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La situation des réfugiés au Québec

Chapitre 3. Contexte empirique

3.1 La situation des réfugiés au Québec

45 Le processus de reconstruction identitaire des réfugiés s'effectue dans un cadre spécifique selon le pays d'accueil où celui-ci est traversé de pouvoirs politiques et institutionnels dans et à travers des relations interculturelles qui l'oriente et l'institue. Selon la convention de Genève de 1951 est considérée réfugiée46 une personne qui, craignant avec raison d'être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe sociale ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays47. Aujourd'hui ils sont 20 millions à travers le monde à fuir des guerres et violences. 50 millions en considérant les personnes déplacées et invisibles non recensées, ce qui démontre l'ampleur du phénomène, en termes d'histoires de vie touchées. En tout, 60 252 personnes immigrantes réfugiées résidant encore au Québec en janvier 2007 ont été admises dans la province de Québec entre 1996 et 2005 soit 21.6 % de l'immigration. Spécifiquement dans la région de la capitale nationale, ils sont 3212 et dans région de Montréal 36 45548. Il est essentiel de mentionner que le terme réfugié renvoie à une étiquette légale et juridique qui ne correspond pas, selon Malkki (1995) à une seule et

45 Les nouveaux arrivants doivent apprendre les codes, les institutions, la langue et la culture de la société d'accueil. 46 II existe plusieurs catégories de réfugiés. Le réfugié public est un immigrant reçu c'est-à-dire qu'il est sélectionné à

l'extérieur et reçu au pays comme résident permanent, tout comme c'est le cas avec une l'immigrant indépendant qui appartient à la catégorie de « immigration économique ». Un demandeur d'asile se trouve déjà au pays et demande le statut de réfugié et la résidence permanente de l'intérieur (Saillant, Chateauneuf, Cognet, Charland, 2008 : 5).

47 Définition tirée de l'Article 1A2. Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés : http ://www.unhcr.org/,

pages consultées le 5 avril 2008.

même expérience type universelle partagée par l'ensemble des réfugiés, mais plutôt qui inclurait une pluralité d'expériences non homogènes, composées de trajectoires individuelles différentes (Malkki, 1995). Cependant, selon Agier (2002), les réfugiés partageraient une trame de fond existentielle commune : celle de l'exode, c'est-à-dire des moments d'errance et d'humiliation, de longs séjours en zones périphériques et en camp de transit et un rapport fragile et incertain aux lois et aux États, qui les ont expulsés et, ou accueillis. Cette expérience se divise selon Agier (2002) en trois étapes : le temps de la destruction, le temps du confinement et le moment de l'action qui se traduit par la recherche d'un droit à la vie et à la parole. Ainsi, ce parcours est susceptible d'affecter directement l'élaboration identitaire des réfugiés qui doivent faire face à la souffrance et restructurer leur vie. Ils doivent (re)construire leurs identités, refaire du sens, créer d'autres liens, et ce, dans un autre pays qu'ils doivent aussi intégrer.

L'accueil des réfugiés au Québec, est freiné à son départ puisque l'immigration est encadrée par de nombreuses procédures législatives institutionnalisées. Depuis le 11 septembre 2001 et avec la hantise de la sécurité qui s'en suivit (Butler 2004), une loi canadienne plus sévère en matière d'immigration a été adoptée en 2002. Les frontières canadiennes se sont resserrées et les critères de sélection, qui dépendent des conditions locales politiques et sociales49, ont été modifiés, diminuant ainsi le nombre de réfugiés qui sont acceptés. De plus, pour être accueillis au Québec, les réfugiés doivent se soumettre à des critères de preuves et d'épreuves.

[...] le réfugié devra produire le récit de son histoire devant un tribunal et des experts et prouver qu'il est bien, qui il est, et qu'il a bien vécu ce qu'il raconte. Dans un pareil

48 Statistiques tirées d'un document effectué par : La Direction de la recherche et de l'analyse prospective du ministère de

l'Immigration et des Communautés culturelles. Portraits régionaux 1996-2005. Caractéristiques des immigrants établis au Québec et dans les régions en 2007.

