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La signification de scientia

Dans le document La justice humaine chez Thomas d’Aquin (Page 39-61)

1.4. L’éthique individuelle et la politique en tant que sciences

1.4.1. La signification de scientia

Thomas d’Aquin se sert du mot scientia de deux manières : ou bien dans le sens d’une connaissance spéculative, lorsqu’il l’appelle « science spéculative » ou « science » tout court ; ou bien dans celui d’une connaissance pratique, lorsqu’il l’appelle « science pratique » ou « discipline scientifique ». L’Aquinate présente la distinction dans le livre I de son

Commentaire à l’Éthique à Nicomaque62 ; il la reprend dans la IIa-IIae partie de la Somme

théologique63. Dans la Somme, il traitera aussi de la science à la fois comme une vertu intellectuelle, notamment dans la Ia-IIae partie, et comme une vertu théologale ou don, notamment dans la IIa-IIae partie.

Pour arriver à la division de la science en spéculative et en pratique, il faut comprendre la façon dont Thomas attribue à l’homme la capacité de connaître scientifiquement. Il part de la division de l’âme en âme rationnelle et âme irrationnelle. À la première correspond l’organe dit « intellect » ou « raison » ; à la seconde celui dit « appétit ». L’intellect ou raison se subdivise en deux parties, une proprement « scientifique » et l’autre « estimative », selon l’usage que le sujet fait de l’organe rationnel, c’est-à-dire un usage strictement théorique ou un usage pratique. La division de l’âme en différentes parties permet aussi la connaissance de choses de nature différentes, telles les choses nécessaires et les choses contingentes. Thomas

62 CEN, I, 2, §24.

« Il entend, en effet, par disciplines les sciences spéculatives et par vertus les sciences pratiques, car elles sont principes d’opérations ».

Per disciplinas enim intelligit scientias speculativas, per virtutes autem scientias practicas, quia sunt aliquarum operationum principia.

63 ST, II-II, q. 9, a. 3, c.

« Comme nous l’avons dit plus haut, le don de science est ordonné, comme celui d’intelligence, à la certitude de la foi. Or la foi consiste premièrement et principalement en spéculation, en tant qu’elle adhère à première. Mais parce que la vérité est aussi la fin ultime pour laquelle nous agissons, il en découle que la foi s’étend aussi à l’action, selon l’Apôtre (Ga 5, 6): " La foi est agissante par la charité. " Aussi faut-il encore que le don de science envisage premièrement et principalement la spéculation, en tant que l’homme sait ce qu’il doit tenir par la foi, mais secondairement le don de science s’étend aussi à l’action, selon que, par la science des choses à croire et de ce qui s’ensuit, nous sommes dirigés dans l’action ».

Respondeo dicendum quod, sicut supra dictum est, donum scientiae ordinatur, sicut et donum intellectus, ad certitudinem fidei. Fides autem primo et principaliter in speculatione consistit, inquantum scilicet inhaeret primae veritati. Sed quia prima veritas est etiam ultimus finis, propter quem operamur, inde etiam est quod fides ad operationem se extendit, secundum illud Gal. V, fides per dilectionem operatur. Unde etiam oportet quod donum scientiae primo quidem et principaliter respiciat speculationem, inquantum scilicet homo scit quid fide tenere debeat. Secundario autem se extendit etiam ad operationem, secundum quod per scientiam credibilium, et eorum quae ad credibilia consequuntur, dirigimur in agendis.

dit que « les parties de l’âme rationnelle diffèrent en genre de la même manière que les [choses] qui sont connues par la raison »64.

La partie qui connaît les choses nécessaires est appelée spéculative, tandis que celle qui connaît les choses contingentes est appelée pratique. En effet, la connaissance de ce qui est nécessaire n’est pas donnée à l’homme de la même manière que la connaissance de ce qui est contingent. Il y a une science propre au traitement de l’un et l’autre, à savoir la science spéculative et la science pratique respectivement.

