Entre 19^5 et la période actuelle, la balance géostratégique a été profondément modifée.
Il n'est guère possible de comprendre les problèmes présents ou futurs sans retracer l'évolution des faits et les modifications corrélatives de l'équilibre des forces depuis la fin de la seconde guerre mondiale jusqu'à nos jours.
j D'autre part, ce serait commetre une erreur d'importance que d'enserrer la stratégie dans le seul domaine militaire. La vision stratégique globale doit nécessairement comprendre d'autres champs d'action, politique, économique, social et psychologique entre autres, y sous peine de ne conduire qu'à une interprétation fragmentaire et sans
doute erronée.
Nous avons fait, dans le premier Chapitre de cette étude, de nombreuses références aux transformations essentielles apparues dans ces différents domaines.
C'est pourquoi nous nous contenterons d'une synthèse à larges traits des événements qui ont modifié sensiblement les stratégies politiques et économiques des USA et de l'URSS, nous réservant de procéder à un examen plus détaillé de l'évolution dès potentiels mili taires au niveau des armes nucléaires stratégiques et tactiques, mais aussi des forces conventionnelles, élément essentiel de la mise en oeuvre et de la crédibilité de la stratégie dite "de la réponse flexibl ou graduée" officiellement adoptée par l'Alliance Atlantique depuis 1967.
L'interdépendance des trois domaines est d'ailleurs évidente. Mais compte tenu de la primauté du fait nucléaire et de ses consé quences pour l'avenir de l'humanité, j'ai choisi d'en traiter de façon plus détaillée.
-27-Chpt li
Pour conclure, une analyse critique de la stratégie actuelle
s'impose, comprenant l'examen des buts, moyens et mise en oeuvre.
Elle nous conduira naturellement à poser un diagnostic et à formuler des remèdes. Avant d'en proposer l'emploi, il conviendra de voir s'ils
sont acceptables dans le contexte actuel, aboutissement d'un long processus marqué par des échecs, des alternatives de passivité et
d'initiative mais surtout par un déclin progressif et sensible de la
volonté de défense et de la sécurité de l'Occident.
* * ♦
Section 1. Evolution aux niveau politique, économique et
technologique
Dire que le monde actuel est caractérisé par des changements
profonds est un truisme. Que ces changements se produisent à un
rythme particulièrement rapide s'inscrit dans le phénomène de l'accé
lération de l'histoire, souvent peu perceptible à ceux qui vivent l'événe- ment au jour le jour, jiliis accusé pour ceux qui arrivent
Và prendre le recul necessaire. Ces changements cumulatifs ont été
évoqués en 1971 par le Président Nixon, au cours de son message annuel
sur la politique étrangère des Etats-Unis, prononcé devant le Congrès (1)
Il peut être intéressant, dans le cadre de cette étude de re
prendre les six points évoqués par le Président et de les situer en
suite dans le contexte actuel, plus de cinq ans après.
Premier point ; réapparition de l'Europe occidentale et du Japon
comme centres de puissance au niveau international.
En filigrane, on pouvait comprendre qu'il s'agissait de la puissance
"civile", fondée sur la vitalité économique, une technologie avancée
et une organisation sociale stable, par opposition à la puissance strictement militaire, semblable à celle qui avait présidé à la nais
sance d'un monde bi-polaire et manichéen.
Deuxième point : Emergence de nouveaux Etats dont l'influence bien
que non déterminante, se ferait sentir dans le nouvel ordre inter
national.
(1) NIXON : US Foreign Policy for the 1970s ; Building for Peace
-28
--Chpt II
Troisième point : La transformation du défi communiste.
Le conflit idéologique sino-soviétique, l'opposition apparemment
irréversible des thèses en présence, la fin de l'ère stalinienne et la proclamation de la "coexistence pacifique", prélude à la
détente entraînant la modification voire la disparition de la
menace d'un conflit, tels étaient les facteurs essentiels de cette
réévaluation du défi communiste»
Quatrième point ; Réalisation de la parité stratégique entre
l'Union Soviétique et les Etats4Unis. Nous aurons à traiter de
l'évolution des forces en présence, des accords limitatifs conclus ou
à conclure entre les super-puissances et des répercussions qui en
résultent sur l'échiquier politique mondial et sur l'Europe en
particulier.
