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les sciences sociales. Nous allons voir comment il a été abordé par des disciplines telles que l'histoire, l'anthropologie et la sociologie. Nous allons aussi voir comment ce thème a évolué en sociologie. Et pour finir nous reviendrons sur les grandes enquêtes qui ont été réalisées autours de la sexualité aux États-unis, en Europe et en Afrique.

Le mot sexualité apparaît seulement au XIXe siècle. Plus précisément en 1838 en

français et en anglais. C’est un mot qui s’est imposé avec la montée en puissance du corps

médical et donc un contrôle croissant de la sexualité, particulièrement du corps de la femme97.

Selon André Béjin98, il est à l'origine un terme relevant de la biologie. Dans la

première moitié du XIXe siècle, il désigne le fait d'être mâle ou femelle et l'ensemble des

caractères propres à chaque sexe. Il n'a pris le sens courant de « vie sexuelle » que dans le

dernier tiers du XIXe siècle. C'est au cours de cette même période qu'ont été forgés ou

popularisés les termes homosexualités et hétérosexualité ainsi que les dénominations des principales « perversions sexuelles ».

Selon le Larousse illustré de 2005 « La sexualité recouvre l’ensemble des phénomènes biologiques, physiologiques et comportementaux liés à la reproduction sexuée. Chez l’homme, le développement de la contraception et la légalisation de l’avortement tendent cependant à dissocier reproduction et sexualité, celle-ci étant désormais souvent motivée par la seule recherche du plaisir et non par une volonté de procréation. Cette dissociation facilite la reconnaissance sociale des pratiques sexuelles non reproductives, qu’elles soient

hétérosexuelles ou homosexuelles ». En incorporant la vie érotique99 dans son champ, la

sexualité va avoir une deuxième signification. Le concept de « santé sexuelle » a été formulé lors d’une conférence de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et vient donc compléter la médicalisation de la « liberté sexuelle ».

97 C. Bard, « Quelles approches de la sexualité », Actes Université d’été (Mouvement Français pour le Planning Familial), 20 et 21 septembre 2003, p. 22.

98 A. Béjin « sexualité », in Massimo Borlandi et al (dir.), op. cit., p. 633

99 A. Giami, in B. Andrieu (dir.), Le Dictionnaire du Corps en sciences humaines et sociales, Éditions Cnrs, Paris, 2006, p. 465.

III.1. Histoire et sexualité

III.1.1. Le thème de la sexualité dans les études historiques

Dans son livre intitulé Sociologie des comportements sexuels100, Maryse Jaspard nous

montre que c’est dans les années 50 que les historiens vont, grâce au développement de la démographie historique, s’intéresser au thème de la sexualité. En effet à l’aide des techniques particulières, ils ont pu saisir les comportements démographiques tels que les conceptions prénuptiales, les naissances légitimes et illégitimes, âges au mariage, etc. Même si ces différentes études ne révèlent pas grand chose, elles vont pourtant aider à l’élaboration d’un cadrage statistique préliminaire pour l’étude de la sexualité.

Au cours des dix premiers siècles de notre ère, ces études sont quasi inexistantes dans

l’Occident Médiéval. Même si l'Église elle, dispose de quelques textes. Au IXe et au XIe siècle

certains historiens vont s’intéresser aux pénitentiels c'est-à-dire aux manuels qui prescrivent les peines relatives aux différents péchés. Il faut rappeler la présence de l'Église dans le contrôle de la vie sexuelle des chrétiens. En effet, il existe en Occident une nouvelle morale sexuelle répressive qui constitue un événement majeur de l’histoire de la sexualité. Mais il n’y a pas que les chrétiens qui contrôlent la sexualité puisque les stoïciens à Rome vont eux aussi recommander la modération et l’abstinence vers le premier et le deuxième siècle après Jésus-Christ101.

Si en parlant de répression on pense tout de suite à l'Église, c’est parce que cette dernière a assuré un contrôle social strict qui est passé par plusieurs étapes. En effet, avec Saint Paul, il va y avoir un appel à la virginité et à l’abstinence fondé sur la valorisation du corps humain. Au Moyen Âge, le corps et la chair vont être diabolisés et assimilés à un lieu de dépravation. Au-delà du Moyen Âge, l'Église va intervenir dans le mariage à travers les confessions afin de mieux le surveiller.