La science spéculative est appelée « science » au sens strict par Thomas dans le déroulement de son Commentaire. Elle décrit une réalité « objective », laquelle appartient à la nature des choses en soi-même, indépendamment de la volonté humaine. Il se réfère à la matière nécessaire, pour laquelle s’emploie le concept de vérité, en opposition à celui de fausseté. Ce qui est nécessaire l’est de manière déterminée (il ne peut pas être autrement). Dans ce sens strict, il n’y a pas de science des choses contingentes ou incertaines, celles qui « peuvent être d’une manière ou d’une autre »65. Exceptionnellement le contraire peut être admis, à savoir lorsque ce qui était contingent se réalise. Dans ce cas, cependant, il n’est plus contingent, mais appartient au monde du « réel ». Par exemple, Thomas cite la constatation que « Socrate est assis ».66 Il dit qu’ « il est propre à la science connaître avec certitude et non pas de suivre des approximations pour la vérité »67, étant donné qu’elle est « une certaine évaluation des universaux et des choses existantes nécessairement »68.

La science pratique, à son tour, est comparée à une vertu69 pour décrire une réalité « subjective ». Sa description sert au développement d’une pratique humaine, qui n’a pas de

64 CEN, VI, 1, §1117.

Ergo, sicut cognita per rationem genere differunt, ita et partes animae rationalis.

65 CEN, VI, 3, §1145.

Sed certa ratio scientiae hinc accipitur, quod omnes suspicamur de eo quod scimus quod non contingit illud aliter se habere: alioquin non esset certitudo scientis, sed dubitatio opinantis.

66 CEN, VI, 3, §1145 (suite).

(…) Sed quando fiunt extra speculari, idest quando desinunt videri vel sentiri, tunc latent utrum sint vel non sint, sicut patet circa hoc quod est Sortem sedere.

67 CEN, VI, 3, §1145 (début).

Dicit ergo primo, quod manifestum potest esse quid sit scientia ex his quae dicentur, si oportet per certitudinem scientiam cognoscere, et non sequi similitudines, secundum quas scilicet quandoque similitudinarie dicimus scire etiam sensibilia de quibus certi sumus.

68 CEN, VI, 5, §1175.

Est enim scientia quaedam existimatio de universalibus et de his quae sunt ex necessitate particularia enim et contingentia non possunt attingere ad certitudinem scientiae, quia non sunt nota nisi secundum quod cadunt sub sensu.

sens si elle est résumée à l’acte de connaissance en soi. Elle porte sur le contingent, auquel s’appliquent les concepts de correct et d’incorrect. Ce qui est contingent peut être, mais ne l’est pas nécessairement. Parfois, il y a une plus grande chance que quelque chose soit d’une certaine manière, mais il n’est pas possible de nier la possibilité de son contraire. La science pratique traite de ce qui est particulier et est utile dans l’orientation des opérations humaines. Thomas affirme par rapport à la difficulté de comprendre la fin ultime de la vie humaine, ainsi que toutes les causes ultimes, qu’ « on doit l’appréhender de manière schématique (figuraliter), c’est-à-dire avec vraisemblance, car c’est un tel mode d’appréhension qui convient aux choses humaines »70.

L’identification du fait que quelque chose se réalise généralement correspond à une approximation de la vérité. En ce qui concerne les actions humaines, ce qui se réalise généralement est susceptible de jugement de valeur, le correct et l’incorrect, parce qu’il n’est pas nécessaire. L’homme est libre dans ses actions tant que le principe de causalité ne s’impose pas absolument à lui. En effet, Thomas exclut la nécessité de l’intellect et de la volonté71, auxquels revient le choix.

(...) il est nécessaire que l’on procède selon un mode résolutif, en résolvant les [objets] composés dans les principes simples. Ensuite, il faut montrer leur vérité de manière schématique (figuraliter), c’est-à-dire avec vraisemblance ; et c’est cela procéder selon des principes propres de cette science72.

Une fois les deux emplois possibles du mot scientia distingués par l’Aquinate, aucune contradiction ne se pose plus. Pourtant, le mouvement de l’un à l’autre se fait de manière subtile ou même sans avertissement au long de son Commentaire ; il impose une attention au vocabulaire ainsi qu’aux innombrables subdivisions de son œuvre. Lorsqu’il affirme que la

70 Nous corrigeons la traduction de Y. Pelletier : nous traduisons figuraliter par « schématique ». CEN, I, 2, §24.

Dicit autem quod oportet illud accipere figuraliter, id est verisimiliter, quia talis modus accipiendi convenit rebus humanis, ut infra dicetur.

