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Pour rappel, seulement 24.1% de notre échantillon est vacciné contre le méningocoque. Parmi ces personnes, 66.7% ont été vaccinées par leur médecin traitant.

Le statut vaccinal anti-méningococcique de type C ne semble pas être influencé par l’âge ni la catégorie socio professionnelle même si, comme précédemment, la catégorie des ouvriers, artisans, agriculteurs demeurent sous vaccinée mais également sous représentée dans notre échantillon.

De manière non significative mais tout de même notable, il y a plus d’homme vaccinés que non vaccinés au sein de notre échantillon (42.86% vs. 28.8%, p=0.23) ce qui est conforme aux données de la littérature selon lesquelles les hommes sont, en proportion, plus nombreux que les femmes à être favorables à la vaccination et donc potentiellement plus facilement vaccinables.

De manière non significative également, il y a plus de sujets sans enfant vaccinés que de parents. On aurait pu croire, à tort, que les sujets avec enfant étaient plus sensibilisés à la vaccination mais comme le montre le baromètre santé 2005 le fait d’avoir des enfants semble rendre plus réticents à la vaccination. Pour tenter d’y remédier, il est important d’écouter les arguments des parents et tenter de comprendre la genèse de leur position (histoire dans la famille, contexte socio culturel, impact de l’information extérieure). Il faut savoir donner du temps à la réflexion et clairement expliquer les risques de la non-vaccination en insistant sur le fait que c’est l’intérêt de l’enfant qui doit primer. [21]

La fréquence des consultations ne semble pas non plus influencer le statut vaccinal en sachant que 94% des non vaccinés consultent au moins 1 fois par an. Par ailleurs, sur les 81 personnes favorables à la vaccination, on constate que seulement 24.7% des personnes sont réellement vaccinées contre le méningocoque. Le constat est donc simple et fait état une fois de plus d’un manque de dialogue et d’information sur la vaccination.

Le sexe et les modalités d’exercice (seul/ en groupe ; urbain/rural) des médecins ne semblent pas influencer le statut vaccinal des patients.

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 Les freins à la vaccination dans la population retrouvés dans notre étude:

Par ordre d’importance, le premier frein mis en évidence dans notre étude est donc un manque d’information concernant la vaccination selon près de 69% de la population interrogée. Parmi les vaccinés contre le méningocoque C, 57.1% déclarent ne pas connaitre le vaccin, ce qui est interpelant dans le sens où cela signifie que ces personnes-là ne savent pas contre quoi elles sont vaccinées. Parmi ceux qui pensent être vaccinés, 29% ne le sont pas ; 52.4% des patients vaccinés ont une connaissance erronée de leur statut vaccinal ce qui est conforme aux données de la littérature. En effet, l'étude Nicolle de 2006 montre que la population est bien consciente des enjeux de prévention individuelle et collective de la vaccination, qui sont considérés comme importants par respectivement 94% et 95% des personnes interrogées. Pourtant, comme le montre le Baromètre santé 2010 de l’INPES [22], près d’une personne interrogée sur cinq estime ne pas être à jour de ses vaccinations et plus d’un quart ne connait pas la nature de sa dernière vaccination. Les adolescents et les jeunes adultes sont près de la moitié à ne pas pouvoir citer leur dernier vaccin, illustrant le manque d’attention porté à son statut vaccinal et le manque d’information délivré sur la vaccination.

La peur des effets secondaires est un autre frein mis en évidence dans notre étude. Près de 19% des personnes interrogées déclarent avoir peur des effets indésirables. Les données de la littérature vont également dans ce sens-là. On remarque que la peur de la maladie a été remplacée par la peur des effets indésirables. De plus les messages négatifs concernant la vaccination se multiplient sur le web et dans les médias avec notamment la pétition du Professeur Joyeux. Ce phénomène conduit à une inversion de la balance bénéfice-risque, en défaveur de la vaccination, inversion qui est médiatique, alors qu'elle devrait être scientifique. En effet, l'incidence des maladies infectieuses ayant fortement diminué, les plus jeunes générations ne connaissent pas les manifestations de ces maladies et leur gravité, mais sont en revanche très au fait des différentes controverses qui touchent les vaccins. Ce regain de scepticisme date surtout de la campagne de vaccination massive en 2010 contre la grippe H1N1 qui semble avoir eu un impact négatif sur la démarche vaccinale. Pourtant si l’on regarde les données de pharmacovigilance, lors de la campagne de vaccination anti-grippale A/H1N1, au 28 mars 2010, 5,7 millions de personnes avaient été vaccinées en France. Sur cette même période, 4428 cas d'effets indésirables ont été notifiés, dont 265 effets indésirables graves, avec un taux de notification global de 3,4 à 9,4/10 000 vaccinés, ce qui correspond au nombre d'effets attendus. Au niveau européen durant la même période, plus de 36 millions de personnes ont reçu le vaccin. On a relevé 14 268 notifications d'effets indésirables, soit un taux de 39,6/100 000, ce qui est

48 comparable aux données nationales. Mais depuis, les médecins demeurent plus fréquemment confrontés à des refus de vaccination en lien avec une majoration des craintes des effets secondaires et des doutes sur l’efficacité vaccinale. Ils sont également plus souvent questionnés sur la composition des vaccins et notamment sur la présence éventuels adjuvants à l’origine de nombreuses inquiétudes chez les patients [23] [24].

Le caractère non obligatoire de ce vaccin est aussi un frein important à la vaccination anti-méningococcique. Des vaccinations ont été rendues obligatoires, il y a plus de trente ans, à une époque où l’incidence des maladies ciblées était encore importante en France. Le risque sanitaire pour la population justifiait alors ces obligations avec pour corollaire leur prise en charge par l’Etat (organisation, gratuité, réparation des dommages vaccinaux). Depuis cette période, le succès de la vaccination elle-même et l’amélioration des conditions de vie et des possibilités thérapeutiques ont permis la suppression de certaines obligations vaccinales (variole, typhoïde en population générale et récemment le BCG). Et les vaccins apparus depuis 1970 n’ont pas été rendus obligatoires en population générale mais seulement recommandés pour tout ou partie de la population. Cette situation de double statut de la vaccination fait que les vaccins recommandés sont perçus par le public comme moins nécessaires que les vaccins obligatoires ; « recommandé » est compris, à tort, comme « facultatif » et non comme indispensable.

Un motif retrouvé de non vaccination est également le fait que les gens ne se sentent pas concernés par les maladies causées par le méningocoque chez près de 16,7% d’entre eux. Les adolescents et les jeunes adultes ont (ou peuvent avoir) des activités et des modes de vie qui les rendent vulnérables à certains modes de contamination, et donc à certaines maladies. D’une manière générale, la plupart des gens ayant choisi de ne pas se faire vacciner ne sont pas conscients des dangers des pathologies contre lesquelles ce vaccin protège. Ils estiment souvent que le risque de contracter cette maladie est faible et qu’ils développent une immunité naturelle en contractant cette maladie plutôt que par la vaccination. [25] [26]

Les autres freins identifiés dans notre étude sont le manque de temps, des raisons financières, le fait d’être contre ou encore le fait que le médecin l’a clairement déconseillé.

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RESULTATS