Cinquième point ; La fin de la bipolarité et la fluidité d'une
nouvelle ère de diplomatie multilatérale. Qu'entendait le Président
Nixon en utilisant cette expression ésotérique ? Sans doute songeait-
il à la disparition apparente d'un clivage abrupt entre l'-iî^st et
l'Ouest, à l'entrelacs de relations préférentielles aux plaœ diplo
matique, économique, culturel, technologique susceptibles de pro
mouvoir un ordre international nouveau fondé sur l'absence de con frontation et le relâchement des tensions.
Peut-être aussi évoquait-il l'altération sensible des relatio.ns
Etats-Unis/Europe, marquée par des antagonismes latents dans les
domaines économiques et financiers, les réticences devant le poids
disproportionné d'un allié surpuissant au sein d'une coalision dis
parate, l'écheveau compliqué des accords de circonstance, le dia
logue Nord-Sud, les forces centrifuges s'exerçant au sein d'une
Alliance jadis unifiée par la crainte et la nécessité ? Il est certain,
en tout cas, qu'on était loin de la vision manichéenne du monde des
années 50 ou du paroxysme de la guerre froide.
Sixième point ; Les problèmes globaux, issus du développement techno
logique ou de la transformation des sociétés. C'est souligner l'inter dépendance et la complexité des relations internationales face aux défis de demain qui transcendent les frontières et mettent en cause
-29-Chpt II
par quelles voies ? Libre choix démocratique, ordre international
nouveau ou autoritarisme à l'image de l'idéologie rivale ? Le...
débat reste ouvert ...
* .
* •; *
Que faut-il conclure de ce survol rapide et par trop incomplet ?
L'analyse est-elle encore valable plus de cinq ans après ?
Pour y répondre, j'essaierai de répondre à trois questions :
Est-il vrai que la bipolarité ait fait place à. un système \
multipolaire ?
Quel est le bilan des politiques internes et externes dans les
deux blocs opposés ?
Entrons-nous dans une ère de "déstabilisation" ou bien arriverons-
nous à promouvoir un ordre international fondé sur l'acceptation
tacite ou expresse des "règles du jeu" ?
Bi- ou multipolarité ?
S'il est évident que la scène mondiale n'est plus explu-
sivement dominée par les super-puissances, il n'en reste pas moins
vrai que par leurs dimensions géographiques, démographiques et
économiques, leurs ressources technologiques et leur arsenal nuclé
aire, elles sont les seules à posséder un poids suffisant pour in
fluencer de façon déterminante les grands problèmes mondiaux.
Cette constatation de fait est confirmée par le rôle global
poursuivi parallèlement par les Etats-Unis et l'Union Soviétique.
Les accords SALT portant sur la limitation des armes nucléaires
stratégiques, la reconnaissance de facto de la zone d'influence de
l'URSS dans l'S^st européen consacrée par la conférence d'Helsinki,
le modus vivendi intervenu au Moyen-Orient, l'aide économique et technologique dont la fourniture de blé est sans doute un des aspects
les plus spectaculaires, sont peut-être les fruits apparents de la "détente" mais plus encore les résultats tangibles d'un accord,tacite
entre les super-puissance en vue d'éviter l'exacerbation des tensions pouvant déboucher sur une confrontation directe dont les suites pour
Chpt II -30- ,
Face à ces vastes problèmes, 1'Europe divisée n'a joué
qu'un rôle de modeste figurant et son poids politique est minime
dans les affaires du monde.
La Chine, en dépit de son énorme réservoir démographique
ne fait pas le poids dans les domaines économique et technologique.
Son potentiel nucléaire n'est encore qu'une fraction minime de celui
des super-puissances et dès lors elle n’est pas en mesure de jouer
un rôle décisif dans les circonstances actuelles.
Il est vrai cependant que la situation des deux blocs a
subi des changements majeurs depuis la fin de la seconde guerre mon
diale.