71 Excepter la première vérité théorique (le tout est plus grand que la partie) et la première vérité morale (faire le bien et éviter le mal).

72 Nous corrigeons la traduction de Y. Pelletier : nous traduisons figuraliter par « schématique ». CEN, I, 3, §35.

Necessarium est enim in qualibet operativa scientia ut procedatur modo compositivo, e contrario autem in scientia speculativa necesse est ut procedatur modo resolutivo, resolvendo composita in principia simplicia. Deinde oportet ostendere veritatem figuraliter, idest verisimiliter; et hoc est procedere ex propriis principiis huius scientiae.

science connaît avec certitude et qu’elle ne suit pas des approximations pour accéder à la vérité, il se réfère à la « science spéculative ». Lorsqu’il traite d’une compréhension dans les grandes lignes, c’est-à-dire avec la seule évidence de la probabilité, et dit qu’on doit tracer un essai de vérité, c’est-à-dire une approximation de la vérité, il se réfère à la « science pratique ».

L’éthique individuelle et la politique sont donc sciences dans le second sens : elles sont des sciences pratiques, car elles s’occupent de l’ordre qui peut être conduit par la délibération, du choix et de l’action volontaire73, l’ordre concernant les biens de l’homme. Or, dit Thomas, on ne délibère que sur le contingent, comme les choses ordonnées à un bien le sont, car le contraire ne fait pas de sens74.

Malgré les doutes et les difficultés rencontrés dans une étude systématique de cette matière, il est impératif de le faire. Il est naturel que l’homme ait le désir d’atteindre sa fin, laquelle peut être réalisée en partie dans ce monde75. En effet, la philosophie morale suppose seulement qu’il y a une fin pour nous, pas une fin pour l’univers. Son aboutissement dépend de l’identification de cette fin humaine. Or, c’est la science qui est en mesure d’en informer l’homme.

1.4.2. La méthode

Si l’éthique individuelle et la politique possèdent le statut de sciences, c’est parce que toutes deux suivent une méthode scientifique. L’une et l’autre observent un ensemble de règles logiques en vue de l’appréhension de concepts et de leur analyse. Néanmoins, chacune le fait selon les limites de son objet.

Thomas reconnaît qu’autant la nature de la connaissance scientifique diffère, autant le mode d’opérer de chaque science lui est adapté. Or, l’homme ne peut pas tout connaître ni

73 FINNIS, J., Founders of Modern Political and Social Thought: Aquinas. Moral, Political and Legal Theory, p. 21.

74 CEN, VI, 6, §1193.

75 Thomas soutient que la fin suprême peut être atteinte par l’homme en tant qu’homme, mais reconnaît l’imposibilité de la fin ultime de tout l’univers dans cette vie, sauf intervention divine. Il est donc nécessaire de distinguer la fin suprême de la vie humaine et celle de l’univers (le premier moteur d’Aristote reçoit une signification divine dans la philosophie thomiste).

connaître toujours de la même manière. La connaissance humaine est plus ou moins limitée d’après sa matière en raison de sa condition de créature. En effet, il énonce dans la Somme

théologique :

Notre connaissance naturelle prend son origine des sens, et il s’ensuit que notre connaissance naturelle peut s’étendre aussi loin que les objets sensibles76.

L’Aquinate soulève certaines barrières susceptibles de freiner la recherche de la connaissance par l’homme. Il est impossible à l’âme humaine, qui est liée au corps organique, d’appréhender les substances séparées, causes universelles et premières de l’être77, par la connaissance de leurs qualités propres78. L’homme ne dispose pas de la faculté de les connaître absolument, mais seulement de les estimer par la raison. Dans le Commentaire à la

Métaphysique, Thomas explique cette limitation par le fait que l’âme humaine possède une

capacité d’intelligence inférieure à celle des substances séparées, car elle est liée à un corps physique. Sa connaissance débute dans la sensibilité. Or, le sensible ne peut atteindre que partiellement le cognitif pur, puisque celui-ci le dépasse79.

