• Aucun résultat trouvé

Comj:^rison o/ forces m centraL Eurof>e Présent forces -

Dans le document Disponible à / Available at permalink : (Page 76-143)

-HATû ^ ^ Wârsaw Vact

(B^ wm, Jkfimàrk. fêde/ài y d^rmdny, ÙJKtmbour^, tjtikvidnâi )

(C.S.5.R, at>R, Tû/ènà) (31/edârn ffitJarv

JPùtritfj ^ (/JJ.e .

£dô(., 2>e)orujjidr\, (at^dian fl.D)

*

Tmv>b tAdticâi carndst âii'craft (rzcxinnaisssna., fiùhttr- hùmhv,

and aircr^à ) - nat/al aiirçra^à noâ inc/t/cLea .

rlATO; jofccs j^rovidzcL 2dù\<jm, (ànada^ Ikninark, ^4vd ’^e^hki oj Gtrmany, lunemhâi/^ j

jtlhtrlariis! UniouL Kmadàm, andi WntfcoC Slâtis

Waoaw-^ch: divbfùn^ j^nvidjux by C.J.5.R., GX>R., Pctanoi ancL Jo/iti dldtuiriui fcf^JtS,

-60- Chpt. II

mécanisées soviétiques sont passés de 11.000 à I4.OOO soit 22 % d'accroissement

et ceux des divisions de chars de 9-000 à 11.000 soit 19 % de plus (1)-'

De 1970 à 1975 le nombre des chars par division s'accroît de 41 % passant de

188 à 266 et celui^'des lance-Dusées multitubes passe de 220 à 700 1

Quant aux cha.rs, alors qu'on en comptait 13.650 en 1970, ils sont

à présent au nombre de 19.000 ....

On a donc lieu de s'interroger sur l'antagonisme entre les intentions déclarées relatives à la détente et la poursuite d'un effort militaire intense et continu qui confère à l'Union Soviétique une supériorité telle en forces conventionnelles "qu'elle serait en.mesure de gagner une guerre non nxicléaire contre l'Europe occidentale" (2).

' . Au terme de cette brève analyse, il est permis d'être sceptiq-ue sur

llheurause issue des négociations MBFR ouvertes à Vienne en octobre 1973 et portant: sur la réduction mutuelle de forces et d'armements conventionnels. Oh voit difficilement les Soviétiques souscrivant au "palier commun" demandé par les Occidentaux et perdant délibérément tous les avantages, diplomatiques ou militaires, que leur concède leur suprématie en forces classiques. '

D'aucuns, optimistes à tous crins/se refusant souvent à voir les faits en façe, justifient cette écrasante supériorité soviétique par le souci de main­

tenir la cohésion de 1'"impé'ri-um" et de couper court à toute tentative de rébellion ou de soulèvement de- la part des satellite s. Argument fragile et sollicité si l'on tient compte de la disprôj)ôrtioh des forces en présence. Mais sans nous y attarder, que fautr-il penser de la validité de cette

explication lorsqu'on passe à l'examen du troisième objectif de la stratégie soviétiq'ue ?

(1) Voir Libre Blanc allemand, 1975 - 76, page 35

-6l-Chpt. II

L'é<üification d'une piiissance navale à-l'échelle mondiale

L'Amiral Serguéi GORCHKOV est généralement reconnu comme l'artisan de l'extraordinaire expansion de la flotte de guerre soviétique. C'est après Cuba qu'il devient "amiral de la flotte" et qu'il ré-ussira, en dix ans, à transformer l'Union Soviétique en puissance navale de premier plan, présente dans toutes les mers du globe.

■ En nombre de bâtiments, l'OTAN possède encore une certaine marge de supériorité. Mais cet aA/antage relatif perd sa signification apparente lorsqu'on l'examine dans le contexte géo-stratégique. L'Alliance, et

singulièrement l'Europe, dépend à 80 ^ pour ses ravitaillements essentiels - -énergie en particulier - des lignes ,de communication maritime,. Cela n'est pas i

le cas de .l'Union Soviétique, puissance continentale et autarcique. La. menace la plus sérieuse est constituée par la flotte sous-marine dont 67 bâtiments conventionnels sont,équipés de missiles^ tandis que 73 sous-marins nucléaires stratégiques sont capables d'atteindre n'importe quel point du continent nord-américain. Remarquons ai passant que leur nombre a pratiquement doublé en

sept ans, de 38 en 1968 à 73 en 1975 (l).

