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Phytothérapie à l’échelle nationale et la fréquence des intoxications:

Dans le document Les plantes toxiques au Maroc. (Page 53-58)

phytothérapie et phytovigilance

II. LA FLORE MAROCAINE :

3. Phytothérapie à l’échelle nationale et la fréquence des intoxications:

Le Maroc, depuis des temps immémoriaux jusqu’à nos jours a eu un grand répertoire en terme de MT. On a retrouvé un crâne trépané à Tafoughalt qui démontre combien le guérisseur marocain de l’antiquité était habile. Cette médecine préhistorique a été enrichie par l’apport des phéniciens, des romains et des arabo-musulmans. [22]

L’apogée de cette médecine fut en 7ème et 8 ème siècle quand elle a été enseignée à l’université D’el Qaraouyine. Le 18ème et 19ème furent des siècles de décadence, et c’est la colonisation et l’introduction des modèles culturels européens, puis l’indépendance qui ont permis le développement de la médecine dite moderne ou médecine occidentale. La médecine indigène qui est devenue MT continue à être pratiquée mais de façon restreinte car elle était accusée d’être contrairement à la médecine moderne, incertaine, irrationnelle et parfois même de charlatanisme, mais le développement des techniques d’études et d’analyse, des ethnosciences, de l’accès à l’information et la tendance vers tout ce qui est naturel ont participé à la renaissance et la mise en valeur de cette médecine ancienne. [20]

En plus de ce grand patrimoine historique, le Maroc est un pays très connu par sa richesse en ressources naturelles, surtout en plantes médicinales et aromatiques (PMA). Seulement 600 plantes sont actuellement exploitées. La production des PM au Maroc est riche et diversifiée aussi bien des plantes spontanées que cultivées. C’est un pays fournisseur traditionnel du marché mondial en PMA. [22, 23, 24]

De nombreuses études socio-économiques et ethnobotaniques ont montré l’importance de la MT au sein de la société marocaine. Une étude récente rapporte que plus de 71% des personnes interrogées utilisent les PMA pour se soigner. [25] Si on examine la clientèle de la MT au Maroc, on trouve plusieurs catégories, parmi elles, on cite par exemple:

 La première catégorie est justement celle présentant des maladies dites incurables (cancer, sida, etc.) ou des maladies où les syndromes sont incompréhensibles. Il ne faut pas croire que la MT ne s’attaque qu’aux petits maux (gastralgie, céphalées, entorses, myalgie, etc.), elle a parfois des prétentions beaucoup plus importantes et plus sérieuses comme le traitement des traumatismes crâniens ou des cancers ;

 Une deuxième catégorie de clientèle est la population rurale ou semi-urbaine et cela, à cause d’une part de son éducation et de son environnement socioculturel, et d’autre part de sa condition de vie qui l’éloigne des grandes villes où se concentrent la plupart des médecins. Certaines régions sont dépourvues de centres de santé ou même de soins primaires. Cette population dispose de faibles ressources et ne peut faire appel aux soins modernes coûteux ;

 Enfin une autre catégorie qui, régulière et flottante, est constituée d’intellectuels dont le mode de pensée est électif et contradictoire. Cette clientèle est attirée à la MT qui lui procure l’attrait du mystère, du symbolisme, du rituel, et lui offre le magico-sorcellerie pour combler un vide culturel. [22]

Le « médecin » traditionnel ou le guérisseur est beaucoup plus proche du malade et a le gros avantage de parler le même langage simple et de comprendre son patient. Cette compréhension et cette facilité de communication font que le malade est plus en confiance qu’avec le médecin moderne qui a un langage plus au moins académique. Nous savons bien qu’un grand pourcentage de l’efficacité d’une thérapeutique est lié à la façon dont elle est prescrite. Et l’un des aspects positifs de la MT est l’intérêt humain, elle considère la vie comme l’union du corps, de l’âme et de l’esprit. Le guérisseur donne au malade la plante, l’amulette et récite un verset de Coran. La médecine, ainsi conçue, dépasse la dimension corporelle. La plante soigne le corps, le talisman et la parole de Dieu apaisent l’âme tourmentée du patient et lui donnent confiance et espoir dans la vie. [22]

