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Sylvain Léonard, directeur régional de l’ONF pour La Réunion et Mayotte, a affirmé devant la délégation la nécessité de mobiliser davantage de moyens

N°7 CONTRIBUTION DE LA DELEGATION A L'OUTRE-MER

AVIS DECLARATIONS/SCRUTIN ANNEXES touristiques est mise à mal par le piétinement et l’érosion des sols provoqués

M. Sylvain Léonard, directeur régional de l’ONF pour La Réunion et Mayotte, a affirmé devant la délégation la nécessité de mobiliser davantage de moyens

pour lutter efficacement contre les espèces envahissantes160. Seules 20 % des actions à réaliser sont mises en œuvre, faute notamment de moyens budgétaires suffisants, mais également de recherche appliquée et d'expertise, ainsi que de personnels formés et disponibles localement. Il a évoqué le besoin d’une réflexion globale pour rendre cette lutte plus efficace. L'augmentation des moyens financiers doit s'articuler avec un renforcement des capacités de mise en œuvre. Il faut créer une filière de formation en génie écologique à partir du moment où il y aura une commande publique de moyen terme. Pour monter en puissance, la stratégie de lutte contre les espèces invasives a besoin d’un encadrement renforcé, de connaissances techniques et de formation. Cette stratégie peut générer un gisement d’emplois locaux, notamment d'insertion, et de valorisation économique.

158 Notamment : la Direction régionale de l’environnement, le Parc national des Hauts de La Réunion, l'Office national des forêts et le Conseil Régional. Le Programme opérationnel de lutte contre les Invasives 2019-2022 comprend 52 actions opérationnelles animées chacune par un des 30 partenaires de cette lutte.

159 Stratégie régionale de lutte contre les invasives, bilan du POLI 2010-2013 et 2014-2017, page 9.

160 M. Sylvain Léonard, directeur régional de l'ONF Réunion-Mayotte, le 16 septembre 2020.

AVIS DECLARATIONS/SCRUTINANNEXES

Préconisation n°7

La délégation à l'Outre-mer préconise de porter les moyens de la lutte contre les espèces invasives à la hauteur des enjeux de protection de la biodiversité. Elle propose de donner une priorité aux actions de génie écologique, de restauration des milieux et de lutte contre les espèces invasives dans le plan de relance.

Les occupations illégales, installations persistantes et constructions sans droit ni titre sur des espaces forestiers sont nombreuses. L'ampleur est inégale selon les sites, mais les constructions sauvages sont présentes notamment dans les forêts littorales ou en bordure de forêt161. Celles-ci entrainent le mitage et un risque de recul des espaces naturels. L'explosion des occupations sans titre du domaine privé de l'État en Guyane est un véritable fléau162.

L'accentuation des incendies de forêt est due notamment au phénomène de réchauffement climatique. Les forêts et les savanes sont fréquemment victimes de feux de végétation durant la saison sèche. L’année 2015 a été marquée par des records historiques de chaleur qui ont engendré d'importants feux de végétation en Guyane, avec plus de 800 départs. Fin 2019, d'importants incendies ont dévasté 30 000 hectares de forêts déshydratées du Mont-Dore à flanc de montagne dans les environs de Nouméa, selon l'Observatoire pour l'environnement de Nouvelle-Calédonie (Oeil). La délégation remarque que les moyens disponibles localement demeurent insuffisants et appelle à une aide exceptionnelle de l'État pour soutenir les collectivités territoriales et l'ONF163 chargés des missions de surveillance et de lutte contre l'incendie.

161 En particulier, habitats précaires, appontements, restaurants, garages… Mohamed Soilihi, Thani, Guerriau, Joël, Larcher, Serge, Patient, Georges, Domaines public et privé de l’État Outre-mer, rapport d'information de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, juin 2015.

162 Mohamed Soilihi, Thani, Guerriau, Joël, Larcher, Serge, Patient, Georges, Domaines public et privé de l’État Outre-mer, rapport d'information de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, juin 2015, page 132.