Du point de vue qualitatif, la flotte soviétique égale ou surpasse son homo­ logue américain. Ses bâtiments sont plus modernes, son unité d'action et d' enga.gement découle de son commandement central, de son matériel et de sa logistique standardisée ; l'entraînement et les qualités professionnelles de ses équipages ne le cèdent en rien à ceux des flottes de l'OTAN (2).

Certes, l'infériorité de l'Union Soviétique est grande en matière de ^ porte-avions et d'aviation embarquée. Mais la construction de deux bâtiments de cette catégorie, dont un, le "Kiev", est opérationnel et l'autre le sera prochainement, laisse augurer que dans ce domaine également, elle envisage de combler son retard.

Il est permis de s'interroger sur les catisesi profondes d'.une telle expansion de la puissance navale soviétique, à im rythme aussi rapide. J'y vois, pour ma part, trois raisons majeures :

(1) Livre Blanc Allemand sur la Défense, op. cit., p. 31

(2) Estimation confirmée par les témoignages d'autorités navales américaines,

qu'il s'agisse du Commandant de la 6ème Flotte ou de l'Amiral ZUMNALT,

-62- Chpt. II

- consacrer définitiveaent le statut de super-puissance • de l'Union Soviétique, désormais partenaire, égal des Etats-Unis dans le partage de responsabilités mondiales ■;

- forger l'instrument préférentiel, souple et puissant à la fois, destiné à appuyer la politique de présence et, d'influence de- l'URSS à l'échelle mondiale et. plus spécialement vis-à-vis du Tiers-tlonde ;

- créer une menace potentielle et permanente vis-à-vis des lignes de communications maritimes de l'Alliance et de l'Europe et appuyer éventuellement un chantage diplomatique, tirant parti de..la vulnéra­ bilité de l'Ouest et de sa dépendance vis-à-vis des ressources énergétiques et des matières premières.

Rétrospectivement on est surpris de la rapidité avec laquelle l'URSS a pu atteindre simultanément ces trois objectifs. Quelques chiffrs feront mieux comprendre l'immensité de la tâche réalisée en des délais aussi réd-uits.

En 1965, l'URSS comptait 224 missiles intercontinentaux ICBM ; ce nombre

était passé à I.6IS, dix ans plus tard. Les chars de combat, pour l'ensemble

du théâtre, sont passés de 30,500 à 42.000, l'aviation tactique de 3.250 à

5.350. Cette expansion quantitative est allée de pair avec de remarquables

améliorations qualitatives. Nous aurons à en reparler.

L' écart croissant entre les capacités de production de matériel mili­ taire entre USA et URSS inquiète à juste titre les responsables .de-, la politique militaire des Etats-Unis.

Le Général George S. Brown, Président du Comité des Chefs d'Etat-i'-lajor

a. cité les chiffres suivants ; (1)

- Depuis 1962, les Soviétiques ont construit plus de 1.300 bâtiments

contre 300 po-ur les Etats-Unis durant la même période.

- Dans les cinq dernières années, les Soviétiques ont produit environ 15.000 chars contre 2.100 poTir nous ; 20.000 transports blindés à

(1) Address by General George S. BROWN, Chairman of the Joint Ghiefs of Staff,

before the Pensacola Area Chamber of Commerce, Pensacola, Florida, on

15 March 1976 (US Information Service, U.S. Embassy, Rome.

15-Chpt. II

personnel comparés à nos 7.900 ; 6.750 pièces d'artillerie contre

1.350 et environ 4.600 avions tactiques contre ,3.000.

Depuis 1965, les missiles intercontinentauK sont passés de 244- à. plus

de 1.600 et. les sous-marins nucléaires stratégiques de 29 à 73.

En personnel, et durant la même période, l'accroissement a été de près d'un million d'hommes. En bref, ajoute le Général Brown, la puissance mili­ taire actuelle soviétique dépasse la nôtre dans le rapport de 2 à 1. Et il conclut ;"Lé peuple américain peut-il encore ignorer cette évolution et fonder notre défense sur des,espoirs plutôt que sur des faits ?"

La continuité dans lès vues en matière d'édification d'une puissance militaire sans précédent n'a subi aucun à-coup, en dépit des retards technolo­

giques dans certains secteurs civils, d'une, situation économique marquée du sceau de l'instabilité, d'une crise aigu© du secteur agricole et surtout d'un niveau de vie largement inférieur à celui de l'Occident.

Que le pouvoir soviétique ait continué sans relâche à accorder une priorité absolue aux instruments de la puissance et à sa projection extérieure, sans concession substantielle à l'amélioration de l'économie de consommation et sans réorientation de ses choix budgétaires au profit d'me économie dé­ faillante est un signe inquiétant.

