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30 5.1 Strate d'alimentation terrestre

L'alimentation est l'élément clé pour l'utilisation des peuplements forestiers par l'Orignal. Allen et al. (1987) et Crête (1989) estiment qu'une production d'environ 10-15 kg de ramilles décidues/ha serait suffisante pour soutenir 20 orignaux /10 km2. Il est cependant irréaliste de penser faire des estimations pour chaque peuplement. Considérant que les taux d'utilisation du brout sont relativement faibles, même dans les ravages, nous croyons que la valeur relative des principaux peuplements peut être obtenue en se basant sur leur utilisation par des orignaux munis de colliers émetteurs. Ceci permettra d'obtenir une première estimation objective qui sera complétée à l'aide des informations provenant de la littérature scientifique.

Les repérages télémétriques de 57 orignaux munis de colliers émetteurs dans l'est du Québec (Labonté et al. 1993) montrent que l'Orignal n'utilise pas l'habitat de façon aléatoire. Les peuplements dont les taux d'utilisation (365 localisations télémétriques) dépassent leur disponibilité dans les 100 peuplements témoins choisis aléatoirement sur les cartes forestières des sites d'étude sont préférés par l'Orignal et sont probablement ceux qui offrent le plus de brouL Le taux de fréquentation d'un milieu dépend de sa disponibilité (Potvin et Courtois 1992), de la saison considérée et du sexe de l'animal (Courtois et al. 1993). L'objectif visé étant de présenter une image simplifiée de l'habitat d'une population d'orignaux durant son cycle annuel, il a été jugé convenable de regrouper l'ensemble des repérages télémétriques disponibles (mâles: été = 72 repérages, hiver = 56;

femelles: été = 132; hiver = 105). Les résultats obtenus (fig. 3) sont conformes à la littérature scientifique citée au chapitre 4 et semblent par conséquent acceptables.

Ils ont donc été utilisés pour dresser le tableau 4 qui donne, sur une échelle de 0 à 1, les indices d'attirance (IA) pour les principaux milieux du Québec méridional.

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UTILISATION ET DISPONIBILITE DES PRINCIPAUX MILIEUX

OUVERTS EPIDEMIE FEUILLUS MELANGES EPINETTES RESINEUX SAPIN UTILISÉ (N=365) DISPONIBLE (N=100)

Figure 3. Utilisation relative par l'Orignal (% des repérages télémétriques) et disponibilité des principaux milieux (% de la superficie du site d'étude).

Les données ont été obtenues à partir de 57 orignaux munis de colliers émetteurs dans le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie entre mars 1989 et novembre 1991.

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Tableau 4. Indice d'attirance (IA) de l'Orignal pour les principaux milieux du Québec méridional. Les données du tableau proviennent des repérages télémétriques du Bas-Saint-Laurent/Gaspésie alors que les notes sont basées sur la littérature citée au chapitre 4.

Milieu

Épidémie sévère/

chablis

Feuillus (> 10 ans) Mélangés

Milieux peu utilisés5

Milieux

1 Importance du milieu par rapport à celle des groupements mélangés (ex.: Pessière noire: 0,6/2,0 = 0,3). Une valeur de 1,0 est accordée lorsque IA > 1,0.

2 Inclure dans cette strate: pessières à Epinette blanche et rouge.

3 Inclure dans cette strate: pinèdes à Pin blanc, cédrières, prucheraies.

4 Superficies non régénérées: coupe totale (Ct), brûlis (Br), résineux (R) et feuillus (F) non régénérés (âge < 10), plantations, friches.

5 Pinèdes grises, pinèdes rouges, aulnaies, mélèzins, terrains forestiers improductifs, dénudés secs et humides.

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Les repérages télémétriques du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie ne montrent pas de différence significative entre les peuplements témoins et ceux fréquentés par les orignaux en ce qui a trait à la densité (Khi carré = 2,46; p > 0,25) et à la hauteur (Khi carré = 3,91; p > 0,10). La classe d'âge, même si elle est inférée à partir de ces deux variables, différait toutefois légèrement (Khi carré = 7,7;

