• Aucun résultat trouvé

Structure chimique :

Dans le document Les plantes toxiques au Maroc. (Page 76-80)

Le CBD possède la même formule chimique et la même masse moléculaire que le THC (C21H30O2 ; 314,46 g/mol), bien que sa structure moléculaire soit légèrement différente (fig.7). Comme le THC et la plupart des autres lipides, le CBD est hydrophobe et lipophile, ce qui signifie qu’il ne se dissout pas dans l’eau et ne peut se transformer en émulsion aqueuse, mais qu’il se dissoudra dans la matière grasse (ainsi que dans la plupart des solvants organiques tels que le butane et l’alcool).

En milieu acide, le CBD est cyclisé (il forme un nouvel anneau de carbone) pour devenir le THC. En milieu alcalin (en présence d’eau), le CBD est oxydé pour devenir le cannabidiol-hydroxyquinone, qui a fait l’objet de peu d’études à ce jour, mais qui pourrait exercer un effet inhibant sur les enzymes hépatiques (foie) qui sont vitaux pour le métabolisme des drogues ingérées. [6’]

 Mécanisme d’action :

Le THC quitte le sang pour aller dans le cerveau, puis disparaît des espaces extracellulaires pour se dissoudre dans la bicouche lipidique des membranes cellulaires où il va trouver les récepteurs CB1.

Les récepteurs CB1 sont des récepteurs membranaires interagissant avec les protéines G, constitués de 473 acides aminés et comportant plusieurs sites de glycosylation. Ils sont localisés principalement au niveau central dans les structures suivantes : cortex frontal*, cortex occipital*, substance noire, cervelet, hippocampe*. Des concentrations bien moindres de récepteurs CB1 ont aussi été retrouvées au niveau de l'utérus, des gonades*, du cœur et de la rate. On n'en retrouve pas dans le bulbe rachidien, ce qui explique l'absence de décès directement imputable à une surdose de cannabis.

Le récepteur CB2 est aussi un récepteur membranaire. Peu présent dans le SNC, on le retrouve surtout dans les éléments figurés du sang : lymphocytes B, lymphocytes T, monocytes NK (Natural Killers).

Les mécanismes impliqués dans la voie hédonique* sont aujourd'hui bien documentés, aboutissant notamment à une augmentation de la libération de dopamine au niveau du noyau accumbens* et de l'aire tegmentale ventrale*. La liaison des cannabinoïdes aux récepteurs CB1 entraîne une inhibition de l'adényl cyclase par l'intermédiaire de la protéine Gi et une activation des AMP kinases par l'intermédiaire des sous-unités bêta 8. Parallèlement, les cannabinoïdes modulent les canaux potassiques dans l'hippocampe et les canaux calciques de type N dans le ganglion cervical supérieur. Le ligand naturel de ces récepteurs est l'anandamide, un dérivé naturel de l'acide arachidonique. L'anandamide possède une bonne affinité pour les récepteurs CB1 et une affinité bien moindre pour les récepteurs CB2. Il diminue l'activité de la cellule nerveuse. Ce neurotransmetteur n'est pas stocké par les neurones mais réside dans leur membrane sous forme d'un précurseur phospholipidique, dont il est libéré sous l'influence d'une phosphodiestérase de type D.

Cette large panoplie de mécanismes explique la dépendance au produit, perturbant les fonctions cognitives et motrices. Certaines de ces perturbations procurent des effets recherchés par les consommateurs. Le déroulement de ces mécanismes au niveau de la voie hédonique et d'autres structures cérébrales est responsable du sentiment de bien-être pouvant aller à une véritable ivresse cannabique.

