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Pour les sources orales, jouent une fois encore ces questions d’échelle qui m’ont amenée à faire le choix d’une présentation partant de la localité villageoise pour intégrer ensuite le champ du territoire du massif de Belledonne défini par la recherche, rejoindre le cadre de la vallée du Grésivaudan tel qu’il est pratiqué par les habitants de Belledonne, puis encore au delà à proposer à titre comparatif quelques exemples de récits provenant d’autres lieux, alpins ou auvergnats, comme un reflet des mobilités montagnardes comprises dans une plus large acceptation.

Les archives locales

MJC de Saint-Mury et Sainte-Agnès

Films vidéos et enregistrements réalisés dans les années 80 auprès des anciens par des habitants dont certains familiers des métiers de l’audio-visuel et de l’animation. François Fourest était le technicien réalisateur référent, assisté entre autres par Chantal Lefebvre et Élisabeth Calandry. Les documents ne sont pas toujours datés et plutôt en mauvais état technique mais d’un grand intérêt sur les coutumes locales.

Unicités Rhône-Alpes

D’autres enregistrements ont été réalisés en 2006 par des jeunes de la délégation de cette association nationale. Cette enquête a été organisée à l’initiative de dirigeants de la MJC suite à la crue torrentielle du Vorz en août 2005 et dans une logique de résilience. Les jeunes ont pour cela résidé sur place à plusieurs reprises et réalisé plusieurs animations.

Comité des Fêtes de Saint Mury

Des portraits photographiques et sonores d’anciens du village ont été réalisés par Philippe Graillot pour la photo et Bruno Mereu pour le son. 2002-2003. Exposés au Relais de Passerelles au lieu-dit La Gorge à l’automne 2003.

CD de l’ouvrage « Laval Autrefois »

produit par l’Espace Belledonne ; la communauté de communes du Balcon de Belledonne et l’association Autrefois pour tous. 2008.

Récits de vie d’habitants, le corpus « identités montagnardes » élaboré

pour cette recherche

Ces récits produits dans le cadre d’entretiens bien définis auparavant offrent une matière extrêmement riche et forment le support principal de la recherche qui nous intéresse. Grâce à eux, on passe de cette notion observatoire de « cohorte » (un peu gênante par sa connotation quasi zoologique) à l’incarnation des réalités individuelles.

Choix des informateurs et méthodologie de l’entretien

Une distribution de tracts d’information n’ayant pas de donné de résultats directs, il a fallu faire confiance à la connaissance que j’avais des personnes et des villages, en fonction du hasard quotidien, de la disposition d’esprit des uns et des autres, ou de certaines intuitions issues de la quête d’informations parallèles. Quelque soit l’identité, le statut ou la proximité de la personne sollicitée, c’est toujours la qualité du contact qui a prévalu et permis d’aller au-delà de la première information. Il fallait aussi percevoir un minimum d’intérêt et de bienveillance envers la démarche d’enquête que je proposais. D’une manière générale, le fait de s’adresser aux personnes par l’entrée professionnelle et la mobilité a été dans le bon sens et les a convaincues qu’il ne s’agissait pas d’une intrusion dans leur vie privée.

Quelles communes du massif ? situées principalement au milieu de la chaîne (La Combe de Lancey, ST Mury, Sainte Agnès et Laval) ainsi qu’au sud et au nord (Saint Martin d’Uriage et Saint Pierre d’Allevard) en tant que villes portes.

Quels individus dans quelles familles ? À quelques exceptions près, c’est principalement dans la génération des grands-parents retraités que l’on répond favorablement à la demande de collecte. C’est bien entendu une question de disponibilité, mais aussi le plaisir d’échanger sur « ce qui a été » et « ce qui n’est plus », avec il me semble d’autant plus d’acuité et de perspicacité que le questionnaire les rapproche de ce que furent leurs propres choix, en s’éloignant de considérations trop générales.

