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3. R ESULTATS 191

3.1 Résultats bruts 191

3.1.1 Tous stimuli 191

Les pourcentages d’identifications réussies ainsi que les degrés de certitude

moyens167 obtenus sur les auditeurs francophones pour chacune des cinq grandes

catégories de stimuli sont présentés dans le tableau 31, ci-après.

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Les fichiers contenant les résultats détaillés, participant par participant, sont disponibles en ligne : voir annexe 9.

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Tableau 31 – Pourcentage d’identifications réussies et degré de certitude moyen

pour les cinq grandes catégories de stimuli utilisées dans l’expérience d’identification du genre par la voix menée sur les francophones.

Type de stimulus N168 d'items N de réponses correctes N de réponses incorrectes Pourcentage d'identifications réussies Degré de certitude moyen169 C initiale sourde 1200 788 412 65,67 3,56 C initiale voisée 1200 1134 66 94,50 4,76 V initiale 300 294 6 98,00 6,54 C initiale + V 2400 2358 42 98,25 6,64 Mot dissyllabique 2700 2698 2 99,93 6,92 Tous types 7800 7272 528 93,23 5,97

On note un assez fort pourcentage d’identifications réussies dès la présentation d’une consonne initiale sourde (supérieur à 65 %), en dépit d’un degré de certitude relativement bas (3,56). Lorsque l’indice supplémentaire que constitue le F0 apparaît (consonnes initiales voisées), le score augmente fortement, pour passer à 94,5 %. En revanche, le degré de certitude moyen s’améliore dans une bien moindre mesure, en passant à 4,76 / 7. Le pourcentage d’identifications réussies augmente à nouveau quand une voyelle est ajoutée aux consonnes initiales (plus de 98 %), tout comme le degré de certitude (6,64), pour atteindre un score frôlant les 100 % et un degré de certitude proche du maximum (6,92) sur les mots dissyllabiques. La présentation isolée d’une voyelle initiale entraîne quant à elle un pourcentage d’identifications correctes (98 %) et un degré de certitude moyen (6,54) extrêmement élevés : ces chiffres sont supérieurs à ceux obtenus sur les consonnes isolées.

Les résultats correspondants pour l’expérience menée sur les auditeurs anglophones américains figurent dans le tableau 32.

168 L’abréviation « N » correspond à « nombre ».

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Tableau 32 – Pourcentage d’identifications réussies et degré de certitude moyen

pour les cinq grandes catégories de stimuli utilisées dans l’expérience d’identification du genre par la voix menée sur les anglophones.

Type de stimulus N d'items N de réponses correctes N de réponses incorrectes Pourcentage d'identifications réussies Degré de certitude moyen C initiale sourde170 1800 1377 423 76,50 2,85 C initiale voisée 600 596 4 99,33 6,00 V initiale 300 293 7 97,67 6,33 C initiale + V 2400 2364 36 98,50 6,39 Mot dissyllabique 2700 2684 16 99,41 6,54 Tous types 7800 7314 486 93,77 5,60

Pour les auditeurs anglophones américains, le pourcentage d’identifications réussies est d’ores et déjà très élevé sur les consonnes sourdes (76,5 %), avec un score sensiblement supérieur à celui obtenu par les francophones pour les stimuli de même type. Le degré de certitude moyen est en revanche très faible (2,85). La présence de voisement sur les consonnes initiales fait augmenter de manière particulièrement forte le pourcentage d’identifications correctes, qui frôle les 100 % pour cette catégorie de stimuli (99,33 %). Le degré de certitude moyen passe quant à lui à 6 / 7, soit un niveau nettement plus élevé que celui des auditeurs francophones pour les items équivalents. La présence d’une voyelle à la suite de la consonne (séquence C + V) fait encore monter légèrement ce degré de certitude (qui atteint 6,33) et maintient le score d’identifications correctes à un niveau proche du maximum (98,5 %). Lorsque les mots dissyllabiques sont présentés dans leur intégralité, le degré de certitude progresse de nouveau (6,54 / 7) et le pourcentage de bonnes réponses plafonne à 99,41 % : ces tendances sont similaires à celles observées chez les francophones. Enfin, concernant les voyelles isolées, on note que contrairement aux auditeurs francophones, bien que le degré de certitude soit très légèrement en hausse par rapport aux consonnes voisées, le pourcentage de bonnes réponses, déjà très élevé, ne progresse pas : il est même légèrement plus faible (97,67 %).

170 Dans les résultats de l’expérience conduite sur les anglophones américains, les consonnes dévoisées [d ]

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Le tableau 33, ci-après, donne les résultats pour les auditeurs francophones, sur les cinq grandes catégories d’items, en fonction du locuteur ayant produit les stimuli (H1FR, H2FR, F1FR, F2FR).

