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Le sport est culture

Dans le document SOCIALE SERVICE DE LA VIE SPORT AU LE (Page 191-200)

CHAPITRE II - LE RÔLE NOUVEAU DU MOUVEMENT ASSOCIATIF

3. Le sport est culture

« La pratique des sports est la base de tout pour mieux analyser et comprendre l’activité du corps humain. Dans l’enseignement actuel, le corps humain est réduit à un point. Ce n’est que la mécanique du point. S’il n’est pas dit que le bipède est un corps poly-articulé, vous ne pouvez rien expliquer... » (Alain Junqua). À côté de l’EPS, un espace pédagogique est inoccupé, celui de la culture sportive et olympique.

Cette préoccupation du sport à partir d’une approche pédagogique pluridisciplinaire au bénéfice de la culture générale est déjà abordée à l’échelon local.

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Ainsi, les travaux menés au sein de l’université de Poitiers et du CRITT de Poitou-Charentes lors d’un projet Coménius 2 ont défriché de nouvelles approches pédagogiques sur les contenus, tant scientifiques que littéraires, auxquels le sport se réfère. Le laboratoire de mécanique des solides du CNRS de l’université de Poitiers a créé au CREPS (Centre régional d’éducation physique) de Poitou-Charentes, une structure de transfert de technologies de recherche appliquées au sport. À partir du travail de champions comme Brian Joubert, champion d’Europe de patinage artistique, l’idée a germé de proposer une initiation aux choses scientifiques pour les enfants lors de classes découvertes.

Une mise en place officielle durant l’année scolaire, sous l’égide du conseil général de la Vienne et de l’inspection académique avec l’appui de l’ANOF et du CNOSF, est en cours sous le nom de « Pratiques sportives et éducation scientifique ». Le but est de montrer que les diverses pratiques proposées durant le stage sont déjà vivantes en elles-mêmes. Elles procurent des sensations qui se prêtent à la découverte de la démarche scientifique dans une des disciplines les plus fondamentales, la mécanique. Ces sensations vont être opposées à la réalité de la mesure et des paramètres. Le critère innovant des stages consiste à confronter sensation et explication scientifique - ce qui n’est pas possible dans l’approche actuellement enseignée de la mécanique - en proposant des situations où l’intérêt des enfants et des adolescents reste toujours en éveil.

Une approche pluridisciplinaire et l’appropriation des connaissances indispensables en mécanique, en mathématiques, en sciences physiques, en sciences de la vie, en métrologie... se construit au rythme personnel des différents stagiaires à partir d’activités concrètes et motivantes, car elles ont du sens pour eux. Il a fallu construire ces moyens éducatifs nouveaux, résultats de plus d’une trentaine de thèses dans le domaine du sport et du traitement des images. Avec le travail sur l’image, un handicapé ou un valide voient ce qu’ils sont capables de faire.

Un autre projet repose sur la volonté de mettre en œuvre une approche d’éducation globale en mobilisant le sport et ses valeurs comme support. Il est mené en Seine-Maritime avec l’inspection d’académie, l’USEP et le comité départemental olympique et sportif. Les acteurs de l’éducation - avec le monde scolaire et les enseignants - et les acteurs de l’éducation volontaire - le mouvement associatif sportif (qui peut être tout autant d’éducation populaire ou culturel) - ont travaillé ensemble à la réalisation de livrets pédagogiques abordant différents thèmes (les Jeux antiques, l’olympisme et ses valeurs, les athlètes).

Articulés autour d’un apport synthétique d’informations (des pistes d’application pédagogiques en conformité avec les programmes), ces outils doivent donner l’occasion aux enseignants d’aborder les apprentissages de manière différente.

Le sport, l’olympisme et leurs valeurs donnent ainsi lieu à des séances de mathématiques, de découverte du monde... de temps de débat intervenant dans le cadre de l’éducation à la citoyenneté. À l’école, les enfants expriment leur vision par la production d’œuvres graphiques ou musicales. Enfin, à l’occasion d’un rassemblement sportif départemental les enfants présentent au public leurs productions montrant leur niveau de compréhension de la problématique.

