qui toute connaissance était sensible. Ces attitudes ont pour résul tat d’esquiver les problèmes au lieu de les résoudre.
Saint Thomas
avait déjè
apporté une solution en montrant qu' il existe deux espècesd'argumentations: l'une
qui déduit avec certitude une conclusion s.partir
deprincipes
Immuables;l'autre qui
confirme seulement une proposition et
montre sa
convenance parceque
l'expérience nous montre qu' elle esplique les apparences sensibles d'une
façon satisfaisante
(227
). Bang le second cas, notre connais sance est faite deconjectures, basées
seulement surcertains signes;
elle reste imparfaite (22g),
Aristote soulignait
la
nécessité dediviser
lesprincipes
en deux classes:
lesuns,
immuables et évidentsde
soi; les autres, qui peuvent être modifiés et qu' il faut apprécier "selon leursrésul
tats,
etsurtout selon la
fin", la fin étant icila
conformité aux apparencessensibles.
I>a
généralisation
duprocédé
hypothétleodéduetif marque donc un recul,un
retour è cette époque oè l'intelligence ne pouvaitpas
encore distinguer entre les différentes espèces deconnaissances
et la certitude propre à chacune d* elles.
Lêétat
d'
esprit ^accompagne dettegénéralisation
de la mé thode bypotMtico-déductivecaractérise
bien l'époque moderne...Et celle-cimarque un
tournant dansl'histoire
de lapensée.
Dans un article intitulé la Pensée dans le Rames. Abel Bey essaie de retracer1)9-
l'histoire
et l'évolution d$ l'outillage <pri servait d'appui & la pensée. Il rappelle comment la pensée grecque s'est libérée du. my the et comment, à partir du XVIe siècle, la pensée moderne s'est libérée de la physique qualitative. Puis il ajoute?l'époque contemporaine annonce une nouvelle libé ration, aussi profonde peut-être que les deux au tres. Bile vise ces »immuables' ces absolus mathê- matleo-physiques. Plus d'outil qui
serve 1'Intelli
gence
en tout, partout et toujours, si ce n’est l'in telligence elle-mêmedans sa
toute-puissance inven tive. h 'universalisation dela
méthode hypothético- déduetive, dans sa significationla
plus large, en est l'illustration logique, Un ordre toujourstempo
raire
et relatif. Il se dilate à.mesure
pour corres pondre aux relationsdécouvertes en
des intuitions plusriches
et plus profondes. Il se renouvelle en changeants'il
le fautses
bases mêmes,ha
logique,formulaire
dela
raison, ne nous apparaît plus comme une architectonique construite une fols pour toutes sur l'unité immuable de ses bases éternelles .la pensée doit constamment être prête %, édifier surnouvelles
fondations ou amodifier
l'aménagement de l'édifice, et, partant,è
compléter, ajuster etré
nover
son outillage.Des obscurités
considérables
et nombreuses, voiredes
contradictions » entre
la
logique et l'expérienceet
au sein de l'expérience elle-même, ontété
clarifiées par la réformedes
principes et par leur relativation. la marche vers la clarté et l'explicitation, vers lacompréhension des choses, est allée de
pair
et paral lèlement, avecla libération
des limitations qu' on a, chaque fois, voulu, de bonne foi, imposer a l'esprit (229) •ties
auteurs
voient dans leprocédé par
hypothèse la forae la plus élevée de la connaissance et Ils veulentl'assimiler à
la sagesse. Bien, que leur positionsoit
fausse, on ne peut cependant pas nier l'existenced'une
certaine analogie entre la connaissance sapien tiale et la connaissance vers laquelle on tend à travers les hypothèses.Il est de la nature de la sagesse de connaître par les causes ultimes $ la sagesse parfaite permettrait à son possesseur Se tout connaître par un seul et unique moyen terme. Par suite toute sagesse s*éloigne» de la notion pure de sagesse dans la mesure où elle ne pourra plus atteindre, par un seul moyen terme, toutes les caractéristiques particulières des choses.
