• Aucun résultat trouvé

Focus sur deux secteurs d’activité

PARTIE II : Focus sur quatre pays d'Amérique Latine

9. En synthèse : principaux constats et perspectives pour l’AFD

12.5 Focus sur deux secteurs d’activité

Nous aimerions pour conclure cette partie mettre en valeur deux secteurs d’activité en pleine expansion au Pérou depuis une dizaine : la gastronomie et le bâtiment. Chacun est lié, d’une manière différenciée, à l’émergence d’une classe moyenne (hétérogène) dans les grandes villes péruviennes et en particulier de Lima.

12.5.1 La gastronomie

Une immense majorité des péruviens exprime régulièrement leur fierté au sujet de la gastronomie de leur pays. L’essor de la cuisine péruvienne depuis une dizaine d’années s’est répandu au niveau international comme en témoigne le grand nombre de restaurants péruviens en Europe, aux Etats-Unis et dans les autres pays d’Amérique latine. Selon la Société péruvienne de gastronomie (APEGA), environ 320 000 péruviens travaillent dans le secteur de la gastronomie et il existe environ 66 000 restaurants dans tout le pays dont près de la moitié – 31 450 – dans la seule ville de Lima, un nombre qui augmente en moyenne de 10% par an depuis le début des années 2000 (ministère du tourisme).

Grâce à une biodiversité extrêmement riche, le Pérou est l’unique producteur et de fait exportateur de produits comme le maïs violet, la maca, la tara, le yacón (poire de terre), le camu camu (fruit), le sacha inchi, le maïs géant ou la chanca piedra (plante). Ces produits alimentaires sont exportés vers les autres pays andins, les Etats-Unis et les pays européens en particulier, représentant plusieurs dizaines de millions de dollars et quelques pourcents des exportations nationales. Par ailleurs, il s’avère que la gastronomie péruvienne a une influence à hauteur de 42% des touristes dans leur décision de choisir le Pérou comme destination et que 93% d’entre eux estimaient que la nourriture péruvienne « avait atteint leurs attentes » (Arellano Marketing). Les industries qui bénéficient indirectement de la gastronomie sont le bois et l’aluminium (fabrication de tables), l’acier (couverts), la céramique et le cuivre, le texte (nappes et serviettes) et les services de transport de touristes et des produits.

Il existe à Lima une trentaine d’institutions éducatives publiques et privées qui offrent aux jeunes une formation professionnelle comme cuisinier. Mais ces lieux ont la réputation de ne pas former suffisamment, par exemple, au métier de serveur. Pour permettre une augmentation de l’essor gastronomique dans le pays, de nombreux spécialistes estiment qu’il est nécessaire de consolider l’offre de formation professionnelle en qualité et dans toute la diversité de la gastronomie (catering, etc.).

12.5.2 Le bâtiment

Le secteur du bâtiment est également en pleine expansion dans les villes péruviennes depuis une dizaine d’années et le début de la croissance économique soutenue que connaît le pays. L’augmentation de la demande de ciment présentée dans la deuxième partie est l’indicateur couramment utilisé pour faire état du dynamisme de ce secteur d’activité qui emploie une variété de professionnels et artisans (ingénieurs, transporteurs, ferrailleurs, vitriers, plombiers, électriciens, etc.). Il s’agit d’une branche d’activités qui emploie également une main d’œuvre composée en grande partie de jeunes de milieu populaire qui ne possèdent que très peu de connaissances en la matière et qui apprennent « sur le tas » à travers une acquisition de compétences in situ ou un transfert de compétences entre générations (père/fils) ou entre collègues selon un ordre hiérarchique (maître d’œuvre/jeune apprenti). La grande majorité de ces jeunes se trouve dans une situation de sous-emploi ou d’informalité ; ils travaillent sans contrat, ni bénéfices sociaux (protection sociale, sécurité sociale en cas de maladie, etc.) alors que leurs conditions de travail sont souvent difficiles et présentent certains dangers (chutes, etc.). Il existe peu d’offres de formation professionnelle en faveur de l’employabilité des jeunes afin de leur faciliter une insertion durable et satisfaisante dans ce secteur d’activité.

13.En synthèse : principaux constats et perspectives pour l’AFD

- L’employabilité des jeunes au Pérou à travers une formation professionnelle de qualité est un enjeu primordial pour le pays dont le nouveau gouvernement a placé la jeunesse et l’inclusion sociale comme objectifs majeurs pour les prochaines années.

