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Spécificités des habitations dans le Parc d’Armorique : une affaire d’identité

complexité de l’habitat dans le Parc d’Armorique

2.4. Spécificités des habitations dans le Parc d’Armorique : une affaire d’identité

En grec, les verbes se référant à l’habitat (oikein, naein, demein) renvoient au fait d’exister. Par ailleurs, ces verbes sont les seuls à pouvoir commuter avec le verbe « être », dont ils sont de véritables synonymes. Les rapports étroits entre être et habiter sont mis en lumière par Heidegger, qui nous fait remarquer qu’en vieux haut allemand le verbe Buan signifiait à la fois bâtir, habiter, mais aussi « la manière dont nous autres hommes sommes sur terre ». Par leur racine commune, les verbes allemands Buan et Bin (signifiant respectivement habiter et être) sont employés dans un même sens. Habiter serait donc une affaire d’être et l’habitation son identité, reflet de la personne. Après avoir précédemment exposé les principales tendances de développement et de répartition des habitations sur le territoire, nous mettrons ici en évidence les normes et les valeurs qui entrent en compte dans le choix de la maison.

Un espace est habitable si, par les représentations (individuelles ou collectives) qu’il suscite, il constitue un espace où l’identité de l’individu, son intimité, sa personne peut s’ancrer, se développer et s’épanouir. L’habitation est également un espace de liberté, c’est un instrument à partir duquel l’habitant décide de ce qu’il souhaite, où il met en scène sa créativité, ses goûts, ses convictions, etc. Si chaque habitant est unique, celui-ci fait son choix d’habiter en puisant dans certaines normes communes, qu’il combinera à sa guise (voir graphique ci-dessous). L’étude menée auprès des habitants du Parc d’Armorique nous a permis de déterminer neuf grandes normes, réparties en fonction de trois facteurs propres à l’identité de l’individu : le pragmatisme, le rapport à l’environnement, le rapport à la tradition.

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Graphique 12 : profil des habitants interrogés en fonction du type de maison (Enquête de terrain 2017)

2.4.1. Habitat et pragmatisme

Au plus simple, au plus vite, au plus sûr, au moins cher. Voici comment pourrait être résumé ce premier facteur déterminant le choix de l’habitation. Le pragmatisme se définit par l’attitude d’un individu se tournant vers l’action. Le néo-libéralisme dominant postule que trois principes doivent organiser notre société : la rationalité supposée de l’individu, la concurrence présumée parfaite et sans entrave, et la libre détermination des prix en fonction de l’offre et de la demande. Cet environnement et ces conditions participent à la détermination des comportements adoptés par les habitants lors de leur choix d’habitat. La norme pragmatique se traduit par la propension des individus à s’appuyer sur le système économique préexistant. À travers cette norme, nous avons réuni trois types d’habitants : le client, le bricoleur, l’écoresponsable, profils que nous retrouverons déclinés dans les autres facteurs de détermination de la maison.

2.4.1.1. Le client

Dans ce contexte d’économie libérale, l’habitant est avant tout un consommateur, qui endosse donc le rôle de client dans sa relation avec les entreprises et les fournisseurs de biens et de services :

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Ecoresponsable-bricoleur Ecoresponsable-client Ecoresponsable-traditionnaliste + ecoresponsable

bricoleur

Ecoresponsable-traditionnaliste + pragmatique éco-responsable + ecoéco-responsable bricoleur

Pragmatique- bricoleur Pragmatique- client + pragmatique ecoresponsable Pragmatique-client Pragmatique-ecoresponsable + traditionnaliste puriste Traditionnaliste-pragmatique Traditionnaliste-puriste Traditionnaliste-puriste + pragmatique bricoleur

Maison contemporaine Maison écologique Maison en bois Maison moderne minimaliste Maison néo bretonne Maison traditionnelle

150 « H : On est allé voir plusieurs constructeurs, on en a choisi sur devis et on a

signé.

E : Et vous avez choisi : pour le prix ou pour la maison qu’il proposait, pour d’autres choses…?