163 L'Office national des forêts assure le suivi du stress hydrique des végétaux et de la teneur en eau de la matière végétale morte. Il réalise également une mission d'intérêt général afin d'améliorer la connaissance des incendies. Ses équipes procèdent au relevé des contours de feux par GPS pour identifier les secteurs les plus pyrogènes. Les informations collectées alimentent une base de données nationale permettant de mettre en place des actions de prévention visant à réduire le nombre d'incendie et les surfaces brûlées.

Annexes

2.7. La forêt ultramarine joue un rôle important pour limiter les effets du réchauffement climatique et favoriser la résilience des territoires

L'Observatoire national des effets du changement climatique a rendu un rapport de référence sur Les Outre-mer face au défi du changement climatique particulièrement alarmant sur les risques encourus par les forêts164. Les grandes tendances d’évolution du climat risquent d'affecter les forêts Outre-mer : les zones propices au développement forestier vont progressivement migrer et les espèces invasives pourraient altérer la valeur écologique des écosystèmes. La sécheresse augmentera les risques de feu de forêt et réduira la capacité de fixation des sols. Certaines forêts migreront en altitude, mais les forêts sommitales n’auront pas la possibilité de migrer davantage. S’agissant des forêts exploitées, leur préservation passe par le maintien de celle-ci car elle est souvent une condition pour éviter un changement d’affectation des sols.

Les forêts ultramarines peuvent jouer un rôle très important dans la stratégie de lutte contre le changement climatique parce qu’elles permettent la séquestration de carbone et évitent des émissions par substitution du bois à des procédés plus émetteurs. La Stratégie Nationale Bas-Carbone intègre le secteur forêt-bois-biomasse des Outre-mer dans ses prévisions. Elle souligne que le rôle exact des forêts ultramarines en termes d’absorption de carbone fait encore l’objet d’incertitudes165. Le stockage de carbone des écosystèmes forestiers ultramarins et l’usage de produits transformés par la filière forêt-bois présentent toutefois un potentiel global d’abattement des émissions considéré comme

« important » par la Stratégie Nationale Bas-Carbone166. Pour ses prévisions,

164 Observatoire national des effets du changement climatique, Les Outre-mer face au défi du changement climatique, rapport au Premier ministre et au Parlement, La Documentation française, 2012. Page 12 : « Les efforts de maintien du bon état écologique sont capitaux pour assurer la résilience des forêts, mais il est inéluctable qu’une grande partie des formations actuelles évoluera. L’augmentation des températures va provoquer le déplacement en altitude des bioclimats et des forêts associées. Les formations forestières qui ne trouveront pas d’espace refuge en altitude en raison de l’anthropisation ou de leur position sommitale, sont menacées de disparition. La modification du régime des précipitations pourrait avoir un effet perturbateur tout aussi important. Les zones propices de développement vont évoluer géographiquement et les espèces invasives pourraient en altérer la valeur écologique et économique. Dans la plupart des Outre-mer la sécheresse devrait augmenter les risques de feu de forêt et réduire la capacité de fixation des sols pour cause de dépérissement ».

165 Stratégie Nationale Bas-Carbone, La transition écologique et solidaire vers la neutralité carbone, mars 2020, page 106. Les inventaires d’émissions reposent sur l’hypothèse jugée prudente que l’accroissement vient uniquement compenser la mortalité et les prélèvements. Le secteur de la forêt des cinq DROM est donc considéré comme neutre en carbone (ni une source ni un puits), tout prélèvement ou mort d’arbre étant intégralement compensé par la croissance d’autres arbres. Ce sont dès lors les défrichements qui sont susceptibles de générer des émissions en convertissant la forêt en une autre occupation du sol stockant moins de carbone. Au niveau de l'inventaire national des émissions de gaz à effets de serre par secteurs, les leviers de séquestration et stockage correspondent à une augmentation des absorptions dans le secteur des terres et de la forêt, tandis que les leviers de substitution se reflètent par une diminution des émissions dans les autres secteurs, que sont le secteur de l’industrie (ciment, acier, aluminium, plastique) pour la substitution matériau, et les secteurs de la production d'énergie et du bâtiment pour la substitution à des énergies fossiles.

166 L'utilisation du bois dans la construction locale contribue à lutter contre les émissions à effet de serre car

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