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Qu'il soit constitué par deux personnes de même sexe ou de sexe différent, le couple est une construction sociale. En effet, chaque société construit son propre rapport au couple. Nous allons à présent voir comment le couple peut être appréhendé comme objet sociologique. Pour ce faire, nous allons dans un premier temps décrire les différents modèles de couple qui ont existé dans l'histoire, dans un second temps, nous donnerons quelques traits caractéristiques de la relation de couple et pour finir nous aborderons le couple contemporain.

II.1. Les modèles de couple en Occident

Aujourd'hui on parle beaucoup des « nouveaux couples ». Les séries télévisées, les romans, les films ou même les magazines nous exposent des modèles de couple qui nous le pensons, influencent beaucoup les représentations collectives. Il faut tout de même souligner

qu'à chaque époque correspond son modèle. Comme le dit Serge Chaumier55, un modèle n'est

pas un carcan. Chacun, en le recevant, le module, chaque génération en donne sa propre lecture et le réinterprète. C'est une sorte de trame soumise aux variations du chef d'orchestre. Tout en étant souple, le modèle est néanmoins coercitif. Il indique un sens, fournit un cadre au sein duquel il est permis d'imaginer. Indispensable pour appréhender la vie, ces repères contribuent à donner du sens à l'expérience et en premier lieu, ils servent à l'orienter.

Pour la définition du couple en Occident nous allons nous appuyer sur l'étude de

Delphine Mandin56. Rappelons que dans son travail, elle a choisi d'étudier les nouveaux

modèles de couple. A travers une approche socio-historique elle essaye d'éclairer le modèle de couple contemporain. Les cinq dimensions socialement valorisées qui définissent selon elle le couple sont le mode de relation du couple, son rapport à la sentimentalité, son rapport à la

sexualité, le mode de rapport entre les sexes en son sein et son rapport au tiers.

Nous avons choisi de reprendre ces cinq dimensions car elles sont en rapport avec les grands thèmes que nous avons choisi d'aborder dans ce travail. Il est donc intéressant de voir

55 S. Chaumier, La déliaison amoureuse. De la fusion romantique au désir d'indépendance, Paris, Armand colin, coll. « Chemins de traverse », 1999, p. 22-23.

56 D. Mandin, Nouveau modèle de couple et parentalité: les exigences sont-elles antinomiques?, op. cit. pp. 11-15

historiquement l'évolution de ses différentes notions.

Par mode de relation du couple, l'auteur aborde l'ensemble de paramètres qui permettent de définir la nature de l'union. Ces paramètres sont au nombre de sept : l'exclusivité de la relation (y compris dans le temps), son caractère fusionnel, sa stabilité, le fait qu'elle soit choisie ou pas, sa sacralité, l'idéalisation du partenaire et l'autonomie du couple par rapport au social.

Nous allons maintenant voir comment ces différents paramètres ont évolué dans le temps.

II.2. Quelques paramètres socialement valorisés

II.2.1 La relation exclusive

Pour ce qui est de l'exclusivité de la relation, elle n'a pas toujours été de mise. En effet,

durant la période qui va du Ve siècle au milieu du Ier siècle avant Jésus-Christ c'est-à-dire

durant l'Antiquité grecque, l'homme marié pouvait avoir des relations amoureuses et sexuelles en dehors de son mariage ce qui n'était apparemment pas possible pour la femme.

Dans la Rome antique, les concubines étaient acceptées sous le toit conjugal alors que la réelle polygamie était interdite. Le concubinage permettait à cette époque de vivre avec une femme de condition inférieure sans que cela n'ait de conséquence sur l'héritage.

Ce n'est que dans la période qui va du milieu du IIe au milieu du Xe siècle que le

couple marié se veut un peu plus exclusif. Les hommes n'ont plus recours aux concubines. Toutefois, les relations extra-conjugales sont toujours admises. Durant la période allant de la

fin du Xe au début du XVe siècle le couple marié n'a pas connu de grand changement au

niveau du critère de non exclusivité.

C'est à cette époque que va naitre l'amour courtois57. Cet amour qui se vivait bien

évidemment hors mariage va être mal vu par l'Église qui défendait une conception du mariage comme union exclusive.

Durant la Renaissance la position de l'Église était la même par rapport au relâchement

57 Dans la littérature médiévale, représentation très codée de l'amour mettant l'accent sur le lien de vassalité qui lie le chevalier à la dame qu'il sert, dictionnaire le Grand Larousse Illustré, 2005, p. 628

des mœurs. Ce dernier était dû notamment à l'idée puisée dans le platonisme selon laquelle l'amour est l'union de deux moitiés qui auraient été séparées qui permettaient de justifier la multiplication des aventures afin de retrouver sa « bonne » moitié.