L'ivresse* cannabique a été décrite par Moreau de Tours en 1845. Comme l'ivresse alcoolique, elle varie en fonction de la quantité de produit consommée, de la physiologie propre du sujet ainsi que de son état psychique au moment de la consommation. Elle est caractérisée par plusieurs phases qui sont successivement un état d'euphorie avec une désinhibition et sensation de bien-être et d'empathie, suivi d'un état confusionnel caractérisé par une sensation de développement des perceptions pouvant conduire à des hallucinations et à des perturbations spatiotemporelles, un état d'extase caractérisé par une certaine apathie et, enfin, un état de retour à la normale, le plus souvent caractérisé par un sommeil profond. [46]

VII. SYMPTOMATOLOGIE :

 Effets neuropsychiques de la consommation de cannabis :

Les effets du cannabis apparaissent en général de 15 à 20 minutes après inhalation et entre 4 à 6 heures en cas de prise orale. Chez les consommateurs réguliers, ces effets apparaissent de façon plus retardée. [38]

Ils sont variables selon la quantité consommée, la qualité du produit, la tolérance du sujet, la structure de sa personnalité et son état d’esprit du moment, le contexte dans lequel s’inscrit la consommation et bien entendu selon qu’il a été pris isolément ou associé à d’autres produits psychotropes (autres drogues, alcool, médicaments). [47]

-Lors d’un usage occasionnel, on note principalement :

 des modifications de la perception du temps et des distances ;  des perturbations de la mémoire à court terme ;

 des perturbations sensorielles : perception exacerbée des sons et surtout des modifications de la vision associées à une mydriase*, une diplopie* et un nystagmus* ;

 des troubles thymiques* et dissociatifs avec euphorie (besoin flagrant de bavarder et de rire), anxiété, agressivité, dépersonnalisation avec disparition des inhibitions et indifférence vis-à-vis de l’environnement, une conscience accrue de soi ;  des hallucinations et délires possibles notamment avec les nouveaux produits

(provenant essentiellement des Pays Bas) très concentrés en cannabinoïdes ;  une diminution des performances intellectuelles (baisse de la productivité et de la

concentration avec une pensée fragmentaire), motrices et cognitives. [47]

On peut noter aussi une décompensation psychotique se traduisant par un syndrome délirant organique dont le thème le plus fréquent est la persécution et associe : anxiété, tremblements, incoordination motrice.

Des épisodes de « flash-back » ont été rapportés, au cours desquels le sujet revit tout ou une partie de ces symptômes en l’absence de toute nouvelle consommation de cannabis. Ceci serait dû à un relargage brutal du THC accumulé dans les tissus adipeux*.

-Lors d’un usage fréquent et prolongé, les avis des auteurs divergent, mais la plupart d’entre eux s’accordent sur les points suivants :

 Les perturbations de la mémoire immédiate sont très fréquentes et peuvent persister après plusieurs jours, voire des semaines d’abstinence.

 Des crises d’angoisse aiguë, bien qu’exceptionnelles, peuvent survenir au cours desquelles un véritable état de panique s’installe.

 Un syndrome amotivationnel est classiquement observé chez les usagers chroniques.

 Même chez des sujets sans antécédent psychiatrique, on peut observer des syndromes de désorganisation de la pensée, psychotiformes*, syndromes qui s’amendent après un sevrage prolongé. [47]

 Effets immédiats :

Du fait de son action neuromodulatrice, les effets ressentis après une prise de cannabis sont très variables selon les individus et dépendent étroitement des ressentis personnels avant la consommation. [38]

VIII. TRAITEMENT :

Le traitement repose sur les mesures suivantes :  Hospitalisation du patient.

 Liberté des voies aériennes supérieures.  Sédation par le diazépam si agitation.

 Surveillance clinique : cardiovasculaire, respiratoire, neurologique.

 Psychothérapie, sociothérapie et prise en charge psychiatrique pour les toxicomanes. [45]

IX. USAGES GENERAL ET TRADIONNEL:

Le cannabis est habituellement fumé soit directement (marijuana) ; soit après extraction de la résine (haschich) chauffée ou mélangé au tabac.

Dans les pays du Maghreb, le cannabis est parfois incorporé à des aliments (gâteau, confiseries, mâajoune, etc.), il est également utilisé contre les douleurs intenses. [45]

Dans le document Les plantes toxiques au Maroc. (Page 76-80)