cipes propres. Par suite,
plus
la nécessité de s’appuyersur l’expé
rience
grandit,
moins ledegré
de certitude sera élevé» A ce moment, boutes les propositionssont
provisoires, aussi bien celles dessa
Eous avons déjà
remarqué
qu’Âristote,au
cours de ses expo sée, s’arrête de temps entenps
pour indiquer la méthode à suivre et le degré de confiance qu’il faut accorder aux théories. Sa doc trine estconstante*
toutes les folsqu’un conflit
surgit entre les faits et les théories,celles-ci
doivent être modifiées afin de maintenir leur accord avec les faits. Sa définitive, toute théorie doit être jugée par lafaçon
dont elle rend compte des faits,Comme ceux qui ont tendance à douter que ce soit Mentit
la
doctrine d’Aristotesont
encore nombreux, nous croyons utile de citer plu sieurs textes concernant ce point.Au sujet d’une théorie sur la génération des abeilles, le philosophe écrit*
Telle
semble être la maniéré dont se produit la génération dies les abeilles, si nous considérons et la théorie et lesphénomènes
qui se rencontrent dies elles. Ces phénomènes n’ont pas été suffisamment observés? et s’ils le sont un jour, il faudra alors accorder crédit aux observations plutBt qu'aux théo ries et aux théories seulement dans la mesure oà el less'accordent
avec les faits observés (92
).Au sujet de l'origine du mouvement et de l’immobilité du premier moteur*
Sous devons saisir ce point non seulement en
général
et en théorie, mais aussi avec référence aux faits singuliers du monde sensible. C'est en considérant
ceux-ci
que nous cherchons des théories générales et c'est ave* eux, croyons-nous,que
nos théories généra les doivent se conformer (93) •Au sujet du mouvement
du
soleil la long de 1 ’ écliptique^ qui serait cause de la génération et de la corruption, du développement et de la décrépitude des organismes, Aristote note ceci*nos théories. Ainsi, nous voyons que la génération
accompagne
l’approche âu Sôleil, et la corruption, sonéloignement,
et que l’une et l’autre se passent en un temps égal, car sont égales lesdurées
de la corruption et de lagénération
naturelles, néanmoins, il arrive souvent que les êtrespérissent
en un temps plus court, à raison de l’implication réciproque (deschoses qui sont engendrées et de celles qui périssent) ($4).
Même si une doctrine semble s * enchaîner logiquement, Aris tote soutient qu’il faut la rejeter si elle ne concorde pas avec les données de l’expérience.
En vertu donc de ces arguments, ces philosophes (les éléatea), dépassant la sensation et la
dédaignant,
dans la pensée qu’il faut s’en tenir au raisonnement, prétendent que
l’Univers
est un et immobile, et même, ajoutent certains, infini «puisque toute limite fini rait au vide.Il y a donc des philosophes qui, pour les raisons in diquées, ont
professé
ausujet55de qa Vérité" de
pareil lesdoctrines.
Eals, alors que, au point devue théo
rique, ces opinions semblent s'enchaîner logiquement, par contre, si l’on
considère
les faits, y ajoutent2 foi semble voisin de la démence (95) •Bien qu’une théorie soit "obscure et fictive de bien des façons" (
96
), selon les termes mêmes d’Aristote, il faut lui recon naître de la valeur, une valeur d’autant plus grande qu’elle expli que un plus grand nombre de faits. U*est le casd’une
théorie qui vise è expliquer la ressemblance entre lesparents
et les enfants par l’idée du "pansperme* qui existerait en puissance et non en acte.... .©eux qui rendent compte de la ressemblance de la manière qui reste à discuter expliquent mieux ce fait
ainsi que
les autres faits...En putre, si nous assi gnons seulement une sorte de cause, il n’est pas faci le d'expliquer tous les phénomènes (97
).Au sujet de deux théories sur le rôle du spermeî
à la fols a priori en regard des faits. Sa effet» si nous considérons la question d’un point de vue géné ral» nous trouvons que, toutes les fols qu'une chose est faite de deux dont l'une est active et l'autre passive, l'agent a*existe pas dans la chose qui est faite.
Cet argument a priori est confirmé par les faits (98) Sur la nécessité de n' omettre aucun faits
Puisque nous avons déjà traité du monde céleste, dans la mesure où nos conjectures pouvaient l'atteindre,il nous reste à parler de la nature vivante, sans laisser de côté aucun détail, ou has, ou relevé, selon la mesu re de nos forces (99)•
Au sujet de 1'erreur de Démocrite concernant la formation des dentsî
Cette erreur était due à ce qu’il parlait d'une façon trop générale,
sans
examiner ce qui arrive dans tous les cas; pourtant, c'est ce que nous devons faire,car quiconque énonce une proposition générale doit com prendre tous les cas particuliers (1B6).Au sujet de la génération du fmt
la
sensationconfirme
aussi ce mode degénération
dufeu:
la flamme, en effet,est
le feu par excellence, mais la flamme est de la famée qui brûle, et la fuméeest constituée d'air et de terre (101).