76 ST, I, q. 12, a. 12, c.

Respondeo dicendum quod naturalis nostra cognitio a sensu principium sumit, unde tantum se nostra naturalis cognitio extendere potest, inquantum manuduci potest per sensibilia.

77 Commentary on Aristotle’s Metaphysics, prologue.

78 Commentary on Aristotle’s Metaphysics, II, 1, §285.

79 Commentary on Aristotle’s Metaphysics, II, 1, §285.

« Ainsi donc, comme l’âme humaine est la dernière dans la hiérarchie des substances intelligentes, c’est elle qui participe le moins de la vertu intellective : et comme elle est par nature l’acte d’un corps, bien que sa puissance intellective ne soit pas l’acte d’un organe, ainsi a-t-elle une aptitude naturelle à connaître la vérité des êtres corporels et sensibles, qui sont par nature moins connaissables à cause de leur matérialité, mais peuvent quand même être connus par l’abstraction des sensibles des phantasmes. Et parce que ce mode de connaître la vérité convient à la nature de l’âme humaine en tant qu’elle est forme d’un tel corps, et que ce qui est naturel est permanent, il est impossible que l’âme humaine, unie de cette manière au corps, connaisse quelque chose de la vérité des êtres sans y être élevée et en autant qu’elle y est parce qu’elle comprend par abstraction des phantasmes. Or, par ce qu’elle abstrait des phantasmes, elle ne peut en aucune manière être élevée à connaître les quiddités des substances immatérielles, qui sont hors de proportion avec ces substances sensibles. Il est donc impossible que l’âme humaine, unie de cette manière au corps, appréhende les substances séparées en connaissant d’elles ce qu’elles sont, leur essence ».

Sic igitur, cum anima humana sit ultima in ordine substantiarum intellectivarum, minime participat de virtute intellectiva; et sicut ipsa quidem secundum naturam est actus corporis, eius autem intellectiva potentia non est actus organi corporalis, ita habet naturalem aptitudinem ad cognoscendum corporalium et sensibilium veritatem, quae sunt minus cognoscibilia secundum suam naturam propter eorum materialitatem, sed tamen cognosci possunt per abstractionem sensibilium a phantasmatibus. Et quia hic modus cognoscendi veritatem convenit naturae humanae animae secundum quod est forma talis corporis; quae autem sunt naturalia semper manent; impossibile est, quod anima humana huiusmodi corpori unita cognoscat de veritate rerum, nisi quantum potest elevari per ea quae abstrahendo a phantasmatibus intelligit. Per haec autem nullo modo potest elevari ad cognoscendum quidditates immaterialium substantiarum, quae sunt improportionatae istis substantiis sensibilibus. Unde impossibile est quod anima humana huiusmodi corpori unita, apprehendat substantias separatas cognoscendo de eis quod quid est.

Il est impossible à l’intellect humain de comprendre un nombre infini de choses. Donc, l’homme n’est pas capable de connaître tous les objets singuliers. Étant néanmoins la sagesse liée à la connaissance des causes80, la science requiert l’identification du type de cause concernée. Or, l’Aquinate soutient qu’elle « considère les causes premières et universelles »81 et souligne l’incapacité intellectuelle de comprendre l’idée d’infini :

Tous, nous concevons le sage comme celui qui connaît toutes choses, autant qu’il est possible, sans qu’on puisse exiger la connaissance de tous les objets singuliers. La connaissance des objets singuliers est impossible, puisqu’ils sont infinis, et une infinité de choses ne peut être saisie par l’intelligence82.

