Rôle du médecin généraliste :
2- Perspectives globales :
Il nous parait tout d’abord important de renforcer la formation des médecins généralistes dans le domaine de la vaccination afin qu’ils puissent être en mesure de rassurer et répondre aux
69 doutes de leurs patients. Mais également en leur donnant des outils pour développer leur capacité à convaincre les patients réticents. Des outils fiables et accessibles dédiés aux patients, afin de pouvoir mieux s’informer sur l’épidémiologie des maladies et sur les vaccinations, commence à se développer et devraient être fort utiles (carnet de vaccin électronique).
Suite à cette étude, il semble indispensable de sensibiliser des acteurs de soins primaires qui jouent un rôle clé dans l’adhésion de la population à la vaccination, à tout âge.
La question sur la nécessité de rendre tous les vaccins obligatoires avant l’âge de deux ans reste évidemment entière. Peut-être qu’une telle mesure pourrait être mis en place temporairement, le temps d’améliorer la couverture vaccinale en France et de développer la culture de la prévention.
Enfin, il serait intéressant de mener une thèse qualitative sur le sujet afin de recueillir avec plus de détails et de précisions les opinions des patients.
70
CONCLUSION
Notre étude épidémiologique descriptive, menée sur 101 patients âgés de 25 à 30 ans consultant en cabinet de médecine générale au sein du bassin de santé aurillacois révèle un taux de vaccination anti-méningococcique de type C de 24.1% ; un taux faible mais bien supérieur à celui retrouvé dans la littérature. Concernant le ROR, le taux de couverture vaccinale retrouvé dans notre étude est de 97.7% à une dose de vaccin (ce qui est supérieur à l’objectif national) mais seulement de 90.8% à 2 doses. Ces taux de couverture vaccinale restent en dessous de l’objectif des 95% fixés par la loi de Santé Publique du 9 aout 2004 notamment pour le vaccin anti- méningococcique. En effet, on constate une forte disparité de couverture vaccinale selon les vaccins étudiés.
Par ailleurs, d’une manière générale la population est apparue très adhérente aux vaccins avec près de 94% des patients qui se disent favorable à la vaccination en général et 98% au ROR. Ce résultat semble contradictoire avec les taux de couverture vaccinale encore insuffisants dans la catégorie d’âge étudiée de jeunes adultes.
Notre étude met également en évidence un manque de connaissances flagrant des patients concernant leur statut vaccinal, les vaccins ROR ou méningocoque, les maladies ou complications engendrées. Ce constat est alarmant lorsque l’on connait la gravité potentielle de ces maladies et surtout l’urgence diagnostique et thérapeutique qu’elles imposent notamment pour le méningocoque.
Tout ceci suggère une difficulté d’accès à l’information sur la vaccination. D’ailleurs le principal frein retrouvé dans notre étude est le manque d’information. Les autres freins identifiés justifiant la non vaccination anti-méningococcique sont notamment la peur des effets indésirables et le fait que les personnes interrogées ne se sentent pas concernées par les maladies induites par le méningocoque. Le caractère non obligatoire de ces vaccins joue aussi un rôle défavorable sur la vaccination avec la confusion entre « recommandé » et « facultatif » qui en découle.
D’une manière globale, notre étude fait nous questionner sur le caractère contradictoire des taux de couverture vaccinale insuffisants qui contrastent avec l’avis très favorable de la population concernant les vaccins étudiés. Le sujet de la vaccination ne semble pas être suffisamment évoqué et proposé lors des consultations médicales des patients interrogés. Pour étayer et améliorer les résultats issus de notre étude, il serait intéressant de réaliser une étude qualitative sur le sujet.
71 Dans ce contexte de manque d’information, il semble indispensable de promouvoir une démarche d’information loyale et complète, afin de consolider la pratique vaccinale, facteur déterminant de la lutte contre les maladies infectieuses. Toutes les enquêtes, sans exception, montrent que le rôle du médecin et en particulier du médecin traitant est essentiel. C’est le personnage de confiance auquel s’adressent les familles en premier lieu en matière de vaccination. Vaincre les réticences, convaincre du bien-fondé de la vaccination ou d’un vaccin en particulier repose sur une formation solide, une information mise à jour et une motivation des professionnels de santé. D’autre part, il semble également primordial que soit affichée une volonté politique forte de promouvoir la vaccination. Enfin, l’élargissement du caractère obligatoire de la vaccination, assorti de conditions précises, pourrait être requis à titre temporaire pour reconquérir la confiance des citoyens au service de l’intérêt collectif même si, à notre époque, tout invite à recommander plutôt qu’à imposer, à convaincre plutôt qu’à contraindre.
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