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Nerium oleander

Dans le document Les plantes toxiques au Maroc. (Page 174-181)

Nom vernaculaire Marocain: Defla (Nom Arabe) ; Alili (Nom Amazigh)

Nom Français : Laurier rose ou oléandre Nom Anglais : Oleander, Rose-bay Famille : Apocynaceae

I. INTRODUCTION :

Le laurier rose (fig.39) est un arbuste épineux, cultivé comme une plante ornementale, avec une large répartition géographique et écologique.

Dans la pharmacopée traditionnelle arabe, les feuilles sont employées sur diverses lésions superficielles (contusions, brûlures, tumeurs, etc.). Ainsi la littérature marocaine évoque-t-elle des soins par application locale de ses feuilles contre la gale, les hémorroïdes et les furoncles. Néanmoins, dans la littérature internationale, cette plante est aussi incriminée dans des dermatites de contact allergiques et des dermatites irritatives consécutives à une irritation chimique. Mais, Elle est réputée, en cas d’ingestion, pour ses risques de toxicité systémique, essentiellement cardiaque, digestive et neurosensorielle à la fois chez l’homme et chez l’animal. Car toutes ses parties sont toxiques, suite à leurs concentrations significatives de glycosides cardiaques qui peuvent s'avérer mortels. [191, 192, 193, 194]

II. ÉTUDE BOTANIQUE :

Le laurier rose atteint de 2 à 3 mètres de haut. Ses tiges sont glabres, et répandent à la cassure un suc laiteux. Les feuilles sont opposées, ou par trois, coriaces, persistantes, longuement lancéolées et aiguës, à nervures parallèles, et serrées sur la tige. Les fleurs sont d’un beau rose dans le type, grandes, généralement odorantes, disposées en larges corymbes terminaux. La corolle est en soucoupe, avec cinq pétales soudés par leur base. Le fruit est un follicule qui se soude en une gousse cylindrique, et les graines (qui se forment assez rarement) sont poilues et munies d’une aigrette. [42]

III. REPARTITION GEOGRAPHIQUE :

Le laurier rose est une plante originaire d’Europe et d’Afrique, et est couramment trouvée dans les régions tropicales et subtropicales du monde. [192]

Cette plante se cultive dans les régions plus septentrionales. Elle croît spontanément sur les berges rocailleuses des rivières, parfois même dans les zones littorales, habituellement dévolues aux espèces halophiles. Adaptée à la sécheresse et très décorative. [33]

IV. PARTIE(S) TOXIQUE(S):

Toutes les parties de la plante sont toxiques pour l'homme, les animaux et certains insectes. [193, 195]

Cet arbuste est un poison violent, qu’il ne faut pas confondre avec le laurier-sauce, utilisé constamment comme assaisonnement. [42]

V. CIRCONSTANCE(S) DE L’INTOXICATION :

Il peut s’agir d’intoxications accidentelles chez l’enfant par consommation de feuilles, fleurs ou graines, ou d’intoxications volontaires chez l’adulte. [20]

L'intoxication peut être liée à l'ingestion accidentelle de feuilles. Les accidents surviennent par confusion avec d'autres plantes, du fait de l'aspect des feuilles, c'est le cas de l'eucalyptus.

L'ingestion d'eau contaminée par la plante peut être à l’origine d'intoxication. Des réactions toxiques ont été signalées lors de l'ingestion de miel produit par des abeilles qui auraient butiné des fleurs de laurier rose. Une toxicité potentielle est signalée dans les débris végétaux recyclés, notamment dans le compost. Ainsi des teneurs, faibles certes, d'oléandrine ont été retrouvées dans les feuilles de laitues poussant sur des sols traités par des terreaux à base de ce compost. Parfois, il s'agit d'un but suicidaire; souvent les intoxications sont consécutives à des traitements de MT car les indications sont nombreuses et variées. [108]

La gravité d’une intoxication au laurier rose est fonction de la quantité ingérée, élément souvent difficile à évaluer. La dose toxique est approximative et variable selon les auteurs ; 10 à 20 feuilles chez l’adulte, deux à trois feuilles chez l’enfant. L’ingestion de 0,25 g de feuilles séchées par kg de poids corporel serait mortelle en 4 à 24 heures en l’absence de traitement. Mais il faut noter une grande variabilité interindividuelle de la sensibilité au toxique. En ce qui concerne les graines, l’absorption d’une dizaine de celles-ci conduirait à une « symptomatologie sérieuse ». [33, 196]

VI. PHYTOCHIMIE :

 principe(s) actif(s) :

Les principes toxiques sont des hétérosides digitaliques, présents dans toutes les parties de la plante, ceux-ci, des cardénolides, représentent environ 1.5% du poids des feuilles.

L’oléandrine (fig.40), majoritaire, est un hétéroside de l’oéandrose et de l’oléandriginine.

Parmi les hétérosides minoritaires, on remarquera l’existence d’hétérosides peu ou pas actifs, à génine époxydée ou isomérisée.

Les graines renferment de l’oléandrine et des composés voisins ; odorosides, adigoside, gluco-strospéside. [33, 197]

 Structure chimique :

Oléandrine C10H16O4 Aspect :

Cristaux incolores, inodores, très amers. Masse molaire :

576,718 g.mol-1 Fusion :

250°C (se décompose) Solubilité :

Soluble dans le chloroforme, l'éthanol ; insoluble dans l'eau. [36’]

 Mécanisme d’action :

Les mécanismes responsables de la toxicité sont à superposer à ceux des hétérosides digitaliques classiques agissant principalement sur l’inhibition de l’ATPase Na-K membranaire et par l’élévation du calcium intracellulaire. [196]

Ce qui conduit à une force de contraction accrue (effet inotrope positif), et à des taux croissants de dépolarisation cellulaire spontanée et d'automatisme myocardique.

