Structure des grammaires

Afin de comparer la structure des ouvrages de grammaire, nous établissons un tableau signalant la présence ou l‘absence des parties suivantes : préface, avant-propos, table des matières, exercices, glossaire et index.

Ouvrages de grammaire chinois Ouvrages de grammaire français

Titres GDF GMF GEE GÉF FPG GPT FGF GEF

Préface non oui non non non non non non

Avant-propos oui oui

Table des matières oui oui

Exercices non oui oui oui non oui oui oui

Glossaire non non non non non non oui non

Index non oui non non oui

Tableau 15 : Structure des ouvrages de grammaire chinois et français

Seule GMF comprend une préface, alors que toutes les grammaires contiennent un avant-propos. En étudiant ces deux parties, nous nous rapprochons de la vision des concepteurs concernant la construction de la grammaire et des intentions affichées relatives à la mode d‘emploi. Selon sa préface et son avant-propos, GMF conserve les spécificités de la première édition, à savoir la comparaison entre le français et le chinois, la présentation des règles sous forme de tableaux et l‘exemplification à l‘aide de phrases faciles à comprendre. GDF est supposée fonctionner autant comme un dictionnaire que comme un support d‘enseignement, ce qui reflète ainsi que l‘apprentissage de la grammaire reposerait essentiellement sur l‘étude des descriptions grammaticales. GEE et GÉF, les ouvrages chinois plus récents, ont également pour objectif d‘expliquer avec précision les structures morphologiques et syntaxiques. D‘après les auteurs de GEE, ce livre est défini comme un outil qui accompagne l‘apprentissage de la grammaire française. Nous constatons ainsi quelques caractères communs à ces ouvrages chinois, qui se veulent à la fois descriptif, explicatif et analytique.

Concernant les ouvrages français, ils s‘adressent tous aux apprenants étrangers et permettraient, comme les ouvrages chinois, de compléter et guider l‘apprentissage de la grammaire. Mais la

dimension didactique semble ici toutefois plus présente : ces grammaires peuvent servir de matériel de cours. FGF a pour but de réviser des points grammaticaux travaillés en classe. À l‘exception de FPG, conçu pour être utilisable à plusieurs niveaux, les ouvrages français s‘adressent à des étudiants de niveau précis en fonction du CECR. Nous voyons ainsi l‘application de ce document de référence, pour concevoir non seulement des manuels, mais également des grammaires.

Tous les ouvrages contiennent une table des matières qui permet de comparer l‘organisation des contenus. Mis à part l‘ouvrage chinois GDF, tous proposent des exercices (sous la forme de cahier pour FPG). Seul l‘ouvrage français FGF comporte un glossaire grammatical qui, selon ses auteurs, aide les apprenants à comprendre les règles de grammaire. Nous observons dans tous les ouvrages français la présence d‘un index des termes grammaticaux, ce qui facilite grandement la consultation. Parmi les ouvrages chinois, seule GMF fournit un index àla fin du livre.

4.2.3. Organisation des contenus

L‘étude de la table des matières des grammaires nous amène àdégager leur manière d‘organiser les contenus grammaticaux.

• Ouvrages de grammaire chinois

GMF, GDF et GEE catégorisent les contenus selon la morphologie et la syntaxe. Comparons d‘abord les chapitres de la partie morphologique :

GMF&GDF GEE

1) Le nom

2) Le déterminatif I — Les articles

3) Le déterminatif II — Les adjectifs déterminatifs 4) Les adjectifs 5) Les pronoms 6) Les verbes 7) Les adverbes 8) Les prépositions 9) Les conjonctions 10) L’injection

1) Les espèces et les formes des verbes

2) Les modes et les temps du verbe

3) Le nom 4) Les articles

5) L’adjectif qualificatif et l’adjectif numéral

6) Les adjectifs démonstratifs et les pronoms démonstratifs

7) Les adjectifs possessifs et les pronoms possessifs 8) Les adjectifs indéfinis et les pronoms indéfinis 9) Les pronoms personnels

10) Les prépositions 11) Les adverbes

Tableau 16 : Organisation des contenus morphologiques (GMF, GDF, GEE)

Dans GMF et GDF, les auteurs expliquent en général les termes hérités de la grammaire traditionnelle selon le genre, le nombre, la place et le rôle des éléments dans la phrase. La partie

syntaxique précise les types et les constituants de la phrase simple ainsi que la construction de la phrase complexe. Nous y trouvons d‘ailleurs les moyens d‘expression (cause, conséquence, but, temps, opposition, concession, condition, hypothèse, comparaison) dont les structures syntaxiques sont analysées en détail.

