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Sri Lanka : reconstruction après le tremblement de terre et le Tsunami dans l’océan Indien en 2004

Mesures transversales

Encadré 7.1. Sri Lanka : reconstruction après le tremblement de terre et le Tsunami dans l’océan Indien en 2004

Le tsunami de l’océan Indien en 2004 a coûté des dizaines de milliers de vies au Sri Lanka, et a détruit d’innombrables bâtiments. Cependant, la reconstruction a été l’occasion de développer des environnements plus inclusifs. Les per-sonnes handicapées et les perper-sonnes âgées dans les zones rurales du Sri Lanka ont souvent du mal à se déplacer dans leur propre logement, et encore plus dans leurs quartiers. Les personnes à mobilité réduite comptent souvent sur les autres pour les aider, ce qui affecte l’autonomie des autres membres de la famille, y compris leur capacité à occuper un emploi à plein temps. Aucunes statistiques fiables sur le handicap n’existent au Sri Lanka, mais des décennies de guerre civile ont augmenté le nombre de personnes en situation de handicap.

Après le Tsunami, une organisation de personnes handicapées locale, en partenariat avec une organisation inter-nationale, s’est engagée à reconstruire un village détruit en village inclusif modèle, recrutant un architecte et un ergothérapeute pour fournir des conseils sur l’accessibilité. Aucune norme ou de lignes directrices nationales relatives à l’accessibilité n’existent. Des directives européennes ont été utilisées, ce qui s’est avéré problématique en raison de leur décalage “urbain” et “européen” par rapport à la réalité rurale et locale.

Avec des ressources financières limitées, 55 logements simples mais adaptables, et un centre communautaire accessible ont été réalisés, conformément aux spécifications définies par le gouvernement. Une rampe d’accès ou un accès avec des marches et des mains-courantes ont été fournis au besoin. A l’intérieur, tous les logements ont un accès de plain-pied, les portes sont d’une largeur minimale spécifiée, et toutes les chambres sont munies d’un espace minimum de braquage. Un espace de plain-pied combinant des toilettes et un espace pour se laver a été rajouté sur le côté de chaque logement. Lorsque c’était nécessaire, des mains courantes et une chaise percée placée sur les toilettes, qui servait également de chaise de douche, ont été fournies. Les interrupteurs, les poignées et les robinets ont tous été placés dans les zones de préhension spécifiques.

Avant la construction, les villageois âgés et en situation de handicap et leurs aidants étaient réticents à accepter le nouveau style de logement, en particulier les toilettes rajoutées, mais après, ils ont été reconnaissants d’avoir de meilleures installations. Des personnes qui n’avaient pas de problème de mobilité ont souvent convertis la salle de bains attenante en une autre chambre et construit un autre espace pour se laver à l’extérieur. Le centre communau-taire, avec rampe d’accès et toilettes accessibles, a permis aux personnes handicapées, aux personnes âgées moins mobiles et aux aidants qui ne pouvaient normalement pas participer aux évènements sociaux, de prendre part à des activités communautaires.

Des leçons importantes ont été tirées, à savoir :

La conception inclusive doit tenir compte de toutes les situations culturelles et économiques.

L’utilisation de lignes directrices élaborées pour les pays à revenu élevé peut ne pas être appropriée dans les pays à faible revenu, en particulier dans les zones rurales. On peut trouver de meilleures solutions qui corres-pondent aux conditions locales.

Une surveillance étroite a été nécessaire au stade de la construction, vu que les constructeurs ne connaissaient pas les principales caractéristiques de la conception.

Réaliser de nouveaux logements accessibles revient beaucoup moins cher que la rénovation de logements existants, et offre un plus grand choix. Pour augmenter le nombre de logements accessibles, un effort intégré et coordonné du secteur public et du secteur privé est néces-saire, qui allie réglementation et financement, le développement d’un marché de logements accessibles, les incitations, la coordination inte-rinstitutionnelle, l’information et la protection contre la discrimination (87, 88). Une stratégie politique peut contribuer à rendre accessible une partie des nouveaux logements (10, 89). Au Royaume-Uni, une réponse au vieillissement de la population, “Lifetime Homes”, a construit des logements répondant à un large éventail de besoins en terme de mobilité à des coûts sup-plémentaires minimes (90). Une autre forme importante d’accessibilité du logement, appelée

“visitabilité” consiste à permettre aux personnes en fauteuil roulant d’accéder aux logements de parents ou d’amis qui peuvent ou peuvent ne pas être eux-mêmes à mobilité réduite. “Visitabilité”

rend obligatoire des caractéristiques comme le fait d’avoir au minimum une entrée de plain-pied, de larges portes et des salles de bains au rez-de-chaussée (91, 92).

Une série de mécanismes financiers peuvent être utilisés dans le but d’accroître le logement accessible. Il s’agit notamment d’incitations fiscales et de prêts à faible taux d’intérêt aux constructeurs privés pour des projets de loge-ment, afin de les encourager à construire des mai-sons accessibles – comme l’exige la “Fair Housing Act” de 1988 aux Etats-Unis, ainsi que des lois similaires. Également aux Etats-Unis, la loi sur le logement de 1959 accorde des subventions d’in-vestissement aux organismes à but non-lucratif afin de couvrir les coûts de la construction, de la remise en état ou de l’achat d’une propriété. La Banque norvégienne pour le logement, gérée par l’Etat, en vertu de son programme de logement

“Lifecycle Housing”, offre de selon le même pro-cédé, des prêts à faible coût aux constructeurs pour les encourager à construire des maisons

accessibles. Un meilleur accueil du programme

“Lifecycle Housing” sur le marché a été obtenu en associant l’accessibilité à une conception de qualité et en encourageant les partenariats entre les architectes, les groupes de personnes handi-capées et les entrepreneurs (80, 89). Dès le mois de mai 2004, le programme a construit à Oslo 260 873 logements, dont 85% étaient occupés par des personnes âgées et 15% par des jeunes per-sonnes handicapées (93). Quand on a découvert plus tard que des organismes communautaires qui étaient intéressés de contracter des construc-teurs de logements accessibles ne disposaient pas de capitaux suffisants, la fondation Disability Opportunity Fund (pour personnes handicapées) a été créé aux Etats-Unis en 2007 pour compléter les mesures incitatives de la législation (88).

