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(1) Les souris Tg+ saines ont un hématocrite légèrement plus bas que les souris Tg- (45,15% vs 47,27%, respectivement), en accord avec une concentration en GR plus basse (9,72

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106 vs 10,51

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106, respectivement). Pour autant, le taux d’hémoglobine est le même chez les deux types de souris, ce qui se traduit par des GR légèrement plus gros (46,80 fL au lieu de 44,25 fL) et plus chargés en hémoglobine (15,2 pg au lieu de 14,3 pg) chez les souris Tg+.

(2) Le nombre de leucocytes par µL de sang est beaucoup plus élevé chez les souris Tg+ que chez les souris WT (Tg-) (10,15

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103/µL vs 6,08

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103/µL). Ceci avait déjà été relevé lors des premières études sur la lignée transgénique, par la numération des PNN et des lymphocytes (Laine et al., 2000a). Nous montrons ici que l’augmentation concerne aussi les monocytes et les PNE.

(3) La numération des plaquettes indique que les souris Tg+ ont le même nombre de plaquettes que les souris Tg-, confirmant ce qui avait été rapporté par (Laine et al., 2000a). L’analyse des indices plaquettaires par l’automate Sysmex (plaquettocrite, volume plaquettaire moyen et indice de distribution de taille) montre de plus que la population plaquettaire est normale chez les souris Tg+.

L’image globale des cellules sanguines chez les souris Tg+ est donc celle d’une production accrue de leucocytes, d’une production diminuée d’érythrocytes, et d’une production normale en plaquettes. Ceci permet de supposer que la hGIIA, sécrétée et circulant de manière constitutive chez ces souris, est un élément perturbateur de l’hématopoïèse. Dans la mesure où leur formule sanguine est modifiée, aussi bien en termes d’érythrocytes, qui sont les cellules hôtes de Plasmodium, que de leucocytes, qui sont acteurs de la réponse immunitaire au parasite, il paraissait probable que la réponse cellulaire au cours de l’infection parasitaire puisse être différente de celle des souris Tg-.

Souris infectées par P. c. chabaudi 864VD

(1) L’analyse des données recueillies sur l’hémoglobine, les érythrocytes et les réticulocytes, montre que la multiplication du parasite dans le compartiment sanguin s’accompagne d’une diminution du nombre de GR et d’une anémie, maximums aux plus fortes parasitémies. Les signes d’une régénération active des

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érythrocytes due à l’anémie sont visibles sur les frottis sanguins à J15 p.i.. Le phénomène est similaire chez les souris Tg+ et Tg-.

(2) Une chute d’environ 50% du nombre initial de plaquettes est observée chez les souris des deux types à J12-13 p.i., au moment des fortes parasitémies. A J15 p.i., la baisse de parasitémie s’accompagne chez les souris Tg+ d’un retour à la concentration initiale en plaquettes, alors que la thrombocytopénie se maintient chez les souris Tg-. Dans les deux cas, au même moment, la proportion de plaquettes néo-formées est la même (indice P-LCR, pourcentage de plaquettes de grande taille), ce qui suggère que la production à partir de la moelle osseuse ou des organes hématopoïétiques secondaires (rate, foie) a lieu chez les deux souris, mais pourrait être ralentie chez les souris Tg-. Toutefois, l’absence de données sur les phénomènes d’agrégation plaquettaire est susceptible de fausser l’interprétation des résultats.

(3) Une augmentation des leucocytes totaux est observée à J15 p.i., en accord avec les données précédentes sur le suivi leucocytaire de l’infection, qui a montré que le maximum est atteint peu après le pic de parasitémie. Le comptage absolu des sous-populations leucocytaires montre que chez les souris Tg-, les lymphocytes, les PNN et les monocytes augmentent globalement chacun d’un facteur

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1,5 à 2, alors que chez les souris Tg+, les PNN augmentent d’un facteur

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10, les lymphocytes d’un facteur

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3, les monocytes d’un facteur

