ainsi la responsabilité de se positionner dans l'espace urbain. En somme, à ce jour, le constat
est que les villes de Douala et Yaoundé sont au centre des « politiques » de distribution des
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Au moment de la rédaction de ce mémoire, Moussala Michaud Michel est vice-président de la Fédération des
éditeurs de presse et directeur de publication (Dp) du journal Aurore Plus.
249 C‘est dans la ville de Bamenda en 1990, que le Social Democratic Front (SDF), l‘un des partis politiques d‘opposition les plus connus au Cameroun, voit le jour. Le contexte de sa création est particulier, car celle-ci intervient dans une période où les regroupements et manifestations populaires à caractère politique sont interdits par les autorités. Cet affront va favoriser en cette même année la renaissance du multipartisme au Cameroun. 250 Localité rurale située à 720 Km de Yaoundé et à 959 Km de Douala.
251Ces informations sont issues de nos investigations. Messapresse n‘ayant pas mis à notre disposition la cartographie de son réseau de distribution, nous avons procédé à des enquêtes personnelles dans certaines localités de la ville de Douala et contacté des personnes résidant dans d‘autres villes.
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journaux. Remises en cause depuis les années 1970, elles ne se sont pas pour autant
améliorées. Au contraire, les kiosquiers doivent s‘investir eux-mêmes, pour l‘ouverture d‘un
kiosque en ville. Pour que l‘activité prospère, il faut déjà trouver un emplacement favorable.
2- Un positionnement stratégique dans l’espace urbain
À ce jour, l‘entreprise de distribution des journaux n‘a pas mis sur pied son propre
réseau de vendeurs. Elle s‘appuie sur des particuliers qui souhaitent être fournis en journaux.
Les vendeurs, qui veulent travailler dans la légalité, sont en effet tenus de travailler avec
Messapresse. À Douala et Yaoundé, il n‘est pas rare de voir les forces de maintien de l‘ordre
procéder à des destructions des échoppes et comptoirs disposés dans les rues de ces villes,
pour des raisons de salubrité, d‘occupation illégale de la chaussée. Or, lorsqu‘un kiosque à
journaux est estampillé Messapresse, il est à l‘abri des « casses ». Autrement dit, l‘entreprise
de distribution offre la garantie de la « sérénité ». Au-delà de cet atout, les vendeurs doivent
se débrouiller seuls pour trouver un emplacement à leur commerce. Résultat, les particuliers
qui vendent les journaux préfèrent les grandes villes au détriment des villes situées à
l‘intérieur du pays, d‘accès généralement très difficile, avec de surcroît une clientèle peu sûre.
Dans cette logique de positionnement, les villages situés dans les zones rurales sont quasi
exclus du processus de distribution.
Les grandes villes disposent des atouts que les villes situées à l‘intérieur du pays
n‘offrent pas. Le choix de Douala ou de Yaoundé n'est donc pas fait au hasard. Ici, on y
retrouve toutes les couches sociales susceptible de constituer le lectorat et donc d'éventuels
clients. Le nombre de fonctionnaires, d'universitaires et de tous les autres corps de métier,
lecteurs potentiels, yest plus considérable. C'est aussi dans ces villes qu'on relève le taux le
plus élevé d'alphabétisation. Mais d‘autres raisons font de ces villes un « eldorado » pour les
commerçants. Premièrement, en tant que capitales politiques et économiques, elles bénéficient
d‘un traitement particulier en matière de réseaux de communication. Les matières premières
sont plus facilement accessibles, grâce au port maritime, aux aéroports, aux réseaux
ferroviaire et routier etc., plus développés à Douala et Yaoundé. D‘autres aspects, tels que la
disponibilité de l‘énergie électrique ou des locaux, ont favorisé le regroupement des
entreprises de production des journaux dans ces villes. Du coup, il n‘est pas étonnant que les
vendeurs s‘y soient installés.
Mais tous les coins de la ville n‘offrent pas pour autant les mêmes privilèges.
L‘aménagement des villes au Cameroun n‘est pas de nature à favoriser le développement de
chaque zone d‘habitation. Dès lors, à Douala comme à Yaoundé, on retrouve des zones dont
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l‘enclavement est souvent proche des milieux ruraux. Malgré les dispositions légales en
matière de décentralisation des collectivités territoriales, le développement de ces dernières
reste très peu perceptible dans la réalité de certaines circonscriptions en ville. Les populations
vivent dans une promiscuité ambiante, caractérisée par le manque d‘établissements sanitaires,
l‘absence de routes bitumées, une fourniture en électricité souvent incertaine. Bref, dans ces
conditions de vie, il est difficile, voire impossible, d‘espérer croiser des kiosques journaux
dans de tels secteurs. Seuls, les quartiers administratifs et ceux dont l‘activité économique
favorise la convergence d‘un grand nombre de personnes bénéficient des kiosques à journaux.
Cette disposition, en apparence « anormale », est pourtant justifiée. Il s‘agit d‘un projet
stratégique, tant pour le distributeur que pour le demandeur.
Ainsi, Bonanjo, quartier résidentiel et par ailleurs centre administratif, compte environ
10 kiosques à journaux sur les 32 dont dispose Messapresse à Douala. Ce quartier reçoit en
effet tous les jours de nombreux fonctionnaires et hommes d‘affaires, qui constituent une
potentielle clientèle cible. Tandis qu‘à Akwa, capitale des affaires, on en dénombre près d‘une
dizaine également. Le choix de ces zones est justifié par plusieurs raisons. D‘abord, nous
l‘avons montré, il s‘agit de lieux de forte activité à la fois administrative et économique.
Donc, ces endroits accueillent des personnes a priori fortement intéressées par les
informations relayées par la presse. À Bonanjo, par exemple, la journée de travail commence
par un tour au kiosque avant de continuer au bureau. Une fois que le moteur du véhicule est
en arrêt et que les passagers en sont descendus, la plupart des personnes se dirigent vers les
kiosques. Un regard transversal sur les différentes publications peut alors suivre l‘achat ou la
commande pour une livraison au bureau. C‘est dire que les kiosquiers qui choisissent de
s‘installer à cet endroit de la ville ont un public cible, lequel dispose des capacités de s‘acheter
les journaux.
S‘agissant d‘Akwa, le centre commercial de la ville de Douala, il s‘agit aujourd'hui un
quartier mixte, à tous points de vue : d‘une part, des résidences aisées côtoient des types
d'habitat plus modestes, voire pauvres, d'autre part, la proximité du port a conduit au
développement d'activités industrielles et commerciales, en plus de la fonction résidentielle.
Ce quartier grouille de monde, tant le jour que la nuit. Ici et là, cohabitent le jour : vendeurs à
la sauvette, clients des supermarchés, hôtels de luxe, restaurants et magasins divers et variés.
C‘est également l‘un des points où est déployée une forte activité de transport interurbain.
Nous y retrouvons plusieurs agences de voyages, qui proposent des destinations multiples au
départde Douala. La nuit, le quartier cède la place à d‘autres activités : discothèques, bistrots,
casinos, etc. À cet effet, il devient un lieu d‘activité intéressant pour les kiosquiers. Ici, les
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