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Ces expériences locales viennent nourrir une préoccupation nationale relative à la construction de projets concertés d’éducation par le sport. Et d’autres départements se sont intéressés à l’éducation par le sport.

De ces préoccupations est né le camp olympique de la jeunesse, organisé par l’académie olympique en juillet 2006 avec la collaboration de l’USEP, qui est donc fondé sur les mêmes principes, à savoir sensibiliser l’enfant et lui faire intégrer des valeurs. La meilleure manière de comprendre les valeurs pour les faire vivre est de pratiquer. C’est leur propre situation athlétique que les enfants ont découverte et ils sont repartis avec le cédérom de leurs propres paramètres et de leurs images. L’accès à la connaissance et à l’éducation, par la découverte de leurs capacités, a permis d’identifier les valeurs associées : l’esprit de compétition (à travers la volonté de se mesurer aux autres), l’excellence (en voulant donner le meilleur de soi), l’esprit sportif (avec la notion de respect des adversaires, des juges, des arbitres, mais aussi des règles), l’accès au sport pour tous (avec l’introduction de cette notion de tolérance), le refus de toute discrimination, l’esprit d’amitié...

L’objectif est de pouvoir mobiliser le sport comme un vecteur d’éducation, un media de culture générale et d’utiliser l’olympisme comme un outil pédagogique.

Des « ateliers d’initiation » sportive sont venus éclairer le programme pédagogique : ateliers d’activités collectives, de sports collectifs, de sports individuels, de sports antiques (pour leur permettre de comparer entre les activités sportives de l’antiquité et les actuelles) et d’activités handisport (basket en fauteuil et course en aveugle avec guide) afin d’appréhender la notion de handicap. Ce dernier atelier a marqué les enfants dans la mesure où ils ont surmonté leur crainte de la différence en rencontrant des sportifs handicapés, qu’ils ont pu discuter avec eux du handicap et de leur capacité à se dépasser pour pratiquer le sport.

Les « ateliers créatifs » ont permis d’insister sur la dimension artistique en recourant à l’art graphique sur leur tee-shirt et en définissant un logo, un emblème, un nom pour leur équipe. Ils devaient créer leur identité au même titre que les champions venant en délégation sur les Jeux olympiques.

L’« atelier de découverte scientifique » a fait appréhender la science du mouvement et prendre conscience du geste à travers l’analyse, le recueil de données et la pratique.

Avec l’« atelier d’histoire », les stagiaires ont abordé les Jeux antiques à l’aide d’une bande dessinée, ce qui était aussi une manière douce d’accéder à la lecture.

L’« hygiène de vie » a été également mobilisée à travers une découverte ludique des bienfaits et des dérives du sport. Il était important de débattre avec les enfants de cet aspect avant de finir par de mini-Jeux olympiques avec le cérémonial.

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L’esprit du camp olympique illustre l’intérêt de la dimension culturelle du sport pour une approche globale de l’éducation, tant dans les contenus d’enseignement que dans les comportements individuels et collectifs. Tous ne seront pas des champions pas plus que l’étude du français exige l’écrivain et celle des sciences le Nobel mais tous vivront l’expérience de la connaissance de soi et du partage.

La fonction culturelle du sport ne réside pas exclusivement dans les traces de son passé, ni dans ses liens avec les autres secteurs de la culture, cinéma, arts, littérature, théâtre... L’athlète est aussi un acteur. « Notre problème à nous acteurs c’est qu’on sort de la réalité. Le temps devient autre et on le filme » (Sami Bouajila). La situation du sportif est semblable à celle de l’acteur. C’est durant le temps du jeu qu’il sort en quelque sorte de sa banalité, de l’ordinaire voire de son corps ; le temps de jouer un autre rôle et de créer...

