139
-
Bar exemple* la philosophie de la nature, dans sa partie strictement scientifique, illumine ses conclusions en se basant sur des principes propres à l'être réel. It& logique aide le philosophe de la nature en tant qu*elle lui sert d’instrument et qu’elle met de l’ordre entre les concepts. Cependant» elle ne lui fournit pas de principes.
En dialectique, nous essayons d’illuminer l’être réel non seulement en suivant les règles de la logique# mis aussi en emprun tant des principes à la logique. Grace à des constructions que l’es prit forme, nous tentons de rejoindre le réel, nous anticipons les données de 1 ’ expérience, nous procédons sans posséder les principes propres à l’être naturel, les textes que nous avons cités de louis de Broglie, d’Einstein, de Bernard montrent que le raisonnement suivi en sciences expérimentales correspond à ce procédé décrit par les an ciens (210). Ges * schémas logiques construits par notre raison* cons tituent des êtres de raison grâce auxquels nous tentons de donner une explication provisoire du réel. Saint ©torna note que, parmi les pro cédés suivis par l’esprit, tel est dit 8rationnel' à cause de la natu re de ses principes: "Gt eum aliquis procedit ad aliquid probandum ex operationibus rationis, cojusmodi sunt gemis, et species, et opposi tum, et hujusmodi intentiones quas logici considerant” (211).
Ge procédé permet à notre esprit de suivre l’une de ses tendances profondes. Il n’est jamais satisfait de la simple connais sance expérimentale, essentiellement
imparfaite
parce qu’elle impli quepassivité
physique. Ilva
essayer dedevancer
l’expérience, d’in venter un principe,un
propter quid qui lui donne provisoirement la raison des faits découverts. Il arrive à rationaliser la nature grâce aux hypothèses qu’il pose a priori.Chapitre X- L» UHIYERSAX.ISA2I0ÏÏ DE DA ME2H0DE HXPGfHffiiqc®.
Bien des auteurs rejettent la possibilité d'une démons tration certaine et étendant à toute la connaissance les
procédés
du raisonnement par hypothèses. Celui-ci est considéré comme le seul va lide, le seul,capable de faire progresser nos connaissances. Il est le seul raisonnement possible en tout et partout.Si j'ai correctement exposé la cause de la science, écrit Karl Pearson, le lecteur aura reconnu que la science moderne demande plus que la paisible posses sion de ce que le théologien et le métaphysicien se plaisent à appeler son domaine légitime. Elle deman de que l'ensemble des phénomènes mentaux aussi bien que physiques, que l'univers soit son domaine. Elle affirme que la méthode scientifique est la seule en trée dans le champ entier de la connaissance.. .La science ne peut pas accepter que le développement de l'homme soit encore arrêté chaque jour par les bar rières que le dogme et les mythes élèvent autour du territoire qu'elle n'a point encore occupé de façon définitive (212).
la généralisation de la méthode hypo thé ti co-déductive en traîne rigoureusement une conception révolutionnaire de la connais sance. Comme les hypothèses évoluent en se substituant les unes aux autres, on en conclut que les principes de toutes les sciences ne sont que provisoires, même s'il s’agit des principes fondamentaux. Dewy, Dantzig, Schiller, et autres, nient l'existence de tout prin cipe absolu. Pour eux, un principe n* est qu'une hypothèse qui peut nous guider dans nos recherches; il doit être modifié conformément au critère de l'expérience.
Per the purposes of a logic of inquiry into pro bable consequences, general principles can only
132-
be tools justified by the woife they do. They are means of intellecttial survey, analysis, and in
sight into the factors of the situation to "be dealt with, like other tools they
mist
he modified whenthey
are applied to new conditions and new results have to he achieved (213
).The abandonment of the naive realism of the classi cal
period
of science entails theabandonment
ofthe
absolute ; andwhen
Isay
the abandonment of the absolute, I mean not only space, time, and mat ter, hut absolute certainty and - I may as well say it « absolute truth too. What remains is hut a uni verseof
discourse, a playground for the human mind. That the physical sciences have at all survived this drasticrevision
is entirely due to the flexible men tal apparatus withwhich
the mathematician has sup plied them; for mathematics is sublimely indifferentwhether
the forms inwhich
it deals represent signi ficant statements or &r hut empty shellswhich
can contain everything or nothing. In some such shell modem physics has found a refuge (214).She ideal of absolute certainty may he redpudiated altogether,
even
as an ideal, for sound scientific reasons, Itmay
heshown that
l£ were possible it would he scientifically undesirable. For it would mean the creation of absolute bars to scientific pro gress. If truths existedwhich
were absolutely cer tain, this would mean that nothing more could helearnt about them, and nothing could he done to stengh- ten their position (
215
).Baas cette”nouv@lle philosophie”,
la
métaphysique et la philosophie de la nature perdent leur caractère de science au sens strict. Ou bien on leur nie le droit à l’existence, ou bien elles doivent prendre rang parmi les autres sciences expérimentales, ce qui équivaut également à leur destruction. Parce que la métaphysique pré tend déduire des conclusions qui, par suite de la rigueur de la démons tration, n’ont pas besoin d’etre confirmées à lafaçon
des hypothèses, Camap prétend que la métaphysique n’a pas de sens. Pour lui, elle possède à peu près la valeur de la poésie lyrique. I»e métaphysiciense livre à tan jeu enfantin et se déçoit lui-même en croyant exprimer des vérités.