Le Maroc souffre d’une insuffisance chronique de l’infrastructure et du budget, insuffisance qui ira en grandissant à l’égard de la démographie galopante de notre pays. De plus cet état de fait est aggravé par l’inadaptation, voir même la désadaptation, dans certains cas, des structures modernes de santé, du fait de la concentration de la médecine dans les villes monopolisant les hôpitaux et les dispensaires. Tout ceci nous amène à poser la question clé : est-il possible de procéder, ne serait-ce que dans un but culturel et économique, au recyclage du savoir médical traditionnel dans un cadre de modernité, afin de profiter de ses avantages et d’éviter ses inconvénients. Cette modernisation pourrait se faire par exemple dans l’organisation économique de la phytothérapie traditionnelle en vue d’une exploitation et

d’une commercialisation rationnelles de la flore médicinale, activités devant bénéficier en priorité aux collectivités locales. Il faudrait donc étudier les ressources de la pharmacopée traditionnelle et les pratiques de soins afin de parvenir à leur utilisation rationnelle dès lors que leur efficacité aurait été médicalement et scientifiquement vérifiée. [22]

Par ailleurs, la MT et la médecine moderne répondaient aux mêmes objectifs, aux mêmes démarches, aux mêmes principes :

 Le sens de l’observation, de la déduction ;  La vérification expérimentale ;

 Les critères d’efficacité, d’innocuité. [22]

Au Maroc, les plantes sont à l’origine de 5,1% des intoxications signalées durant la période 1980 à 2008 selon le CAPM, toutes causes confondues, en dehors des piqûres et envenimations scorpioniques (PES), prenant en compte la sous-notification des cas d’intoxication par les plantes. Une étude rétrospective sur une période de 22 ans (1980-2002) du CAPM a montré un taux de mortalité de 14,2% pour les intoxications végétales. [26]

Les principales plantes ayant provoqué des intoxications au Maroc durant ces dernières années selon le CAPM sont le chardon à glu avec 10.6% de cas, le cannabis avec 10.1% suivi du harmel avec 4.6%, la stramoine représente 3.6% d’intoxications et le ricin 2.3%, le cadier suit avec 1.3% de cas, le henné et le pavot représentent chacun 0.7% de cas, le laurier rose 0.6%, la noix de muscade 1% et la nigelle 1%, la mandragore et le romarin représentent chacun un pourcentage de 0.5%, enfin le giroflier avec un pourcentage de 0,3% ; un tableau récapitulatif des plantes selon le nombre d’intoxications est donné par le CAPM dans le rapport annuel de 2009. [2, 26]

Tableau III : Répartition des cas d’intoxications par les plantes en fonction de l’espèce incriminée, CAPM, 1980-2008. [2]

Nom latin Nom usuel Total %

- Mâajoune (Mixture) 1156 26,5

Atractylis gummifera Chardon à glu ou Addad 461 10,6

Cannabis sativa Cannabis, Hachich ou Herbe 441 10,1

Peganum harmala Harmel 201 4,6

Datura stramonium Datura 156 3,6

Ricinus communis Ricin, Wriwra ou kharwae 101 2,3

Huile essentielle de

Juniperus oxycedrus

Cadier 56 1,3

Lawsonia inermis Henné 31 0,7

Papaver somniferum Pavot ou Khachkhacha 31 0,7

Nerium oleander Laurie rose ou Defla 27 0,6

Myristica fragrans Gouza ou Noix de muscade 43 1,0

Nigella sativa Nigelle ou Sanouj 44 1,0

Mandragora autumnalis Mandragora 23 0,5

Rosmarinus officinalis Romarin ou Azir 22 0,5

Citrullus colocynthis Coloquinte ou Hadja 35 0,8

Eugenia caryophyllus Clou de girofle ou Qoronfol 15 0,3

IV. PRESCRIPTEURS :

En matière de la qualité des tradipraticiens que les patients consultent on peut distinguer:

 les herboristes, diplômés ou non, qui sont capables de reconnaître, cueillir et vendre des PM. Ils connaissent bien les plantes et peuvent contribuer au diagnostic des maladies et prescrire les traitements appropriés.

 les droguistes qui sont des commerçants vendeurs de produits alimentaires, condimentaires, cosmétiques et de PM.

 les guérisseurs qui sont généralement dépourvus de diplôme médical et prétendent guérir en utilisant des pratiques magiques ou religieuses associant des fois la phytothérapie à un pouvoir sur humain. Dans certains pays, les guérisseurs risquent des poursuites judiciaires pour exercice illégal de la médecine.

D'après une étude réalisée sur 15 villes marocaines auprès de 2000 personnes, l'approvisionnement en MP se fait en premier lieu des droguistes (98.4%), suivi des herboristes (17.7%), des pharmaciens (8.1%) et en dernier lieu des guérisseurs (5.8%). [15]

V. PHARMACOVIGILANCE DES PLANTES MEDICINALES OU

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