Aristote juge défectueuse et vide une théorie sur la stéri lité des mules parce qu'elle est trop générale et trop éloignée des faits.
Cette théorie est trop
générale
et vide. Su effet, toutes les théories non basées sur les principes propres an cause sont vides: elles ne sont reliées aux faitsqu'en
apparence, sans l'être en réalité.Gomme les
raisonnements
géométriques doivent partir de principesgéométriques,
ainsi en est-il dans les autres ©as: ce qui est vide peut sembler être quel que chose, mais en réalité n'est rien. Maintenant, la base de cette théorieparticulière
a* est pas vraie.parse que plusieurs animaux d'espèce différente août fertiles l’un avec l'autre, comme nous l'avens dit au paravant. 3e fait, nous ne devons pas étudier les ques
tions de science naturelle de cette façon, pas plus que toutes autres questions. Bous aurons plus de chance de découvrir la cause en considérant les faits particu
liers aux deux espèces concernées, le cheval et l'âne (102). Sur la méthode a suivre dans l'étude des parties des ani
maux:
Il semble donc que le peint de départ doit être, comme on l'a dit précédemment, de recueillir les faits en
cha
que
genre, pour exposer ensuite leurs causes, et enfin leur genèse (103
).Maintenant les parties sont assez "bien connues è la perception sensible. Cependant, dans le but de
procé
der
selon l'ordre convenable et la succession, et de combiner les notions théoriques avec la perception sen sible,- nous allonsprocéder
a l'énumération des parties: premièrement, les parties organiques, ensuite les parties simples ou non composées (104).
Autres exemples de l'accord entre les faits et la théorie: $Bans la formation de l'embryon) le coeur est donc la
première partie a être différenciée. Ceci est évident non seulement pour les sms (car il m est ainsi) mais aussi pour des considérations théoriques. ïïa effet, quand le jeune animal s'est séparé de ses parente, il doit être capable de se conduire lui-même< comme un fils qui a bâti une demeure loin de son père (
105
). Pour conclure, notons que, dans 1'"invention", une proposi tion est acceptée d'abord comme me simple conjecture sur laquelle il faudra porter un jugement. On la jugera certaine si on peut la rattacher a des principes premiers et indémontrables.Secundo autem rationis processai deservit alia pars logicae, quae dicitur Inventi va. Bam inventio non semper est cum certitudine. Bade de hia, quae inven ta sunt, judicium requiritur, ad hoc quod certitudo
habeatur (10%).
Sans le cas des hypothèses destinées a sauver les apparences sensibles, nous ne pourrons pas, pour la raison expliqué* plus haut,
les éclaires* à la lumière de principes absolument certains* Hotts ne leur accorderons provisoirement crédit nseulement dans la mesure,
comme dit Aristote, oè. elles s’accordent avec les faits observés6(108). Ses conjectures étant confirmées seulement par des signes, la con
naissance restera imparfaite.
.. .Tripliciter
aliquid cognosci
potest: uno modo per revelationem:.. .Alio modo borna cognoscit aliquid per seipsum, et hoc certi tuàinaliter;.. .Certi tudo., .non
potest
haberi dealiquo,
nisi possit di judicari per proprium principium. Sicenim
certitu do habetur de conclusionibus demonstrativis perinde
monstrabilia
universalia principia.. .Sertie modo co gnoscitur aliquidconjecturaliter
par aliquasigna;
Ista tamen cognitio imperfecta
est;
...(109)»les remarques
d’Aristote sur
l’importance de l’expérience,
sur l’existence
de
principes qui.doivent
évoluersuivant
sesdon
nées;
les remarques de saint Thomas sur lesprincipes dont
le rôleest de sauver les apparences sensibles, apparences qui peuvent d*ailleurs être sauvées par d’autres conjectures, tout
cela
nous permet de dire qu’ils ont eu une vue justede
lavérification
expérimentale. leur doctrine ne comporte pas les détails exposés aujour d'hui dans les manuels de logique inductive. Mais ces
détails
nepeuvent
pas sepréciser
que peu à peu, è mesure que les savantsréflé
chissent
surles
procédés misen
oeuvre dans l’interrogation de laChapitre TI- I, *37(2,93105 DBS HÏP03HESES.- LA BBGHBBOHS QUI SB SB f 3
Maamts
JAMAIS.L*artisan, se procure de nouveaux instruments lorsque 1*exige le Men de l'oeuvre à accomplir. Puisque les hypothèses ne sont que des instruments de découverte, elles aussi devront évoluer constam ment. Biles se modifieront pour pouvoir rester soumises aux faits
et conduire à de nouvelles découvertes. Si elles ne
jouent
plus ce role, c'est un indice qu'elles sont devenues trop étroites et qu'il faut les remplacer.Si paradoxal que cela paraisse, cette évolution ne diminue en rien la valeur de la science
eapérimentale.