Au cours des siècles suivants, les sources textuelles et iconographiques laïques et religieuses vont se multiplier. Cela va permettre aux littérateurs et aux folkloristes de décrire les mœurs de leurs contemporains. Les médecins de l’âme et du corps aident les déficients sexuels, tandis que les magistrats rendent compte des procès intentés à ceux qui désobéissent

100 M. Jaspard, Sociologie des comportements sexuels, Paris, La Découverte, 2005, (1ère éd.1997), p. 5.

101 M. Bozon, H. Leridon, « Les constructions sociales de la sexualité », in Sexualité et sciences sociales : les apports d’une enquête, Population, n˚5, septembre - octobre 1993, p. 1178.

à la morale sexuelle. Pour leurs études, les historiens sont donc obligés de s’appuyer sur les représentations et les discours tenus à ce sujet.

C’est au cours du XIX e siècle qu’une énorme production statistique dans le domaine

de la sexualité va permettre aux historiens d’analyser les phénomènes tels que la prostitution

et les déviances en tout genre102. Mais à la fin de la seconde guerre mondiale, on ne se

contente plus de répertorier les individus déviants, on comptabilise et qualifie les actes sexuels au travers des grandes enquêtes statistiques. La diversification des sources permet une approche multidimensionnelle des comportements sexuels, pourtant l’objectivité n’y ait toujours pas garantit puisque c’est un sujet qui fait partie du domaine de l’intime, donc caché. L’historien doit donc faire preuve d’imagination afin de combler les sources lacunaires. La multiplication d’études monographiques utilisant les méthodes de l’anthropologie permet une vision plus précise mais complexe des comportements sexuels de nos ancêtres. Ces études nous montrent que les pratiques ont varié dans le temps, mais de façon discontinue et sans aucune synchronisation entre les groupes sociaux, les régions, le milieu urbain et rural. Les historiens nous renseignent sur l’historicité des attitudes, des émotions et des catégories de classement. De la même manière, ils nous montrent aussi l’impossibilité qu’il y a à analyser la sexualité et les sentiments sans tenir compte des rapports de sexe et de classe, ainsi que des instances de contrôle social.

Deux grands courants vont donc s’opposer. Il va y avoir d’un coté les historiens quantitativistes qui vont avancer la thèse de l’érotisation croissante de la société au cours des

siècles. Cette thèse défendue par Edward Shorter103 dit que la révolution sexuelle s’amorce à

la fin du XVIIIe siècle avec la naissance de la famille moderne.

D’un autre coté, les historiens des mentalités vont défendre la thèse de la répression

accrue de la sexualité au cours de l’époque moderne c'est-à-dire du XVIe siècle au XIXe siècle.

Jean-Louis Flandrin104 défenseur de cette hypothèse dénonce la seule prise en compte des

indices démographiques pour rendre compte de la vie sexuelle.

Dans ses écrits sur la sexualité, Michel Foucault va amplifier le débat. En effet, en analysant les discours sur la sexualité "les technologies du sexe", il va contester l’hypothèse répressive tout en proposant une lecture nouvelle de la codification de la chair par la pastorale

chrétienne aux stratégies astreignantes et comptables du XIXe siècle. Selon lui, plus qu’une loi

de l’interdit qui s’appliquerait à l’ensemble du corps social, se propageait un véritable

102 M. Jaspard, op. cit., p. 6.

103 E. Shorter, Naissance de la famille moderne, XVIIIe-XX e siècle, Paris, Seuil, 1981, 379 p.

"dispositif des sexualités" créateur de la sexualité. « Ce qui est propre aux sociétés modernes, ce n’est pas qu’elles aient voué le sexe à rester dans l’ombre, c’est qu’elles se soient vouées à

en parler toujours, en le faisant valoir comme le secret105 ». Dans ce livre, Foucault montre

comment ont évolué les discours sur le sexe. Comme il le dit, il s’agit moins d’un discours sur le sexe que d’une profusion de discours porté par toute une série d’appareillages fonctionnant dans des institutions différentes.