.. .Les
choses sont telles qu’ il ne peut pas y avoir de propositions pourvues de sens en métaphysique. G* est une conséquence du "but mime qu’ elle poursuit: découvrir et décrire une connaissance inaccessible à la science expérimentale. It, en effet, puisque le sens d’une phrase réside dans les opérations de sa vérification, une proposition ne dit que ce qui en est vérifiable et ne peut donc affirmer qu’un fait d’expérience (216
).All metaphysical theories, écrit Lee, should he
regarded
as hypotheses. She study of metaphysics may yield knowledge, hut this knowledge is hypo thetical in exactly the same way as are the theo ries of natural science. She hypotheses of natu ral science can not he proved with absolute certainty; neither can any doctrine of metaphysics (21$).
Universaliser la méthode
hypo
thé tA co-dé ductive conduit aus si à nier l’existenced’une
philosophiede
la nature* Sans cette con ception, onne
peut obtenir aucune connaissance valable de 1 ’ être mo bile, si on neprocède
pas à l’aide de mesures, de lois physiques et d’hypothèses. D’après Qamap, il ne peut y avoird’étude
philosophi que de la natureBarce que tout ce qui peut être dit au sujet de
la
nature...doit être dit par le savant en se basant sur la recherche empirique. Le philosophe n’a plus rien à dire dans ce domaine. Sans doute, les méta physiciens ne craignent pas d’affirmer un tas de
choses au sujet de la nature. Mais une telle méta physique, comme nous l’avons vu, ne constitue pas une théorie, mais plutôt une oeuvre poétique. L’objet d’une philosophie naturelle scientifique n’est pas la nature mais les sciences naturelles; elle s’occupe de l’analyse logique de la science, en d’autres mots, de l’analyse syntaxique du sys tème linguistique de la science (218).
La morale et la religion devront, elles aussi, suivre une méthode identique à celle des sciences expérimentales. Leurs princi pes n’&Wvb riaa d’absolu» Ils seront posés corne postulats; ils de vront se modifier et évoluer suivant les résultats de 1* expérience.
Dewey reproche & la morale de s’être laissée hypnotiser
par
l’idéed’une
fin ultime et d’une loi suprême. Il faut abandonner les véri tés éternellespour
les remplacerpar
des hypothèses suggérées par l’observation des faits quotidiens.After
all,then,
we are only pleading for the adop tion in moral reflection of the logic that has been proved to make for security,stringency
and fertili ty in passingjudgments
uponphysical
phenomena... She theory of fixed end inevitably leads thought into
the
bog of disputes that cannot be settled. Ifthere is
onesummum
boam, onesupreme
end, what is ltt $o consider this problem is to place ourselves in the midst of controversies thatare
as acute now as they were two thousand years ago...She need in morals i# for specific methods of inquiry andcon
trivance:
Methods of inquiry to locate difficulties and evils; methods of contrivance to form plans tobe used as working hypotheses in dealing with
them
(210). AM so, dit Schiller, theIdentity
of method inScience and Religion is far more fundamental than
their
difference. Both rest on experience and aim at its interpretation: both proceed by postulation; and both require their anticipations to be verified, She difference lies only in the mode andextent
of their verifications:....(220). IlIl
en
est de même pour Carnap (221) etChilds,
foutela
morale se
résume
& une investigation expérimental© des faits(sta
tistiques sur le suicide, par exemple), et
à la
construction d’hypo thèsespour
les expliquer.Lorsque nous
remplaçons lesprincipes
im muablespar
deshypothèses,
écrit Childs,institutions and customs, religious creeds, moral codes, the specialized findings of the particular
135-
sciences, and the pronouncementa of both prophets and experts are all to he tested by the consequen ces to which they lead in ordinary experience,
They
are to he judged in terns of their ’instrumental1 value...Since experience is an
ongoing
process, this view also means that finality and absolute certainty are impossible. Absolute dogmas most give place to hypotheses. These hypotheses must be modified as experience alters (222).
