fer
De nombreux oxydes de fer se différenciant par leur structure cristalline font l’objet d’études
approfondies notamment en biomédecine.
22-24Cependant, seules la maghémite (γ-Fe
2O
3), la magnétite
(Fe
3O
4), l’hématite (α-Fe
2O
3), la ferrihydrite 2 lignes et la wüstite (Fe
1-xO) rencontrées au cours des
synthèses hydrothermales réalisées lors de cette étude (§ 1.1.1) seront présentées dans cette partie. Ces
oxydes de fer sont aussi les plus communs.
22Seules la magnétite et la maghémite seront recherchées
notamment en raison de leur capacité à être superparamagnétiques dans certaines conditions (§ 1.3.3).
Ces particules seront en effet utilisées en IRM grâce à leurs propriétés magnétiques et en TEP/TEMP grâce
à la propriété nucléaire du radioélément complexé par des agents organiques greffés à leur surface
(§ 1.4.3.1 et Chapitre 3).
1.1.1 Hématite, wüstite et ferrihydrite 2 lignes
1.1.1.1 Hématite
L’hématite de formule chimique (α-Fe
2O
3) se démarque des autres oxydes de fer présentés
ci-dessous par son aspect rougeâtre. Sa structure cristalline est de type trigonal (a = 5,427 Å et α = 55,3°) ou
hexagonale (a = 5,038 Å et c = 13,776 Å).
25Les ions oxygène forment un arrangement hexagonal avec les
ions Fe
3+situés en site octaédrique (Figure 3-a). Cependant, cet oxyde de fer présente des propriétés
magnétiques très faibles.
25De ce fait, il ne peut être employé comme agent de contraste en IRM et ne doit
pas apparaître comme produit lors des synthèses hydrothermales effectuées au cours de cette étude.
Figure 3 : Structure cristalline a) de l'hématite, b) de la ferrihydrite 2 lignes,26 c) de la wüstite27 et d) de la magnétite
1.1.1.2 Ferrihydrite et wüstite
La ferrihydrite, précurseur de la goethite et de couleur marron, est un oxyhydroxyde de Fe(III)
métastable.
28Sa structure fait encore débat, elle reste difficile à déterminer en raison de la faible taille des
grains (2-4 nm) et des changements de structures rapides en fonction des propriétés et caractéristiques
de son environnement.
26, 28Elle est généralement nommée 2 lignes ou 6 lignes correspondant au nombre
de pics observés en DRX.
26Ce dénombrement de pics est lié à la différence de taille des domaines
cohérents plutôt qu’à la structure même du matériau.
29L’une des dernières structures proposées consiste
en une superposition de deux phases dont l’une est une phase sans défaut de groupe d’espace P3̅1c
(a = 2,955 Å et c = 9,37 Å). Elle résulte de couches d’ions O
2−et OH
−agencées le long de l’axe c selon le
schéma ABACA (Figure 3-b). La deuxième phase résulte quant à elle de sous unités issues de la première
phase mais possédant un groupe d’espace trigonal P3 (a = 2,955 Å et c = 9,37/2 = 4.685 Å). Composée de
couches aléatoires (ABA et ACA), cette phase présente des lacunes induisant un désordre plus important.
26La wüstite, oxyde de fer(II) de couleur verdâtre, cristallise dans le système cubique dans le
groupe d’espace Fm3m (a = 4,33 Å).
26C’est une phase non-stœchiométrique Fe
1-xO (avec x compris entre
0,83 et 0,95). Une oxydation partielle des ions Fe
2+en ions Fe
3+accompagnée par la formation de lacunes
cationiques a souvent lieu (Figure 3-c).
1.1.2 Magnétite et maghémite
La magnétite (Fe
3O
4) et la maghémite (γ-Fe
2O
3) se caractérisent toutes les deux par une
structure spinelle inverse décrite par Bragg en 1915 mais se différenciant par la présence ou non d’ions
Fe
2+au sein de leur réseau cristallin.
30Leur formule chimique générale est AB
2O
4: A et B symbolisant des
cations et O représentant les anions oxygène. Cristallisant dans le groupe d’espace Fd3̅m du système
cubique, les cations A sont localisés en sites tétraédriques (entourés de quatre ions O
2-) et les cations B
sont localisés en sites octaédriques (entourés de six ions O
2-). Au total, 32 atomes d’oxygène constituent la
maille caractéristique de ces deux matériaux dans laquelle les cations (ions ferriques ou ferreux) occupent
un huitième des sites tétraédriques et un demi des sites octaédriques comme illustré en Figure 3-d.
D’aspect noir, la magnétite peut s’écrire sous la forme suivante : [Fe
3+]
A[Fe
2+Fe
3+]
BO
4où les ions
ferreux (Fe
2+) sont en sites octaédriques et les ions ferriques (Fe
3+) sont à la fois en sites octaédriques et
tétraédriques. Son paramètre de maille est a = 8,396 Å.
25La maghémite, d’aspect marron, résulte quant à elle de l’oxydation de la magnétite. C’est un
oxyde de Fe(III) uniquement. Cette forme induit la présence de lacunes cationiques notées □ dans les sites
octaédriques. Sa formule est : [Fe
3+]
A[Fe
5/33+□1/3]
BO
4. Si les lacunes sont réparties de façon aléatoire, la
maghémite possède le même groupe d’espace que la magnétite Fd3̅m. A l’inverse, si elles sont réparties de
manière organisée dans le réseau, alors la maghémite acquiert une symétrie conduisant au groupe
d’espace P4
332 (symétrique cubique) ou P4
32
12 (symétrie tétragonale). Son paramètre de maille est
a = 8,345 Å.
25Entre ces deux matériaux, il existe des états intermédiaires résultant d’une oxydation partielle
des ions Fe
2+en ions Fe
3+(Figure 4). De même structure que la magnétite mais sous stœchiométrique en
fer (II), cette phase est notée Fe
3(1-δ)O
4(δ représente la déviation par rapport à la stœchiométrie en
oxygène et est comprise entre δ = 0 pour de la magnétite non oxydée (magnétite pure) et δ = 1/9 pour la
maghémite de formule γ-Fe
2O
3).
Figure 4 : Evolution des compositions (magnétite et maghémite) en fonction de la déviation par rapport à la stœchiométrie en oxygène δ (□ représente les lacunes cationiques, A les sites tétraédriques, B les sites octaédriques et x une valeur intermédiaire de δ
comprise entre 0 et 1/9
Ces deux phases seront privilégiées et souhaitées pour envisager des applications en IRM en
raison de leur comportement magnétique (superparamagnétisme : § 1.3.3).
1.1.3 Chimie de surface des oxydes de fer
La chimie de surface des nanoparticules de maghémite ou magnétite nues permet, à l’aide
d’agents organiques, leur modification de surface. Cette modification est rendue possible grâce à la
présence de nombreux groupements OH
2+, OH ou O
-sur la surface des nanoparticules. Ces groupements
permettent d’établir une coordination entre la molécule organique et la surface de l’oxyde de fer. En
fonction du pH, ces groupements influent sur le potentiel ζ (Figure 5 et Annexe 9).
Figure 5 : Evolution de l'état de surface et du potentiel ζ des nanoparticules de magnétite en fonction du pH
Différentes voies de synthèse existent pour synthétiser la magnétite. Elles sont évoquées dans la
partie suivante.
Dans le document
Nanoparticules de magnétite fonctionnalisées pour l'imagerie bimodale IRM/TEP
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