Au XVIIe siècle, sous l'influence de la bourgeoisie et de l'Église, l'infidélité va être

reconnue comme étant une faute. La conception dominante du couple marié défendait alors

l'exclusivité durable de la relation. Cela restera le cas jusqu'au milieu du XXe siècle et sera

amplifié avec l'amour romantique qui parlera quant à lui d'exclusivité éternelle. Selon Serge Chaumier : « Dans la conception romantique, le couple réserve jalousement son amour et tout dépassement constitue une trahison. L'exclusivité devient même un critère pour estimer la

qualité de la grandeur de l'amour que les amants se portent58 ».

Delphine Mandin note que la notion de fidélité tant prônée va être remise en cause à la

fin du XXe siècle. En effet, durant cette période un nouveau modèle de couple appelé couple

open va apparaître. Il se caractérise d'une part par une union ayant une durée limitée dans le temps et d'autre part il y a une distinction faite entre fidélité de corps et fidélité d'esprit. Alors que l'Église continue de prôner une exclusivité de corps et d'esprit éternelle, dans ce nouveau modèle de couple, l'exclusivité sexuelle n'est plus de mise.

Avant de continuer cette description, rappelons que Delphine Mandin a choisi de travailler exclusivement sur l'émergence de ce nouveau modèle de couple. Comme nous l'avons souligné au début de ce chapitre, le couple aujourd'hui se décline de plusieurs

manières. Nous pensons donc que le modèle de couple open dont l'auteur situe l'origine à la

fin du XXe siècle, fait partie des modèles que l'on peut rencontrer de nos jours. Étudier le

modèle de couple open va aussi nous permettre de voir si les personnes que nous avons

interrogé au cours de notre travail de terrain adhèrent ou pas à cette nouvelle image du couple.

En effet, le modèle de couple open, contrairement au couple traditionnel n'est pas forcement

marié et n'a pas sa correspondance dans un modèle de famille. De plus il ne cherche pas forcement à avoir une progéniture.

II.2.2 La relation fusionnelle

Pour l'Église la relation de couple se doit d'être fusionnelle. Cette conception n'est apparue chez les autres qu'avec l'amour courtois. Il s'agissait dans ce cas là d'une fusion des

âmes. Cette fusion va être aussi recherchée à la Renaissance puisqu'il va s'agir de retrouver sa moitié. L'amour romantique quant à lui va reprendre et amplifier ce caractère derrière lequel se profile l'idée de prédestination. Contrairement à ces modèles, le nouveau modèle de couple préconise l'autonomie des partenaires. Ce modèle va être définit comme « fissionnel » par Serge Chaumier car il est selon lui ouvert sur le tiers.

II.2.3. La relation stable

La stabilité de l'union va avoir un lien direct avec l'amour. En effet, tant que l'amour était exclu du mariage, celui-ci était d'une certaine manière solide. L'amour se vivait donc en

dehors de l'union officielle pour éviter à celle-ci ses caprices. L'auteur va tout de même

apporter certaines nuances. En effet, dans l'Antiquité grecque et romaine, et jusqu'au Xe siècle

environ, le divorce était possible et certaines périodes (notamment durant les premiers siècles) ont été marquées par la fragilité des mariages. A partir du moment où le mariage (forcement religieux) a été choisi, c'est-à-dire au moment où le consentement mutuel des futurs époux est devenu nécessaire pour se marier (aux alentours de 1140), l'Église a déclaré l'union indissoluble.

Cette indissolubilité du mariage a entrainé sa stabilité, et ce jusqu'à l'avènement du mariage civil (1792) qui a autorisé le divorce. Cette même période va marquer la naissance de l'amour romantique qui se voulait la base du mariage et de la famille même si son but premier n'était pas de fonder un foyer. Ainsi, le caractère incertain du sentiment amoureux a été introduit dans une sphère qu'on voulait durable.

A la fin du XXe siècle, avec le couple open, la fragilité des unions se généralise. Le

couple ne se veut plus obligatoirement ni base du mariage (augmentation du nombre des unions libres), ni base de la famille. Il n'est plus conçu comme « relation pour la vie », même si l'Église garde toujours cette conception. Le couple hors mariage a toujours comporté un caractère instable.

II.2.4. Une relation choisie ou non

Concernant le choix ou non de l'union, l'auteur rappelle que l'autorité parentale était telle que les jeunes gens n'épousaient pas forcement l'élu de leur cœur. Et ceci malgré l'instauration du mariage par consentement mutuel par l'Église. Dans la théorie, les parents ne pouvaient alors plus s'opposer au mariage de leurs enfants.