Les auteurs de GEE proposent une répartition partiellement différente. Les verbes sont présentés dans les deux premiers chapitres qui précèdent le nom. Quelques termes sont regroupés ensemble, par exemple, les adjectifs possessifs et les pronoms possessifs, les adjectifs indéfinis et les pronoms indéfinis, alors qu‘ils n‘ont pas la même fonction grammaticale. À la différence des deux grammaires précédentes, cette grammaire ne présente pas le rôle du nom/de l’adjectif/de l’adverbe dans la phrase. Les auteurs font ainsi l‘économie des contenus morphologiques qui, selon eux, ne sont pas considérés ici comme indispensables. La partie syntaxique comprend : l’interrogation, la proposition négative, l’exclamation, la mise en relief, les pronoms relatifs et les propositions relatives, les propositions complétives, le discours direct et le discours indirect, ainsi que les relations logiques (cause, conséquence, but, etc.). Chaque point est alors traité séparément dans un chapitre qui lui est consacré. À noter que les pronoms relatifs sont présentés avec les propositions relatives. L‘interjection est présentée dans le chapitre l’exclamation. La conjonction est intégrée dans plusieurs chapitres, par exemple, l’expression de cause, l’expression de la comparaison. On supprime l‘analyse des constituants essentiels de la phrase, tels que sujet, prédicat, compléments.

Bien que ces trois ouvrages chinois se fondent sur la grammaire morphosyntaxique et la grammaire structurale, dans le plus récent, nous remarquons quelques différences quant à la répartition des contenus. Ces changements montrent peu ou prou que les auteurs tentent d‘organiser autrement certains contenus en brisant la logique traditionnelle, mais sans encore en adopter une autre dont la logique serait explicite.

Dans GÉF qui est la plus récente parmi les quatre grammaires, au lieu de concevoir des chapitres, l‘auteure introduit 68 leçons dans un ordre adapté à la progression de l‘apprentissage du français. Ainsi sont introduits en premier lieu les pronoms personnels sujets, la conjugaison des verbes (être,

avoir, aller), les articles, les noms, les adjectifs, les adjectifs

numéraux/possessifs/démonstratifs/interrogatifs et exclamatifs, l‘expression du temps, le verbe. Ensuite viennent l‘interrogation et la négation, les pronoms, les adverbes, puis les temps (présent, passé composé, imparfait, etc.) et les modes (indicatif, impératif, conditionnel, subjonctif), et pour finir la forme passive et les discours direct et indirect. Les moyens d‘expression ne sont pas traités. Chaque leçon traite un point très précis, par exemple, l’omission de l’article, le genre des noms, le

nombre des noms. Une partie des points grammaticaux est introduite dans plusieurs leçons successives, par exemple, l‘interrogation se répartit dans les leçons 22, 23 et 24 (interrogation totale, interrogation partielle, adverbes interrogatifs). Il s‘agit donc d‘une nouvelle tentative différant de l‘organisation morphosyntaxique.

• Ouvrages de grammaire français

Pour les ouvrages français, aucun n‘emploie la morphologie ni la syntaxe pour classer les contenus. FPG ne comprend que six chapitres :

1) Le groupe nominal

2) Les constructions du verbe et de l’adjectif

3) Les pronoms

4) Temps, voix, modes

5) Rapports circonstanciels

6) Les types de phrases (phrase interrogative, phrase négative, phrase exclamative, mise en relief)

L‘auteure propose des regroupements selon la relation qu‘entretiennent certains termes entre eux. Le premier chapitre intitulé groupe nominal rassemble le nom et les termes qui lui sont associés, à savoir le complément de nom, le déterminant du nom et l’adjectif. Il n‘y a pas de chapitre consacré en particulier au verbe qui s‘intègre dans les chapitres 2 et 4. Le chapitre 5 Rapports circonstanciels englobe les expressions des relations logiques qui sont aussi présentées dans les ouvrages chinois.

