• Aucun résultat trouvé

Rosmarinus officinalis L

Dans le document Les plantes toxiques au Maroc. (Page 187-194)

Nom vernaculaire Marocain: Yazir, L-yazir, Azir, Iklil al-jabal, Barkella (nom arabe et amazigh)

Nom Français : Romarin Nom Anglais : Rosemary Famille : Lamiaceae

I. INTRODUCTION :

Bien connu des anciens, notamment des Grecs et des Romains. Ces derniers en faisaient des couronnes d’où le nom arabe iklil al-jabal (couronnes de montagne) traduit du latin. Au moyen âge, il connut un grand prestige comme médicament des paralysies.

Le romarin a été célèbre au XVIIe siècle, son alcoolat, connu alors sous le nom d’Eau de la Reine de Hongrie étant très renommé pour guérir en particulier la paralysie et la goutte.

C’est aussi un condiment des grillades. Le romarin alimente au Maghreb une importante industrie artisanale par son HE obtenue par distillation. [23, 130, 211]

II. ÉTUDE BOTANIQUE :

Le romarin (fig.44) est un arbrisseau touffu de 1 à 2 mètres, toujours vert, très rameux. Les feuilles de 2 à 3 centimètres de long sur 1 à 2 mm de large, sont opposées, linéaires, pointues, coriaces et à bords repliés en dessous ; la face supérieure est vert clair ; la face inferieure blanchâtre et cotonneuse.

L’inflorescence est formée d’épis de fleurs de couleur bleu pâle ou blanche qui s’épanouissent toute l’année, à bractées squamiformes de 1–2 mm, rapidement caduques. La corolle, bleu pâle ou lilas clair, possède 2 lèvres bien marqués, la supérieure à 2 lobes, l’inférieure à 3 lobes, dont le médian est concave et élargi. Il n’y a que 2 étamines dont une seule loge est fertile. Le fruit est un tétrakène brun et luisant. L’odeur et la saveur sont fortement aromatiques. Au microscope, on remarque la présence d’une assise hypodermique, des poils tecteurs* ramifiés et de poils sécréteurs*. [75, 130, 212]

III. REPARTITION GEOGRAPHIQUE :

Le romarin est très commun dans tout le bassin méditerranéen : Maroc, Algérie, Tunisie, Portugal, France, Espagne, Italie et Grèce ; ainsi que dans la Turkie et l’Iran. Particulièrement, c’est un arbrisseau toujours vert des terrains calcaires. [78, 212, 213]

Cette espèce est commune dans la partie orientale du Maroc où elle occupe des surfaces étendues, au-delà d'un méridien passant à hauteur de Fès. [23]

IV. PARTIE(S) TOXIQUE(S):

C’est l’HE de romarin qui est dangereuse à des doses dépassant deux à trois gouttes ou à la prise de fortes doses des feuilles ou des sommités fleuries. [214]

V. CIRCONSTANCE(S) DE L’INTOXICATION :

Le romarin est inoffensif lorsqu’il est consommé avec des aliments ou comme médicament par voie orale, topique ou par inhalation aux doses rapportées dans les études. En revanche, la consommation orale de l’huile de romarin non diluée peut être dangereuse, ainsi l’ingestion de grandes quantités de l’huile de romarin peut provoquer une intoxication, en cas de son utilisation à des fins traditionnelles pour ses propriétés astringentes, toniques, carminatives, antispasmodiques et diaphorétiques. Les extraits et l'huile volatile ont été utilisés pour favoriser le flux menstruel, et pour stimuler la croissance des cheveux et prévenir la calvitie. [215, 216, 217, 41’]

VI. PHYTOCHIMIE :

 principe(s) actif(s) :

Les sommités fleuries sèches contiennent des composés polyphénoliques des dérivés caféiques : acide rosmarinique (2 à 3%) (A) (fig.45), acide caféique (B) (fig.45) et acide chlorogénique ; des flavonoïdes et 1 à 2% d’essence à constituants variés : carbures terpéniques (7 à 80% d’alphapinène et 1 à 38 de camphène), verbénone (1 à 37%), eucalyptol (1 à 35%) bornéol (4 à 19%) libre ou estérifié, camphre (5 à 15%). [3, 212]

Autres constituants de romarin : diterpènes tricycliques dont l’acide carnosique (C) (fig.45), carnosol (D) (fig.45), rosmanol, éirosmanol, etc., triterpènes (acides ursolique, et oléanolique, amyrines), des acides gras (citriques, glycolique, glycérique), tanins, mucilages, des stérols, choline, vitamine C. [3, 78, 214]

Alors, La composition de l’HE variant, entre autres facteurs, selon la provenance, la pharmacopée française retient deux types de produits : le type Maroc et Tunisie et le type Espagne. Issues de l’hydrodistillation de populations naturelles, ces HE diffèrent légèrement par leur constantes physiques et, surtout, par leur composition. [78]

 Structure chimique :

L’acide rosmarinique est l’ester de l’acide caféique et de l’acide α-hydroxy-dihydrocaféique. L’acide rosmarinique pur se présente sous forme de poudre cristalline de couleur crème, sensible aux rayons UV et à la lumière du jour. Dans la nature, l’acide rosmarinique existe sous forme de trans-isomère, mais, exposé à la radiation de la lumière du jour, il se transforme en cis-isomère. C’est un composé polaire, qui est donc soluble dans les solvants polaires comme l’eau et l’éthanol. [78, 130, 218, 219]

Figure 45: les principales structures de Rosmarinus officinalis L. [42’, 43’, 44’]

 Mécanisme d’action :

L’acide rosmarinique et les flavonoïdes jouent un rôle important dans l’action du romarin, en possédant des propriétés spasmolytiques d’ordre musculotropes.