Cognoscere aliquid in universali, potest intelligi dupliciter. Uno modo ut referatur ad cognitionem ex parte
cogniti;
et sic cognoscere aliquid in univer sali est cognoscere naturam universalem cogniti:... quando cognoscitur de aliquo naturauniversalis
tan tum,imperfectius
cognoscitur quam si cognoscantur cum hoc propria ipsius. Alio modo ut referatur ad cognitionem ex parteejus
quo cognoscitur; et sic cognoscere aliquid in universali, id est per medium universale, est perfectiusdummodo
Cognitio usque ad propria reducatur (230
)*Eous avons vu que le mouvement de concrétion d’après le quel notre intelligence atteint des caractéristiques de plus en plus particulières* augmente la perfection de notre connaissance. Pour qu’il y ait perfection, cependant, il ne faut pas que notre intelli gence abandonne les principes les plus universels. Autrement, elle se perdrait dans
l’indéfini
des détails. St cette connaissance des détails concrets, séparée d’une connaissance des principes univer sels, deviendrait comme une négation de la connaissance si elle était éoaeae^ane négation’ derla-eonnaia aaaae ■ poussée toujoursplus
avant, la connaissanceexpérimentale
des sens externes devîen»draie&t,
comme un terme ultime très parfait. 0’est pourquoi l’Intel»ligence
devra*a
mesurequ’elle
s’avance vers les détails concrets, essayerde
conserver le plus petitnombre
possible de moyens termes.Hot re
science naturelle s’éloigne de la notionde sagesse
dans la mesure ouaugmente
le nombre de premiers principes gui sont pournous
des moyens de connaître. À mesure que nous avançons dansle
sens de la concrétion, le
nombre
deces
principes augmenteconsidéra
blement.
le nombrede
faitsà
expliquer augmente lui aussi. Si nous pouvionsen
quelque manière surmonter cette multiplicité, notre con naissance participerait d’une certaine façon à la raison de sagesse. Ce but est atteint par le mouvement dialectique suivant lequel l’es prit crée des hypothèses, puis lesrejette
pour en créer d’autresà
mesure que l’expérience le requiert. Be plus en plus larges, ces hypo thèses embrassent de plus
en
plus de faits.Mies
ressemblent ainsi àun
moyen terne universel* Partant des suggestions fournies par les faits, la raison construit un schéma logique grace auquel elletente
à
1
expliquer des groupes de faits de plus enplus
vastes, la science expérimentale tend même vers la constitutiond’une seule
etunique
théorie
à
travers laquelle elle comprendra tous les phénomènes de la nature. Louis de Brogliea
illustré defait
en,faisant
l’histoiredes
synthèses successives fournies par les diverses théories de la lumiè re. Bans
1
’Introduction à cetteétude,
il écrit;Au fur
et a mesureque
le travail des générations successives de chercheurs fait connaître unnombre
croissant
de
phénomènes, on peut progressivement les classer engroupes
distincts dont chacun exige que la description complète de l’entité
étudiée contien ne tel ou tel trait caractéristique; et parfois la situationtourne au
tragique quand on s’aperçoit que les diverses caractéristiques del’entité,
révélées successivement par les divers groupes dephénomènes,
ne paraissent pas pouvoir être
conciliées
au sein d’une même théorie d’ensemble, néanmoins le postulat qui est à la basede
toutes les recherche» scienti fiques, l’acte de foi qui a toujours soutenu lessa
142-
eonsiste ù affirmer qu'il doit être possible, parfois en faisant le pénible sacrifice d’idées longtemps ad mises ou de conceptions longtemps utiles, d'arriver à une vue synthétique réunissant toutes les théories par
tielles suggérées par les divers groupes de phénomènes et les contenant toutes en elles malgré leur opposition apparente. Ainsi apparaît nettement avec ses difficul
tés, ses échecs passagers et aussi ses éclatants triom phes l’effort synthétique et unificateur de la science théorique qui cherche a ramener ù une sorte d’unité in tellectuelle l’immense complexité des faits (
231
).Le savant tend à voir à travers une hypothèse unique non seulement une section d’une science, sais tous les chapitres d’une même science et même plusieurs sciences. O
1
est encore Louis de Broglie qui note que la physique se trouvait divisée en deux compartiments distincts:la physique de la matière, où l'hypothèse des parti cules élémentaires se déplaçant suivant les lois de la mécanique de Hewton permettait de coordonner tous les faits connus, et la physique des radiations, où tout s’interprétait par des radiations d’ondes... Il semble définitivement établi que matière et radia tion ont tous deux un aspect ondulatoire et un aspect corpusculaire, et qu’en tenant compte de cette duali té on puisse, grâce à une théorie synthétique, unifier toute la physique (
232
).Bous pouvons citer
1
* exemple de l'hypothèse atomique qui s’est montrée très fructueuse et qui a fourni une bonne représenta tion de la réalité non seulement en chimie mais encore en physique.Ceci montre qu'il y a une grande ressemblance entre le
mouvement dialectique qui procède par hypothèse et la sagesse. Sa outre,
11
est tout a fait légitime pour le savant de tendre ù ces hypothèses de plus en plus vastes qui sont comme une image des considérations de la sagesse.G-raoe à l'hypothèse, nous pourrons passer d’un fait à unautre, meme s* ils sont très différents; nous pourrons les voir sortir de la meme source ou découler l’un de l’autre. Par elle .nous pourrons introduire entre les phénomènes une sorte de ’procession’ qui fera de notre connaissance une imitation de la sagesse. A mesure que la multiplicité des faits connus grandit, noua essayons de fortifier
1
«unité en élaborant des hypothèses plus vastes mais moins nombreuses. M nousfournissant
ainsi un moyen de surmonterd’une
certainefaçon
la multiplicité, nous nous rapprochons de la sagesse au sms strict* Mais les modernes refusent de voir dans leur procédé une simple imi
tation et lui attribuent les caractéristiques de la sagesse elle-même.