L'0ccid.ent 1 'a-t-il correctement interprété ? C'est douteux. Il est temps, en tout cas, de dessiller les yeux d'une opinion piablique européenne

encore prisonnière de slogans dépassés et singulièrement réfractaire à l'analyse et à l'interprétation lucide des faits concrets q\ii vont à l'encontre de ses espérances.

- L'automaticité de la protection assurée par 1'"ombrelle atomique 'américaine" est rien moins que garantie. Elle a servi de prétexte ■' facile au refus européen d'assurer sa propre sécurité, mais elle

ne jouera que si nous consentons l'effort adéquat.

- Le mythe du■déséquilibre quantitatif compensé par.la qualité supérieure de notre équipement est à ran.ger au magasin des accessoires démodés.

-63-Chpt. II

- Quant aïK subtiles distinctions entre les intentions et les possibilités (l) qm ont suscité d'interminables polémiques entre tenants de l'une ou l'autre thèse, il me paraît qu'il s'agit là d'un faiix problème.

L'édification de moyens adéq\aats catalyse et autorise une politique d'emploi et une stratégie modifiées.

En d'autres mots, les possibilités sont inséparables des intentions à terme. Penser autrement serait dénier toute logique aux dépenses incroyables qui ont présidé à la construction de l'outil.

Que faut-il en conclure quant à la réalité de la menace potentielle, considérée par la plupart comme infiniment moins tangible et moins redoutable que celle avec laquelle nous étions confrontés à l'aube de l'Alliance ?

Ce sera l'objet de mes oopcludions.

Le caractère global et diversifié de la menace actuelle

VingL-sept années d'existence de l'Alliance Atlantique débouchent sur une sitirntion de fait où, de par l'évolution des stratégies politiques et militaires, associée à des événements circonstanciels, la menace potentielle à laquelle est soumise l'E\irope de l'Ouest est plus diversifiée,' plus insi­ dieuse et sans doute plus redoutable qu'à la naissance de l'Alliance.

A cette époque, les visées expansionnistes de Staline, appuyées par des forces armées conventionnelles très supérieures à celles'd'une Europe exsangue, apparaissaient comme une donnée de fait.

La comparaison du passé et du présent me conduit à penser - et C'eci peut paraître paradoxal - qu'on a peutr-être prêté à tort à Staline des Ob­

jectifs ambitieux, non conformes aux réalités.

La menace de la "ruée des chars soviétiques" vers les côtes atlantiques, la conquête sans coup férir du "petit cap asiatique" n'étaient-elles que des

illusions dues à la peur et à l'insécurité ?

Certes l'autocrate du Kremlin avait les moyens d'une telle politique. Mais le monopole atomique des Etats-Unis éùiit tel qu'il formait un contre­ poids efficace à toute velléi' é de coipde force. Le tenter, c'eut été aller au devant de la destruction certaine des cités russes - déjà durement

éprouvées par les épreuves de la guerre - et ruiner par le fait même l'édification du socialisme et de sa terre d'élection.

—64j

-65-Chpt. II

Il est d'autres arguments qui tiennent à la personnalité même de Staline. Témoin de la 1ère guerre mondiale et de l'amputation territoriale

subie par la Russie tsariste, il avait pour but premier de récupérer les territoires perdus et de se prémtmir contre toute agression ultérieure.

De là découle la création d'\me ceinture d'état s-tampons dont l'obédience à Moscou garantissait la fonction protectrice.

"L'intangible territoire rassemblé par les tsars, conquis "au comm\inisme "par Lénine, et le solide glacis gagné au cours de curées générales dont il faut " savoir profiter sont déjà bien assez difficles à sauvegarder, à gérer et à "maintenir à flot" (l).

Rien de plus, traditionnel et conventionnel que cette défense en profon­ deur à base de forces classiques largement supérieures à celles de l'adver­ saire. Rappelons aussi que le partage des ftilkans en zories d'influence est bien dans la ligne d'une politique continentale à dominante' européenne (2).

Ceci peut expliquer les réticences de Staline à fournir un appui déclaré aux "communistes grecs ou à favoriser Tito en Yougoslavie.

Crainte aussi d'une extension trop poussée, à l'heure où toutes les énergies devaient être mobilisées pour relever les ruines et reconstruire de fond en comble l'économie soviétique.

Enfin, le système totalitaire de Staline s'app'uyait. en partie sur l'idée de 1'"encerclement capitaliste" et du danger potentiel de la résurgence d'une Allemagne forte et vinifiée.