H : C’est … pas bas de gamme, un peu au-dessus pour avoir un peu plus de qualité. »187

Le constructeur est aujourd’hui l’interlocuteur principal de l’habitant-consommateur. Il lui offre un service simple et rapide, en proposant un panel de maisons garantes des normes en vigueur, diminuant la prise de risque et proposant des modèles populaires et bon marché.

2.4.1.2. Le bricoleur

Pour autant, le pragmatisme ne sous-entend pas forcément une adhésion totale au « clé en main ». Le pragmatique peut-être aussi bâtisseur. Il se fournira alors dans la grande distribution où il reprendra son rôle de client, avec ses exigences de rapidité, d’efficacité, de simplicité, de fonctionnalité, et de facilité d’installation et d’entretien :

« H : Le parquet flottant, il est collé avec le mur, on laisse ça de chaque côté du mur et ça peut pas bouger. C’est facile à faire ».

« E : Vous êtes allés où pour choisir tout ça ?

H : Chez Tanguy, le carrelage de chez Point P. Ce carrelage-là de chez Casto, si je dis pas de bêtises.

E : Votre choix … vous allez au plus simple, dans les grands magasins où y’a tout, où c’est pratique de choisir ?

H : Ouais voilà. »188

2.4.1.3. L’écoresponsable

Le consommateur du XXIe siècle se veut de plus en plus un consommateur « responsable ». Il exerce un contrôle et une surveillance à l’égard de l’offre et des produits, en se réclamant de valeurs à connotation morales, telles que l’écologie, le respect des droits de l’Homme, mais aussi la santé. Le pragmatique, lui, va s’en remettre au marché pour choisir la formule énergétique la plus économe dans son logement – quitte à bénéficier de mesures incitatives financières publiques – pour adopter un matériau plutôt qu’un autre, parce qu’il sera reconnu meilleur pour sa santé, plus performant, tout en restant bon marché :

« H : Dans une maison en bois, on n’a pas besoin de beaucoup de chauffage. E : L’isolation a été faite comment ?

187 Habitant d’un lotissement à Argol (2017)

151 H : C’est de la laine de roche. Si c’était à refaire maintenant, je le ferais en paille.

E : Ah oui, pourquoi ?

H : Parce que c’est plus performant. »189

Pragmatisme et souci écologique ne sont donc pas incompatibles, mais passent généralement par les valeurs détournées de la performance et du bien-être personnel.

2.4.2. Habitat et écologie

Certains habitants insistent d’emblée sur l’aspect environnemental du logement, notamment en rapport étroit avec leur santé. Dans la plupart des cas, la nature est située au cœur de leur projet de vie et ne se conçoit pas sans un logement en adéquation avec cette représentation :

« Il me faut être dans la nature. C’est fait exprès, l’impression d’être dans les arbres. Ma maison s’intègre bien dans le paysage c’est pour ça qu’elle est aussi en

bois. »190

Chez ces habitants, la relation à la nature est au fondement des représentations sociales de l’habitat : les matériaux valorisés sont la pierre et le bois, qui en sont directement issus. Une continuité se construit entre l’extérieur et la maison. Au contraire, les matériaux issus de l’industrie et transformés sont dévalorisés : le ciment et ses déclinaisons (le parpaing) représentent l’exploitation industrielle et illimitée des ressources naturelles ; ils seront donc moins souvent choisis. De surcroît, ces produits ne s’intègreraient pas au paysage. Une nouvelle fois, à travers cet attachement à l’environnement, nous retrouvons la posture du client et du bricoleur, auquel vient s’ajouter celle du traditionaliste. 2.4.2.1. Le client

L’absence de connaissance ou de compétence en construction, ne détourne pas systématiquement les habitants « écoresponsables » des constructeurs de maisons individuelles, mais ils font plus facilement appel à des architectes :

« E : Une maison en bois … pourquoi ? Vous auriez pu vous acheter une maison traditionnelle et la retaper, comme vous aimiez bien ça aussi.