Bile constitue plu tôt une condition essentielle de son progrès. Si elle cessait,Men des faits nouvellement découverts pourraient rester sans explication. D’autres demeureraient inconnus parce que la capacité de prédiction d'une théorie est épuisée assezrapidement
par les déductions des savants. Par exemple, la déviation de la planète Mercure de l'el lipse n'était pas expliqueé par les lois de la gravitation de lew-ton. La théorie de la relativité générale permit d'en rendre compte (110).
Les théories, écrit Claude Bernard, sont comme des degrés successifs que monte la science en élargissant de plus en plu® son horizon, parce que les théories représentent et comprennent nécessairement d'autant plus de faits qu'elles sont plus avancées. Le vrai progrès est de changer de théorie pour en prendre de nouvelles qui aillent plus loin que les premières, jusqu'à ce qu'on en trouve une qui soit assise sur un plus grand nombre de faits. Sans le cas qui nous occu pe, la question n'est pas de condamner l'ancienne théo
rie su profit de celle qui est plus récente. Oe qui est important, c'est d'avoir ouvert une voie nouvelle, car ce qui ne périra jamais, ce sont les faits Men
obser
vés
que les théories éphémères ont fait surgir; oe sontlà les seals matériaux sur lesquels l'édifice de la science s1
élèvera
un jourquand
elle possédera unnombre
de faits suffisantet
qu'elle aura pénétré as sez loin dans l'analyse des phénomènes pour en connaî tre la loi ou ledéterminisme
ezact (111).Gette instabilité des hypothèses nous indique quel doit être l'état dlesprit du savant à leur égard. Même s'il a réussi à bâtir l'hypothèse la
plus
vraisemblable, il devra toujours la considérer avec un esprit critique et voir en elle un échafaudage branlant, plutôt qu'une construction définitive. Sans cela, son esprit se trou verait lié et le progrès de la science s’arrêterait.Il ne faut croire à nos observations, à nos théories que sous bénéfice d'
inventaire
expérimental. Si l'on croit trop, l'esprit se trouve lié et rétréci par les conséquences de son propre raisonnementï il n'a plus de liberté d'action et manque par suite de l'initia tive que possède celui qui sait se dégager de cette foi aveugle dans les théories, qui n'est au fond qu'u ne superstition scientifique (112)»Soute théorie se développe graduellement, connaît des suc cès. Puis des faits surgissent qu'elle ne peut plus expliquer. Ces difficultés provoquent une crise qui force le savant à la modifier et même à la remplacer par une nouvelle. Gette crise marque l'auro re d'un nouveau progrès. En effet, rien n'est perdu dans cette évo lution. Les faits véritablement établis ne sont pas abandonnés par la nouvelle théorie. Itant plus large que la précédente, elle peut embrasser et les faits nouveaux qui ont amené sa création et les faits expliqués autrefois par une théorie plus étroite. Par exemple, la théorie de îfewton est un cas limite spécial de la théorie de la relativité. Quand les forces de la gravitation sont relativement faibles, l'ancienne loi de Hewton constitue une bonne approximation des nouvelles lois de la gravitation.
90-
X>es fait» qui et^portent la théorie classique supportent également la théorie de la relativité générale.’•Sous retrouvons l'ancienne théorie du point de vue plus élevé de la nouvelle11 (lljS). Pour re prendre une comparaison d’Sinsteln, disons que la création d’une nouvelle théorie ne ressemble pas % la construction d’un gratte-
ciel a la place d’une grange qui vient d’être démolie.
Mie
ressemble
plutôt à l’ascension d’une montagne, o& l’on atteint des points de vue toujours nouveaux et toujours plus étendue,01
X l’on découvre des con nexions inattendues entre le point de départ et les nombreux lieux qui l’environnent. Mais le point de départ existe toujours et peut être vu, bien qu’il paraisse plus petit et forme une partieinsignifian
te
dans notre vaste vue, que nous avons gagnée en vainquant les obstaclesdans
notre ascension aventu reuse (llh).Whewell est un des auteurs qui ont le plus insisté sur cet te évolution et cette façon d’évoluer des théories. Frappé d’admira tion par les travaux de Hewton, il multiplie les termes
élog&sux*
Oette découverte..."formed not a leap, but a flight — not an impro vement merely, but a metamorphosis,— not an epodi, but a termina
tion”. Toutefois,il admet que l’évolution peut se continuer encore après Hewton et que la théorie de la gravitation peut être
englo
bée
elle-même dans une théorie plus large. Il écrit dans le même paragraphe!It is no doubt conceivable that future discoveries may both extend and further explain Hewton’s doctri nes; — may make gravitation a case of some wider law, and may disclose something of the mode in which it operates; questions with'which Hewton himself strug gled (13#.
