2.5.1.1 Objectifs
Les études précédentes ont montré que le DHCA et la LDOPA améliorent fortement l’état
d’oxydation des nanoparticules tout en assurant la conservation de la phase magnétite avec une taille de
cristallites inférieure à 20 nm et une meilleure stabilité colloïdale.
Ce nouveau travail de recherche qui fait également l’objet d’une publication soumise le 08 juillet
2015 se consacre à étudier l’influence du lieu d’ajout des molécules DHCA et LDOPA sur le degré
d’oxydation et la taille des nanoparticules. Cette étude a aussi pour but de déterminer quels sont les
meilleurs paramètres de mélange (concentration, pH) des molécules organiques pour contrôler la taille
finale des nanoparticules, leur état d’oxydation et également la quantité de molécules organiques greffée à
leur surface. En plus de tirer profit du dispositif, cette étude permet l’analyse d’un paramètre très peu
étudié qu’est le lieu d’ajout. Très récemment (2013), des travaux de recherche ont mis en avant le fait que
d’ajouter l’acide 5-hexynoique avant, après ou avec les sels de fer en conditions supercritiques (entre
573K et 673K et à 30 MPa) induit un changement dans les proportions des phases α-Fe
2O
3, γ-Fe
2O
3et
Fe
3O
4et dans leurs tailles respectives.
63Concernant la conformation des molécules étudiées, des premiers travaux ont été menés à
propos de la LDOPA sur du TiO
2en réacteur batch et chimie douce.
279Des modifications de pH (entre 2 et
6) entrainent des variations dans l’orientation de la molécule sur la surface. Un pH égal à 2 tend à orienter
la molécule de manière perpendiculaire à la surface de la nanoparticule alors qu’un pH égal à 6 induit une
orientation parallèle à la surface de la nanoparticule (Figure 52). De même, l’augmentation de la
concentration en LDOPA lors de la fonctionnalisation favorise cette dernière conformation. Par ailleurs, la
LDOPA à pH basique s’oxyde facilement.
279-282Figure 52 : Conformation de la LDOPA sur la surface des nanoparticules de TiO2 en fonction du pH de fonctionnalisation a) pH = 2 et b) pH = 6279
Le pH modifie aussi le comportement des molécules catéchols vis-à-vis des ions Fe
2+ou Fe
3+.
Comme cela a déjà été dit (§ 2.3.4), en milieu acide, la LDOPA est par exemple capable de réduire les ions
Fe
3+.
267Ainsi au cours de ce travail, la température de synthèse est fixée à 150°C, la pression à 25 MPa et
le débit de sortie à 80 mL.min
-1. Les concentrations en ions ferreux, ferriques et en soude sont les
suivantes : [Fe
2+] = 8 mM, [Fe
3+] = 16 mM et [NaOH] = 24 mM. Trois concentrations (33%, 50%, 100%) en
LDOPA ou DHCA sont définies selon le ratio [Molécules organiques]/[Fe
2++Fe
3+]. Les sels métalliques sont
injectés selon le run 1, la soude selon le run 2 et les molécules organiques sont introduites dans le run 1
(avec les sels métalliques à pH acide et avant la synthèse des nanoparticules), run 2 (avec la soude à
pH>12 et avant la synthèse des nanoparticules) ou run 3 (à pH basique et après la synthèse des
nanoparticules). Dans le run 3, elles seront mélangées avec de la soude à 24 mM (Figure 41). Les
échantillons seront ensuite centrifugés (24400 g durant 10 min) puis dialysés (Cellu·Sep
®tubular
membranes of 3500 Da) et lyophilisés.
2.5.1.2 Résultats majeurs
Ces travaux montrent que lorsque la LDOPA ou le DHCA est mélangé avec les ions ferreux et
ferriques, la taille des nanoparticules augmente tout en évitant l’oxydation de celles-ci
(a
Fe3O4-LDOPA-100%= 8,396 ± 0,006 Å (100%) et a
Fe3O4= 8,385 ± 0,002 Å) et en assurant une grande quantité
de molécules greffées (5,9 molécules de LDOPA/nm² à 100% en ratio molaire). Mélangée avec la soude en
run 2 (avant la synthèse des nanoparticules), la molécule organique se greffe en proportion plus faible que
dans le run 1 tout en entraînant une diminution de la taille des nanoparticules
(Ø
DRX Fe3O4-LDOPA-33%= 4,7 ± 0,1 nm et Ø
MET-Fe3O4-LDOPA-33%= 5 ± 2 nm) et une oxydation des nanoparticules
(a
Fe3O4-LDOPA-33%= 8,347 ± 0,010 Å). Dans le run 3, les nanoparticules sont très oxydées et la taille des
cristallites est inchangée (Figure 53).
Figure 53 : Evolution de la taille des cristallites et de l'état d'oxydation des nanoparticules Fe3O4 en fonction des runs (1,2 ou 3), des molécules organiques (DHCA ou LDOPA) et du ratio molaire (33, 50 et 100%) à 150°C, 25 MPa et 80 mL.min-1
Le fait d’avoir changé le lieu de mélange des molécules organiques a entrainé un changement de
la taille, de l’état d’oxydation et de la quantité de molécules greffées à la surface des nanoparticules. Le
run 1, i.e. lorsque les ligands sont mélangés avec les sels métalliques, permet d’améliorer ces trois critères
à la fois. En étant introduites avec les ions ferreux et ferriques avant la synthèse des nanoparticules, les
molécules organiques non déprotonnées sont capables de réduire les ions Fe
3+en ions Fe
2+(Figure 45) en
évitant ainsi l’oxydation des ions Fe
2+sous l’effet de la température et de l’environnement oxydant. Les
molécules ont le temps de se complexer avec la surface des nanoparticules en étant mélangées
préalablement avec les ions ferreux et ferriques.
A l’inverse en run 2, les molécules organiques sont complétement déprotonnées et interagissent
via tous les groupements (COO
-, NH
2et CO
-) avec les ions et les nanoparticules. Cette interaction forte a
conduit à une diminution drastique de la taille des nanoparticules peu cristallisées et à une oxydation
importante des molécules organiques.
Dans le dernier cas (run 3), les ligands ajoutés après la synthèse des nanoparticules n’ont pas
modifié la taille des nanoparticules. Ils ont cependant oxydé très fortement les nanoparticules. Totalement
déprotonnées, les molécules se sont complexées sur la surface des nanoparticules conduisant à des
oxydations des ions Fe
2+en ions Fe
3+, des dégradations de la surface des nanoparticules (pertes des ions
Fe
3+réduits en ions Fe
2+libres) et créant des déficiences cationiques. L’effet de la température et du pH
Figure 54 : Mécanismes et évolutions des ions ferreux et ferriques en run 1, A) sans les catéchols et B) avec les catéchols (LDOPA sélectionné comme exemple) et C) en run 3
Le pH élevé (>12) dans les deux derniers runs a favorisé l’oxydation des agents organiques les
contraignant à ne plus se complexer efficacement avec la surface des nanoparticules. C’est pour cette
raison que la quantité d’agents greffée est plus faible que dans le cas du run 1.
Enfin, une concentration importante en molécules organiques réduit l’oxydation des
nanoparticules et assure un greffage plus important à la surface des nanoparticules.
Ces principales observations ont conduit à la soumission de l’article présenté ci-dessous
(§ 2.5.2) dont les supporting information sont présentées en Annexe 3.
Dans le document
Nanoparticules de magnétite fonctionnalisées pour l'imagerie bimodale IRM/TEP
(Page 136-139)