H : On ne se sentait pas capable, faut être assez bricoleur. Et puis au niveau écologique, avec une maison en bois, on a pu avoir des toilettes sèches, l’isolation, faire de la récupération de l’eau de pluie dans une citerne. (…) Elle s’inscrit dans

un projet global. »

Le client écoresponsable sera rarement moteur dans la production de modèles d’habitat alternatifs, il se fiera plutôt aux normes des constructeurs :

189 Habitant lotissement à Rosnoën, Maison en bois (2017)

152 « On voulait réutiliser l’eau (usée) pour les sanitaires, les machines à laver. Mais

on nous a déconseillé. Pour des questions sanitaires. Y’a 10 ans, y’avait pas de retour sur certaines méthodes, maintenant on pourrait nous dire oui. Le constructeur il engage sa décennale, donc il n’était pas trop partant pour ça.

Pareil pour la laine de mouton, dans la durée ». 2.4.2.2. Le bricoleur

Nombreux sont les habitants-bricoleurs qui vont préférer investir du temps pour amoindrir les coûts de construction de leur maison. C’est le cas ici, à propos d’une petite maison :

« H : Mais le Mobil home, ça ne me vend pas du rêve. E : Pourquoi ?

H : Trop de plastique. Trop déjà fait. Trop étriqué. Y’a plus rien à faire dedans… J’ai besoin de mettre ma main dedans pour que ça me cause. C’est logique, le bois

j’aime bien travailler ça. Entre le prix d’un Mobil home et le prix de la matière pour faire ça, c’était kif-kif, donc j’ai pas hésité »191.

L’écoresponsable-bricoleur désigne celui qui transforme, fabrique, voire construit lui-même sa maison. Il possède un certain goût pour la technique et possède un savoir-faire, il s’en prévaudra pour sortir des sentiers battus et prendre le risque d’essayer des techniques qu’il ne connaît pas :

« C’est une maison à ossature en bois, des poutres porteuses, des panneaux vissés derrière, et des bottes de paille pour isoler. Pareil, c’est dans l’idée de découvrir

des trucs. […] L’idée m’est venue … y’avait des amis qui construisaient leur maison ossature bois. Un pote menuisier. Ils étaient en train de faire des plans. Il

m’a montré un logiciel pour faire des plans. […] C’est pas compliqué, ça a été rapide à faire. Assembler les poutres, mettre la paille et puis voilà […] C’était un

gros bricolage, on va essayer. Et puis ça tient toujours. »192

La qualité d’un projet « bricolé » n’est donc pas toujours garantie, mais amène à faire évoluer et améliorer les pratiques personnelles :

« Et puis en fait j’hallucine. Y’a un défaut c’est pas du tout respirant. En hiver, l’humidité ne peut pas traverser les murs. Si j’avais fait un mur en terre, ça aurait

été plus respirant, encore mieux. »193

2.4.2.3. Le traditionaliste

Allier performance, tradition et qualité environnementale est l’ambition d’une partie des habitants rencontrés lors de cette enquête :

« J’ai demandé à une entreprise de maçonnerie de commencer certains travaux […]. Je leur ai demandé s’ils connaissaient la chaux aérienne. Ils m’ont dit « oui oui ». C’est un liant issu d’une pierre calcaire qu’on brûle, de laquelle on ressort de la chaux vive, qu’on éteint. Cette chaux-là, quand elle est mélangée avec le sable, elle fait sa prise à l’air, elle repompe le carbone de l’air pour se durcir à

191 Habitant d’une maison en bois et paille, village, Brasparts (2017)

192Ibid.

153 nouveau. Mais ça prend, c’est très long […] pour qu’elle retrouve la dureté. Mais

elle laisse respirer les murs. C’est-à-dire que l’humidité qui rentre dans les murs […], il y a de l’humidité dans le sol qui monte par capillarité dans les murs et qui ressort entre les pierres comme elle peut. Lorsque l’on met du ciment, on colle une couche imperméable, lorsque l’humidité monte et en général arrive aux poutres de

l’étage et pourrie les poutres. Le maçon s’est trompé il a mis de la chaux hydraulique. J’ai arrêté avec lui, je me suis retrouvé tout seul, il y avait peu de gens qui connaissaient la chaux aérienne. J’ai fait un stage à l’association Tiez Breiz194 qui faisait la promotion de la chaux aérienne, il nous a expliqué comment

faire, puis Albert m’a donné un coup de main »195.