(1) LE MONDE, 2 Jun 1976. Analyse de l'ouvrage d'Hélène Carrère d'Encausse,

"La politique soviétique au Moyen-Orient 1955 - 1975"

(2) Lors du voyage de Churchill à Moscou, le 9 octobre 1944; un accord

intervint avec Staline portant sur la répartition de leurs intérêts respectifs dans les Balkans, selon les modalités ci-après :

Roumanie : 90 ^ à la Russie, 10 % pour les autres ; Grèce ; 10 %, 90 $ (Grande Bretagne; Yougoslavie ; 50 %-50 % ; Hongrie : 50 ^-50 %) Bulgarie : 75 % la Russie, 25 % avec autres (Wilfrid KNAPP, op. cit. p. 6l )

-66- Chpt. II

A mon estime, il apparaît donc que ses vues étaient, à l'époque, pl\is ■ orientées vers la sécurité que vers une aléatoire expansion»

Les choses changent avec Khrouchtchev q’ui inaugure une ère nouvelle. L'avènement des armes nucléaires lui permet d'abandonner l'Autriche et la Finlande et de se présenter comoie l'aôtre de la paix. Ceci facilite la pénétra­ tion au Moyen-Orient et en Asie.

C'est alors que se nouent les liens avec l'Inde, la Syrie, l'Egypte; c'est au terme de cette politique d'expansion à l'échelle globale qu'éclate la crise de

Cuba. Celle-ci révèle aux dirigeants soviétiqaies qu'ils ne possèdent pas

encore les moyens d'ime telle politique et tous leurs efforts tendront,désormais à réaliser la parité nucléaire stratégique et à édifier une flotte puissante.

Ce sera l'oeuvre de Breznev qui, sous le couvert de la détente, poursuivra inlassablement ces deux objectifs, tout en continuant concurremment à améliorer quantitativement et qualitativement les forces conventionnelles.

La phase d'expansion est toujo-urs en co-urs et son dernier épisode a été la pénétration en Angola,^ au coeur du continent africain. Aventure sans

visant a

lendemain ou plate-forme un rayonnement accru dans cette partie du monde ?

L'avenir nous l'apprendra.. Mais deux faits capitaux sont à retenir ;

- Le contre-poids du monopole ou, à tout le moins, de la supériorité nucléaire américaine fait désormais défaut pour compenser

la supériorité considérable des Soviétiques en forces flonventionnelles ;

- le développement de la piiissance maritime russe ajoute une nouvelle dimension à l'affrontement stratégique et souligne la vulnérabilité de l'Europe, menacée dans ses lignes de

commiinications maritimes vitales.

La logique du raisonnement amène donc à conclure que la menace actuelle est plus redoutable et plus diversifiée que celle qui pesait sur l'Occident en 1949»

La légitimation de la zone d'influence dans l'Est européen est un succès majeur à la C.S.C.E. d'Helsinki. Le réflexe de sécurité cède désormais le pas à la poursuite de l'expansionnisme, même à pas comptés et sur le

-67-

Chpt. II

Que peut-il en résulter ? Un conflit ouvert qui conduirait à la soviétisation de l’Europe ? Des pressions indirectes débouchant siir la "finlandisation" des Européens ou sur des restrictions sévères à leur liberté de décision ?

Nous aurons à revenir sur les scénarios possibles.

Mais devant cette situation, l’Europe doit prendre conscience de sa dépendance et de sa vulnérabilité.

Jadis, des tentatives ont été entreprises en vue de créer une entité politique et une défense européennes, garantes de la séc\irité de

l'Occident. Retracer l'histoire des efforts et des échecs, suivre l'évolution des défenses nationales au sein de l'Alliance, procéder à l'examen des

accords bi- ou mxiltilatéraux en vue d’élargir la base étroite des

états-nations, tel sera notre propco dans les chapitres qui vont suivre.

Iis s'efforceront de répondre à une question fondamentale ; "Qu'est devenue l'Europe, qu'à réalisé l'E\xrope, durant la longue évolution des stratégies globales et des moyens d'action des deux Empires rivaux ?"