p < 0,025), particulièrement pour les peuplements résineux. Les jeunes peuple-ments étaient sur-représentés dans les localisations télémétriques. Cette constata-tion, conforme avec la littérature consultée, pourrait s'expliquer par une production et une diversité du brout plus faibles dans les peuplements matures. En se basant sur les travaux de Cowan et al. (1950) et de Blair (1969), Allen et al. (1987) estiment que les peuplements fermés n'offrent que 75 % de la qualité nutritionnelle (QN) des meilleurs peuplements. La formule retenue pour évaluer QN (tableau 5) permet d'accorder une valeur maximale aux jeunes peuplements très recherchés par l'Orignal. Elle permet en outre de conserver une valeur élevée pour les peuplements d'âge intermédiaire qui sont fréquentés proportionnellement à leur disponibilité. Ceci paraît justifiable puisque la préférence manifestée par l'Orignal n'est pas très marquée comme en témoigne le khi carré. Une qualité nutritionnelle de 1,0 est accordée aux polygones forestiers pour lesquels l'âge n'est pas mentionné sur les cartes forestières parce qu'il s'agit généralement de peuplements ouverts (épidémies d'insectes) riches en brout. La qualité des sites sans potentiel (cf note 5 du tableau 4) n'en sera pas affectée, leur indice d'attirance étant faible ou nul.

L'indice de qualité de l'alimentation terrestre (QAT) d'un peuplement est défini comme la racine carrée du produit de l'indice d'attirance par la qualité nutritionnel-le:

QAT = V IA x QN

Ce premier indice de qualité, calculé pour chaque polygone forestier, permettra de mesurer la valeur d'un site pour l'alimentation terrestre de l'Orignal.

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Tableau 5. Qualité nutritionnelle (QN) des peuplements forestiers pour l'Orignal en fonction de leur classe d'âge. On postule que les classes d'âge sur-représentées dans les repérages télémétriques offrent un brout plus abondant et plus diversifié.

Classe d'âge

35 5.2 Sites humides

En été, l'Orignal utilise les sites humides pour obtenir des plantes aquatiques et pour se rafraîchir lorsque les températures sont trop élevées. Ces endroits auront donc une influence sur la qualité des sites d'alimentation terrestre, particulièrement en offrant à l'Orignal, si nécessaire, la possibilité d'obtenir du sodium. Ce besoin semble toutefois assez réduit dans certaines régions. En conséquence, tout site riverain, lacustre ou palustre, sera considéré propice à l'alimentation aquatique. La qualité de l'alimentation aquatique (QAA) sera évaluée pour chaque polygone forestier en calculant la distance (DA) entre le centre du polygone et le plus proche plan d'eau. DA sera égal à 1,0 pour une distance inférieure à 100 m, diminuera de façon linéaire entre 100 et 500 m, et prendra une valeur de 0,5 si aucun plan d'eau est situé à moins de 500 m du centre du polygone (fig 4). La limite de 500 m a été retenue parce qu'elle correspond au déplacement quotidien moyen d'un orignal (Courtois et Crête 1988, Courtois et al. 1993). Un site de repos (conifères de densité A, B ou C) devra être localisé à proximité du site d'alimentation aquatique pour que l'Orignal puisse s'y réfugier, s'y rafraîchir et ruminer. La qualité du site de repos (DR) diminuera également en fonction de sa distance selon la forme décrite précédemment. L'indice de qualité retenu pour l'alimentation aquatique (QAA) prendra la forme suivante:

QAA = VDA x DR

Cet indice de qualité donne une importance équivalente aux variables DA et DR.

Il sera utilisé pour diminuer le QAT des polygones forestiers trop éloignés des plans d'eau. Ainsi, les sites d'alimentation terrestre peu éloignés d'un site d'alimentation aquatique donnant lui-même accès à un site de repos se verront accorder la plus grande valeur.

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QUALITE D'UN SITE EN FONCTION DE SA DISTANCE

D A

D R

1.2 T 1 -•

0,8

0,6

0,4 ••

0,2 •

INDICE DE QUALITE

•+-100 200 300 400

DISTANCE (m)

500 600 700

Figure 4. Qualité d'un polygone forestier pour l'alimentation aquatique en fonction de sa distance d'un site riverain, lacustre ou palustre (DA) ou d'un site de repos (DR). On postule que la qualité d'un site diminue de moitié s'il est situé à plus de 500 m, soit la distance linéaire minimale parcourue quotidiennement par des orignales munies de colliers émetteurs (Courtois et Crête 1988).

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