Reprenons
à peu près les mêmes idées sous d’autres termes. Tandis que Dim voit tout dans un moyen unique, les anges ont besoin de beaucoup d’espèces et celles-ci augmentent a mesure que l’on des cend la hiérarchie. De meme dans les sciences humaines, les moyens sont plus nombreux en philosophie de la nature qu’ en métaphysique et ces moyens continuent d’augmenter à mesure que nous avançons vers les dé terminations concrètes des choses. Dans la connaissance des sens externes, il faudra une espèce distincte pour chaque acte de connais sance. Mais quand un sage contemple cet ordre de perfection décrois sante, il peut connaître a priori la sensation. H peut l’anticiper, la prévoir.Gomme 3a sagesse, contemplant les premiers échelons d’un ordre, permet d'en prévoir les derniers, de même l'hypothèse nous permettra de prévoir certains faits. Je connais par expérience sen
sible la carapace de la tortue. Je puis imaginer telle hypothèse qui m'aurait permis de la découvrir
a
priori. St cette fols, ce n'est plusla contemplation d'une partie d’un ordre donné, mais me simple créa tion de mon esprit, me hypothèse, qui me permet d*anticiper ce fait.
Mais voici un procédé dont on peut abuser. O
5
est ce que l’on fait quand on soutient que Ie esprit doit toujours procéder à partir de créations libres, que tous les principes ne sont que des hypothèses, que1
* intelligence doittoujours
prendre1
* initiative, qu1
elle doit toujours être active et jamais passive. Dans l’abandon de tout principe stable, des auteurs croient arriver à la libération et %. 1* émancipation de 1’ intelligence. Ils croient que la perfection Consiste dans Ce jeu indéfiniment continué dans lequel ils acceptent des principes aujourd’hui pour les rejeter demain.Il
est vrai qu’il vaut mieux construire des hypothèses quede
rester à court devant les faits. Mais cette obligation de procéder par des principes quiévo
luent constamment et dont l’évolution ne sera jamais terminée, cela reste une imperfection. I»1 erreur consiste & considérer cette imper
fection comme une perfection.
Sous avons déjà indiqué que notre esprit tend, dans la
con
naissance
expérimentale, à se dégager peu à peu des faits bruts,L
5
ignorance dela
cause des phénomènes, le nombre de principestou
jours
plus grand qu’il nous faut & mesure que nous avançons versla
concrétion constituent une imperfection. Il serait beaucoup plus parfait de pouvoir déduire e@s détails concrets
et de
lesdéduire
aussi du nombre de principes
le
pluspetit
possible. Lorsque le savant recherche le pourquoi de la carapace de la tortue il tente de s’élever au-dessus des simples faits bruts. Il voudrait les dédui re avant de lesdécouvrir
dansla
réalité, imitant par la d’une cer taine façon la connaissance angélique qui est antérieure aux choses elles-mêmes.14
g»
#e mental attiinzâ© wM.o$x entertains hypotheses en 'the o#er
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#nd.#n.W# . #'.l#e#e#eal
and. possibly unreal, means en intelleottasl revoit agalnat mémo glvtnnéee. It #a beeoae nrltleal of appearances, and has partially freed itself from the e^reeeionef bmtefaet. # reality with an active ■ rèsp&Sée»: and dees notaerely submit to whate ver comes along. It feels free to anticipate W&llty by its grosses, to quest ioait, to e^oerlment, to
distrust and ##% appearmces, to rearrange the world, at le&et lnthOu#t,to mgwlth it, and wllhlt#eli. #r hypotheei# la a anrt W#m$. lAth reellty, akin
to fancy* '■ make Relieve, #é#o#$ andpoetry. la-the hypothetical attitude *f«#ts* haveeeaaed to he aec^- tedatfaee vaine, to he #ust ^wt, andheaome #pa- ble of "being ayabols. #oee suggestions are more im portant thanmeirbare :«##t«#e, Whatever Wymy