARA - PRESSIONS ET/OU USAGES IMPORTANTS SUR UN PATRIMOINE NATUREL MÉCONNU

Comme Rurutu, cette île haute n’a pas de barrière récifale et donc un potentiel de biodiversité récifale plus faible que Tubuai et Raivavae. Des pressions multiples mais modérées s’y exercent. On note cependant une activité de pêche côtière importante

induisant une forte pression. Un projet de création de port et la construction récente de l’aéroport risquent d’accroitre la fréquentation de l’île et donc les pressions probables sur le milieu.

L’ATOLL DE MARIA

Malgré son positionnement géographique et le fait d’être le seul atoll de l’archipel, n’a pas été retenu comme présentant un intérêt particulier lors des

ateliers. En effet, celui a été jugé de trop petite taille pour présenter un intérêt remarquable, également en raison de l’absence de véritable lagon.

ÉLÉMENTS RELATIFS AU LARGE

À la date de 2009, les enjeux hauturiers étaient difficilement évaluables en l’absence de tout

inventaire ou de campagne océanographique dédiée à l’ensemble de cette zone des Australes.

conclusion

Les caractéristiques relatives aux Australes qui se dégagent de l’AER marine de Polynésie française sont de deux ordres. Le premier point tend à démontrer qu’en l’état actuel des connaissances en 2009, la zone de Rapa, y compris les monts-sous-marins adjacents, présentent un fort enjeu de protection, mais elle nécessite également une évaluation croisée de ses caractéristiques avec d’autres îles des Australes et

des Gambier. Le second point est que la zone maritime des Australes est relativement inconnue pour la science au-delà de la zone lagonaire. L’AER de Polynésie française avait donc insisté sur les enjeux d’acquisition de connaissances nouvelles, par la réalisation de campagnes scientifiques dans les zones côtières des îles des Australes mais aussi au large et dans les milieux profonds.

bibliographie

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2007 - Marine Ecoregions of the World: A Bioregionalization of Coastal and Shelf Areas. BioScience July-August 2007,

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synthèse

des intérêts patrimoniaux

Dans le document Environnement marin des îles Australes (Page 144-147)