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Signes cliniques

E. Pathogénie, symptômes et lésions

2. Signes cliniques

a. Lors d’infestation par les douves hépatiques

De l’asthme bronchique et des lésions allergiques sont rencontrés dans les stades précoces d’infection. Une hépatomégalie douloureuse et une congestion de la rate sont observées lors d’infections plus chroniques et sévères (Chai et al. 2005). Une leucocytose et une éosinophilie peuvent être observées.

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L’infestation par C. sinensis est souvent asymptomatique, jusqu’à un tiers des cas d’infestations chroniques, du fait de la coévolution du parasite avec son hôte (World Health Organization 1995, Öktener et al. 2010, Hong et Fang 2012). Une infestation par moins de 100 vers est souvent asymptomatique, parfois une diarrhée et une douleur abdominale peuvent être rapportées. Lors d’infestation modérée, il peut être observé une douleur épigastrique ou dans le quadrant supérieur droit, une indigestion, une diarrhée, de la fièvre, une perte d’appétit, un ictère, de la fatigue. Lors d’infestation massive (des centaines à milliers de vers) ou chronique avec complications, les symptômes sont de la fatigue, une douleur épigastrique, de la paresthésie, une non-assimilation des graisses, une perte de poids, une tachycardie, de la diarrhée, des vertiges, des crampes. Dans les cas les plus graves, un début de toxémie par insuffisance hépatique, une hypertension portale, de l’ascite et de l’œdème sont possibles (Keiser et Utzinger 2009, Hong et Fang 2012, Hung et al. 2013b, Singh 2014).

Les complications éventuelles sont des calculs biliaires, une cholangite pyogène, une cholécystite, des abcès biliaires ou hépatiques, une pancréatite, une hépatite, une cirrhose hépatique, une duodénite et le cholangiocarcinome. La stase biliaire résulte en une infection secondaire responsable de péricholangite, de pyélophlébite, de cholangiohépatite et de multiples abcès hépatiques.

Les calculs biliaires sont fréquents avec C. sinensis et provoquent une cholécystite et des coliques.

S’il y a des surinfections bactériennes, cela conduit à une cholangite suppurée qui, par continuité, peut mener à une hépatite avec formation de micro et de macro-abcès (observés pour O. viverrini).

Le cholangiocarcinome engendre de l’ictère. Il peut générer de la fièvre ou des complications comme une cholangite, une cholécystite sans calculs et une péritonite lors d’épanchement biliaire. Une masse hépatique est palpable le plus souvent et implique un ou plusieurs lobes. Chez les patients non ictériques, peuvent être observées de la douleur abdominale, de l’anorexie, une perte de poids et une masse abdominale dans le quadrant abdominal supérieur droit (Chai et al. 2005, Keiser et Utzinger 2009, Mordvinov et Furman 2010, Sripa et al. 2010, Hong et Fang 2012, Hung et al. 2013b).

L’infestation par O. viverrini, indépendamment de la charge parasitaire, est asymptomatique, augmentant le risque de non détection à temps lors d’évolution cancéreuse (Hung et al. 2013b). Du nanisme ou des retards de croissance étaient rencontrés par le passé chez les enfants lors de fortes charges parasitaires ou d’infections répétées à C. sinensis (World Health Organization 1995).

Lors d’infestation par O. felineus, la période d’incubation varie usuellement entre 2 à 4 semaines (World Health Organization 1995, Pozio et al. 2013). L’infestation est asymptomatique dans un tiers des cas lors de faibles charges parasitaires. En aigu, les symptômes rapportés sont une forte fièvre (constante et intermittente pendant 1 à 3 semaines), une diarrhée, de la nausée, une asthénie, une douleur abdominale, un rash cutané, des myalgies, une hépato et splénomégalie avec augmentation des enzymes hépatiques (ASAT, ALAT et GGT) et une éosinophilie marquée. Un syndrome asthmatique peut également être observé. La phase aiguë est plus sévère cliniquement que celle observée lors d’infection par O. viverrini et C. sinensis et est plutôt observée chez les personnes provenant de zones non endémiques. En cas de forte infestation, il peut être observé de l’anorexie, une fatigabilité, un syndrome de malabsorption et de la nausée (Mordvinov et Furman 2010, Fürst et al. 2012, Lvova et al. 2012, Yurlova et al. 2017).