II.2.5. Une relation sacrée

Ce n'est que lorsque l'Église a intégré le mariage à la liste des sacrements en 1184 que le caractère sacré du couple a fait son apparition. Le mariage chrétien devait être à l'image de l'union du Christ avec son Église. L'amour courtois entretenait aussi à la même époque un rapport à la sacralité : il était considéré comme un moyen pour parvenir au divin. Ce rapport au sacré était précisément mal vu par l'Église. Contrairement à l'amour courtois, l'amour romantique aura une dimension de sacralité différente. Ce sera le désir d'infini qui sous-tend cet amour qui conduira à une certaine mystique. Mais l'amour romantique est une fin en soi et non pas un moyen.

Cette différence va entrainer pour l'amour courtois la joie (même s'il est secret) et pour l'amour romantique la souffrance d'une fusion recherchée qui ne peut être atteinte. Cette souffrance pouvait aller jusqu'à la mélancolie. L'amoureux mélancolique fut une figure au

XIXe siècle.

Les autres conceptions ne comportent pas de caractère sacré, mise à part celle de l'Église qui est restée la même.

II.2.6. Idéalisation du partenaire

Selon l'auteur l'idéalisation du partenaire est liée d'une certaine manière à la sacralité. On la retrouve précisément dans l'amour courtois et dans l'amour romantique. Dans le premier cas, c'est la femme qui est idéalisée. Le fait qu'elle soit souvent inaccessible (il s'agit généralement d'une châtelaine, dont la condition est supérieure à celle de l'homme qui la courtise) explique certainement cela.

Dans le second cas, la femme est aussi vénérée mais les deux partenaires s'idéalisent mutuellement. Il s'agit d'un don total réciproque. C'est ce qui fait dire à Jean Claude Bologne que « la peur de n'être pas à la hauteur de son idéal paralyse le romantique. Et l'ombre de la

mort plane souvent sur ses amours »59.

II.2.7 Rapport que le couple entretient avec le monde extérieur

Par rapport à cet aspect là de la relation, Delphine Mandin souligne qu'il y a une

différence entre l'amour courtois, l'amour romantique et le couple open. En effet, d'après Jean

Claude Bologne, dans l'amour courtois « aimer […] ce n'est pas se couper du monde avec son amie, c'est cacher son amour, mais manifester un enthousiasme accru dans les divertissements communs. C'est combattre pour elle aux tournois et lui faire l'hommage muet de ses victoires. L'amour courtois est une manière de réintégrer l'amoureux dans la société en lui interdisant le

commerce direct avec sa dame. »60 Cet amour n'exclut pas réellement le couple du social.

En revanche, l'amour romantique crée un couple qui se suffit à lui même, un monde à

deux autonome par rapport au social. Cet aspect est en quelque sorte critiqué par le couple

open, qui se veut précisément ouvert sur le monde.

Après avoir montré les paramètres qui ont définis et valorisé le couple en Occident, nous allons maintenant évoquer les principales caractéristiques de la relation de couple à la même période.

II.3. Les principales caractéristiques de la relation de couple

II.3.1. La place des sentiments

La place des sentiments dans une relation de couple est presque une évidence

59 JC. Bologne, Histoire du sentiment amoureux, Paris, Flammarion, 1998, p. 138

aujourd'hui. Par sentiment, nous entendons bien sur le sentiment d'amour. Il est donc très intéressant de remonter dans l'histoire pour voir quelle place était accordée aux sentiments.

Lorsqu'elle aborde la place de l'amour dans l'histoire. Delphine Mandin souligne que l'amour et le mariage ont été pendant très longtemps dissociés. En effet, l'amour se vivait en dehors de l'union légitime. C'était par exemple le cas dans l'Antiquité grecque. Les mariages étaient des mariages d'intérêt et l'amour entre époux n'était pas de mise. Selon Jean-Claude Bologne: « il est naturel et méritoire d'éprouver pour son épouse un désir sexuel vigoureux. Mais un sentiment épuré qui la respecte en tant qu'individu plutôt que comme reproductrice est d'emblée suspect. Il est indigne pour un homme de se soumettre à un être inférieure […].

En revanche, un tel sentiment devient honorable s'il est éprouvé pour un jeune garçon. Qu'il soit accompagné ou non de pratiques sexuelles, il s'adresse à quelqu'un qui en est digne. L'impossibilité d'avoir une descendance exige des buts plus élevés et des sentiments très nobles, des dévouements spectaculaires peuvent naitre entre amants. L'exhortation à la vertu est la justification de cet attachement. Mais il ne peut s'agir que d'une passion de jeunesse : les philosophes blâment ceux qui, pour jouir plus longtemps de leur ami, les détournent du mariage.

