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Les succès de l’ombre – réceptions des victimes de la Seconde Guerre mondiale sur les écrans français sur les écrans français

Évolution des catégories de victimes non-combattantes spécifiques dans le temps

4. Les succès de l’ombre – réceptions des victimes de la Seconde Guerre mondiale sur les écrans français sur les écrans français

Parti pris du souvenir

L’accueil que peut réserver le public français à ces films peut donner une version différente d’un taux d’acceptation de ces différentes catégories et sous-catégories de victimes. Si l’on met de côté les autres critères qui peuvent influencer le succès ou l’échec d’un film – comme la distribution, la campagne promotionnelle, l’aura ou les scandales qui peuvent entourer tel ou tel film, etc. – on partira du principe que la réception chiffrée reste un élément important pour la compréhension d’un certain consentement ou d’une certaine approbation des idées véhiculées et qui finissent par imprégner le souvenir même de l’évènement. Un film racontant un fait historique si important et si proche chronologiquement ne peut se permettre, pour garantir son succès, de s’éloigner du ressenti de ses potentiels spectateurs ou spectatrices. À défaut de voir des scénarios strictement historiques, ces films doivent épouser le point de vue le plus consensuel possible. On l’a vu, les spectateurs et les spectatrices français sont amenés à voir de la Seconde Guerre mondiale une large offre de fictions plurinationales, produites sur une très longue période de plus de dix ans et proposant toute une variation de potentielles victimes, qu’importe l’implication, l’âge, le sexe ou l’origine de celles-ci. Et ils peuvent offrir à certains de ces films un succès important ou, à l’inverse, complètement les ignorer. Ce rapport entre le succès des films et les victimes que ces derniers mettent en avant est donc à observer minutieusement pour tâcher d’y déceler une version singulière du souvenir, propre non plus aux différentes productions, mais bien plus au public français.

Ces films sur la Seconde Guerre mondiale présentent une part assez importante de succès et de grands succès : près de 40 % des films cumulent plus d’un million d’entrées. En revanche, le public n’offre pas une pareille réussite aux victimes combattantes et aux victimes non-combattantes, bien qu’elles ne se présentent pas dans les mêmes proportions.

Les films portés par des victimes combattantes étant bien plus nombreux que ceux portés par des victimes non-combattants, il est logique que, qu’importe la tranche de succès, les premiers soient les plus nombreux. Cependant, on peut voir que l’écart entre les deux catégories tend à se réduire plus le succès est grand. Ainsi, si les trois quart des gros échecs s’avèrent être des films mettant en scène des combattants, ces derniers ne représentent plus que les deux tiers des films à grand succès. Bien que moins nombreux, ces films sur les non-combattants s’avère rencontrer plus facilement du succès. C’est aussi ce que l’on peut voir lorsqu’on se penche séparément sur chacun de leur cas.

Pour les victimes combattantes, c’est presque un film sur deux qui ne rencontrent aucun succès (46 %), alors que seuls 38 % des films sur les victimes non-combattantes subissent le même sort. Dans la même idée, 34 % des films sur les combattants rencontrent un certain succès, cumulant plus d’un million d’entrées, avec 15 % dépassant les deux millions. Pour les non-combattants, ce sont 48 % des films qui passent la barre du million, et 21 % celle des deux millions. Statistiquement, un film abordant la question des victimes non-combattantes est plus amené à rencontrer du succès. On pourrait voir ici à l’œuvre cette idée de l’identification des spectateurs, qui se retrouvent plus facilement dans cette catégorie de victimes que dans l’autre,

BOX-OFFICE TOTAL 217 85 72% 28% 302 1 M <> 2 M 42 23 65 65% 35% 21,5% + de 2 M 32 18 50 64% 36% 16,5% -500,000 100 32 132 76% 24% 44% 0,5 <> 1 M 34 12 46 74% 26% 15%

Victimes combattantes Victimes non-combattantes TOTAL

n.c. 9 0 9

car la grande majorité des français et des françaises n’ont pas pris une part active à la lutte, quelle qu’elle soit, durant la guerre. Pourtant, en termes de distribution, cette capacité à cumuler plus aisément les entrées ne se fait pas ressentir. Comme on l’a vu précédemment, les propositions de victimes combattantes et non-combattantes évoluent sensiblement de la même manière tout au long de la période, avec l’avantage du nombre pour les combattants, malgré ces affinités avec le public français.

