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 Taux global de vaccination anti méningococcique de type C :

L’objectif principal de l’étude est de déterminer le taux de couverture vaccinale pour la vaccination anti-méningococcique de type C chez les patients âgés de 25 à 30 ans consultant leur médecin généraliste au sein du bassin aurillacois. Ainsi, les résultats de notre étude estiment le taux de couverture vaccinale anti-méningococcique à 24.1% chez cette tranche d’âge.

Au niveau national en France au 31 décembre 2015, la couverture vaccinale contre le méningocoque C selon la tranche d'âge était estimée à : 70 % à 24 mois (60 % en 2012) ; 60 % chez les 3-9 ans (30 % en 2012) ; 32 % chez les 10-14 ans (22 % en 2012) ; 23 % chez les 15-19 ans (13 % en 2012) ; 7 % chez les 20-24 ans (3 % en 2012). [11]

Une autre étude de la couverture vaccinale contre le méningocoque C a été réalisée dans le Finistère chez les personnes âgées de 1 à 24 ans à partir des données agrégées de remboursement. Elle retrouvait une couverture vaccinale pour la tranche d’âge 19-24 ans de 1.9% en Côtes d’Armor, 3.3% dans le Finistère, 3% en Ile et Vilaine et 2.7% dans le Morbihan. [12]

Ainsi les chiffres de couverture vaccinale mis en évidence dans notre étude sont donc nettement supérieurs à ceux retrouvés au niveau national ou en Bretagne. Nos résultats peuvent s’expliquer en partie par le biais de perdus de vue retrouvé dans notre étude. En effet l’étroitesse de notre échantillon et la perte de données (14 questionnaires non récupérés concernant le statut vaccinal anti-méningococcique) peuvent générer une surestimation de la couverture vaccinale. Les patients n’ayant pas donné suite à notre demande concernant leur statut vaccinal sont probablement les plus négligents vis-à-vis de leur santé et on peut supposer qu’ils ne sont pas vaccinés contre le méningocoque.

D’autre part, comme décrit précédemment, les données de la littérature sont très peu nombreuses concernant l’étude des couvertures vaccinales de l’adulte. En effet, très peu d’étude sont menées chez la population adulte ce qui ne permet pas d’avoir des taux de couverture vaccinale très représentatifs. Il n’existe pas de système de recueil de données de routine des vaccinations chez l’adulte, et les données de couverture vaccinale pour cette population sont rares et insuffisantes. Les seules données existantes à ce jour sont l’échantillon généraliste des bénéficiaires.

On peut aussi réfléchir sur un éventuel lien entre ce taux élevé de couverture vaccinale et la campagne de vaccination de masse anti-méningococcique menée en 2002 dans le Puy de Dôme

44 suite à l’observation de plusieurs cas de méningococcies graves survenues avec une fréquence élevée dans l’agglomération de Clermont-Ferrand. Les experts avaient décidé de limiter la vaccination aux personnes résidentes de l‘agglomération clermontoise, et des communes où des cas avaient été répertoriés ainsi qu’aux communes contiguës mais la médiatisation et la mobilisation de tous y compris à l’échelle régionale ont pu avoir un impact sur la vaccination de la population aurillacoise. [13]

Grâce aux études épidémiologiques menées par l’InVS, on constate que la couverture vaccinale contre le méningocoque C progresse régulièrement depuis l'inscription de la vaccination anti-méningococcique C dans le calendrier vaccinal en 2010 [14], mais reste très insuffisante pour obtenir une immunité de groupe (ou immunité collective), condition indispensable pour protéger les tranches d'âge non vaccinées, c'est-à-dire surtout les nourrissons âgés de moins d'un an (alors que ceux-ci paient le plus lourd tribut à la maladie). La couverture vaccinale est en particulier très insuffisante chez les adolescents (11-13 ans) et les adultes jeunes (14-24 ans), qui sont à risque élevé d'infection grave à méningocoque C sur le plan individuel. De plus, leur immunisation doit être considérée comme essentielle car elle participe à l'établissement d'une protection de groupe du fait de la fréquence du portage dans ces tranches d’âge et du rôle du portage dans la transmission interhumaine des méningocoques invasifs. [15] [16]

