Chapitre 3 : Étude exploratoire
3.2 Méthodologie
3.2.1 Stimuli
En vue d’examiner nos questions de recherche, nous avons développé deux
publicités fictives pour deux catégories de produits : les montres de luxe et les panneaux
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solaires destinés à produire de l’énergie pour les particuliers. Ces produits ont été
sélectionnés pour refléter :
1) Un potentiel de générativité agentique – laisser une montre en héritage
permettrait alors à certains que l’on se souvienne d’eux (le désir d’immortalité
symbolique);
2) Un potentiel de générativité communale – produire de l’énergie provenant
d’une source renouvelable permettrait de faire le lien avec la responsabilité que les
individus ont par rapport à la préservation de l’environnement pour le bien-être des
générations futures (être d’une utilité quelconque envers les générations futures).
Nous avons employé des produits possédant un caractère génératif afin d’établir
une cohérence entre le positionnement du produit et la catégorie de produits. Cette
décision s’est basée sur la théorie de la congruence, telle qu’élaborée par Osgood et
Tannenbaum (1955), suggérant que les individus cherchent à maintenir ou à rétablir la
cohérence entre les éléments cognitifs présentés. Dans le cas d’une non-congruence
entre deux schémas, le consommateur tentera de résoudre cette incohérence en rejetant
cette alliance ou à lui donner une nouvelle signification. Puisque nous ne voulons pas
que les répondants entrent dans un processus de résolution de problème dû à la
présence d’une incohérence dans la publicité, nous avons opté pour une alliance qui
semble être logique entre le positionnement du produit et la catégorie de produits.
La sélection de ces deux catégories de produits a été faite sur la base d’un pré-test
auprès d’experts : 1 doctorant et 2 professeurs connaissant la littérature sur la
générativité. Après avoir établi une liste de catégories de produits, nous avons
sélectionné celles qui semblaient correspondre le plus à la définition de la générativité
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communale, c.-à-d. au besoin de se sentir utile (panneau solaire), et à celle de la
générativité agentique, c.-à-d. au désir d’immortalité symbolique (montre de luxe).
L’utilisation de ces deux catégories procure également la possibilité d’explorer les effets
des diverses variables en fonction du potentiel communal ou agentique du produit.
Par la suite, pour chacune des catégories de produits, deux publicités ont été
développées pour autant de marques fictives : une montre Ellipse Watch et un panneau
solaire PowerSmart Home Solar Panels. Ces publicités étaient toutes les deux identiques
(nom de la marque, image du produit, brève description), excepté qu’elles variaient
selon l’inclusion ou non d’un slogan génératif
125.
Dans le développement des slogans, nous avons tenu compte de la définition de la
générativité dont le but est le bien-être des générations futures. Les slogans devaient
également être en adéquation avec la catégorie de produits présentée. Enfin, ils devaient
indiquer clairement que le produit visait le bien-être des générations futures, en ce sens
que les termes « les générations futures » devaient être explicitement mentionnés dans
le slogan, tel que présenté ci-dessous
: Pour la montre : « Bien plus qu’une montre. Un legs pour les générations
futures » (More than a Watch. A Legacy for Future Generations);
Pour le panneau solaire : « Une façon intelligente de préserver l’environnement
pour les générations futures » (A smart way to preserve the environment for the
next generations).
Le design de cette étude se voulait mixte et comportait 2 cellules (absence ou
présence d’un slogan génératif), soit une manipulation inter-sujets
126avec réplication
125 Les deux publicités sont présentées à l’annexe B.
88
sur deux catégories de produits (la montre et le panneau solaire), ici une manipulation
intra-sujets
127.
3.2.2 MESURES
Les variables dépendantes étaient les attitudes envers le message (Aad), les
attitudes envers le produit (Ap) et les intentions d’achat (IA)
128. Les attitudes envers le
message ont été mesurées à l’aide d’une échelle de Likert à 7 échelons comprenant trois
items
129: « mauvais/bon » (bad/good), « inintéressant/intéressant »
(uninteresting/interesting), « pas agréable/agréable » (not enjoyable/enjoyable), dont le
coefficient alpha de Cronbach s’est avéré satisfaisant (0,907). Les attitudes envers le
produit ont été évaluées par l’emploi de cinq items : « mauvais/bon » (bad/good),
« n’aime pas/aime » (dislike/like), « négatif/positif » (negative/positive), « non
favorable/favorable » (unfavorable/favorable); « non satisfaisant/satisfaisant »
(unsatisfactory/satisfactory), lesquels étaient évalués sur une échelle de Likert à sept
échelons (α = 0,959). Pour leur part, les intentions d’achat ont été mesurées à l’aide de
deux items
130, également sur une échelle sémantique de Likert à sept échelons
(α = 0,865).
La variable indépendante (non-manipulée) était la générativité des individus. Elle
a été mesurée à l’aide de la Loyola Generativity Scale (LGS) de McAdams et de St. Aubin
127 Les mêmes sujets sont exposés aux deux catégories de produits.
128 Par souci de parcimonie, nous avons réduit le nombre d’items en vue d’évaluer les attitudes et
comportements du consommateur. Cette manière de procéder permettait de limiter la fatigue des répondants étant donnée la longueur du questionnaire. Cette procédure a également été utilisée par d’autres chercheurs (p.ex. : Ouellet 2007).
129 Adaptation de l’échelle de William et Drolet (2005).
89
(1992), laquelle permet de mesurer le niveau de préoccupations génératives. La LGS
comporte 20 items et fut mesurée à l’aide d’une échelle graduée à sept échelons, où un
score de 7 signifiait un haut degré de générativité. L’échelle incluait notamment les
items suivants : « Je pense que l’on se souviendra de moi longtemps après ma mort » (I
think that I will be remembered for a long time after I die), ou encore « J’ai l’impression
que j’ai fait une différence pour beaucoup de gens » (I feel as though I have made a
difference to many people). Dans les études antérieures, le coefficient alpha de Cronbach
de la LGS se situait autour de 0,83. Enfin, les mesures sociodémographiques ont été
élaborées en prenant pour appui les paramètres de Statistiques Canada
131.
Dans le document
La générativité du consommateur.
(Page 98-102)