Les enjeux de sélection et d'accueil des réfugiés publics se situent exactement là où les frontières complexes de l'intégration exclusion se forment et se déforment au sein des parcours d'exil et des politiques d'accueil. Les pratiques d'accueil, de soutien et d'insertion se trouvant finalement en aval de ces enjeux de sélection (Saillant, Chateauneuf, Cognet, Charland, 2008 : 3). L'accueil réservé aux réfugiés comme on a pu l'analyser ailleurs est « largement conditionnel malgré les représentations dominantes qu'un pays comme le Canada se fait de lui-même. Il passe entre autres par des critères de sélection spécifiques (pour le Québec, la langue et l'intégrabilité : performer l'idiome), puis par des comportements attendus (natalité : produire des corps et des sujets canadiens; productivité : être un bon travailleur de la Nation). La reconnaissance par le droit est ainsi longtemps partielle et tronquée malgré toutes les dispositions connues des lois canadiennes » (Saillant et Truchon, 2008 : 16).

contexte, la parole est risque d'erreur (ne pas dire le bon mot au bon moment) et de méprise (ne pas être entendu). (Saillant et Truchon, 2008 :15).

Cette parole devient alors muette (elle dit sans parler) et contrainte en dépit de sa voix, parce qu'elle est dirigée et conditionnée en fonction d'un objectif précis, dans un contexte d'interpellation asymétrique (un rapport de force et une dynamique de pouvoir se jouent), où les enjeux ne sont pas neutres, puisque la vie de la personne en dépend50. La personne devra produire le récit de sa vie en fonction des critères de ce qui est reconnu pour que sa demande soit acceptée, c'est-à-dire pour qu'elle soit admise au pays d'accueil. Ceci témoigne donc d'une tension entre l'invisible et le visible entre ce qui est dit, non dit et ce qui doit être dit. Cela, en fonction des critères d'admissions éminemment politiques selon lesquels la personne est jugée et évaluée. La parole dans une telle situation apparaît comme ambiguë, risquée et hautement éprouvante51. De plus, les réfugiés devront produire de diverses manières leur récit, et ce, auprès d'une myriade de personnes et d'intervenants, à qui il leur faudra raconter des bribes d'histoires et « des morceaux de soi en échange d'une citoyenneté à la pièce », (Saillant et Truchon 2008 : 16) et pour obtenir des services d'aide . Ainsi, l'exercice de la parole s'effectue aussi dans les espaces « publics intimes »

50 Les personnes en situation de vulnérabilité peuvent éprouver certaines difficultés à effectuer un témoignage, considéré

comme crédible. De ce fait, il a un risque que la demande du demandeur d'asile soit refusée. « For most asylum seekers telling their story has become an ordeal, as many have had to retell their painful hitory over and over again to nonmpahatic immigration officials. They have to be extremely careful with their words, as their future might depend on it » (Wertheim- Cahen et al., 2004 : 440).

51 Qui plus est, l'exercice de la parole et du témoignage sous l'espace public peut aussi apparaître dans ses formes biaisées

et/ou sensationnalistes affectant directement la perception et la régulation de la souffrance, de l'identité et de l'intégration. « Les sociétés contemporaines nous amènent à baigner dans l'exposition du soi, du corps souffrant et du témoignage sous des formes diversifiées (Fassin et Retchman, 2007). Les médias de toutes sortes se délectent des corps décharnés des guerres, de sois brisés par les « drames humanitaires », de récits du désarroi de ces corps et de ces sois affectés par le malheur collectif présenté comme de l'irrémédiable; le public est consommateur des effets de ces expositions, préférablement sous format « live » et hautement émotionnel (Saillant, 2006). Nous sommes à l'ère de la mise en scène médiatisée de la souffrance, intime ou collective, des corps ouverts au regard, des blessures indiscrètes. [...] Nous sommes à l'ère de l'identité spectacle et de la mise en scène de l'intime, banalisée et normalisée mais aussi de la souffrance qui prend pour certains un caractère identitaire (Benbassa, 2007). Dans ce contexte, le témoignage de l'intime et de la souffrance ne relèverait plus à première vue d'une seule nécessité intérieure, traduire l'horreur en l'extirpant de soi, mais d'un impératif social (Wieviorka, 2002) où l'existence même est conditionnée par sa visibilité (Honneth, 2006, 2004; Voirol, 2005). [...] Cette propension à vouloir faire fabriquer des histoires touchantes s'avère, dans les faits, une formidable machine à formater les esprits où le récit devient un instrument de contrôle (Salmon, 2007). Les médias valorisent l'exceptionnel vendable, l'émotionnel exacerbé, l'individuel intime, plutôt que le récit d'un sujet enchâssé dans une trame collective. Le récit que reprend les médias est un récit doublement fragmenté, celui d'une collectivité divisée repris à travers une voix singulière, celle de ce réfugié-là, et celui découpé de ce réfugié-là et recevable par les médias, donc traité et norme. » (Saillant et Truchon, 2008 : 9-11).

