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Le sport ou l’éloge du bien-être ?

Dans le document SOCIALE SERVICE DE LA VIE SPORT AU LE (Page 181-185)

CHAPITRE II - LE RÔLE NOUVEAU DU MOUVEMENT ASSOCIATIF

1. Le sport ou l’éloge du bien-être ?

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Ce rapprochement entre les fédérations handisport et valides a été mis en œuvre dans les pays scandinaves, notamment la Norvège. Chaque fédération sportive a ainsi la tâche de prévoir les structures et l’accueil des personnes handicapées dans leur domaine respectif. Pour être efficace, une telle mutation suppose un travail préalable sur les incidences et les responsabilités des uns et des autres, comme la prise en compte des personnes ayant de très lourds handicaps et pas seulement celles qui pratiquent le haut niveau.

B - SPORT ET ÉQUILIBRE

L’Eurobaromètre (voir annexe n° 7) nous indique que le sport est perçu par les Européens comme une manière de se faire du bien, mentalement et physiquement. Le sport permet principalement d’améliorer sa santé, de se détendre, de s’amuser et de développer ses capacités physiques. Mais les mêmes citoyens sont inquiets face aux abus sexuels, à l’exploitation des enfants, au sur-entraînement. Le sport offre encore ses deux visages. À la fois lieu de santé et lieu de dopage. À la fois lieu de plaisir et lieu de souffrance. À la fois lieu d’éducation et lieu d’exploitation. L’excès transforme la valeur en contre-valeur.

La victoire est belle, mais pas à n’importe quel prix.

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corps jouerait un rôle nouveau, celui de « partenaire » (Psychologie Magazine,

« Mon corps adversaire ou partenaire ? », 2000). « Un immense parcours porté par l’individualisation aurait ainsi transposé le vieux modèle de la confiance en soi, celui attendu de l’investissement musculaire au début du XXè siècle, en modèle " d’épanouissement de soi " celui auquel conduit quelque travail physique " intérieur " un siècle plus tard » (Georges Vigarello). Les pratiques d’entretien et d’entraînement se sont déplacées dans les salles de mise en forme (fitness) où l’on peut s’occuper de soi et de son corps. Les gymnastiques douces, les stages de pleine vitalité et la thalassothérapie sont à l’autre bout du spectre face à la performance qui n’est pas en reste avec « le travail mental ». La championne d’athlétisme Christine Arron résume chez elle ce mariage ainsi :

« Un jour c’est ma tête ; l’autre c’est mon corps » (2005).

Un autre point commun entre santé et sport se lit dans l’histoire du corps au XXè siècle, à savoir celui d’une médicalisation sans équivalent. La médecine est devenue un guide de vie concurrençant les directions de consciences traditionnelles en édictant des règles de conduite. Le sport est fortement marqué par de très nombreuses influences de la médecine sur son développement et ses progrès.

De ce point de vue, le sport version pour tous est présenté comme un remède à la sédentarité menaçante pour la santé ou le sport version haute compétition comme le responsable des manipulations de laboratoire et du dopage avec la course aux performances sans limites. L’erreur est... qu’il peut être les deux !

Et, dans les deux cas, clubs et fédérations se trouvent confrontés à de nouvelles demandes et à de nouvelles exigences que la société réclame avec force.

Au plan local, départemental et régional, des interventions du secteur sportif existent sous des formes diverses avec notamment les Centres médico-sportif (CMS) dont le nombre ne progresse plus. Entre l’Alsace où leur répartition est équilibrée et la région parisienne qui en a perdu 50 % en 15 ans, une réflexion s’impose. Un mouvement en profondeur révèle l’ouverture des associations sportives, qu’elles soient uni sports ou multisports, proposant de nouveaux services et de nouvelles activités sport santé. Face à la progression de l’obésité, chez les jeunes notamment, certains (encore très peu) s’impliquent dans des programmes de recherche européen comme l’« EPA » (promotion de la santé par l’activité physique) ou dans le programme français de lutte contre la sédentarité intitulé « Bougez-vous la vie ». Des clubs s’ouvrent sur le milieu hospitalier en partenariat. Des départements sont en pointe en conjuguant la présence d’athlètes internationaux avec des actions exemplaires en matière de santé et d’éducation...

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Le Centre d’évaluation sport santé (CESS) en Martinique est une structure originale et innovante. Son succès a été déterminant sur le plan de la prévention santé et du suivi médical pour l’ensemble des pratiquants, licenciés ou non. Les collectivités, l’État et les usagers se partagent son financement. La création de deux antennes pour relayer son action au nord et au sud a été proposée aux deux communautés de communes et une réflexion est menée avec le rectorat pour réaliser le suivi médical des sections sportives avec en point de mire la pratique sportive intensive chez des enfants en pleine croissance. S’agissant du suivi traumatologique des sportifs, en particulier du haut niveau, des conventions relient les plateaux techniques hospitaliers avec les partenaires du suivi médical (commissions médicales, CESS, médecins traitants) afin de proposer aux sportifs blessés une prise en charge rapide et compétente.

Au plan national, le CNOSF réalise, au travers de sa mission « Médical et sport santé », des enquêtes. Il produits des outils comme la mallette Sport et santé largement utilisée sur le territoire national grâce à un réseau de conférenciers. Il est impliqué dans la création de « L’institut du cerveau et de la moelle épinière ». De nombreuses actions de sensibilisation, d’information et de promotion des bienfaits du sport pour la santé sont menées, etc.