Dans ce contexte de représentation de la maison, les matériaux et les modes de rénovation respectent le bâti traditionnel, en utilisant des procédés et des matériaux performant afin de régler les problèmes majeurs des maisons anciennes : la luminosité et l’humidité. L’appel à des associations dédiées fait partie des habitudes des traditionalistes et des bricoleurs. L’intérêt pour l’entre-aide est particulièrement représenté dans ces deux modèles de détermination de l’habitat.

2.4.3. Habitat et tradition

Cette dernière combinaison de normes nous permet d’entrevoir un dernier facteur de choix d’habitat, fondé sur l’influence culturelle et le rapport à la tradition dans sa construction. Étymologiquement, le terme de « tradition » correspond à une transmission à travers le temps et les générations. Elle est le lien ininterrompu avec le passé ; elle inscrit le présent dans la longue durée. Elle englobe l’environnement bâti, qui est un héritage culturel caractérisant la région. Il s’agit ici de préciser les raisons et motivations individuelles des habitants quant à leur choix d’habitat ou quant à leur jugement sur l’environnement bâti, lorsqu’elles renvoient à la culture traditionnelle locale. Entre tradition et régionalisme, les justifications individuelles sont variées. Les habitants puisent parmi les différents traits culturels bretons qu’ils connaissent ou imaginent et décident de ce qu’ils désirent garder et valoriser, transmettre ou abandonner à travers leur habitation. La culture bretonne, bien qu’en constante évolution, demeure un amer au sein du Parc d’Armorique et dans les représentations sociales de ses habitants. Elle constitue l’identité du territoire et lui donne sa singularité. Ici encore, plusieurs normes se déclinent et viennent se distinguer ou se rapprocher de celles précédemment identifiées.

2.4.3.1. Le puriste

Pour quelques habitants, au-delà d’un aspect pittoresque de l’habitat traditionnel, l’ancien est valorisé, car il renvoie à l’idée d’une sagesse ancestrale. C’est la conviction d’un de nos

194 Association pour l’éco rénovation.

154 interlocuteurs pour qui habiter une maison ancienne revient à découvrir et interpréter l’histoire du lieu, des personnes qui y ont habité et qui ont construit cette maison :

« Les angles des maisons où les pierres sont mal taillées, c’était parce que les propriétaires payaient mal les ouvriers. Sur la maison à côté, les angles sont bien faits (…) Tu apprends des choses sur les maisons. La richesse d’apprendre à vivre

ici … la richesse d’apprendre ça, clairement je préfère apprendre ça que les chiffres de la bourse. »196

Au-delà de la simple connaissance historique, l’appropriation de l’habitat ancien permet à l’habitant de se relier, au moins dans l’imaginaire, avec les savoirs populaires et les façons de vivre en harmonie, selon lui, avec le lieu et son environnement. C’est un rapport quasi mystique qui s’établit entre l’habitant et son logement :

« Les anciens, ils savaient que si tu vis là, c'est mauvais (…) Si les bêtes vont jamais là, des trucs comme ça … ils ont pris le temps d'écouter, d'entendre ce que leur transmettaient les animaux, leurs ressentis à eux. Retrouver un savoir perdu, qui a été perdu au moment de la rationalisation, on va faire un truc carré. Par exemple les menhirs, ce n'était pas juste des repères, ils sont là au croisement de

deux veines, ils agissent comme des filtres. Retrouver du savoir qui existe vraiment, c'est riche, c'est pas juste du folklore. »197

De même, le savoir-faire traditionnel en maçonnerie et en charpenterie est valorisé. Pour de nombreux habitants ayant choisi de vivre dans un habitat traditionnel, c’est tant le « savoir rusé », la

mètis, que l’esthétique qui est valorisé et qui fait la beauté et la qualité de l’habitation. Cet habitant a ainsi construit lui-même la charpente de sa maison selon les règles traditionnelles :

« E : Quand vous dites que vous faites la charpente comme il y a 100 ans … C’est à dire?

H: C’est plus joli. C’est plus compliqué. E : Maintenant ils la font comment ?

H : C’est agrafé. Les maisons récentes, ils ont des plaques métalliques, ils ont des cloueurs. Y’a plus ce travail de charpente. C’est vendu préparé. Ils livrent les

charpentes complètes. C’est plus du travail traditionnel. E : Qu’est-ce qui vous plaît dans le travail traditionnel ?