Les problèmes spécifiques et blocages rencontrés sont ceux dont témoignent depuis des décennies (sur les pas de Philippe Joutard en particulier) la plupart des historiens qui ont pratiqué la collecte : la mémoire sollicitée, espérée mais redoutée, les facteurs de méfiance, les secrets de famille ou bien les commentaires percutants sur d’autres personnes qui peuvent être évoqués hors micro, après un signe pour interrompre l’enregistrement. Pourtant, si l’entretien

part du bon pied (et la tonalité donnée est bien sûr de la responsabilité de l’enquêteur) il est très rare que la médisance gratuite s’y insinue.

Au sein de chaque entretien, le renvoi à d’autres personnes dont on pourrait solliciter le concours est permanent, et on aboutit par extension à un carnet bien rempli d’entretiens à prévoir, au bout duquel il est bien sûr impossible d’aller dans les limites du temps dont on dispose. Il faut d’ailleurs remarquer que partant de là, les communes de Belledonne qui n’ont pas été suffisamment « desservies » dans cette collecte, pourraient par la suite faire l’objet de visites déjà bien préparées par la première série d’entretiens. Il suffit de suivre un fil qui est retors et fait beaucoup de nœuds, mais dont il est passionnant de dérouler la pelote. D’où le modèle de tableau des lieux évoqués et pratiqués présenté en annexe, qui est à renseigner au fur et à mesure.

La transcription de chaque entretien est extrêmement longue, et consomme d’autant plus d’attention qu’on veut respecter le fil de la conversation et s’en tenir à la parole exacte de l’interlocuteur parlant à la première personne. Même un simple résumé demande qu’on ait plusieurs fois relu ses notes ou réécouté un enregistrement. En ce qui concerne la recherche présente, ce travail a été entrepris, mais il est loin d’être terminé. C’est la raison pour laquelle je me suis contentée ici de résumés à la troisième personne, avec quelques citations propres, résumés qui demandent beaucoup d’attention aux termes employés pour rester au plus près de l’expression et de la vérité des témoignages.

Le guide ou trame du questionnaire est en adaptation constante, élaboré au départ grâce aux repérages d’archives, puis à la connaissance empirique du terrain et enfin à la pratique courante du dialogue.

L’orientation est semi directive du questionnaire qui doit rester ouvert en gardant le cap quand les diversions nous emmènent trop loin, ou sur des terrains moins intéressants. Cette ouverture du dialogue est fondamentale même si dans certains cas et selon le tempérament des personnes interrogées elle peut mener l’enquêteur à s’impliquer davantage, aussi bien pour mettre en confiance que pour orienter le propos du questionnement, mais en ne cherchant jamais à provoquer des réponses attendues, ou une réponse plutôt qu’une autre.

Les questions portent donc très simplement sur l’état civil des informateurs, et celui de leurs parents et conjoint, le récit de leurs allers et venues, orientations et choix qu’ils ont eu à

faire, ainsi que leur expérience des pratiques collectives, en résumé, tout ce qui peut nourrir la connaissance des habitants dans notre quête de l’autrement dit.

Récits et témoignages de mobilités montagnardes extérieures à

Belledonne

Voir entretiens auprès de Roger Canac, dont le parcours entre l’Aveyron natal et l’Oisans illustre une forme originale de mobilité rurale et montagnarde engagée,

et Karine Reverdy, dont la famille maternelle d’origine espagnole a tenu et tient encore des établissements hôteliers en Oisans et au bord du lac de Monteynard97, une « saga » qui

reflète de nombreux aspects de la migration et de la mobilité saisonnières alpine, entre 19e et

21e siècle.

À titre d’exemple, je présenterai aussi brièvement quelques parcours de vie d’autres personnes de mon entourage qui attestent de manière symbolique mais certaine, l’impossibilité de fossiliser les identités.

Entretiens réalisés en vallée du Grésivaudan

Ces entretiens ont eu lieu dans le cadre d’un stage long de Clémentine Billet sur le site du Musée de la Houille Blanche à Lancey, auprès de Cécile Gouy-Gilbert, directrice responsable du projet de La Maison Aristide Bergès. Ils concernent le vécu et la mobilité des habitants des deux rives de l’Isère, ont été enregistrés, retranscrits et gravés dans la tradition et des conditions de collecte ethnologique très professionnelles.

Partie 3