Il faudrait ensuite regarder plus en détails chaque sous-catégorie de victimes, où ces mêmes proportions de succès sont bien différentes de l’une à l’autre.

Les 56 films portés par les militaires à la guerre se répartissent d’une façon relativement homogène par rapport à la production totale. 39 % de ces films dépassent le million d’entrées, et 12 films dépassant les deux millions d’entrées représentent 24 % de ces grands succès.

Sur les 68 films concernant les militaires hors du front, plus de la moitié ne trouvent pas leur public (54 %). Ils sont peu nombreux à dominer le box-office. Un film sur cinq dépasse la barre du million d’entrées et les 4 grands succès ne représentent que 8 % de la totalité des films à plus de 2 millions d’entrées. Les films de résistance s’avèrent être une des sous-catégories qui ameutent le plus de spectateurs, avec près de la moitié des 44 films qui dépassent le million d’entrées. Parmi eux, 10 films en cumulent plus de deux millions, représentant ainsi 20 % des grands succès de la production totale.

Comme pour les militaires hors du front, les films d’espionnage ont peu de succès, avec 49 % des films ne dépassant pas les 500.000 entrées. Sur 49 films, 33 % cumulent néanmoins plus d’un million d’entrées, dont 6 qui dépassent la barre des 2 millions, soit 6 % des grands succès.

Comme on pourrait s’y attendre, les civils occupés est la sous-catégorie qui a le pourcentage de succès le plus important, avec 63 % de sa production dépassant le million d’entrées. Et sur ses 19 films, ce sont 5 films qui cumulent plus de deux millions d’entrées, représentant 10 % des grands succès.

Les civils libres ou libérés, plus nombreux, ont proportionnellement moins de succès que les civils occupés. Plus d’un film sur deux ne dépassent pas le million d’entrées. Mais 16 % des films passent la barre des deux millions d’entrées, soit 5 des 30 films, représentant aussi 10 % des grands succès.

Pour les prisonniers et déportés, les prisonniers de retour, les Juifs et victimes de l’antisémitisme et les enfants, c’est à peine moins de la moitié qui cumule le million d’entrées. Mais à eux quatre, avec leur 36 films au total, ils représentent 16 % des grands succès, soit 8 films. Évidemment, chaque sous-catégorie de victimes spécifiques n’a pas le même soutien du public. Plus de la moitié des films sur les prisonniers et les déportés ou sur les prisonniers de retour sont des succès, avec respectivement 2 films dépassant les deux millions d’entrées pour la première sous-catégorie, et un unique film pour la seconde. Et si la question des enfants victimes est aussi un semblable gage de succès, avec 5 films sur 9 à plus d’un million d’entrées, c’est ici pas moins de 4 films

qui culminent à plus de deux millions. C’est l’inverse quant aux traitements des victimes juives, qui lui ne trouve pas son public. Seul un de ses 9 films dépasse le million d’entrées – et le dépasse très largement, puisqu’il s’agit du Dictateur de Chaplin. Mais justement, ce film serait plus à apprécier comme un film de Chaplin que comme un film sur l’antisémitisme et les rafles racistes, puisque c’est vraisemblablement pour son réalisateur-comédien que les spectateurs et les spectatrices se déplacent.

On remarque qu’ici aussi, le nombre de productions de chaque sous-catégorie ne correspond pas forcément avec le succès qu’elles rencontrent. Les militaires hors du front, qui sont les victimes les plus représentées, sont aussi celle qui rencontre proportionnellement le moins de succès. Avec presque deux fois moins de propositions, les fictions portés par des civils, qu’ils soient libres ou occupés, rencontrent deux fois plus de grands succès. Les films de résistance, sous-catégorie la plus minoritaires parmi les combattants, est celle qui rencontre proportionnellement le plus de succès.