L'inhibition de la pompe Na+/K+ ATPase affecte le mouvement intracellulaire de K+ en provoquant une hyperkaliémie. [198]

VII. SYMPTOMATOLOGIE :

Les troubles apparaissent en quelques minutes à une à deux heures après ingestion. [199]

-Les effets principaux sont cardiaques semblables à ceux de l'intoxication digitalique : troubles de la conduction avec bradycardie, troubles du rythme avec extrasystoles ventriculaires et la fibrillation ventriculaire. [66]

-Les effets secondaires :

 Signe généraux : prostration, hypersudation, hypothermie ;

 Signes digestives précoces : coliques, diarrhée, parfois hémorragie, ténesme*, ptyalisme*, anorexie*, tentatives de vomissement ;

 Signes nerveux plus tardifs : ataxie* puis trémulations musculaires* voire convulsions tono-cloniques*, coma en phase terminale ;

 Signes oculaires : mydriase* ;  Signes urinaires : polyurie* ;

 Signes respiratoires : dyspnée*, paralysie des muscles respiratoires. [200]

VIII. TRAITEMENT :

Le traitement est celui d’une intoxication digitalique ; l’évacuation digestive est contre indiquée dès l’apparition de troubles cardiaques. Le charbon activé peut être utilisé, surtout en cas d’intoxication récente ; on lui associe parfois de sorbitol. [33, 201]

Le traitement symptomatique repose sur l’atropine, la lidocaïne, éventuellement la pose d’une sonde d’entraînement électrosystolique. Quelques cas publiés rapportent l’efficacité des fragments Fab* antidigoxine dans cette intoxication. Après une période de 12 heures après l’ingestion et sans symptômes, la surveillance hospitalière est inutile. [201]

IX. USAGES GENERAL ET TRADITIONNEL:

Quelques préparations (poudre, extrait) ainsi que l'oléandrine ont figure dans certaines pharmacopées mais sont, actuellement, abandonnées; en revanche, les usages traditionnels demeurent.

Quelques travaux ont mis en évidence une activité antibactérienne des extraits de feuilles vis-à-vis de Pseudomonas. Des études récentes ont attribué à l'extrait de la plante, une activité effective contre certains types de cancers. Les extraits de feuilles, de racines et de tiges exercent une activité cytotoxique marquée sur les cellules HL60 et K562 de la leucémie, à des concentrations aussi basses que 50 µg/ml. Les extraits de feuilles et de racines sont plus actifs que l'extrait de tiges. L'activité anticancéreuse semble, principalement être liée à certains monoglycosides cardénolides dihydroxyles. [108]

Autres activités médicinales : anti-inflammatoire et anti-nociceptive, cytotoxique, antidiabétique, immun-modulateurs, cardiotoniques, et effets neuro-protecteurs. [193]

Malgré sa toxicité, connue des Marocains, il est employé dans les soins traditionnels. À Agadir, Marrakech, Rabat, les racines sont utilisées en fumigations contre les céphalées et les rhumes de cerveau et contre les maladies de l'utérus; en applications externes, les feuilles sont employées dans diverses lésions superficielles non sanglantes (contusions, brûlures, tumeurs, etc.). [3]

La macération des feuilles, en frictions externes, est un vieux remède arabe contre la gale, la vermine et la chute des cheveux (indication retrouvée quasiment partout). À Tissint, la décoction de racine est très utilisée en bains de bouche contre les douleurs dentaires. Réduite en poudre, après torréfaction, la racine serait aussi efficace contre l'asthme. Les fleurs servent aux fqih à faire des talismans. À Oujda avec les feuilles sèches et le bois, on fait des fumigations que l'on fait respirer aux enfants contre la colique. Les tiges sont employées pour faire des pointes de feu dans les rhumatismes et les douleurs articulaires. En fumigations rituelles, les feuilles sèches sont utilisées pour conjurer les mauvais sorts et éloigner les mauvais génies: dans le Dra, pour cet usage, la plante est associée à Retarna retam et

D'après Voinot (1904), au Sahara, les femmes mélangent un peu de cendre de bois de laurier rose avec du sfûf (dattes pilées) et du beurre; puis, elles mettent ce mélange en suspension dans du lait aigre ou de l'eau et l'avalent pour prendre de l'embonpoint. L'infusion légère de feuilles, seules ou associées au graine de harmel, est partout employée, par voie orale, comme abortif. [23]

D'après Mathieu et Maneville (1952), à Casablanca, pour faire avorter les femmes, on provoque la dilatation du col de l'utérus et la ponction de la poche amniotique avec un petit rameau de laurier- rose.

Dans l'Oriental, les animaux atteints de coliques sont fumigés avec des feuilles et du bois de laurier rose. [23] Le bois, bien lavé et séché, sert à fabriquer des sebsî (pipes spéciales pour fumer le chanvre indien), mais on lui préfère Jasminum fruticans. Le charbon de laurier rose entre dans la composition de la poudre à canon traditionnelle à côté du soufre et du salpêtre. [23]

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