D’autres mécanismes – comme le label expli-cite “logement accessible”, ou décerner un prix pour la conception (“design”) – peuvent encou-rager la construction de logements accessibles.

Désigner les logements d’un label “accessible”

peut aider à lutter contre la stigmatisation asso-ciée au fait de vivre dans un logement “spécial”

et peut stimuler la demande des consommateurs.

Dans un projet de logement mené par la commu-nauté en Colombie-Britannique, au Canada, par exemple, la notion de “logement flexible” (“Flex housing”) a été utilisé pour la conception et pour accroître la demande en logements accessibles en fauteuil roulant dans la communauté de Seabird Island (94). La conception du “logement flexible”

permet aux résidents de modifier facilement les liaisons entre les pièces et la taille des pièces pour les rendre plus accessibles. Un prix national pour les concepteurs et les architectes et un prix d’ac-tion communautaire pour des projets de loge-ments accessibles ont été utilisés en Australie et au Royaume-Uni pour encourager la construc-tion de logements accessibles (89).

Améliorer le logement social accessible est important pour les personnes avec une LME ayant peu de moyens financiers. Les exigences complexes en matière de financement et de coor-dination pour fournir des logements sociaux ou

subventionnés de haute qualité créent des diffi-cultés, même dans les pays les plus riches (26, 27). De nombreuses approches novatrices pour rendre le logement social accessible ont été déve-loppées dans les pays en Europe au cours des 20 dernières années (95-97), souvent incitées par le vieillissement de la population (81). Voici quelques-unes de ces approches :

■ Au Danemark, une coopérative de logement a construit des blocs d’appartements reliés par des espaces communs, pour les personnes à mobilité réduites. Le Gouvernement Danois a financé les coûts de la construction, tandis qu’un financement privé a pris en charge les installations supplémentaires spécifiques au handicap, et l’autorité locale couvre les coûts liés aux soins. Le “logement pour besoins spécifiques” (pour les personnes handi-capées, les personnes âgées et les familles nombreuses) représente 50% des nouveaux logements sociaux au Danemark (98).

■ En Suède, un programme de logements à Stockholm a été construit sur un ancien terrain industriel fourni par une entreprise privée, qui a travaillé avec les urbanistes pour concevoir et construire des ensembles résidentiels coopératifs accessibles, avec un centre communautaire, une école mater-nelle, une maison des jeunes et un établisse-ment de santé (96).

■ Aux Pays-Bas, depuis 1997, toutes les nou-velles habitations du secteur privé et du loge-ment social ont l’obligation d’être conçues selon les normes de “logements adaptables”

prévues dans le Code national du bâtiment, qui couvre des questions telles que les seuils des portes, l’espace requis pour les fauteuils roulants, les largeurs de porte, et les hau-teurs des prises électriques et des surfaces de travail.

Réduire l’écart entre la demande des consommateurs et l’offre du gouvernement en fournissant des informations. Au Royaume-Uni, le “registre du logement accessible de Londres”

est conçu pour encourager les propriétaires de logements sociaux à réaliser des adaptations en matière d’accessibilité (91). Le registre agit non seulement comme un canal d’information pour les personnes qui ont besoin de logement acces-sible, mais établit également des critères d’acces-sibilité, en classant les logements sociaux suivant des normes détaillées d’accessibilité en fauteuil roulant, qui couvrent l’ensemble du logement (99). Des registres de logements accessibles ont également été mis au point par le gouvernement local et les organisations de personnes handi-capées dans certaines régions au Canada et en Australie (100). Des approches similaires ont été développées avec succès au Rwanda dans le cadre d’un vaste programme pour fournir des logements accessibles pour les anciens combat-tants et les civils en situation de handicap suite au génocide de 1994 (101).

Il est important que les solutions de loge-ment ne créent pas de ségrégation des personnes handicapées. Par conséquent, la conception universelle et l’inclusion de logements acces-sibles dans des milieux résidentiels mixtes sont les solutions privilégiées.

Transport

Des transports en commun utilisables constituent l’un des facteurs facilitateurs les plus importants pour les personnes handicapées (102). La politique en matière de transport doit constituer une com-posante de la stratégie nationale sur le handicap, et l’accessibilité doit faire partie de toute stratégie de transport national. La question de l’accessibi-lité des transports est mieux prise en compte avec une politique globale qui peut être contrôlée par un organisme responsable, avec la participation des personnes handicapées. Il est plus efficace et moins coûteux d’équiper les transports en dispositifs d’ac-cessibilité depuis le début, plutôt que de les rénover (8). Les difficultés ne sont pas seulement structu-relles et financières ; elles sont souvent également psychologiques – comme de craindre pour sa sécu-rité (34, 36, 62, 103).

Les stratégies qui peuvent permettre de promouvoir l’accessibilité à travers toute une série d’options de moyens de transport sont décrites ci-dessous.

Systèmes de bus, de tram, de métro