Productions étrangères, projections françaises

Quand on regarde ces plébiscites des productions mondiales, on peut faire le lien avec les seules productions françaises qui remportent un grand succès. Sur les 22 films français qui dépassent les deux millions d’entrées, ce sont 8 des 10 sous-catégories de victimes qui y sont représentées. Seuls les prisonniers et déportés et les Juifs et victimes de l’antisémitisme sont absents, parce qu’une production française n’aborde la question de ces victimes. Or on peut voir certains liens entre ces succès mondiaux et ces succès spécifiquement français, notamment

sur ces importantes représentations des militaires à la guerre, des résistants ou des civils occupés. Comme si, parmi la multitude des choix étrangers qui leur sont proposés, les spectateurs et les spectatrices cherchaient à voir non pas forcement d’autres victimes, mais des variations de victimes auxquelles ils adhèrent et aiment à se remémorer à travers leur propre cinéma – et dans lesquelles peuvent transparaitre les obsessions nationales.

Il est logique que la production nationale s’obstine à se projeter une image gratifiante de la France durant la Seconde Guerre mondiale, autant pour se souvenir de sa grandeur durant le conflit que pour s’assurer de son importance d’après-guerre auprès de son public. À ce sujet, Sylvie Lindeperg remarque :

Hantée par la question du rang, la politique extérieure gaullienne de l’immédiat après-guerre achoppa à maintes reprises sur la fermeté des Trois Grands. Les anciens alliés de la France devenaient par là même les opposants à sa politique de grandeur. Cette nouvelle donne internationale se lit en filigrane dans les documentaires du [Service Cinématographique de l’Armée] qui oublièrent largement l’effort de guerre soviétique et reconsidèrent le rôle des Anglo-Saxons à la lumière des impératifs de l’heure […].

Si la fraternité d’armes franco-britanniques fait l’objet de mentions constantes, elle ne résiste guère cependant à l’évocation des combats de la Libération. Les débarquements de Normandie et de Provence sont l’occasion d’une redistribution des rôles qui ménage aux Anglo-Saxons une modeste place d’auxiliaire144.

C’est donc à travers les films produits par le SCA (Service Cinématographiques de l’Armée) mais aussi par le CLCF (Comité de Libération du Cinéma Français) que la production française va pouvoir, dès les premiers jours de la Libération, commencer à (ré)écrire avec succès l’histoire d’une France combattante. Sur les 5 films sur les militaires à la guerre, 4 cumulent plus de deux millions d’entrées ; sur les 10 films de résistances, ce sont 7 films qui

144 Sylvie Lindeperg, Op. cit. p. 120-121.

atteignent ces sommets. Et quand le cinéma français s’essaye aux films d’espionnage – qui peuvent être, rappelons-le, une variation de la résistance au cinéma – à 2 rares occasions, ce sont 2 grands succès. Les illustrations des victimes non-combattantes ne sont pas en reste. Deux films sur les 3 qui traitent des civils ici libérés sont chaudement accueillis par le public, tout comme les deux tentatives d’illustrations d’enfants-victimes. Et si seulement 3 des 8 films portés par des civils occupés sont des larges succès, 3 autres dépassent néanmoins le million d’entrées. Les spectatrices et les spectateurs français se montrent particulièrement bienveillants envers la production nationale, du moment qu’elle reste dans les sentiers battus de ce qui est tolérable ou admissible – autrement dit, ce qui n’écorne pas les souvenirs héroïques en formation. Alors qu’ils étaient extrêmement nombreux parmi les Français, les prisonniers de guerre, les déportés, voire les travailleurs du STO ne se retrouvent jamais ou très rarement au cinéma – et qu’une fois avec succès, grâce à Retour à la vie, film à sketches réalisé en 1948 par André Cayatte, Georges Lampin, Henri-Georges Clouzot et Jean Dréville et à la distribution impressionnante, qui explique sans doute aussi ce succès. Mais lorsque les films se penchent sur la représentation de la « Drôle de guerre » menée contre l’Allemagne entre 1939 et juin 1940, qui a amené un grand nombre de Français à croupir dans les prisons, les camps ou les usines allemandes, c’est à un véritable rejet qu’il a affaire. Cette guerre perdue n’est proposée sous la forme de fictions qu’à travers ces productions antérieures à la capitulation et ne trouvera, ici aussi, qu’à une seule occasion son public, avec Untel père et fils et ses 2,1 millions d’entrées145. La seule revisite de période 1939-1940 faite à la Libération reste La Grande Meute, réalisé en 1944 par Jean de Limur, mais sous la forme d’une tragique histoire d’amour où les mitraillages et les bombardements allemands de juin 1940 ne serviront qu’à clôturer tragiquement cette histoire, avec le sacrifice du personnage principal féminin146. Ainsi, sur les 7 films qui traitent de la période 1939-1940, ils ne sont que deux à passer la barre symbolique du million d’entrées (soit 28 %), alors que la totalité des 21 fictions se déroulant pendant l’Occupation et 7 des 10 films abordant la Libération la dépasse.