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1,5 et les PNE d’un facteur

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2. On voit donc que la sollicitation des PNN est majeure chez les souris Tg+ infectées. Pour autant, aucun PNN hypo-segmenté, caractéristique d’une différenciation récente, n’a été détecté sur les frottis des souris à J12 ou J15 p.i., ce qui semble indiquer que l’augmentation du pool circulant de PNN n’est pas due à une production accrue de ces cellules à partir de la moelle osseuse (ou de la rate). Il est peu probable aussi que cette augmentation résulte du « décollement » du pool de PNN marginés (collés à la paroi de l’endothélium vasculaire). En effet, le pool marginal concerne environ 50% de la population des PNN du compartiment sanguin chez la souris (Doyle et al., 1997), donc sa libération ne conduirait qu’à doubler le nombre de PNN. Ceci amène à penser que l’augmentation massive des PNN dans le sang pourrait provenir d’un défaut d’élimination de ces cellules, dont la ½ vie chez la souris est normalement de 7,4 heures (Basu et al., 2002). Cette possibilité est appuyée par le fait que des PNN hyper-segmentés ont été vus sur les frottis à J15 p.i. des souris Tg+ infectées, mais pas sur les frottis des souris Tg- infectées au même temps. L’hyper-segmentation est une anomalie morphologique du PNN, qui correspond au vieillissement de la cellule par le prolongement de son temps de transit dans le sang. Des cas de neutrophilie prolongée ont été associés aux infections chroniques. Il est important de noter que les PNN âgés restent fonctionnels.

Deux autres éléments importants ressortent de l’observation des frottis :

(1) Une forte augmentation de la proportion de lymphocytes activés (réactionnels), liée à l’infection, est observée sur les frottis des souris Tg+. A J0, le sang des souris Tg+ contient la même proportion de lymphocytes activés que le sang des souris Tg-, en moyenne 0,09%. A J7 p.i., cette proportion est de 11,4%

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et à J12 p.i., aux fortes parasitémies, elle est de 22,7%. A J15 p.i., en même temps que décroît la parasitémie, elle baisse à 3,4%. Chez les souris Tg-, on constate aussi une augmentation de la proportion de lymphocytes activés, mais plus tardive, elle n’apparaît qu’à J13 p.i., et de beaucoup plus faible ampleur, puisque la proportion est de 1,2% à J13 p.i. et de 0,5% à J15 p.i.. Les lymphocytes stimulés ou activés (grands lymphocytes hyperbasophiles) sont généralement des LT régulateurs, rarement des LT cytotoxiques, qui réagissent au contact de cellules infectées ou anormales. Ils sont inconstamment détectés par les automates : ils se localisent sur le scattergramme leucocytaire comme un nuage étalé plus ou moins proche de celui des lymphocytes et des monocytes (Zandecki and Ugo, 2012), et ils pourraient donc être responsables des anomalies du scattergramme DIFF chez les souris Tg+ infectées.

(2) Des monocytes activés sont aussi repérés sur les frottis des souris Tg+ infectées, mais plus tardivement que les lymphocytes, puisqu’on les détecte à J12 et J15 p.i., mais pas à J7 p.i. ni à J0. Contrairement aux lymphocytes activés, aucun monocyte activé n’est observé sur les frottis des souris Tg- (quel que soit le temps considéré).

L’ensemble de ces éléments indique que la réponse immunitaire vis-à-vis de Plasmodium est fortement perturbée chez la souris Tg+ pour la hGIIA. Il est intéressant de constater que les monocytes activés sont décelés au moment du pic de parasitémie, car dans la mesure où les monocytes sont des cellules phagocytaires, ils pourraient participer à la destruction des GRi et/ou des mérozoïtes.

Le lien entre les phénomènes leucocytaires observés et la hGIIA reste à élucider. Nous avons montré que l’activité enzymatique du plasma sanguin augmente en même temps que la parasitémie chez les Tg+. Dans le même intervalle de temps, on constate une augmentation des PNN et une apparition des monocytes activés. C’est aussi à cette période de l’infection que la hGIIA recombinante injectée à des souris WT infectées est active contre le parasite. Il serait important de vérifier si l’injection de hGIIA exogène conduit aux mêmes effets sur les leucocytes que ceux qui ont lieu chez la souris qui exprime constitutivement l’enzyme.

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