91-
Puisque lee hypotheses deviennent de pitta en plus larges è mesure qu’elles évoluent, il en suit que leur nombre tend è dimi nuer progressivement. Au dix-neuvième siècle, par exemple, toutes les hypothèses concernant la constitution de la
matière
cédèrent leur place àla
théorie atomique,Cependant
cette théorieallait
échouer dans
l’explication
des phénomènes lumineux. Mais,en
1933» Louis de Broglie arrive ala
conviction que, Sans la théorie dela
matière comme dans celle
des
radiations, "il était indispensable deConsidérer
à la fois des corpuscules et des ondes,pour
parvenir s une doctrine unique permettant à1Interpréter simultanément les
propriétés da la
matters
et celles dela
lumière" (ll6),Cette réduction
du
nombre des hypothèses est favorisée par le fait quela
physiquetend a
s'unifier de plusen plus.
Desparties
de oette science» autrefois assez éloignées les unes des autres, se sont rapprochées; on a trouvé
que
leurs différents systèmesd’hypo
thèses
a1en formaienten
réalitéqu’un
seul (il7)• Bette réductioncorrespond
aussi aux désire les plus profonds dusavant
qui cherche à considérer 1’univers comme le résultat de quelques causes simples. Grâce à l’hypothèse que la matière et la radiation ont toutes deux un aspect ondulatoire et un aspect corpusculaire, nous avonsmain
tenant
une théorie qui couvre 1’ensemble de la physique.Aristote admettait-il la possibilité d’une évolution
pour
ces principes que nous
posons
en vue desauver
les apparences sen sibles? Certains textesdéjà
cités nous permettentde
répondre affir mativement.93
-Hous l’avons vu reprocher aux platoniciens leur tendance» en doc trine naturelle» % vouloir "tout
ramener
à des opinions arrêtées defini tvea"7affirmer que les principes “doivent être homogènes au genre des sujets étudiés" » "blâmer les platoniciens de mettre trop de confiance dans leurs principes, de ne pas les soumettre asses rigoureusement a l’expérience» de les retenir meme s’ils ne sont pas conformes aux apparencessensibles
(118),Si Aristote soutient que les principes doivent rester sou mis à. l’expérience, il admet donc que ces théories évolueront au fur et & mesure que
l&expérienëe
s’accroîtra. Il reproche aux pytha goriciens d’accorder plus d’importance aux théories qu’aux faits et de faire “violence aux phénomènes essayant de les accommoder à des théories et à des opinions préconçues" (119). Aristote accorde donc aux faite la primauté sur les théories. Son opiniondiffère-1-ell
esubstantiellement de celle de Claude Bernard qui écrivait* "le
vrai
progrès est de changer de théorie
pour
en prendre de nouvelles qui aillent plus loin que lespremières,
jusqu’à ce qu’on en trouve une qui soit assise sur un plus grand nombre de faits" (120).Saint
Thomas
aussi reconnaît aux hypothèses la possibilité de se modifier. Il enseigne que ces suppositions ne sont pas vraies et que les apparencessensibles
peuvent s’expliquer par d’autres théories encore ineoornes pour le moment (121).93-
Bu fait que les théories évoluent, il ne faut pas croire que celles que l’on abandonne ont été inutiles, l’hypothèse est un ins trument logique qui nous suggère des expériences à réaliser et qui nous indique dans quelle direction regarder pour découvrir de nou veaux faits. Stant donné ce role, 11 s’ensuit qu'une hypothèse peut avoir été utile même si on la juge maintenant mauvaise et fantai siste. Autrement dit, telle théorie, qui semble aujourd’hui dénuée de fondement, fut bonne à tel moment et dans ièllee circonstances. B’ailleurs, n* est-ce pas là le sort de toutes les théories? 1 ^hypo thèse^ du phlogistique ou de l’horreur du vide ont été le primum mo vens d’un grand nombre d’expériences et elles ont contribué à la dé couverte de certains faits, foute hypothèse est donc utile si elle provoque des recherches sérieuses, Claude Bernard note que les alchi mistes ont fondé la chimie en poursuivant des problèmes chimériques. De son coté, Ernest Baville écrivait en 1880:
ha physique contemporaine est dominée par la théorie de la constance de la force; e* est une hypothèse gran diose, qui, par sa nature même n’ est pas absolument vérifiable,