- Contexte favorable de croissance économique depuis plus de 10 ans, avec une quasi stagnation de l’inflation, une baisse notable de la pauvreté en zones urbaines notamment mais avec un taux important des jeunes de 15 à 29 ans dans le sous-emploi et l’informalité qui les maintiennent dans une situation durable de précarité.

- De nombreux dispositifs en faveur de la formation professionnelle des jeunes sont en place dans le pays à partir du ministère de l’éducation en collaboration avec le ministère du travail et de la promotion de l’emploi. Dans le même temps, le cadre législatif favorise, au moins formellement, l’acquisition de compétences pour les jeunes en vue de leur insertion sur le marché du travail.

- Le ministère du travail et de la promotion de l’emploi a mis en place un programme, a priori ambitieux (30 000 jeunes formés par an d’ici à l’horizon 2016), d’insertion des jeunes sur le marché du travail formel à travers le programme « Jeunes à l’ouvrage » accompagnant le processus de décentralisation politique du pays. De nombreuses autres initiatives provenant notamment de la société civile et ONG suivent le même objectif. - L’Organisation internationale du travail (OIT) joue un rôle prépondérant en termes de

surveillance et de suivi dans le respect des normes internationales concernant l’emploi « décent » des jeunes et les politiques d’employabilité.

- De nombreux résultats positifs peuvent être observés à travers les différentes programmes mis en place dans le pays depuis une quinzaine d’années. On remarque néanmoins que le problème du sous-emploi des jeunes persiste avec insistance et que les inégalités sociales continuent par conséquent à s’accroître.

- On observe une fragmentation des interventions en faveur de l’employabilité des jeunes; de nombreuses ONG ont des programmes d’action localisés et financés par la coopération internationale qui fonctionnent en parallèle aux interventions publiques dans ce domaine. En dépit de l’initiative récente du ministère du travail (accompagnée d’un scepticisme de certains fonctionnaires lié à la stagnation du budget en décalage avec les objectifs de plus en plus ambitieux), il n’existe pas de politique globale pour l’emploi des jeunes mais davantage une juxtaposition de programmes et d’actions.

- Le rôle des gouvernements régionaux et locaux semble fondamental dans l’articulation et la mise en pratique sur le terrain des politiques d’emploi en faveur des jeunes. L’enquête de terrain a été circonscrite, malheureusement, à des acteurs basés à Lima et peu d’informations ont pu être recueillies sur le fonctionnement interne des gouvernements en province. Pour approfondir le processus de décentralisation politique du Pérou, c’est vraisemblablement sur un renforcement des capacités d’action des gouvernements régionaux et locaux (en plus d’un transfert de budgets) qu’il faut sans doute mettre l’accent. On voit que ceux-ci sont sollicités aussi bien par le gouvernement central que par des ONG et autres associations oeuvrant en faveur des jeunes.

- La Responsabilité sociale des entreprises (RSE) prend une place de plus en plus importante dans le panorama général de la formation professionnelle des jeunes. Le cas de l’entreprise espagnole Telefónica est exemplaire à ce titre, mais son action semble pour l’instant déconnectée de la politique générale en faveur de l’employabilité. Ses interventions sont en effet confiées à des ONG locales qui ne sont pas nécessairement au fait des directives du ministère.

- La certification des compétences acquises par les jeunes au terme de leur formation est un sujet majeur reconnu comme tel par le Ministère du travail et de la promotion de l’emploi (MTPE) et par l’Organisation internationale du travail (OIT). Des initiatives commencent à se mettre en place, mais là encore il faudra attendre quelques années pour apprécier ou non des résultats tangibles. Sur ce point, nous avons mis en évidence le secteur du bâtiment comme l’un des plus dynamiques actuellement sur le marché du travail au niveau global et des jeunes en particulier. Malgré ce constat, on remarque que la Chambre péruvienne du bâtiment (Cámara Peruana de la Cosntrucción, CAPECO) ne développe aucun programme en faveur de l’employabilité des jeunes. - Enfin, l’adéquation entre les besoins du marché du travail, au niveau local, et les

secteurs de formation est un axe essentiel. Si les acteurs des sphères publiques et privées affirment que des efforts substantiels sont consentis en ce sens, l’OIT déplore pour sa part un manque persistant dans ce domaine afin de faire correspondre l’offre et la demande sur le marché du travail des jeunes au Pérou.

PARTIE II

Focus sur quatre pays d’Amérique Latine :

-

Colombie

-

Pérou

-

République Dominicaine

14.Quelle(s) approche(s) de la formation professionnelle, de

l’employabilité et de la jeunesse en République Dominicaine ?