Contrairement au Moyen Âge qui avait organisé autour du thème de la chair et de la pratique de la pénitence un discours assez fortement unitaire, les siècles suivants ont produit d’autres discours dans des domaines différents tels que la démographie, la psychologie.

De telle sorte que le lien qui relie théologie morale et l’obligation de l’aveu a été

cassé, détendu, et diversifié dans plusieurs études106. La sexualité est donc devenue à partir de

cet instant un sujet très abordé dans le champ scientifique.

Nous venons de voir comment le thème de la sexualité a été abordée dans l’histoire ainsi que les différents courants qui ont contribué à son analyse. Ce retour dans le passé nous montre que même pour les historiens, aborder le thème de la sexualité n’a toujours pas été chose facile. Il a fallu l’avènement des études démographiques pour qu’ils aient enfin accès à quelques données statistiques sur la sexualité. Il est aussi important de souligner l’apport de l'Église car c’est aussi grâce à elle que les historiens ont pu remonter le cours de l’histoire de la sexualité à travers les témoignages, les confessions, etc.

Sujet tabou, intime et caché, nous allons maintenant voir comment les études historiques sur la sexualité ont évolué et quelle est la part des historiennes dans l’étude de ce thème.

III.1.2. Les historiennes et la sexualité

Depuis le début des années 80, les recherches historiques sur les sexualités se multiplient et varient de plus en plus. Des chercheuses se sont emparées de la question jugeant qu’elle était jusqu’ici, destinée à la sexualité masculine. Un grand nombre d’historiens se cantonnent aux monographies, d’autres privilégient un angle d’approche : la

105 M. Foucault, Histoire de la sexualité. Tome 1. La volonté de savoir, Paris, Gallimard, 1976, p. 49.

tendresse, la pudeur, l’homosexualité, la prostitution, le plaisir etc. D’après Christine Bard107, l’histoire de la sexualité est surtout écrite par des hommes. Elle aborde dans ces travaux, le rapport homme / femme. Elle va, tout en faisant une comparaison, dénoncer le système patriarcal et montrer qu’aujourd’hui, les femmes représentent un sujet collectif qui part à la conquête des droits et des libertés nouvelles.

Concernant les historiens qui abordent le thème de la sexualité dans leurs travaux nous

pouvons par exemple citer Roger-Henri Guerrand, qui a écrit la Libre maternité, livre

pionnier paru en 1971; Francis Ronsin108, sur l’histoire de la contraception du mouvement

néo-malthusien. Le premier mouvement militant ayant œuvré pour la diffusion des méthodes contraceptives. Comme nous l’avons vu plus haut, Michel Foucault va avoir lui, une approche plutôt philosophique. Alain Corbin va travailler sur l’histoire de la prostitution réglementée.

Dans son livre intitulé Les filles de noces, misère sexuelle et prostitution109, il va retracer

l’histoire de la prostitution tout en montrant les différents grands moments qui ont régis cette institution vieille comme le monde.

Plus récemment, Georges Vigarello a abordé le thème du viol dans un ouvrage intitulé

Histoire du viol110. Fabrice Virgili va s’intéresser lui, à l’histoire des femmes tondues111 il va reparler des tontes des femmes accusées de collaboration lors de la deuxième guerre mondiale. Ayant couché avec l’ennemi, des femmes avaient été violemment punies dans un très court laps de temps par des foules vengeresses et des résistants de la dernière heure. Ce livre révèle pourtant que la moitié seulement de ces femmes avait eu des relations sexuelles avec les Allemands. Il nous apprend aussi que ces tontes n’ont rien d’éphémère puisqu’elles s’étalèrent de 1943 à 1946, deux dates qui montrent que parmi les tondues, il y avait aussi des résistants et que les autorités ont tenté de couvrir cette pratique après la libération. Environ 20 000 personnes, ont été néanmoins touchées dans la France entière.