La mémoire fixera l’évènement et l’histoire gardera du geste l’innovation et l’invention au travers d’un exploit unique. Sa traduction exclusivement corporelle ne signifie pas l’ablation momentanée du cerveau... : le saut en hauteur de Fosbury aux JO de Mexico en 1968, le coup-franc de Platini, les passes croisées des frères Boniface, le revers à deux mains de Borg, la boxe sans garde de Mohamed Ali, les stratégies et feintes dans les sports collectifs... autant de fruits de la répétition et des entraînements astreignants que connaissent le/la pianiste, le/la danseur(se) ou le/la gymnaste. En vivant le sport comme culture, l’égalité des chances élargit le champ des possibles et de l’imagination créatrice : pour tous.

La culture sportive est éducative quand elle est au service de la vie sociale.

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CONCLUSION

De quoi parlons-nous ? Qu’est le sport ?

« L’activité physique exercée dans le sens du jeu, de la lutte et de l’effort, et dont la pratique suppose un entraînement méthodique, le respect de certaines règles et disciplines » avait retenu pour notre assemblée Jean-Luc Bennhamias en 2002 en empruntant au Petit Robert mais en constatant déjà que l’évolution de la définition était permanente.

Il existe un sport au sens strict, parfaitement organisé au sein d’une institution universelle. Nelson Paillou, au nom de ce monde-là, mais au service de tous, a interpellé notre assemblée en 1986 « Est-ce une utopie de croire à une conjonction harmonieuse des efforts du monde associatif, du monde économique et de l’État ? ».

Il nous faut répondre à l’un et à l’autre.

Le sport au sens strict, avec ses systèmes de compétition hiérarchisés, bénéficie à un sport au sens large. Chacun peut s’accaparer une activité sportive codifiée et la moduler à son gré dans une pratique de loisir. Le sport est en perpétuelle création et le sport au sens large se développe aussi de manière autonome avec de nouvelles activités ou avec de nouvelles conceptions d’une activité existante. De nouvelles activités déboucheront peut-être sur un nouveau sport codifié. D’autres activités ne rentreront pas dans le système compétitif classique. Ce n’est plus un problème si nous sommes capables de réguler évolution et concertation.

La société évolue, le sport aussi. Il est matière vivante, sans cesse en mouvement, il appartient à tout le monde.

Nous aurons répondu à nos deux collègues en apportant la précision suivante : en 2007, dans notre assemblée, nous voulons offrir le sport à tous, par la « conjonction harmonieuse » de toutes nos composantes de la société civile.

Henri Sérandour, le président du CNOSF, nous dit combien le mouvement associatif est prêt à s’engager dans une ère nouvelle, dans la suite du Livre blanc du sport français La raison du plus sport : « L’ensemble de ces actions fait du mouvement sportif un acteur majeur de la société française et du sport un mode de vie à nul autre pareil ». Avec son Agenda 21, dans une volonté de lutte contre l’exclusion et pour l’égalité des chances, dans le souci d’éducation déjà si cher à Nelson Paillou, le mouvement sportif français fait appel aux autres acteurs de la société.

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Colette Besson, qui fut trop peu longtemps notre collègue, savait fort bien que les valeurs du sport et de l’olympisme n’ont de sens que si elles sont au service de tous. Elle savait les offrir. Elle savait que les dangers du sport sont ceux de la société et que cette société ne pouvait prétendre partager les valeurs si elle ne s’engageait pas dans le même temps pour lutter contre les dérives.

Le recours aux valeurs du sport s’est accru et le développement des contre-valeurs s’est accru tout autant. Ces contre-valeurs, à commencer par la violence et le dopage, choquent régulièrement le public dans l’actualité. Le mouvement sportif doit assumer ses responsabilités pour lutter contre les dérives.

Il ne peut cependant le faire seul. La pratique ne relève pas que de son seul champ, ses capacités d’intervention sont limitées.

Il nous faut envisager un contrat social du sport.

ANNEXES

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Annexe 1 : Comité national olympique et sportif français (CNOSF)

Le CNOSF se compose de 96 fédérations (et onze membres associés) réparties en quatre collèges18 :

29 fédérations 47 fédérations 14 fédérations 5 fédérations

olympiques nationales sportives multisports ou affinitaires scolaires et universitaires FF d'Athlétisme FF d’Aéromodélisme Fédion des Clubs Sportifs et FF du Sport Universitaire FF des Sociétés d'Aviron F Nationale Aéronautique Artistiques de la Défense (F.F.S.U.)

