• Aucun résultat trouvé

Sur l’apprentissage des compétences pour l’emploi des jeunes

PARTIE II : Focus sur quatre pays d'Amérique Latine

9. En synthèse : principaux constats et perspectives pour l’AFD

11.6 Sur l’apprentissage des compétences pour l’emploi des jeunes

Rares sont les jeunes qui accèdent à un apprentissage de formation professionnelle au Pérou. Selon l’enquête des ménages de 2008 (Encuesta Nacional de los Hogares), seul 3,5% des jeunes ont obtenu une formation au travail (2,9% pour les jeunes femmes et 4,1% pour les jeunes hommes, 2,3% en milieu rural et 4% en milieu urbain). Dans les zones rurales, les difficultés d’accès aux organismes de formation sont un obstacle important à l’apprentissage et l’acquisition de compétences dans un cadre formel, notamment à cause des distances entre les villages éloignés (dans les Andes par exemple) et les centres d’apprentissage (en plus de la moindre qualité reconnue de ces organisations). Parmi les jeunes de milieu urbain qui ont été formés, le centre principal d’apprentissage est le lieu de travail (83,6%), en particulier dans les micro et petites entreprises. En milieu rural, ce taux chute considérablement (36,4%) au profit d’autres espaces de formation offerts par l’Église et les ONG (35,4%), et l’État (25,9% contre 8,6% en milieu urbain).

Récapitulatif :

- 26,7% des péruviens ont entre 15 et 29 ans (définition de la catégorie de « jeunesse »), - Réduction du taux de ménages en situation de pauvreté de 48,7% à 31,3% au Pérou

entre 2005 et 2010, et Produit intérieur brut multiplié par 3 entre 2000 et 2011,

- Persistance des inégalités sociales, notamment par rapport au facteur de l’âge et du lieu de résidence : 80% des jeunes vivants en zone rurale et 35% de ceux vivant en zone urbaine vivent sous le seuil de pauvreté,

- Les secteurs d’activité les plus dynamiques de l’économie péruvienne se situent dans le bâtiment, le commerce, l’activité agricole et d’élevage, le secteur minier et des hydrocarbures, le textile, les transports et communications, les services financiers et des assurances, le tourisme, la restauration et l’hôtellerie,

- Le taux de participation des jeunes sur le marché du travail est 67,7% contre 84,2% pour les adultes de 30 à 65 ans,

- 5,4 millions de jeunes font partie de la PEA : 432 000 sont à la recherche d’un emploi, 721 000 occupent un emploi « stable » et 4,3 millions de jeunes se trouvent dans des emplois précaires (sous-emploi, secteur informel, absence de contrat, etc.),

- Protection sociale moins importante pour les jeunes, comparativement aux adultes, - Accès des jeunes restreint à une formation professionnelle.

12.Description et analyse des programmes de formation

professionnelle et d’employabilité en faveur de la jeunesse

12.1 Le cadre législatif et la répartition des compétences

Selon les définitions adoptées par les ministères de l’éducation et du travail et de la promotion de l’emploi, la formation professionnelle représente « l’ensemble des activités destinées à fournir les connaissances, aptitudes et habiletés qui permettent de développer les capacités et les valeurs afin d’exercer une occupation ou diverses fonctions avec compétence et efficacité professionnelle » (MTPE, Ministerio de Educación).

La formation professionnelle s’inscrit dans le droit à l’éducation consacré dans l’Article 13 de la Constitution Politique du Pérou selon laquelle « la finalité de l’éducation est le développement intégral de la personne humaine ». En ce sens, l’Article 2 de la Loi Générale d’Éducation définit l’éducation comme un processus d’apprentissage et d’enseignement qui se développe tout au long de la vie et qui contribue à la formation intégrale des personnes, au plein développement de leurs potentialités, à la création de culture, et au développement de la famille et de la communauté.

Selon ces cadres législatifs, il est impossible de séparer la formation professionnelle et l’employabilité des jeunes du droit à l’éducation, d’une part, et du droit au travail, d’autre part, dans la mesure où les deux sont partie intégrante du processus d’apprentissage destiné à former pour le travail.

Au Pérou, la formation professionnelle est formellement assurée par les Centres d’éducation secondaire (collèges), les Centres éducatifs occupationnels (CEO) et les Programmes éducatifs occupationnels – les deux étant en cours de transformation en Centres d’éducation technique productif (CETPRO) –, les Instituts supérieurs technologiques (IST), les Instituts supérieurs pédagogiques (ISP), les universités et les services sectoriels de formation professionnelle comme, entre autres, le Service national d’entraînement en travail industriel (Servicio Nacional de Adiestramiento en Trabajo Industrial, SENATI). Par ailleurs, selon les normes en vigueur, l’État péruvien promeut, valorise et reconnaît les initiatives de formation professionnelle impulsées par les entreprises privées, les organisations de la société civile au même titre que les actions mises en place par l’État lui-même pour garantir des niveaux d’éducation adéquats.

En tenant compte de ce panorama législatif, les acteurs de la formation professionnelle en faveur des jeunes qui affirment leur engagement pour un apprentissage permanent sont formellement les suivants :

- les gouvernements par l’investissement et la création des conditions nécessaires pour renforcer l’éducation et la formation à tous les niveaux,

- les entreprises par la mise en place d’ateliers de formation en faveur de leurs employés,

- les personnes, et en particulier les jeunes, par le fait de tirer profit des opportunités d’éducation, de formation professionnelle et d’apprentissage permanent,

- la société civile par le fait de se porter responsable des actions exécutées auprès de populations vulnérables (notamment les jeunes) et d’assumer un rôle de surveillance dans l’accomplissement des objectifs affichés par les autorités publiques (rôle de lobbying).

Depuis les années 1990, le ministère de l’éducation développe une série d’initiatives orientées vers l’amélioration de la qualité de la formation professionnelle, en particulier à travers des projets de la coopération internationale et de prêts multilatéraux. Son défi majeur est depuis cette époque d’organiser une offre hétérogène, d’introduire des critères de qualité et d’améliorer la couverture et les conditions de base pour la formation.

De son côté, le ministère du travail et de la promotion de l’emploi a affirmé ces dernières années une fonction d’articulation et de concertation des divers intérêts et propositions des acteurs sociaux liés à la formation professionnelle au Pérou. Dans son rôle de promoteur, il considère la formation professionnelle comme facteur stratégique en faveur d’une politique active de l’emploi, en premier lieu pour les jeunes.

Notons enfin la création en 2007 du Secrétariat National de la Jeunesse (« Secretaría Nacional de la Juventud », SENAJU), organisme public péruvien lié au ministère de l’éducation. Il s’agit de l’entité qui dirige les politiques publiques en faveur de la jeunesse dans le pays. Il est composé d’une équipe multidisciplinaire, essentiellement des jeunes personnes, chargée de promouvoir, articuler, coordonner, superviser et évaluer les politiques, programmes et projets du secteur public, des entités privées et de la société civile en matière de jeunesse. D’après ses textes officiels, l’objectif de la SENAJU est de « contribuer au développement intégral des jeunes péruviens dans les domaines de l’employabilité, l’amélioration de leurs conditions de vie, l’inclusion sociale, la participation et l’accès aux espaces permettant le développement humain » (SENAJU).