Il est aussi humainement impossible d’appréhender l’essence des choses par les sens. Pourtant, l’opération de l’intellect humain dépend des sens pour être déclenchée. L’essence – qui les dépasse – n’est donc connue que par abstraction. En effet, la sensibilité concerne seulement le matériel, c’est-à-dire tout ce qui se place au-delà des accidents concernés par l’intellect. La connaissance des propriétés essentielles de l’objet connaissable est limitée, sauf intervention divine. Le Docteur commun soutient que :

Le sens ne saisit pas les essences des choses, mais seulement les accidents extérieurs. De même, l’imagination ne saisit que les images des corps. Seule l’intelligence saisit leurs essences. Aussi Aristote dit-il que l’objet de l’intelligence est ce qu’est la chose, et que, dans ce domaine, jamais elle ne se trompe, pas davantage que le sens relativement à son sensible propre. Les essences des choses matérielles ne sont donc pas dans l’intelligence de l’homme et dans celle de l’ange selon leur être réel, mais à la manière dont le connu est dans le connaissant. Cependant, certaines choses sont dans l’intelligence ou dans l’âme selon ces deux manières d’être. Dans l’un comme dans l’autre cas, il y a vision intellectuelle83.

80 Commentary on Aristotle’s Metaphysics, I, 2.

81 Commentary on Aristotle’s Metaphysics, I, 2.

Unde scientia, quae considerat primas et universales causas, oportet etiam quod consideret universalem finem omnium, quod est optimum in tota natura.

82 Commentary on Aristotle’s Metaphysics, I, 2, §36.

Quae talis est: quod communiter omnes accipimus sapientem maxime scire omnia, sicut eum decet, non quod habeat notitiam de omnibus singularibus. Hoc enim est impossibile, cum singularia sint infinita, et infinita intellectu comprehendi non possint.

83 ST, I, q. 57, a. 1, s. 2.

Une fois comprise l’imperfection concernant la faculté cognitive humaine, claire est la nécessité de relativiser les exigences méthodologiques dans l’un et l’autre domaine, pratique ou spéculative, donc d’adaptation. L’appréhension de concepts est donnée dans la mesure des capacités que l’homme a de se rapprocher de la vérité.

Pour ce qui est de l’appréhension de concepts en matière morale, la recherche de causes est une démarche incontournable. En effet, d’un point de vue pratique, l’utilité de connaître les causes ultimes84 pour atteindre la fin ultime de l’existence humaine a été démontrée. Dans ce sens, Thomas fait appel à Aristote qui « dit qu’on doit ‘tenter’ de déterminer cette fin, pour insinuer la difficulté que l’on rencontre dans la recherche de la fin ultime dans la vie humaine : comme c’est d’ailleurs le cas pour toutes les causes les plus hautes (altissimas) ». Dans un autre passage, il mentionne sa parole pour insister sur la problématique concernant la connaissance de « causes » et complète en prenant les principes comme exemple :

(…) il ne faut pas rechercher la cause de la même façon dans toute chose. Autrement on procéderait à l’infini dans les démonstrations. Mais en certains cas, il suffit de bien démontrer ou manifester que c’est ainsi : par exemple, les principes reçus dans une science, car le principe est quelque chose de premier. D’où on ne peut les résoudre dans quelque chose d’antérieur85.

Si la décision qui caractérise l’action humaine dérive d’une délibération sur les moyens, dans ses fondements se trouvent certaines règles générales, principes premiers ou seconds, dont l’appréhension varie. L. Elders introduit la méthode dans l’étude de l’éthique

neque imaginatio, sed apprehendit solas similitudines corporum. Intellectus autem solus apprehendit essentias rerum. Unde in III de anima dicitur quod obiectum intellectus est quod quid est, circa quod non errat, sicut neque sensus circa proprium sensibile. Sic ergo essentiae rerum materialium sunt in intellectu hominis vel Angeli, ut intellectum est in intelligente, et non secundum esse suum reale. Quaedam vero sunt quae sunt in intellectu vel in anima secundum utrumque esse. Et utrorumque est visio intellectualis.

84 L’expression « cause ultime » se réfère à l’ordre de connaissance. Elle est néanmoins « première » dans l’ordre de perfection.

85 CEN, I, 11, §137.

Et dicit quod non est in omnibus eodem modo causa inquirenda. Alioquin procederetur in infinitum in demonstrationibus. Sed in quibusdam sufficit quod bene demonstretur, idest manifestetur, quoniam hoc ita est, sicut in his quae accipiuntur in aliqua scientia, ut principia: quia principium oportet esse primum.

d’après Thomas d’Aquin86, en traçant deux manières de connaître les règles générales de l’action. Ou bien sa connaissance est faite de manière immédiate, comme dans le cas des

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