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En chronique, les pathologies rapportées sont des cholangites récurrentes, des abcès hépatiques, une obstruction des canaux biliaires avec ictère, une pancréatite aiguë et une péritonite avec épanchement biliaire. Les symptômes peuvent se résoudre en 2 à 3 mois (Sithithaworn et Haswell-Elkins 2003, Armignacco et al. 2008, Traverso et al. 2012, Pozio et al. 2013). La clinique de l’infection par M. bilis est similaire à celle causée par O. felineus. Comme les deux douves sont présentes sur le même territoire, elles ne sont pas forcément distinguées et la maladie diagnostiquée est regroupée sous le terme d’opisthorchiose (Mordvinov et al. 2012). Les cas de contamination humaine par M. conjunctus sont encore peu rapportés mais c’est une zoonose en émergence qui conduit à des lésions hépatiques chez le chien, autre hôte définitif (Chai et al. 2005). La période d’incubation chez l’homme dure 1 à 15 jours et les signes cliniques sont une douleur abdominale, de la fièvre, une anorexie, de la diarrhée, des maux de tête, des nausées et une douleur lombaire (Butt et al. 2004, MacLean et al. 2006).

Concernant l’infestation par P. aethiopicum, des nodules sur la paroi interne de l’intestin grêle ont été observés (Hung et al. 2013b).

A priori tous les Opisthorchiidae sont capables d’induire des symptômes liés à l’obstruction des canaux biliaires. Les vésicules biliaires de loutres infectées par M. bilis et P. truncatum étaient épaissies, fibreuses et congestionnées, ce qui a peut-être été à l’origine de cholécystite, d’ictère et de cholangite. Un lien n’a malheureusement pas pu être établi avec certitude (Sherrard-Smith et al. 2009).

b. Lors d’infestation par les douves intestinales

Les conséquences cliniques sont encore peu caractérisées (Dung et al. 2007). La sévérité des symptômes est fonction de la charge parasitaire, de la profondeur de pénétration de la paroi intestinale et du statut immunitaire (World Health Organization 1995).

L’infestation par les Echinostomatidae, notamment E. hortense, engendre des ulcérations dans l’estomac et le duodénum, une anémie et une éosinophilie. L’intensité de l’éosinophilie serait fonction de la charge parasitaire. L’infestation est souvent cliniquement légère (Fried et al. 2004, Chai et al. 2009, Lan Anh et al. 2012). Du ténesme et de l’incontinence urinaire peuvent être observés en plus (Chai 2007). Ces vers ont été retrouvés attachés à la muqueuse ulcérée dans la partie distale stomacale, au niveau de la petite courbure ou de la grande courbure de l’estomac, du duodénum proximal (Chai et al. 2009).

Lors d’infestation par les Heterophyidae et Echinostomatidae, une fatigue et des troubles gastro-intestinaux d’intensité légère sont observés : douleur abdominale ou épigastrique, diarrhée, brûlures d’estomac et anorexie (Hung et al. 2013b). Les symptômes se résolvent en 1 mois même si les Echinostomatidae sont encore présents (Sripa et al. 2010). Lors de forte infestation, des crampes abdominales et une perte de poids sont rapportées sans mettre la santé humaine en danger. Lors d’infestation par H. taichui, une éosinophilie est présente. Étant donné la similarité des symptômes, H. taichui pourrait être un agent étiologique du syndrome du côlon irritable (Watthanakulpanich et al. 2010).

Avec d’autres parasites (S. falcatus, Haplorchis spp, Procerovum spp), le pronostic vital peut être engagé à cause des localisations erratiques des œufs dans les vaisseaux sanguins des organes vitaux. En plus des symptômes décrits auparavant, des fèces très mucoïdes, de la nausée et des vomissements sont observés. Un adulte a même été retrouvé dans l’épicarde ainsi que des œufs dans les valves mitrales épaissies (MacLean et al. 2006, Hung et al. 2013b). Les signes cliniques observés résultent de la localisation des œufs : myocardite (œdème sous-épicardique,

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hémorragie de l’épicarde, dilatation cardiaque, fragmentation des fibres musculaires, toux, dyspnée, cyanose, fatigue, œdèmes et ascites), troubles neurologiques avec pertes de la fonction sensitive et motrice (Watthanakulpanich et al. 2010).

Des réactions anaphylactiques ont été rapportées lors d’infections par H. heterophyes (Toledo et al. 2006). Leurs œufs ont également été retrouvés dans le cerveau de personnes possédant des symptômes neurologiques (Chai 2007). Chez les personnes immunodéprimées, des localisations erratiques de M. yokogawai dans les organes vitaux seraient possibles (pancréas, cerveau) (Chai 2015b).

Les co-infections douves hépatiques/douves intestinales sont de plus en plus fréquentes. Leur impact sur la santé humaine reste à approfondir (clinique, pathologique et thérapeutique). Il a été suggéré une augmentation de la morbidité même en cas de faible charge parasitaire (Keiser et Utzinger 2009).