FF de Badminton FF d’Aérostation (F.C.S.A.D.)

FF de Baseball, Softball FF de Ball-Trap

et Cricket FF de Balle au Tambourin FF d’Education Physique et FF de Basket-Ball FF de Ballon au Poing de Gymnastique Volontaire

FF de Boxe FF de Billard (F.F.E.P.G.V.)

FF de Canoë-Kayak FF de Bowling et de Sport Union Nationale des Clubs

FF de Cyclisme de Quilles FF d'Entraînement Universitaires (UNCU)

FF d'Equitation FF de Boxe Française, Physique dans le Monde

FF d'Escrime Savate et D.A. Moderne (F.F.E.P.M.M.) Union Nationale du Sport

FF de Football FF de Char à Voile Scolaire (U.N.S.S)

FF de Gymnastique FF de Course d'Orientation FF Handisport

FF d’Haltérophilie, Muscul., FF de Cyclotourisme Union Sportive de l'enseignement Force athl. et Culturisme FF de Danse FF des Maîtres Nageurs du Premier degré (USEP)

FF de Handball FF d'Etudes et Sports Sauveteurs

FF de Hockey sur gazon Sous-Marins

FF de Judo et D.A. FF de Football Américain FF du Sport Adapté FF de Lutte FF Full contact et D.A.

FF de Natation FF de Giraviation FF du Sport d’Entreprise

FF de Pentathlon moderne FF de Golf (F.F.S.E.) 11 Membres associés

FF de Ski FF de Karaté et D.A.

FF des Sports de Glace FF de Longue Paume FF du Sport Travailliste Association Française des

FF de Taekwondo FF de la Montagne et (F.F.S.T.) Collectionneurs Olympiques

FF de Tennis d'Escalade et Sportifs (AFCOS)

FF de Tennis de Table FF de Motocyclisme Fédion Nationale du Sport en

FF de Tir FF Motonautique Milieu Rural (F.N.S.M.R.) Association Française du

FF de Tir à l'Arc FF Muaythaï et D.A. Corps Arbitral Multisports

FF de Triathlon FF de Parachutisme Fédion Sportive et Culturelle (AFCAM)

FF de Voile FF de Pêche au Coup de France (F.S.C.F.)

FF de Volley-Ball FF des Pêcheurs en Mer Comité français Pierre de

FF de Pêche à la Mouche et au Lancer

Fédion Sportive et Gymnique du Travail (F.S.G.T.)

Coubertin

FF de Pelote Basque Fédération des Clubs

FF de Pétanque et Jeu Prov. Fédion Sportive des Sourds Alpins et de montagne FF de Planeur Ultra-Léger de France (F.S.S.F.)

Motorisé F.F. des Clubs Omnisports

FF de Randonnée Pédestre Union Française des Œuvres

FF de Roller Skating Laïques d'Education Fédération des FF de Rugby Physique (U.F.O.L.E.P.) Internationaux du Sport

FF de Rugby à XIII Français

FF de Sauvetage et Secourisme Union Nationale Sportive

FF de Ski Nautique Léo Lagrange F.F. des médaillés de la

FF de Spéléologie Jeunesse et des Sports

FF de Sport Automobile

FF de Sport Boules Fédération nationale des

FF des Sports de Traîneau, Joinvillais

Ski-Pulka et Cross Canins

FF de Squash Fédération sportive de la

FF de Surf Police française

FF de Taï Chi Chuan et

Qi Gong Union des A.S.P.T.T.

FF de Twirling Baton

FF de Vol Libre Union des Clubs de Plein

FF de Vol à Voile Air (U.C.P.A.)

FF de Wushu

Union Générale Sportive de l'Enseignement Libre (U.G.S.E.L.)

18 Ces fédérations représentent 175 000 associations sportives - 15,8 millions de licences – 2 millions de bénévoles - 101 000 emplois.

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