Quand il s’agit de l’étude de la société, par exemple, Dewey nie l’existence de principes immuables et la possibilité d’en déduire des conclusions rigoureuses. Pour gu’ils ne constituent pas un obstacle au progrès de la société, ces principes devraient etre
considérés comme des hypothèses.
I should indeed not hesitate to assert
that
the sanctification of ready-made antecedent princi ples as method of thinking is the chief obstacleto the kind of thinking which is the indispensa ble prerequisite of steady, secure and intelligent social reforms in general, and social advance by means of law in particular. If this be so, infil tration into law of a more experimental and flexi ble logic is a social as well as an intellectual need (22%).
Dans un chapitre intitulé The
Construction
of Good. Dewey étudie les changements apportés par 1 ’ extension de la méthode hypo- thético-déductlve à l’étude de la société... /V significant
change that would issue from carrying over experimental method from physics to man concerns the import of standards, principles, roles. With the transfer, these, and all tenets and creeds about good and goods, would be recognized to be hypotheses. Ins tead of being rigidly fixed, they would be treated as intellectual instruments to be tested and confir med — and altered — trough consequences effected by acting upon them8225
).Dana toutes ces idées, on discerne les causes de bien des maux qui affligent la société moderne. S’il n’y a plus de principes
immuables, si noua ne pouvons plus connaître spé culat iv ement la na ture et la fin des choses, si l’on nie la connaissance spéculative comme règle supreme de l’action, on ne pourra plus que s’appuyer sur la force quand il faudra agir. Celui qui aura raison, c’est ce lui qui aura la puissance d1 imposer ses vues. &a direction des so ciétés s’inspirera de cette méthode hypo thé tico-déduc tive. Comme les hypothèses doivent, pour le progrès des sciences, se substituer incessamment les unes aux autres, de même ce sont les révolutions qui devront faire progresser la société, l’histoire contemporaine se charge de nous apprendre que l’on tient réellement à mettre ces con ceptions en pratique,
S'eus ne voulons pas nier l’importance et la valeur de la méthode
hypo
théti co-dé duct ive. Bousreconnaissons
qu’elle est laseu
le
a employer pour tenter de résoudre un grand nombre de problèmes. D’ailleurs, au chapitre trois, nous avons essayé d’indiquer a quel moment il faut. Sans la doctrine naturelle, faire appel è des prin cipes qui seront appréciés d’après la façon dont ils expliquent et prédisent les faits. Ce que nous refusons d®accepter, c’est que le procédé hypo thético-déduct if soit le seul et unique node de connais sance. St il faut bien admettre que la position de certains modernes implique une contradiction flagrante. Bn effet, ils affirment comme principe absolu (donc ce n’est pas une hypothèse) que tout principe n’est qu’une hypothèse.D’ailleurs, nous pourrions Juger cette position d’après le critère qu’elle nous propose elle-même. Si elle ne rend pas bien
137-
elusions absurdes dans le domaine de la morale, de la politique,etc., cette position n’ est pas confirmée et il faut la
remplacer
par une autre. Qu’elle conduise %, de telles conclusions absurdes, nous croyons l’avoir suffisamment montré, le fait de généraliser la méthode hypothétique
équivaut
encore It nier la possibilité d’une connaissance qui ne soit que pureconnaissance.
Toute notre connaissance seraitalors
mêlée de poésie et
d’action: Schiller
reconnaît que ces deuxcarac
téristiques
appartiennent à la méthode hypothétique.....It is by this hypothesis » building habit that science touches poetry on the one side, and action on the other; for it is akin to
both.
The play offancy and
the constructive useof
the imagination reveal thecreativeness
ofhuman
intelligence;by
their use the scientist
becomes a
’maker’ like the poet, and surprises the secretsof
nature long be fore he is in a positionto
prove Ms hypotheses.In
both cases human power is limited, oftenwoful-
ly enough;
but it suffices toinfuse
into the rou tineof
nature abreath
of novelty that keeps itfresh and
capable of progress. Yeton the
other si de, this hypothetical attitude mediates between thought and action, and helps tobreak
down the superficial distinction between the theoretic and the practical. It drives the scientist out of the purely receptive attitude,and
makes hieja doer. Forto
entertain a hypothesis is to hold amental
content hypothetically, and this is to hold it ex perimentally, which, again is to operate on it and
to manipulate it. And this is surely
to act on
it, though the alterations weenact
byour
thought-expe riments cannot be rendered as visible as the changeswrought in the
contents of a test-tube by a chemisai experiment.But
their magnitude may be estimatedby
comparing the, crude data from which a science starts with the scientific facts into which they are trans formed. They differ usually
far
more than do therainbow
and the drops ofwater to
which it is traced (226
),Au
fond, cette généralisation des modernes conduità une
position très facile et même