Jean-Yves Le Naour112 va s’intéresser quant à lui, à la manière dont les français se

représentaient la sexualité pendant la guerre de 14-18. Stéphane Audouin-Rouzeau va traiter du viol pendant cette même période. Il en est de même pour l’histoire de l’homosexualité

(masculine) qui a surtout été écrite par les hommes. Dans son livre intitulé La longue marche

107 C. Bard, La femme dans la société française au 20 e siècle, Paris, Armand Colin, 2001, 285 p.

108 F. Ronsin, La grève des ventres : propagande néo-malthusienne et baisse de la natalité française, XIX e- XX e

siècle, Paris, Aubier Montaigne, 1992, 254 p.

109 A. Corbin, Les filles de noces, misère sexuelle et prostitution (19 e), Paris, Flammarion, 1978, 496 p.

110 G. Vigarello, Histoire du viol (XVI e-XX e), Paris, Seuil, 1998, 364 p.

111 F. Virgili, France "virile": Des femmes tondues à la libération, Paris, Payot, 2004, 422 p.

112 J.Y. Le Naour, Misères et Tourments de la chair durant la Grande Guerre : Les mœurs sexuelles des français 1914-1918, Paris, Aubier Montaigne, 2002, 411p.

des gays113 Frédéric Martel va faire revivre les combats de cette révolution à la fois individuelle et collective, féminine et masculine en France et à l’étranger. Ce livre est un livre témoignage qui retrace lui aussi l’histoire de la libération des mœurs. Les hommes occupent donc une place importante dans le champ historiographique de la sexualité.

Même si les hommes occupent une place importante dans l’étude de la sexualité, les femmes vont, comme nous l’avons dit plus haut, essayer elles aussi d’aborder le thème de la sexualité. Cependant, elles ont du mal à le nommer directement dans leurs travaux. Elles vont très souvent contourner le sujet ou alors remplacer le mot sexualité par un autre.

Nous pouvons citer comme exemple, Janine Mossuz-Lavau qui, pour des raisons

éditoriales, va remplacer le titre de son livre par : Les lois de l’amour114. Elle va retracer dans

son livre le récit des combats menés depuis 40 ans pour les libérations sexuelles. Elle va aborder les thèmes tels que la contraception, l’avortement, l’éducation sexuelle des jeunes, la lutte contre le viol et le harcèlement sexuel, le droit à l’homosexualité et aux jouissances multiples.

D’autres femmes vont aussi parler de sexualité dans leurs écrits. Simone de Beauvoir

peut être prise en considération avec Le Deuxième sexe115. Elle est la première féministe à

avoir eu un effet considérable en consacrant autant de place à l’analyse de la sexualité. Les études sur les femmes et leur sexualité ont apporté beaucoup de choses sur la contraception, l’avortement.

Nous avons aussi Annick Tillier116 qui a travaillé sur l’histoire des infanticides, de

toutes ces grossesses non désirées à différentes époques et en différents lieux. Anne-Marie

Sohn117 qui s’est penchée sur les attentats à la pudeur envers les fillettes et les jeunes filles.

Marie-Victoire Louis a été la première à s’intéresser et à révéler le droit de cuissage au XIXe

siècle et au XXe siècle. Comme nous l’avons dit, la plupart de ces études tournent toujours

autours de la sexualité sans pour autant la nommer avec précision.

Toutefois, Martine Sévegrand118 a réalisé un beau travail avec l’aide des archives de

l’abbé Viollet, le grand spécialiste de la morale conjugale qui présidait aussi l’association du mariage chrétien dans l’entre-deux guerres. Elle a pu travaillé sur les confidences des femmes

113 F. Martel, La longue marche des gays, Paris, Gallimard, 2002, 127 p.

114 J. Mossuz-Lavau, les lois de l’amour. Les politiques de la sexualité en France (1950-1990), Paris, Payot, 1991, 346 p.

115 S. de Beauvoir, Le Deuxième Sexe, tome 1 : les faits et les mythes, Paris, Gallimard, 1986, 408 p.

116 A. Tillier, Des criminelles au village. Femmes infanticides en Bretagne (1825-1865) Rennes, Presse Universitaire de Rennes, 2001, 447 p.