Mais le changement d’enjeu pèse sur le jeu et, en parallèle, le sport est le théâtre d’expériences ultimes ou de manifestations surmédiatisées dont les acteurs recourent au dopage. Avec le « sans limite », une culture dangereuse de

« l’infinitude » abuse du sport, de ses pratiquants et génère une économie souterraine.

2. « Que le meilleur gagne » ?...

Le dopage est une pratique très ancienne et, dès la naissance du sport moderne à la fin du XIXè siècle, des cas de tricheries sont apparus.

Le premier cas avéré remonte à 1865 chez des nageurs à Amsterdam. À la même époque, le vin Mariani, en France, était conseillé aux sportifs : il était

« aromatisé » avec des feuilles de coca...

On considère que le dopage s’est professionnalisé et généralisé dans certains sports à la fin des années cinquante et au début des années soixante avec l’arrivée des sympathicomimétiques, de produits à activité hormonale comme l’hormone de croissance, ou des corticoïdes. Sur l’épreuve d’athlétisme du 100 mètres, dans les années soixante, les performances connaissent un bond avant de se stabiliser dans les années 1970-1980. Mais les performances décollent à nouveau à partir des années quatre-vingt (EPO, et nouvelles hormones, anabolisants et produits masquants).

Un développement sans précédent du dopage, de ses formes sophistiquées, mais également de son imprégnation dans des pratiques sportives amateures - voire de sa « banalisation » aux yeux de certains au prétexte soit de son ancienneté soit d’une prétendue justification par la demande de spectacles toujours plus intenses (!) - doit alerter le pouvoir sportif sur l’opportunité de mesures en profondeur afin de lutter contre toute tendance à l’accoutumance du phénomène.

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Certes en 1968, le CIO impose les premiers contrôles anti-dopage aux JO de Mexico. En 1984 aux JO de Los Angeles, onze athlètes sont contrôles positifs.

En 1988, aux JO de Séoul, une dizaine d’athlètes sont déclarés positifs dont le célèbre Ben Johnson (aux anabolisants) qui sera disqualifié après sa victoire et son record du monde sur le 100 mètres. Il faudra attendre 1989 pour que le CIO mette en place les contrôles inopinés. Le faible pourcentage de sportifs contrôlés positifs montre les limites des contrôles et l’efficacité des produits masquants. En 1998, un scandale éclabousse le Tour de France. Plusieurs affaires de dopage suivront, notamment en Italie avec le Giro 2001, le procès de la Juventus, le procès du docteur Michele Ferrari ou l’affaire des veuves du Calcio et aux États-Unis avec l’affaire Balco. Le statut variable de certains produits, comme la créatine par exemple, autorisés dans certains pays et non dans d’autres, crée une zone d’ombre.

En 1999, est créée l’Agence mondiale antidopage (AMA). Sous l’égide de l’Unesco une convention internationale contre le dopage est élaborée : elle est la première de portée universelle consacrée au dopage. En 2003, la conférence de Copenhague marque l’officialisation de la lutte antidopage à l’échelon planétaire.

Tous les comités nationaux olympiques, toutes les fédérations internationales et tous les États signataires s’engagent à respecter le code mondial antidopage de l’AMA.

Les hormones de croissance ne sont détectées que depuis 2004. L’ampleur du phénomène est avérée par les réseaux financiers et mafieux qui sous-tendent l’économie du dopage.

Le phénomène est grave aussi par sa présence dans le sport amateur. Il y a plusieurs types de sportifs dopés que soigne le médecin Serge Simon, ex-international de rugby. Il y a, dit-il, « le sportif qui a commencé à consommer des produits, style amphétamines ou stéroïdes pendant sa pratique et qui ne peut pas s’arrêter, le sportif qui a eu une blessure grave, est tombé en dépression et est allé droit à la toxicomanie, le sportif qui a des troubles de comportement alimentaire, style anorexie ou boulimie, parce qu’il fait un sport à contrainte pondérale qui a révélé chez lui une pathologie psychiatrique. Il y a aussi des troubles de la personnalité ou des syndromes anxio-dépressifs ». Les sportifs viennent ici pour être écoutés. Au bout du premier entretien, ils disent : « C’est la première fois qu’on est pris en charge dans notre histoire sportive et écouté en tant que sportifs pour ce problème-là. ». Il y a aussi ceux qui ne savent plus où sont les limites, les « accros » de la compétition ou du surentraînement.

Des dispositifs sont pris : « dopage, dégage » ou « Pour un sport net » ou encore un numéro vert... L’attention, l’écoute, la vigilance ont encore besoin de progrès.

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Les fédérations sportives ont pris des dispositions, vite dépassées. La loi française à développé un arsenal peu efficace devant la multiplication des règles entre les disciplines et entre les pays. Une avancée très notable a été réalisée avec l’AMA par l’universalisation des règles permettant de mieux développer les procédures judiciaires. Justice, police et douanes ont alors pu mieux intervenir.

Les scandales ont été mieux dénoncés et mieux sanctionnés. La sanction sportive a elle-même progressé, étant désormais prise parfois directement par l’employeur du sportif professionnel et des chartes s’élaborent...

Des progrès ont été réalisés grâce à une stratégie de mobilisation de différents intervenants. C’est dans cette voie qu’il faut persévérer. La lutte contre le dopage ne peut pas être isolée d’une stratégie qui ambitionne de rehausser les objectifs du sport par rapport au futur des jeunes générations.

Mieux que se mobiliser contre le dopage, il faut se mobiliser pour refonder le principe d’égalité des chances car le vainqueur n’a pas tous les droits. Mais la lutte contre le dopage ne doit pas se faire sans la lutte pour la santé.

Dans le document SOCIALE SERVICE DE LA VIE SPORT AU LE (Page 181-185)