Quel est le bilan des politiques interne et externe des deux blocs
opposés ?
a. Evolution de la position américaine
Lorqaue fut signé le traité Atlantique, les Etats-Unis
étaient les leaders incontestés de l'Occident. L'Europe se relevait
de ses ruines et la menace conventionnelle soviétique associée à
une politique agressivement expansionniste ou supposée telle faisaient
de la protection américaine une nécessité de facto que personne à
l'époque ne songeait à mettre en question.
La toute-puissance américaine reposait sur trois assises
solides :
- une hégémonie militaire fondée sur un monopole absolu de l'arme
nucléaire, associée à une capacité stratégique à l'échelle
mondiale sans possibilités de représailles au coeur du continent
américain ;
- une suprématie économique incontestée ;
- une puissance financière sans rivale. Le dollar était roi et
les 4/5 des réserves mondiales d'or étaient entreposées à
Fort Knox.
À l'heure actuelle, ces trois facteurs ont été profondément modifiés :
- l'équilibre nucléaire entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique s'est instauré au fil des ans. Si l'"o!nbrelle nucléaire" améri
-31-- Chpt II
l'existence même de l'Europe, New York est devenu aussi
vulnérable à l'échange atomique que Londres, Paris ou Moscou; -le dollar a perdu sa souveraineté; les réserves d'or américaines
ont décru jusqu'à moins de i? milliards de dollars et collec
tivement, l'Europe occidentale en détient plus du triple;
- la balance économique a été rétablie» L'avancé technologique américaine est encore incontestable et continue à progresser.
Mais l'Europe occidentale et le Japon arrivent pratiquement à
l'égaler, voire à surpasser les Etats-Unis en production globale.
Ces modifications fondamentales ont influençé de façon mar
quée les relations des Etats-Unis avec l'Union Soviétique d'abord,
avec l'Europe ensuite.
Lors de la victoire de Truman aux élections présidentielles
de 19^8, on tenait pour assuré que l'engagement américain en Europe
et la défense du monde occidental contre toute pression communiste
externe ou interne étaient des faits acquis, apparemment irréver sibles.
Vingt-huit ans plus tard l'électorat américain s'interroge sur la validité du rôle global des Etats-Unis. La politique étrangère
du Dr. Kissinger est passée au crible et soumise au feu des critiques.
La virulence de l'assaut n'est pas attribuable uniquement à
la fièvre passagère d'une campagne présidentielle. Elle trouve ses
racines dans le sentiment que les j^tats-Unis se sont embarqués dans
une politique mondiale qui n'est plus à la mesure de leurs moyens.
Le "syndrome de Wilson", cette oscillation périodique entre
l'esprit de croisade et le repliement sur soi-même n'est pas un
phénomène nouveau. Il paraît plus accentué que naguère après l'amère
expérience vietnaminne, l'affaiblissement de l'exécutif résultant de l'affaire du Vif'atergate et les problèmes internes des Etats-Unis
dus à la crise de l'énergie et aux conséquences d'une récession pro noncée.
Il en est résulté, comme le London Times l'a souligné (1) une
paralysie partielle de la politique étrangère américaine qui a sans
-32-Chpt II
doute facilité la pénétration soviétique en Angola. Qioi qu'il
en soit, les perspectives futures des relations américano- soviétiques pourraient s'ordonner selon trois options diffé
rentes
(
1) :
- Renouveau de l'antagonisme vis-à-vis de l'Union Soviétique
et de ses alliés.. Cette attitude pourrait entraîner Iflnipture des négociations dAL'l et^une nouvelle course
\/aux armements stratégiques. Une ligne dure caracterisèrait
les rapports avec Moscou et l'Europe occidentale serait invitée à accroître sensiblement son effort de défense sous
peine de devoir envisager une réduction des forces américaines
stationnées en Europe. Les forces conventionnelles seraient renforcées, le Japon serait encouragé à développer sa puis
sance militaire, y compris une capacité nucléaire, un rapproche
ment marqué avec la république populaire de Chine serait re
commandé»
- Poursuite d'une politique de modération envers l'Uhibn Sovié
tique. Les partisans de cette politique s'appuient éur le fait
qu'il n'existe pour la paix mondiale aucune alternative à la
négociation avec 1'URSS, que la fin de la détéhte entraînerait
le retour à la guerre froide etune probabilité accrue de
conflit nucléaire. Une défense adéquate refiosant sur la coopé
ration dés Ltats-Unis et de l'Europe doit être maintenue mais
l'accent serait mis sqr la puissance politique et économique
plutôt que sur la supériorité militaire. ' 1:
- Repli des-Etats-Unis sur la défense dé l'hémisphère occidental^
C'est la version moderne de la philosophie de la "forteresse
américaine:". ' Elle suppose l'abandon du rôle impéral mondial, la
réduction ■ des accords extérieurs conduisant à une diminution» graduelle de l'engagement américain en Europe tout eh conser
vant les liens existant entre les Etats-Unis et les membres
européens de l'Alliance Atlantique désireux de conserver la protection stratégique américaine. Dans ce cas, ces.nations
auraient à supporter là majeure partie- de la charge des forces conventionnelles nécessaires pour la défense du. continent euro
péen.