Si FPG regroupe plusieurs termes dans un chapitre, les autres ouvrages optent pour une organisation plus morcelée. Comparons les trois grammaires suivantes qui comportent deux fois plus de chapitres que FPG :

GEF A1 GPT A1-A2 FGF A1-B1 7) Le présent

8) Futur proche et passé récent 9) Le passé

10)Les modes (le conditionnel et l’imparfait) 1) L’infinitif 2) Le présent 4) L’impératif 10) Le passé 11) Le futur et le conditionnel

1) Les verbes au présent de l’indicatif

7) Les verbes au passé de l’indicatif 8) Les verbes au futur de l’indicatif 13) Autres modes et aspects du verbe 1) Les présentatifs 2) Les noms 3) Les déterminants 4) Les adjectifs 5) Les pronoms 11) Les adverbes

12) Les connecteurs et les

prépositions

3) Le nom et ses déterminants 7) La qualification, la caractérisation 8) La comparaison 9) Les pronoms 2) Le nom 3) L’adjectif qualificatif 4) Les déterminants 11) Les pronoms

12) Les adverbes et les mots de liaison

9) La comparaison

6) Les types de phrases 5) L’interrogation

6) La négation 12) L’expression du temps 13) L’expression du lieu 5) La structure de la phrase 6) L’expression du lieu 10) L’expression du temps 14) La phrase complexe

Tableau 17 : Organisation des contenus (GEF, GPT, FGF)

Nous catégorisons les chapitres en trois parties :

• les verbes

Les auteurs de FGF appliquent directement les verbes au présent/passé/futur, mais dans GEF et GPT, il n‘y a pas de chapitre intitulé verbes qui est remplacé par le présent, le passé et les modes. GEF et FGF abordent d‘abord l‘indicatif puis, classiquement, d‘autres modes. De son côté, GPT fait alterner les modes et les temps : infinitif - présent de l‘indicatif - impératif - passé de l‘indicatif - futur de l‘indicatif et conditionnel, privilégiant une logique de progression pédagogique supposée des apprenants plutôt qu‘une logique classique de répartition thématique des contenus grammaticaux. À la différence de GEF, les chapitres liés aux verbes dans GPT et FGF ne sont pas présentés de manière successive, mais suivent une progression allant du présent au futur. D‘ailleurs, GEF commence à introduire les verbes à partir du chapitre 7, soit plus tardivement que les deux autres grammaires.

• les autres contenus morphologiques

Pour le reste des contenus morphologiques, il est à noter que GPT regroupe le nom avec les déterminants, la qualification avec la caractérisation, de telle manière que les contenus

morphosyntaxiques appartenant à différentes catégories traditionnelles se rencontrent dans la création d‘une nouvelle logique. Les adjectifs, les groupes prépositionnels, les propositions relatives et les adverbes partagent ensemble le chapitre 7 intitulé La qualification et la caractérisation.

• les phrases

Dans GEF, un chapitre est consacré àla présentation des types de phrases contenant l’interrogation et la négation, mais GPT les traitent séparément dans deux chapitres. Les auteurs de FGF prennent comme point de départ la structure de la phrase pour introduire l‘interrogation (la question totale/partielle/avec inversion) et la négation. Ils présentent plus tard, dans le dernier chapitre La phrase complexe, les moyens d‘expression et le discours indirect.

L‘étude des différents ouvrages de grammaire nous conduit à constater qu‘il n‘y a pas de recette unique pour l‘organisation des contenus. Centrée sur les contenus eux-mêmes, une organisation morphosyntaxique offre un point de vue exhaustif sur les catégories héritées de la grammaire traditionnelle. De son côté, une organisation basée sur les dimensions morphosyntaxique et sémantique regroupe des termes en fonction du sens : ainsi, on étudiera ensemble le nom avec les termes (articles, adjectifs possessifs, pronoms possessifs) qui lui sont associés ; les adjectifs, les groupes prépositionnels et les propositions relatives se présentent ensemble pour caractériser une personne ou décrire un objet ; la négation ne se limite pas à des adverbes négatifs et englobe également des mots comme aucun, rien, personne.