2.6 Greffage de l’acide 6-phosphonohexanoïque en milieu hydrothermal continu
2.6.5 Nature du complexe formé
A l’aide des analyses IR et XPS, il est possible de donner des informations sur la conformation de
l’agent organique à la surface de l’oxyde de fer. Les vibrations des groupements carboxylates sont
généralement situées vers 1620 cm
-1lorsqu’ils sont libres (sans interaction avec d’autres éléments ou
groupements fonctionnels).
60Cependant, un shift vers les faibles nombres d’ondes est observé. Il est
caractéristique des vibrations asymétriques des groupements COO
-.
288, 289Ce faible décalage peut
s’expliquer par la coordination du groupement carboxylique avec la surface des nanoparticules (de type
« ester »).
60, 290Plusieurs types de coordination sont susceptibles d’exister (Figure 62). En effet, si le ligand
forme un complexe dit monodenté (Figure 62-c et –e) avec la surface de l’oxyde métallique, il aura alors
plus de facilité à se déformer (en se couchant sur la surface de la particule par exemple) et à former une
liaison de type électrostatique entre le groupement COOH et la surface. Ce groupement prend alors une
configuration de type « ester ».
290Il est aussi possible que les groupements COOH soient reliés à d’autres
particules pour former des clusters (Figure 62-d).
Figure 62 : Suggestions de conformation spatiale du PHA à la surface de la nanoparticule : a) conformation bidentée binucléaire, b) conformation bidentée mononucléaire, c) conformation monodenté mononucléaire d) formation de cluster (complexe monodenté
type « ester ») et e) PHA allongé (inspirée de Adra)291
La région en nombres d’onde comprise entre 1200 et 900 cm
-1présente quant à elle les liaisons
de types P-OH et P-OFe. De nombreuses études tentent d’identifier et attribuer les bandes de cette région.
Il est cependant difficile de les assigner à un complexe donné. En effet, les densités électroniques autour
de l’élément phosphore se trouvent fortement influencées par les différents groupes tels que l’oxygène, le
carbone ou encore le fer. Cette influence conduit à des shifts sur les bandes associées à cet élément (Figure
61). Le groupement P=O est mis en évidence par la vibration présente à 1105 cm
-1.
153, 292Les bandes
situées quant à elles à 970, 1030 et 1050 cm
-1sont associées aux vibrations de type P-OFe.
153, 290, 292, 293Ces
vibrations confirment que la liaison de la molécule PHA sur la surface de la nanoparticule ne se fait pas
uniquement par les groupements carboxyliques mais aussi via le groupement phosphonate.
Il a été observé que le pH ainsi que la concentration en molécule organique influent sur la nature
du complexe formé. Par exemple, à faible pH, un complexe avec un pont protoné se forme
préférentiellement alors qu’une augmentation du pH favorise la formation d’un complexe bidenté.
292Ainsi, le pH élevé de notre synthèse (pH = 12), le ratio molaire 1:1 et le léger épaulement proche de
1030 cm
-1pourrait laisser suggérer la formation du complexe bidenté de type (FeO)
2PO(CH
3)
2(x-1)(avec x
la charge de surface résiduelle de l’ion métallique) avec la surface de la nanoparticule.
153, 292Les molécules
organiques PHA greffées sur les nanoparticules d’oxydes de fer en conditions hydrothermales et en
continu s’organiseraient selon la configuration décrite sur la Figure 62-b. Un complexe bidenté se serait
formé entre la surface de la nanoparticule et deux atomes d’oxygène liés au phosphore. Il est possible
qu’un complexe monodenté type « ester » entre le groupement carboxylate du PHA et la surface d’une
nanoparticule se forme aussi (Figure 62-d). Enfin les légers décalages sur les vibrations observées en
infrarouge (Figure 61) comprises entre 1100 et 900 cm
-1par rapport à celles observées dans la littérature
peuvent aussi suggérer la présence d’autres conformations.
153, 292, 293Ces conformations favorisées à faible
pH peuvent être monodenté (lorsque le PHA est initialement mélangé avec les ions Fe
2+et Fe
3+en
synthèse hydrothermale (Figure 62-c)).
292Il est difficile à partir de l’infrarouge de débattre efficacement
sur la nature finale du complexe.
Concernant l’analyse des régions C1s, O1s et P2p obtenues en XPS (Figure 63), il est complexe
de pouvoir débattre sur la configuration spatiale de la molécule organique à la surface de l’oxyde de fer. En
effet, sur la région O1s (Figure 63-b), aucune nouvelle contribution de type P=O n’est apparue à 532,5 eV.
De plus, les liaisons de type P-O-Fe coïncident avec la contribution OH des nanoparticules. Cependant, la
largeur à mi-hauteur de la contribution OH de la poudre Fe
3O
4-PHA a diminué passant de 1,9 pour
l’échantillon non modifié en surface (Fe
3O
4) à 1,7 eV pour l’échantillon Fe
3O
4-PHA. Cette modification peut
être induite par la proximité des groupements P-O du PHA proche de la surface des nanoparticules.
Compte tenu de ces premiers résultats, la détermination de la nature du complexe formé (mono-, bi-,
tridenté) via l’analyse XPS de cette région n’est pas aisée.
Les molécules à base de phosphonate montrent normalement deux pics XPS sur la région P2p
situés à environ 133,8 eV et 134,7 eV correspondant respectivement aux composantes P2p
3/2et P2p
1/2du
P2p.
154Mais la faible énergie théorique séparant ces deux contributions (0,9 eV) conduit à ajuster une
seule composante sur le pic P2p.
153Lorsque les molécules de phosphonate sont greffées sur les
nanoparticules, un shift de (1,3 eV) vers les faibles énergies est observé (pic situé aux alentours de
132,5-133,4 eV). Pour les nanoparticules fonctionnalisées par le PHA en conditions hydrothermales et en
continu, ce pic se situe à 132,6 eV (Figure 63)-b). Ce shift est caractéristique de la formation de liaison de
type P-O-Fe. Un tel écart signifie que la densité électronique autour de l’atome P est plus faible dans le cas
des nanoparticules recouvertes de phosphates et que le complexe formé est au moins de type
binucléaire.
154Les résultats XPS corroborent les résultats IR sur la formation possible d’un tel complexe
(Figure 62-a) au lieu d’un complexe bidenté mononucléaire (Figure 62-b).
Figure 63 : a) Régions C1s et O1s de l'échantillon Fe3O4 et b) régions C1s, O1s et P2p de l'échantillon Fe3O4-PHA
Compte tenu de l’analyse de l’ensemble des techniques des caractérisations mises en œuvre
dans cette étude, le PHA présente plusieurs conformations possibles sur la surface des nanoparticules. Un
complexe bidenté binucléaire, monodenté mononucléaire et monodenté « ester » sont possibles (Figure
64).
Figure 64 : Conformations les plus probables et majoritaires du PHA sur les nanoparticules d'oxydes de fer synthétisées en milieu hydrothermal et en continu
Dans le document
Nanoparticules de magnétite fonctionnalisées pour l'imagerie bimodale IRM/TEP
(Page 157-160)