(1) Donald E, Naechterlein. "The influence of doiaestic politics on American foreign policy". Paper prepared for the Political Studies Assooiatiou,
-33.-Chpt II
La puissance des ^tats-Unis serait concentrée : en Amérique
du Nord et dans les deux océans, mais non plus dans le bassin
(
méditerranéen, la mer de Chine ou l'océan Indien. :Priorité serait donnée à l'influence économique et politique.Qu'en est-il à présent des relations avec 1'Europe ? Le
"leadership^' incontesté des Etats-Unis, issu de la second guerre mondiale a été progressivement rnis en cause au fur et à mesure des
progrès de l'Europe vers une santé économique et une prise de cons
cience politique retrouvées. Un double phénomène est apparu au fil des ans :
- du côté américain, en dépit des affirmations répétées qu'une
Europe forte et unie renforcerait la solidarité de l'Alliance
Atlantique, il semble que les faits n'aient pas toujours ré pondu aux intentions déclarées.
Paradoxalement, on constate que l'impuissance de l'Europe à
s'unir justifie le sentiment américain .de la cantonner dans
un rôle "régional" et joue eh faveur du maintien du leadership
de facto, tandis que, d'autre part, une certaine impatience,
ou plutôt indifférence, se manifeste en regard des atermoiements,
des lenteurs et des discussions byzantines qui entravent le processus d'unification européenne (1)
- du côté européen, une perception plus nette du rôle que pourrait I
jouer une Europe unie est associée à des réactions épidermiques
lorsque le poids de l'allié transatlantique se fait sentir de
façon trop prononcée. îfeia d'autre partp.es velléités d'union et
de "politique de puissance" ne se manifestent que timidement
dans- la crainte de précipiter le désengagment américain et de
perdre la "protection nucléaire stratégique". L'émergence de 1"èurocommunisme" en France et en Italie crée un problème supplé
mentaire et risque de remettre en cause l'organisation même de l'Alliance et la définition de ses tâches.
(1) Ce "désengagment" de l'bpion américaine à l'égard de l'Europe a été souligné par les participants américains à la
Parvenus à ce point de l'analyse, un choix américain semble
devoir s'imposer :
- ou, bien, le maintien d'une Ewrope divisée, incapable de con
tribuer efficacement à la sécurité de l'Occident
- ou bien, une affirmation sans ambiguité-de leur-désir de
traiter désormais, dans un dialogue constructif, avec une
Europe à leur mesure, politiquement majeure, et prête à prendre
en main sa destinée,.c'est-à-dire à assurer sa propre défense,
en symbiose étroite avec leur partenaire transatlantique.. * *
La seconde option, clairement définie, modifierait saris doute
de façon sensible les relations entre partenairés de'taille égale.
Elle aurait le mérite d'éclaircir l'horizon, d'éliminer l'hypothèque
du poids trop lourd des Etats-Unis dans l'Alliance et de mettre
l'accent sur la détermination des Européens à défendre conjointement
avec l'Amérique les valeurs qui leur sont communes.