De par l’efficacité du vaccin sur le portage de la bactérie, seule l’augmentation de la couverture vaccinale, notamment des adolescents et jeunes adultes, permettra d’installer une immunité de groupe comme cela a été observé dans d’autres pays avec des niveaux de couverture vaccinale dépassant 80%. [17] [18]

Les données montrent que parmi les 569 cas de méningocoque C déclarés à l’InVS entre 2011 et 2015, 255 sont survenus chez des sujets non vaccinés âgés de 1 à 24 ans, population pour laquelle la vaccination est recommandée et que 25 décès, potentiellement évitables grâce à la vaccination, ont été constatés. Or, tous ces cas et ces complications auraient pu être prévenus par une meilleure couverture vaccinale.

 Connaissances et opinions des patients vis–à-vis de la vaccination anti-

méningococcique de type C :

Les résultats de notre étude montrent que 72.3% des personnes interrogées déclarent ne pas connaitre le vaccin anti-méningococcique de type C.

45 Parmi les critères étudiés qui semblent influencer la connaissance du vaccin, on retrouve la catégorie socio professionnelle (p=0.004) ce qui n’est pas forcément retrouvé dans d’autres études. Les professions plus « manuelles » (artisans, agriculteurs, ouvriers) semblent moins connaitre l’existence de ce vaccin en prenant en compte l’éventuel biais de sélection lié à l’étroitesse de notre échantillon (surreprésentation des employés et sous-représentation des ouvriers, artisans et agriculteurs).

De manière non significative, dans notre étude, il semble y avoir plus de femmes qui connaissent le vaccin que d’hommes mais un biais de sélection intervient également du fait d’une surreprésentation de la population féminine dans notre échantillon.

La connaissance du vaccin ne semble pas être influencée par l’âge.

Le fait d’avoir des enfants semble sensiblement améliorer la connaissance des vaccins. La connaissance du vaccin ne semble pas être influencée par la fréquence des consultations alors que nos résultats montrent que 92.1% des personnes interrogées consultent leur médecin au moins 1 fois par an. Parmi ceux qui connaissent le vaccin, seulement 28.6% l’ont connu lors d’une consultation pour eux et donc 71.4% par d’autres sources (consultation pour leur enfant, dans les médias, par le médecin du travail, par le pharmacien). Par ailleurs, 58.9% des patients qui ont abordé le sujet de la vaccination avec un professionnel de santé dans les douze derniers mois ne connaissent pas le vaccin anti-méningococcique et 93.2% des personnes favorables ne connaissent pas non plus le vaccin. Tous ces résultats confirment le fait que le sujet de la vaccination n’est pas suffisamment abordé en consultation. Or, selon une étude menée sur les mères, le médecin est l’interlocuteur privilégié : il intervient 9 fois sur 10 dans la décision de vacciner (ou de ne pas vacciner) l’enfant. Une meilleure formation des médecins en vaccinologie et une actualisation des connaissances plus adaptée qu’elle ne l’est actuellement apparaissent indispensables pour améliorer les taux de couverture vaccinale. Un médecin convaincu est un médecin convaincant. [19]

D’autre part, il ressort de notre étude que plus de la moitié de notre échantillon (52.5%) ne sait pas que le méningocoque peut engendrer une méningite. Selon l’étude Nicolle de 2006, les maladies infectieuses arrivent en quatrième position, après le cancer, les maladies neurologiques et les maladies cardiovasculaires, dans les maladies que les Français craignent le plus pour eux-mêmes et leur famille, et la méningite arrive en tête dans cette catégorie (53,3 %), quel que soit l’âge des répondants [20]. Lorsque l’on connait la morbi-mortalité des infections à méningocoque, il est alarmant de constater un tel manque de connaissance dans la population. Il est nécessaire de rappeler les conséquences de la non-vaccination. La France est le seul pays d’Europe à voir augmenter les méningites à méningocoque C alors qu’il existe une recommandation vaccinale.

46 Par contre, les patients qui connaissent le vaccin sont significativement plus nombreux que ceux qui ne le connaissent pas à savoir qu'il protège contre la méningite (82.1% vs. 34.2%. p<0.001).