52 II est essentiel aussi de noter que ce processus s'effectue dans une langue étrangère, différente de la langue maternelle

où les codes et particularités syntaxiques peuvent n'êtres que très partiellement, ou même pas du tout maîtriser, ce qui affecte directement la communication.

(Saillant et Truchon 2008) et plus précisément dans les milieux associatifs et communautaires mandatés pour offrir de l'aide à l'intégration aux personnes réfugiées. Les institutions d'aide, d'accueil et d'intégration

De façon spécifique, le Canada s'est doté d'un programme de rétablissement53 pour les réfugiés dits publics et les personnes protégées à titre humanitaire54. Celui-ci consiste en une série de mesures axées sur l'accueil et l'intégration, soit par l'octroi d'une aide financière directe, par un accueil à l'aéroport, par une aide pour différents services : accès au logement, nourriture, vêtements et programmes sociaux. Au moment de leur entrée au Québec, ce sont les organismes communautaires, c'est-à-dire des organisations locales empreintes de l'esprit humanitaire55 financées par le MICC, qui s'occupent de l'installation et de l'intégration des réfugiés par un travail de proximité et d'accompagnement. Par ces organismes, les réfugiés peuvent ainsi bénéficier d'un ensemble de services dans l'optique de les introduire aux codes culturels spécifiques de la société d'accueil. Il y aussi des programmes de francisation56 et d'aide à l'emploi57. La première année, est relatée par les réfugiés comme difficile, où l'intégration est teintée d'embûches et de déceptions, et le quotidien marqué par l'isolement.

Au Québec, depuis octobre 2007, l'intégration des immigrants est un enjeu mis en discours sur la scène publique, par le débat sur les accommodements raisonnables58. Hautement médiatisé et orienté, ce débat alimente et institue les représentations et les conditions d'existences dans lesquelles se jouent les relations interculturelles au travers lesquelles les

53 II est possible de retrouver une description détaillée sur le site de Citoyenneté Immigration Canada (CIC), à l'adresse

suivante : http://www.cic.gc.ca/francais/refiigies/reetablie-menu.html.

54 Toutefois, ces programmes ne sont pas conçus pour les demandeurs d'asile.

55 Les organismes communautaires mandatés pour l'accueil ont chacun bien sûr leur philosophie et leur approche singulière

de la migration, ils ont toutefois, dans le cas des réfugiés publics, un mandat officiel du gouvernement qui doit être appliqué à la lettre, notamment pour tout ce qui concerne les conditions d'arrivée, d'installation et d'orientation : le mandat d'accueil vient ainsi avec un financement gouvernemental spécifique (Saillant, Chateauneuf, Cognet, Charland, 2008 : 2).

56 II s'agit du programme québécois de francisation d'un an. Il est possible d'obtenir de plus d'information à ce sujet en

consultant le site d'immigration Québec : http://www.immi_Tationquebec.gouv.qc.ca/fr/partenaires/services-offerts.html

57 II semble important de mentionner que la formation académique et les expériences professionnelles antérieures des

réfugiés sont souvent déqualifiées. Le processus de requalification est complexe et coûteux, ce qui fait en sorte que la plupart d'entre eux se trouve devant l'obligation d'accepter un emploi de moindre qualité, souvent mal payé et pour lequel ils sont surqualifiés (Saillant, Chateauneuf, Cognet, Charland, 2008). C'est souvent le cas pour les artistes, puisque leur art n'est pas reconnu comme tel, par la société d'accueil.

réfugiés doivent (re)construire leurs identités au quotidien. Ainsi, les idéologies du multiculturalisme promu à travers ce débat, plutôt que de favoriser l'intégration, peuvent conduire à une fragmentation, contribuer à la stigmatisation et maintenir l'exclusion59. Ce regard d'exclusion, visant à maintenir l'autre, étranger, radicalement différent, peut donc entraver le processus de reconstruction identitaire qui passe par la reconnaissance de l'autre au sens large, dans sa vie privée et sur la sphère publique.