Les acides phénols comme l'acide rosmarinique sont cholérétiques, cholagogues et anti-inflammatoire. Les flavonoïdes procurent à la plante une activité spasmolytique musculotrope et diurétique. L'HE est carminative et stomachique. En conclusion, la drogue agit sur les fermentations intestinales et sur les douleurs abdominales qu'elles entraînent, en calmant les

spasmes d'origine digestive par son action spasmolytique sur les intestins et l'estomac. Une activité anti-VIH de l’acide rosmarinique a également été rapportée dans la littérature. [130, 220, 221] L’activité antioxydante de l’acide rosmarinique est dûe à la présence de quatre groupes hydroxyles dans sa molécule. [218, 222]

Le rôle biologique de l'acide rosmarinique chez les plantes est la défense contre les pathogènes et les herbivores. [223]

Le carnosol et l'acide carnosique sont des inhibiteurs puissants de la peroxydation lipidique et sont de bons capteurs de radicaux pyroxylés. [224, 225]

VII. SYMPTOMATOLOGIE :

La symptomatologie se manifeste par un pouvoir abortif, des effets neurotoxiques, une gastro-entérite, et une toxicité rénale. [214, 45’]

À fortes doses, des irritations de l’estomac et de l’intestin sont provoquées, des problèmes de reins, vomissements, convulsions, coma et la collecte de liquide dans les poumons.

Des réactions allergiques et cutanées (Dermatite de contact chez des personnes ayant une peau sensible).

Alors, toutes les HE de romarins sont contre-indiquées chez la femme enceinte ou allaitante et chez l’enfant de moins de 6 ans. Elle ne doit pas être appliquée pur sur la peau, mais toujours diluée dans de l’huile végétale ou une base neutre. L’HE de romarin à camphre est déconseillée aux sujets épileptiques.

VIII. TRAITEMENT :

 Évacuation du toxique :

En cas de contact cutané, un lavage prolongé s’impose. En cas d’ingestion, on nettoie la bouche des enfants avec un mouchoir mouillé, ce qui permet en plus de vérifier la réalité de la prise ; on propose un rinçage de bouche à l’adulte. L’évacuation digestive est moins souvent pratiquée aujourd’hui. Toutefois, pour les toxiques potentiellement dangereux, elle reste préconisée. Il faut réaliser cette évacuation dans l’heure qui suit l’ingestion et n’intervenir que sur un sujet conscient et âgé de plus de 6 mois. [127]

 Traitement symptomatique :

Le plus fréquemment mis en œuvre, il comporte diverses mesures :  le pansement gastrique pour limiter l’irritation et l’absorption ;  les anticonvulsivants (diazépam, clonazépam) ;

 le sulfate d’atropine en cas de bradycardie importante ;

 le maintien de l’équilibre hydroélectrolytique, l’oxygénothérapie, l’assistance respiratoire, l’administration d’antipyrétiques éventuels et, pour des cas sévères, le transfert dans des services de réanimation. [127]

IX. USAGES GENERAL ET TRADITIONNEL:

Le romarin est utilisé, partout au Maroc, dans les mêmes indications. L'infusion des feuilles est utilisée comme apéritif, cholagogue et stomachique. Mais le romarin est surtout employé (l'infusion concentrée ou la poudre de feuilles) comme emménagogue. [3]

L’infusion de romarin est, également, utilisée en cas de diabète. Une association à base de Rosmarinus officinalis, Olea europea, et de Hordeum vulgare périmé (hayele) est préparée sous forme du pain est mangée par la personne diabétique. [107]

En usage externe, les cataplasmes faits avec les feuilles fraîches contusées et les compresses de la décoction concentrée sont appliquées comme vulnéraire et résolutif des contusions, des plaies et des abcès. La poudre de feuilles est saupoudrée comme cicatrisant et

antiseptique après les circonsisions. On peut aussi utiliser le macérât des feuilles dans de l'huile d'olive. À Tissint, les fumigations de romarin sont indiquées pour calmer les maux de dents. Depuis quelques décennies, l'HE de romarin (distillée traditionnellement), est utilisée en massage sédatif dans les rhumatismes et la sciatique. Les feuilles séchées servent à conserver la laine de l'attaque des mites. Les feuilles mondées et séchées entrent dans les mélanges pour « tebkhira » contre les mauvais génies. [3, 23]

Le romarin est utilisé en nature (tisanes) comme stimulant des fonctions hépatiques et comme condiment. [212]

L’alcoolat est employé en médecine vétérinaire comme antiparasitaire et contre la chute des poils. [130]

Les extraits de romarin sont utilisés par les industriels de l’agroalimentaire pour leurs propriétés antioxydantes et conservatives. À noter : lorsque ces extraits sont désaromatisés, ils ne relèvent plus de la directive « arômes », mais la directive « additifs » de l’Union Européenne (UE) et doivent donc théoriquement faire l’objet d’une expertise toxicologique avant autorisation. [78]

Eugenia caryophyllata Thunb.

Dans le document Les plantes toxiques au Maroc. (Page 187-194)