H : L’esthétique, la beauté. Les fermettes qu’ils font aujourd’hui, ils les cachent. On ne voit pas de charpente. Tandis qu’ici on voit la charpente.»198

Les habitants très attachés au bâti traditionnel, sont globalement moins regardants sur le confort et préfèrent privilégier l’authenticité, en maintenant, par exemple, la disposition originelle des pièces, les petites fenêtres, les cheminées, etc.

196 Habitant maison bois-paille, Brasparts (2017)

197Ibid.

155 2.4.3.2. Le pragmatique

Ce qui est perçu comme un habitat ou un bâti traditionnel est variable selon les habitants. Pour certains, une maison proposée par le marché de la construction contemporaine est un facteur de banalisation et provoque la disparition des particularismes architecturaux ; mais pour d’autres, elle s’inscrit dans son environnement culturel et reste un marqueur de la perpétuation des traditions locales. Le gradient de la tradition n’est donc pas immuable. Ainsi, pour un habitant rencontré, le pavillon standard est « la maison traditionnelle d’aujourd’hui »199.

Contrairement au puriste, le traditionaliste-pragmatique cherchera le compromis entre marqueur de la tradition et praticité. Pour la surface et le confort qu’elle offre, il se tournera donc plutôt vers une maison édifiée au cours des quatre dernières décennies, qui sera de type néo-breton. Ce qui à ses yeux en fera une maison traditionnelle, car elle sera caractérisée par un toit à 45° en ardoises, flanquée de cheminées - qui représente la forme consensuelle de l’identité culturelle bretonne – mais simultanément, ses matériaux supportent des valeurs de modernité et permettent d’être au « goût du jour »200. D’autres habitants, demandeurs d’une construction neuve, garante d’un meilleur confort et évitant les risques et imprévus, pourront s’impliquer dans une recherche imposée201 ou volontaire d’un caractère breton plus affirmé.

2.4.3.3. Le client

Enfin, profil globalement absent de notre enquête, car issu principalement d’une catégorie socio-économique supérieure, le client-traditionaliste présente une attente forte en matière d’habitat ancien. En ce sens, il se rapproche des puristes, mais il cherchera également un confort intérieur important : isolation ou luminosité si possible identique à l’habitat contemporain. Ce profil est dans l’attente d’une offre clé en main, peu présente sur le marché de l’habitat traditionnel, d’où son coût élevé. Alors que la vacance du bâti ancien est particulièrement élevée dans la plupart des territoires du Parc d’Armorique – et plus particulièrement dans les espaces ruraux profonds, moins attractifs pour les populations à fortes ressources –, encore peu d’édifices ou d’ensembles d’envergure ont trouvé un acquéreur public ou privé pour leur rénovation et leur commercialisation. Le client-traditionaliste de classe économique inférieure se trouve exclu de ce marché où pourtant les opportunités abondent. Il devra donc se contenter d’être pragmatique, bricoleur, ou de renoncer à son désir.

Il faut noter tout de même un début d’inversion de cette tendance, notamment parmi les collectivités qui tentent de revitaliser leur territoire en s’inscrivant dans des projets de relance des centres-bourgs, caractérisés par l’investissement dans le bâti ancien. Ce que facilitent les opérations programmées

199 Habitant d’une maison pavillonnaire de lotissement, Argol

200Habitant d’une maison néobretonne d’extension de bourg, Argol,

156 d’amélioration de l’habitat (OPAH) actuellement menées par deux intercommunalités du Parc : Morlaix Communauté et la communauté de commune du Pays de Châteaulin et du Porzay. C’est la reprise d’une procédure mise en œuvre durant deux décennies par le Syndicat Mixte pour le Développement du Centre Finistère202 (SMDCF). L’inconvénient de ces opérations, par ailleurs d’une utilité capitale dans la résorption de l’habitat indigne occupé par des populations fragiles, est la destination des logements, tournée essentiellement vers le maintien à domicile et la location, excluant l’accès à la propriété – pourtant principalement recherchée – et l’installation durable d’habitants nouveaux dans de l’habitat ancien de qualité.

157

Conclusion du Chapitre 2