[...] la parole témoignée publiquement devient une modalité d'intégration, de liaison et de réalisation quand les personnes réfugiées peuvent sortir de certaines figures imposées, accédant au statut de sujet plein et de droits (Saillant et Truchon 2008 : 1).

Ainsi, la narration de soi, en mots et en images, effectuée par les réfugiés dans les espaces privés et/ ou « publics intimes » peut aider à l'intégration et à la reconstruction identitaire.

L'art comme outil de reconstruction identitaire chez les réfugiés

Il est possible de constater dans la littérature actuelle deux formes de lien entre les réfugiés et la création artistique qui agit comme outil de reconstruction identitaire. Premièrement, l'art (le processus créatif) peut être utilisé directement dans une démarche thérapeutique (thérapie par l'art) auprès des personnes réfugiées en difficultés. Dans cette recherche, cette modalité thérapeutique de l'art n'est pas « l'objet » documenté. Cependant, il est essentiel de relater les possibilités et les bénéfices qui y sont associés. Cela, afin de comprendre comment cette démarche créative peut être directement impliquée dans un processus reconstruction identitaire. Ainsi, la création artistique est largement utilisée à des fins thérapeutiques chez les réfugiés (Wertheim-Cahen et al., 2004; Fitzpatrick, 2002). Par exemple, Heusch et Shermarke (2001) propose un modèle d'intervention en art thérapie qui

58 Pour plus de détails à ce sujet, il est possible de consulter le site du gouvernement du Québec à l'adresse suivante :

http://communiques.gouv.qc.ca/gouvqc/communiques/GPOF/Fevrier2007/08/c6387.html

59 Dans un modèle où la société est entrevue comme un ensemble d'éléments devant faire cohésion, les réfugiés, au même

titre que les autres immigrants, ont le devoir, voire la responsabilité, de participer à l'enrichissement culturel du pays et de contribuer au mythe national de la mosaïque culturelle. [...] L'intégration à la société canadienne se faisant par la différence s'avère dès le départ ambigu puisque c'est justement par cette différence qu'il devra réussir l'intégration. [...] les immigrants reçus doivent composer avec des attentes plurielles, complexes et parfois contradictoires de la société d'accueil. L'autre devient par les discours et les politique celui qui restera toujours étranger que l'on accueil par sa différence, ce qui embrouille les conditions mêmes de l'intégration [...] Les immigrants sont convoqués à cet exercice périlleux qui consiste à devenir québécois d'abord, canadiens ensuite tout en restant cependant l'autre, figure de l'altérité

a aidé plusieurs femmes exilées (en attentes du statut de réfiigié) à se reconstruire. L'art peut aussi être utilisé pour aider les enfants immigrants et réfugiés à construire un pont entre leur passé et leur futur, en attribuant un sens à leurs expériences (Rousseau et Heusch, 2000; Rousseau et al, 1999; 2006). Avec la pratique artistique créatrice, les enfants communiquent leur vie intellectuelle intérieure, leurs inquiétudes et attentes, leurs souvenirs passés et leurs espoirs du futur (Geist et Carroll, 2002). Les enfants réfugiés utilisent aussi l'art pour exprimer leurs besoins, leurs émotions, leur crise identitaire, leur mémoire fragmentée (Brunick,1999). L'art qui se veut un langage en dehors de l'étiquette des mots, peut être un « moyen » supplémentaire parmi d'autres, qui aide, dans plusieurs situations, à reconstruire le sens de l'identité.