Enfin, on note ce détail relatif au rapport qu’il peut exister entre la courbe des productions françaises dans le temps et les catégories de victimes qu’elles mettent en scène. Si le pic de cette production a lieu en 1946, c’est à la faveur de ses illustrations de résistants, qui représentent la moitié des 14 films proposés cette année-là. Mais cette offre est réduite à néant

145 Ce film, réalisé au printemps 1940 juste avant la débâcle, propose de revisiter les trois conflits qui opposèrent la France et l’Allemagne, en 1871, lors de la Première Guerre mondiale et, donc, lors de cette « drôle de guerre » pas encore perdue.

dès l’année suivant et ce, malgré les importants succès que remportent depuis le début ces films de résistance. Ils sont remplacés par ces 2 films d’espionnage qui sortent avec succès eux aussi en 1947 et en 1949. Ainsi, il n’y aura aucune fiction résistante en 1947, ni en 1948, ni en 1949, et une unique en 1950, Le Grand Rendez-vous (Jean Dréville, 1949). Si le succès de ce film est moins important que la plupart de ces illustrations de résistants, il cumule quand même plus de 1,9 million de spectateurs – preuve que ces victimes sont encore appréciées dans les salles obscures. Mais les victimes résistantes ne sont pas les seuls à subir le contrecoup de la baisse de la production française sur la deuxième moitié de la période. Si les représentations de militaires à la guerre se maintiennent, les militaires hors du front disparaissent dès 1948, tandis qu’il n’y a plus d’enfants-victimes depuis 1947. À l’inverse, les représentations des civils occupés ne souffrent aucunement de ces changements. Le Bal des pompiers (André Berthomieu, 1948, FR), Le Silence de la mer et La Bataille du feu (Maurice de Canonge, 1948, FR) paraissent tous les 3 en 1949 avec un relatif succès. Mais cette même période correspond aussi à l’apparition des prisonniers de retour dans cette production. Les 3 uniques représentations sortent entre 1949 et 1950, mais avec des succès différents – contrairement à Retour à la vie et ses 2,3 millions d’entrées, Les Dieux du dimanche (René Lucot, 1948, FR) et Menace de mort (Raymond Leboursier, 1949, FR) ne dépassent pas le million de spectateurs.

On peut aussi observer les rapports qu’il peut exister entre le succès, les catégories de victimes représentés et les nationalités des autres productions étrangères. Par exemple, il y a sûrement une multitude de raisons pour que le cinéma américain rencontre un succès important sur les écrans français : parce qu’il est omniprésent d’abord, parce que ses stars sont de notoriété internationale aussi, ou encore parce qu’ils sont, pour une grande partie d’eux, de qualité – ce que reconnait la presse de l’époque.

1944 1945 1946 1947 1948 1949 1950 TOTAL Combattants 0 5 10 3 1 1 2 22 FdGM 0 0 2 1 1 0 1 5 FMHDF 0 3 1 1 0 0 0 5 FdR 0 2 7 0 0 0 1 10 FdE 0 0 0 1 0 1 0 2 Non-combattants 0 2 4 2 1 6 1 16 CO 0 1 1 2 1 3 0 8 CL 0 1 1 0 0 1 0 3 P&D 0 0 0 0 0 0 0 0 RdP 0 0 0 0 0 2 1 3 J&A 0 0 0 0 0 0 0 0 Enf 0 0 2 0 0 0 0 2 Total 0 7 14 5 2 7 3 38