-68-CHAPITRE III

IA CO^MmUTE EUROPEENNE DU DEFENSL ; LES LEÇONS D'UN ECHEC

Il y a presque un quart de siècle, très exactemçnt le 30 août 1954> que l'Assemblée Nationale française, refusant de prendre en considération le projet d’approbation du Traité créant la Communauté européenne de Défense mettait un point final à la première tentative d’intégration des forces européennes en vue d’assurer la sécurité d’un ensemble à la mesure des super­ puissances et d’ouvrir la voie à l’unité politique de l’Europe,

La genèse de cette tentative sans précédent et sans lendemain apparent, les circonstances du moment, les dispositions institutionnelles du Traité, les arguments à l’appui des thèses des adversaires et des partisans, les leçons qu’on peut en tirer pour l’avenir formeront l’essentiel de ce chapitre.

L’intérêt de cette étude n’est pas uniquement historique.

Si l’on écarte du débat de jadis les événements circonstanciels, la fièvre des passions nationalistes, l'impact d’une guerre dont les blessures étaient encore fraîches et cju’on tient compte^ de l’évolution de la politique inter­ nationale depuis cette date et des données nouvelles de l'échiqTiier mondial, on peut retrouver, ajourd’hui comme hier, des principes essentiels et des idées fondamentales dont la validité peut nous aider à bâtir l'avenir pour autant que l’on accepte a priori l’idée qu’une Europe politique est en voie de constitution et que son corollaire obligé suppose l'édification d’une défense européenne.

-69-Chpt. III

Section 1 - Genèse et circonstances du moment.

La genèse de la C.E.D. procède sans doute d’une double impulsion : la volonté de construire l’Europe en transférant à ensemble européen supranational une partie de la sovrveraineté des Etats dans des secteurs dis­ tincts et le désir de foiger un instrument de défense adéquat façe à la menace de 1 ’expansieurisme soviétique favorisé par le vide politique créé en Europe centrale par la défaite de l’Allemagne. H s’ajoute à ces données fondamentales un élément contingent mais d’une portée considérable : la crainte d’un réame- ment allemand incontrôlé qui aurait pu conduire à terme à de nouvea\ix ^fron- tements européens dont on venait de faire la désastreuse expérience.

Rappelons en quelques mots les étapes successives qui, de la fin de la guerre au 27 mai 1952 - date de la signature à Paris du Traité créant la G.E.D**^ ont vu naître et prendre coips l'idée d’une défense commune d’abord, européenne et atlantique ensuite.

A l’issue de la défaite allemande, en mai 1945, l’Europe exsangue est pratiquement rayée de la carte politique. Son économie est à bout de souffle, la défaite de l’Allemagne a créé en son centre un vide dangereux car tandis que les alliés procèdent à la démobilisatiçn de leurs forces, les Russes maintiennen une grande partie des leurs et favorisent la création en Europe orientale de

régimes sous leur stricte obédience. Le coup d’état de Prague du 24 février

I94S fait comprendre aux Occidentaux l’imminence du danger et l’état précaire

de leur sécurité. Dès le 17 mars 194^^ iJn traité d’assistance mutuelle est signé à Bruxelles entre la Belgique, la France, la Grande-Bretagne, le

Grand-Duché de Luxembourg et les Pays-Bas. Mais la participation ultérieure des ( Etats-Unis et du Canada (1) élargit considérablement son champ d'action et conduit ■ le 4 avril 1949 au Traité de l'Atlantique Word, auquel d’autres nations, le Danemaric, l’Islande, l’Italie, la Norvège et le Portugal se sont

j ointes.

Le problème allemand n’en était pas résolu pour autant et il allait former le thème central de toutes les négociations ultérieures.

(1 ) Le 11 juin 194^, le Sénateur Vandenberg faisait voter par le Sénat améri­

cain par 64 voix contre 4> une résolution à l’adresse du Président des

Etats-Unis exprimant le désir du Sénat de voir continuer "la mise au point progressive des mesures de défense individuelle et collective, confomément a\ax buts, aux principes et aux clauses de la charte des Nations-Unies", Elle demandait que les Etats-Unis par "voie constitutionnelle" fussent as­ sociés à "ces mesures régionales ou collectives fondées sur une aide indi­ viduelle, mutuelle,effective et continue".

-10- Chpt. III

n s’inscrit autour de trois composantes, première, c’est le désir des Etats-I&iis, exprimé à New Yoric en septembre 1950, par M. Dean Acheson, d ’utiliser le potentiel économique et démographique de la République Fédérale d’Allemagne (l ) à la défense de son propre territoire et, par là-même, à pai^ ticiper à l’effort de défense du monde occidental.

La deuxième, c’est la condition préalable posée par l’Allemagne de la reconnaissance du principe de l’égalité des droits et de non-discrimination (2).

Dans le document Disponible à / Available at permalink : (Page 76-143)