It briefly illustrates how psychological trauma is foremost a destruction of meaning and fragmentation of one's sense of identity. On a small scale Fanya's story demonstrates how throught art therapy she became able to a restoration of her sens of identity (Wertheim- Cahen et al, 2004: 420)

Deuxièmement, l'art en lui-même peut participer à la reconstruction identitaire indépendamment de toute forme thérapeutique60. L'art comme mouvement créateur, peut permettre la création (reconstruction) de l'identité, l'intégration, l'adaptation et la transition (Kramer 2000). Le processus créatif en plus d'aider à développer des mécanismes de coping et d'adaptation (Rousseau, 2000), offre aussi une opportunité de communication. Ainsi, le processus de création s'inscrit dans un acte de performativité. Il s'intègre dans un objectif de prise de parole sur l'espace public. Lorsque les artistes réfugiés utilisent l'art, comme façon de s'exprimer, ce dernier peut devenir un outil de témoignage en même temps qu'un véhicule autoréflexif. Il permet le partage d'une expérience subjective : des pensées, des émotions, des intuitions, des sensations, des observations qui s'inscrivent dans une histoire collective. L'art peut aussi être utilisé pour énoncer des commentaires politiques et/ou pour dénoncer des malaises et conventions sociales inadaptés et injustes61.

qui sert tant le projet multiculturaliste du Canada que l'interculturalisme du Québec (Saillant, Chateauneuf, Cognet, Charland, 2008 : 5-6).

60 Le processus créatif est un exercice qui facilite la conceptualisation, la compréhension, l'intégration et la conscience de

soi (Wadeson et Allen, 1983).

61 « [...] indeed literacy activity has been central in shapping many afghans perceptions of that experience and themselves.

It has also been one of the few avenues available to afghans for public expression or social mobility and perhaps it is no accident that like minority population elsewhere in the world , they have been able to shine in art from which constitutes

Des dimensions politiques, culturelles, mémorielles individuelles et collectives sont potentiellement transmises et véhiculées par et au travers de l'art. Ainsi, ce dernier contient un potentiel stratégique, de résolution des nouvelles contradictions identitaires (entre des identités considérées traditionnelles en référence au lieu d'origine et celles découlant de la nouveauté dans le pays d'accueil). De ce fait, cela permet la coexistence et l'intégration d'une pluralité d'identités qui semblaient au préalable irréconciliables (Olszewska, 2007). Ce processus d'identification ouvre des possibilités : notamment celles de transformer un sentiment de marginalisation en ciblant majoritairement un ensemble de points communs et de ressemblances qui peuvent faciliter l'intégration. Ce processus d'affirmation identitaire ouvert, peut aussi valoriser les différences par la définition et l'auto affirmation d'un soi individuel, original et collectif qui s'énonce et s'atteste malgré les régulateurs sociaux. Il s'agit d'une prise de parole par la narration de soi artistique, pour vivre l'expérience de soi dans un processus de reconstruction identitaire.

La place des artistes réfugiés au Québec

Le processus de reconstruction identitaire doit s'effectuer au travers d'une réalité parsemée d'obligations et de nécessités. La pratique artistique exige d'être ancrée dans le quotidien. L'artiste, comme chaque être humain, doit trouver les ressources financières et matérielles qui sont indispensables à sa survie- et à sa vie. Si l'artiste veut faire de son art un métier, il doit s'insérer dans le milieu artistique. Toute une série de lois et de critères vient réglementer cette scène artistique, qui s'intègre dans marché politique et économique. La Loi sur le statut professionnel des artistes des arts visuels, des métiers d'art et de la littérature et sur leurs contrats avec les diffuseurs (L.R.Q., c. S-32.01) désigne par artiste professionnel :

Toute personne qui se déclare artiste professionnel, crée des oeuvres pour son propre compte, dont les oeuvres sont exposées, produites, publiées, représentées en public ou mises en marché par un diffuseur, et qui a reçu de ses pairs des témoignages de reconnaissance comme professionnel, par une mention d'honneur, une récompense, un prix,

a controlled aestheticized, and conventionalized expressive space. There is nontheless also the potential for strategic and creative use of this space for their own puposes, in particular for saying the otherwise unsayable » (Olszewska, 2007: 220).

une bourse, une nomination à un jury, la sélection à un salon ou tout autre moyen de même nature.62

Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ),63 octroie des bourses aux artistes, selon le nombre d'années de pratique artistique. Les artistes présentant une demande doivent être citoyens canadiens ou résidents permanents au sens de l'article 2(1) de la Loi

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