117 A-M. Sohn, Âge tendre et tête de bois : Histoire des jeunes des années 1960, Paris, Hachette Littératures, 2001, 430 p.

118 M. Sevegrand, L’Amour en toutes lettres : Questions à l’abbé Viollet sur la sexualité, 1924-1943, Paris, Albin Michel, 1996, 334 p.

et des hommes qui à travers des lettres adressées à l’abbé, voulaient savoir ce qui était un péché ou pas. Pour cela, elle va donc recueillir 120 lettres de femmes et d’hommes ordinaires de tous âges et de tous milieux sociaux reproduites dans leur intégralité. Ces lettres constituent un témoignage exceptionnel et unique sur les mentalités et les mœurs des catholiques français entre 1924-1943.

Les publications des historiennes de la sexualité ne sont pas toujours rangées dans la rubrique histoire de la sexualité. Elles ne sont peut être pas encore assez nombreuses. Cela

donne raison à Michelle Perrot119 qui pense que les pratiques sexuelles des femmes restent un

grand jardin secret, et que pendant longtemps les femmes ont été cantonnées à la sphère privée. Il est donc intéressant de s’appuyer sur les études féministes pour étudier les pratiques sexuelles des femmes.

Dans les études sur la sexualité, les anthropologues ne sont pas en reste. Nous allons maintenant voir dans cette section comment les anthropologues se sont eux aussi penchés sur cette question.

III.2. Anthropologie et sexualité

Selon les différentes écoles anthropologiques, le thème de la sexualité ne va pas être abordé de la même manière. L’anthropologie structurale va s’intéresser aux aspects institutionnels c'est-à-dire au lien que la sexualité entretient dans les sociétés étudiées avec l’organisation sociale de la parenté ou des classes d’âge ainsi que le rôle qu’elle joue dans les rituels ou dans les mythes.

Les évolutionnistes vont quant à eux considérer que la perte de l'œstrus c'est-à-dire de l’ensemble des phénomènes physiologiques et comportementaux qui précèdent et accompagnent l’ovulation chez la femelle des mammifères, par « la femelle humaine », a pour conséquence une augmentation de la concurrence sexuelle entre « mâles ». C’est pour cette raison qu’il y a un contrôle social accru et plus strict de l’activité sexuelle et ceci grâce à l’interdiction de l’inceste, et des règles de mariage bien détaillées.

Mais plusieurs études ethnographiques, dans le souci d’aborder la totalité d’une culture ont donné un rôle important à la description de l’activité sexuelle des individus. C’est

au début du XXe siècle que les travaux de nombreux ethnologues et sociologues vont attirer l’attention sur les rites et les mœurs sexuels des peuples primitifs, les formes de l’union sexuelle et les origines de la famille. La théorie psychanalytique va donner un élan nouveau à l’ethnologie américaine qui fait une avancée remarquable dans le domaine de la sexualité humaine.

Dans son ouvrage intitulé, La vie sexuelle des sauvages du nord-ouest de la

Mélanésie120, paru en 1929, Malinowski va donner une définition de la sexualité au sens large. Selon lui, pour l’habitant primitif des îles du Pacifique tout comme pour nous, la sexualité ne constitue pas simplement une affaire physique. Elle fait aussi intervenir l’amour et les démarches amoureuses, elle reste au centre d’institutions telles que le mariage ou la famille. De la même manière, elle inspire l’art et constitue la source de ses incantations et magies.

Pour Malinowski, la sexualité domine presque tous les aspects de la culture121. En

observant les mœurs des Mélanésiens entre 1915 et 1916, il va aborder un sujet qui demeure encore tabou en anthropologie : les pratiques sexuelles. Il analyse ainsi, les rites qui président au rapprochement des sexes et met en lumière leurs significations sociales. A travers son

étude, il va ouvrir une nouvelle voie de recherche en montrant que le sexe est socialisé122.

Pour lui, le fait que les individus apprennent et se soumettent aux normes culturelles relatives au sexe et à la sexualité demeure un axe important pour l’étude de la sexualité actuelle. Plus encore, en décrivant la liberté sexuelle des adolescents trobriandais, il donne à voir à une