Mais dans la grande production américaine abordant la Seconde Guerre mondiale, ce sont les représentations de militaires à la guerre qui remportent les plus grands suffrages, avec 7 films à plus de deux millions d’entrées. C’est plus que la totalité des films français de cette sous-catégorie. Les spectateurs et spectatrices français, qui semblent apprécier ces illustrations, peuvent ainsi combler la faible production française à leur sujet, qu’importent les diégèses que proposent ces productions étrangères. De la sorte, c’est autant des films abordant leurs histoires proches – sur le front européen, comme pour Requins d’acier (Crash dive, Archie Mayo et Otto Brower, 1943, USA) ou Sabotage à Berlin (Desperate Journey, Raoul Walsh, 1942, USA), ou même l’illustration d’un soldat français sur le front africain dans L’Imposteur (The Impostor, Julien Duvivier, 1943, USA) – que d’autres qui traitent d’une guerre très éloignée du vécu des spectateurs. L’Odyssée du Docteur Wassell, Trente Seconde sur Tokyo (Thirty Seconds over

Tokyo, Mervyn Leroy, 1944, USA), Aventures en Birmanie ou Iwo Jima (Sands of Iwo Jima,

Allan Dwan, 1949, USA), bien qu’étant des représentations de la guerre du Pacifique, fédèrent un large public qui semble se retrouver dans l’héroïsme de ces militaires américains perdus sous les tropiques. Cette identification à des victimes étrangères dans lesquelles les spectatrices et spectateurs français peuvent néanmoins se retrouver est aussi visible aux sujets des civils occupés. Alors que le sujet n’intéresse que très peu la production américaine, le public français y adhère cependant. Sur les 6 illustrations à ce sujet, c’est 4 films qui dépassent le million d’entrées, et 2 qui en cumulent même plus de deux millions – la comédie Jeux dangereux (To

be or not to be, Ernst Lubitsch, 1942, 2,0 millions d’entrées, USA) et le drame Casablanca

production américaine d’illustrer des résistants se trouvent confronter à de relatifs échecs. Les plus grands succès ne dépassent pas les deux millions de spectateurs en France.

Quand il cherche des variations étrangères de ces victimes préférées, le public français peut aussi se tourner vers le cinéma italien. Sur les 3 films italiens qui dépassent les deux millions d’entrées, 2 correspondent aux goûts du françaises et des français. Sept ans de malheur, sur ce militaire engagé malgré lui, domine avec 3,4 millions d’entrées, tandis que le film de résistance Rome, ville ouverte en engrange 3,1 millions. Mais c’est surtout dans l’illustration de ses victimes non-combattantes que le cinéma italien se montre le plus efficace en termes d’entrées. Parmi ces 15 films, près de la moitié rencontre un certain succès. Avec les enfants des rues de Sciuscia d’abord, et ses 2,5 millions. Mais aussi au sujet des civils occupés : Païsa (Roberto Rossellini, 1946, It) et Vivre en paix (Vivere in pace, Luigi Zampa, 1946, It) font respectivement 1,3 et 1,2 millions d’entrées. Femmes sans nom (Donne senza nome, Géza von Radványi, 1950, It), l’unique représentation italienne des prisonniers et déportés, dépasse aussi le million d’entrées. Mais l’offre est plus importante encore pour les prisonniers de retour, et les spectatrices et spectateurs français sont aussi plus présents : 1,1 million de billets sont vendus pour Le Bandit (Il Bandito, Alberto Lattuada, 1945, It), 1,6 million pour La Vie

recommence (La Vita ricomincia, Mario Mattoli, 1945, It) et 1,6 aussi pour Stromboli (Roberto

Rossellini, 1949, It). Cet accueil que le public français offre à ces nombreux films italiens est évidement à mettre en relation avec le goût qu’il avait pour les mélodrames italiens avant-guerre. Mais également grâce à l’émergence de ce qu’on appellera plus tard le « néoréalisme italien », dont de nombreux films obtiennent les faveurs des spectatrices et des spectateurs de ce côté-ci des Alpes après la Libération.

nc -500,000 0,5 <> 1 M 1M <> 2 M + de 2M TOTAL Combattants 3 62 16 28 13 122 FdGM 2 17 6 7 7 39 FMHDF 0 20 6 9 3 38 FdR 0 5 0 3 0 8 FdE 1 20 4 9 3 37 Non-combattants 0 11 5 11 6 33 CO 0 0 2 2 2 6 CL 0 8 2 6 3 19 P&D 0 2 0 2 0 4 RdP 0 0 0 1 0 1 J&A 0 1 1 0 1 3 Enf 0 0 0 0 0 0

La production britannique est moins habituée aux sommets du box-office français. Sur les 34 films qui sont distribués, seuls 2 dépassent les 2 millions d’entrées. Et si Le Troisième