Pour sortir de l'impasse, il appartient aux Européens de se
prononcer sur leur destin futur et de faire litière.de,nationalismes
égoïstes et périmés au bénéfice d'une action concertée qui leur
permettra de parler "avec une seule voix".
* * ♦
Quels sont, à présent, les doutes ou les griefs des Européens
vis-à-vis des -^tats-Unis ?
La guerre du Vietnam n'a certes pas été un incitant à un
regain de confiance.
Sa suite logique, la décision de suspendre la convertibilité
du dollar, due au financement d'une guerre sans accroissement
corrélatif des taxes du contribuable américain, a rais fin aux accords
de Bretton-Woods. L'instabilité monétaire et l'inflation en ont
résulté avec ce qu'elles comportent d'aléajs pour les relations inter
étatiques. Enfin, le dialogue des Grands a suscité chez certains l'appréhension d'un condominium américano-soviétique, réglant les
problèmes mondiaux d'égal à égal sans accorder une particulière
Chpt II
"Je ne veux pas qu'on m'ignore", disait Alain. Cette vérité profonde est peut-être à la racine des réticences de certaines
nations européennes à s'engager inconditionnellement sur les
traces de leur allié et protecteur de fait o...
b O L'Union Soviétique et la continuité des vues stratégiques
globales
La politique étrangère de l'Union Soviétique comme d'ailleurs
celle de toutes les autres puissances, est étroitement dépendante
des. facteurs géo-stratégiques à savoir. :
sa position continentale et■eurasiatique;
- la vulnérabilité et l'ampleur de ses frontrières;
- le manque d'accès aux mers libres;
- la mosaïque ethnique de ses composants diversifiés par les races, les religions, les nationalités.
-35-A partir de ces données fondaméntales il est aisé de retrouver
dans la politique actuelle de l'Union Soviétique, les tendances
traditionnelles de la politique tsariste et une continuité certaine
dans la poursuite des objectifs extérieurs. (1)
Un élément nouveau qui a imprimé à la politique étrangère de l'Union
Soviétique un caractère original découle de l'idéologie communiste
t du rôle éminent que l'URSS s'est réservée comme véhicule des
théories marxistes-léninistes à l'échelle mondiale et comme "patrie V' du socialisme ",
Nous procéderons en premier lieu à l'analyse détaillée de ces
différentes caractéristiques avant de passer à l'examen de l'évolu
tion de la politique étrangère soviétique depuis la fin de la 2ème guerre mondiale.
Les conclusions ainsi atteintes nous permettront une extra
polation prudente en vue de dégager les lignes de force de cette
politique dans l'avenir immédiat et de formuler des hypothèses sur le cours possible des événements futurs.
(1) Voir à ce sujet la "Copie du plan de domination européenne" laissée par Pierre le Grand à ses successeurs au trône de Russie, pièce copiée à Péterhoff par le Chevalier d'Lon de Beaumont et remise par lui au duc de Choiseul en 1760., Elle a été citée pour la première fois en l8l2 dans un ouvrage intitulé: Table ou du progrès de la puissance russe rédigé par hr. LESUR. Voir également "Mémoires du Chevalier d'Eon" (I836) p.l69 du 1er volume (p.1?7)
Chpt II -36- ■
Le caractère continental et eurasiatique de l'Union Soviétique
L'examen d'une carte de l'Eurasie est significatif :
l'Europe occidentale, le "petit cap asiatique" semblent dérisoires
à l'égard de l'immense masse continentale de l'URHS^ à cheval sûr
l'Europe et l'Asie et dont les 6 millions de kildmètrés carrés
s'étendent du Kamchatka àl^lbe sur près de 6.000 km=' d'horizons
monotones.
L'expansion s'est produite aussi bien à l'Ouest, en vue de se
ménager une ouverture vers la Baltique et la Méditérranhée que vérs
l'Est, vers les steppes de Sibérie.
Mais l'apparition de la Russie sur la scène européenne est
relativement récente. Si l'on en excepte les conflits du XVII et du
XVIIIème siècles avec les Suédois et les Turcs, ce n'est qu'apfès
1815 et les campagnes napoléoniennes que la Russie devient véritablement
une puissance européenne grâce au rôle joué “^par Alexandre 1er dans