Tableau 33 – Répartition des réponses incorrectes pour les cinq grandes

catégories de stimuli utilisées dans l’expérience d’identification du genre menée sur les francophones en fonction des

locuteurs ayant produit les stimuli.

Type de stimulus

N de réponses correctes

N de réponses incorrectes selon voix F1 F2 Total F H1 H2 Total H Total toutes voix C initiale sourde 788 69 99 168 169 75 244 412 C initiale voisée 1134 29 27 56 5 5 10 66 V initiale 294 0 2 2 0 4 4 6 C initiale + V 2358 5 29 34 4 4 8 42 Mot dissyllabique 2698 0 1 1 1 0 1 2 Tous types 7272 103 158 261 179 88 267 528

Sur l’ensemble de l’expérience, le nombre d’erreurs commises est donc très similaire pour les voix de femmes (261) et pour les voix d’hommes (267). Cependant, ce n’est pas le cas si l’on considère une à une les cinq catégories de stimuli. Ainsi, pour les consonnes sourdes présentées isolément, les voix d’hommes ont entraîné un plus grand nombre de réponses erronées, tout particulièrement la voix H1FR qui a entraîné à elle seule 169 erreurs sur les 244 commises au total. Concernant les consonnes voisées, ce sont sur les voix de femmes qu’ont porté la grande majorité des réponses incorrectes (56 sur 66), ces erreurs étant réparties de manière équivalente sur les deux voix féminines (29 pour F1FR, 27 pour F2FR). Enfin, notons que pour les combinaisons « consonne + voyelle », les réponses erronées ont été majoritairement données sur les voix de femmes (34 sur un total de 42), et plus précisément sur les stimuli produits par la locutrice F2FR (29 erreurs à eux seuls).

Au regard de l’analyse acoustique effectuée dans le chapitre 2, on constate que les

consonnes sourdes produites par le locuteur H1FR, qui ont entraîné la majorité des

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centre de gravité dans des fréquences nettement plus élevées que celles produites par l’autre locuteur masculin171. D’autre part, pour ce qui est des nombreuses erreurs portant

sur les combinaisons « consonne + voyelle » produites par la locutrice F2FR, il apparaît que les voyelles produites par cette femme possèdent des valeurs formantiques

globalement plus basses que celles produites par l’autre locutrice, en particulier sur la

voyelle [u]172.

Les résultats en fonction des différentes voix pour l’expérience conduite sur les anglophones figurent dans le tableau 34.

Tableau 34 – Répartition des réponses incorrectes pour les cinq grandes

catégories de stimuli utilisées dans l’expérience d’identification du genre menée sur les anglophones en fonction des

locuteurs ayant produit les stimuli.

Type de stimulus

N de réponses correctes

N de réponses incorrectes selon voix F1 F2 Total F H1 H2 Total H Total toutes voix C initiale sourde 1377 77 54 131 106 186 292 423 C initiale voisée 596 4 0 4 0 0 0 4 V initiale 293 7 0 7 0 0 0 7 C initiale + V 2364 17 17 34 0 2 2 36 Mot dissyllabique 2684 13 3 16 0 0 0 16 Tous types 7314 118 74 192 106 188 294 486

Chez les auditeurs anglophones américains, la grande majorité des erreurs commises sur les items de type « consonne initiale sourde » portent sur des voix d’hommes et se concentrent principalement sur les consonnes produites par le locuteur H2AN. A l’inverse, sur toutes les autres catégories de stimuli (consonnes voisées, voyelles, séquence C + V et mot dissyllabiques) ce sont les voix de femmes qui ont entraîné la quasi-totalité des erreurs d’identification (61 sur un total de 63) : cela rejoint les tendances observées auprès des auditeurs francophones. Enfin, tous stimuli confondus,

171 Voir section 3.1.1.1 du chapitre 2 pour plus de détails. 172 Voir section 3.1.2.1 du chapitre 2.

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on constate que les stimuli produits par la locutrice F1AN ont entraîné sensiblement plus de réponses erronées que ceux produits par F2AN.

La mise en parallèle avec l’analyse acoustique des stimuli effectuée dans le chapitre 2 met évidence certains éléments intéressants. Tout d’abord, on note que les

consonnes sourdes produites par le locuteur H2AN, sur lesquelles ont porté près de la

moitié des erreurs d’identification pour ce type de stimulus, ont leur pic spectral et leur

centre de gravité dans des fréquences globalement plus élevées que celles produites par

H1AN173. On constate par ailleurs que la locutrice F1AN, dont les stimuli ont entraîné de

manière générale plus de réponses erronées que ceux produits par son homologue F2AN,

présente un F0 globalement plus bas que cette dernière174, une différence H1-H2 plus faible sur les voyelles ouvertes175 (i.e. une voix moins breathy) ainsi que des consonnes initiales ayant un pic spectral et un centre de gravité situés en moyenne dans des fréquences plus basses176.