Selon Jean Claude Bologne61, grâce à la pédérastie initiatique, l'Athénien connait

l'amour et apprend à le dissocier de la sexualité. A cette époque l'amour entre le maître et l'élève va être valorisé. Pour Aristote cependant, un certain amour (plus précisément une amitié conjugale) était possible entre les époux, mais la passion amoureuse se devait d'être vécue hors mariage.

Dès l'Antiquité on distingue donc deux types de sentiments. C'est ce que souligne

Suzanne Lilar62 qui définit deux emblèmes de l'amour : l'amour raisonnable et l'amour

déraisonnable. Le premier renvoie à des notions comme « l'estime, l'amitié, la confiance, la camaraderie, l'esprit d'équipe, quelquefois la tendresse et ses compromissions ». Le second est une fusion : « ce qui distingue l'amour déraisonnable de l'autre, ce n'est certes pas qu'il mène plus sûrement à la réussite ou au bonheur, mais que les époux y vont mêlés. Mélange qui est à la fois miracle et mystère. Essentiellement différent de l'entente profane des époux-amis. […] Il n' y a dans l'amour raisonnable que réussites solitaires, même lorsqu'elles sont obtenues

côte à côte63 ».

Dans la Rome Antique, les mariages étaient aussi des mariages d'intérêt, donc arrangés. Toutefois ils étaient célébrés sous la base d'un consentement mutuel. L'affection

61 JC. Bologne, Histoire du sentiment amoureux,op.cit.p.13

62 S. Lilar, Le couple, Paris, B. Grasset, coll. « Les cahiers rouges », 1991, pp. 23-47

c'est-à-dire l'amour raisonnable était possible après les noces. La passion amoureuse qui est considérée comme étant l'amour déraisonnable était pleinement reconnue avec le concubinage. Il faut dire que d'une manière générale, aussi bien dans l'Antiquité romaine que dans l'Antiquité Grecque, l'amour était conçu comme une fatalité, il n'était pas libre.

Durant la période qui s'étend du milieu du IIe siècle jusqu'au milieu du Xe, la situation

était sensiblement la même, mis à part que le concubinage n'existait plus. Parallèlement,

Augustin développe sa conception de l'amour chrétien, qui perdurera. Pour lui, Éros fait

prendre conscience d'un manque et éveille le désir de s'élever vers Dieu et Agapè aide

l'homme à s'élever. Le désir (éros) peut soit se fonder sur la cupidité et prendre un objet terrestre, soit se fonder sur la charité et s'adresser à Dieu. Dans cette conception, l'Amour et le mariage sont mis en opposition.

Du milieu du Xe au milieu du XVe la conception dominante, sous l'influence de celle

de l'Église, veut que l'affection conjugale, la solidarité, naisse après les noces, même si le mariage reste un mariage d'intérêt. L'Église condamne toujours la passion. Par ailleurs, l'amour courtois a comme but un amour sincère. Celui-ci est cependant redouté car il suscite l'envie et la jalousie. C'est là la raison principale du caractère secret de cet amour.

Au niveau de la nature même du sentiment, on peut dire que c'est l'idéalisation qui est aimée, et non pas la personne. D'autre part, contrairement aux conceptions de l'Antiquité grecque et romaine, le sentiment amoureux est conçu par l'amour courtois et par l'Église à cette époque, comme naissant d'une force extérieure, mais librement assumé par la volonté.

La Renaissance marque un très léger changement au niveau du rapport entre amour et mariage. En effet, ce dernier reste un mariage d'intérêt, soumis à des politiques d'alliances familiales, mais les sentiments des futurs mariés sont parfois respectés, s'ils sont raisonnables. L'amour est possible dans le mariage mais il s'agit plutôt d'une grande amitié ou d'un amour matrimonial chaste et pudique : en cela, cette période reste dans une conception similaire à celle de l'époque précédente. La passion se vit théoriquement dans une relation extraconjugale, mais dans les faits, elle est souvent impossible. Quant à la conception de l'Église, elle reste la même, c'est-à-dire que la passion est exclue du mariage et que l'affection conjugale doit s'installer après les noces.

Le XVIIe siècle est marqué par l'apparition de ce qu'on a appelé l'amour-passion, qui

pour Descartes a une origine naturelle, c'est-à-dire qu'il est une disposition du corps et non de l'esprit. La préoccupation est alors souvent de le contrôler. La galanterie par exemple tente d'affaiblir les passions par le badinage. Cet amour, qui était d'une façon générale plutôt valorisé à l'époque, ne concernait pas le mariage. Mais dans le même temps, une tendance se

dessine selon laquelle l'amour extraconjugal est honteux. C'est de là que découlera la notion d'adultère.

D'autre part, deux conceptions auront une influence non négligeable sur la période

suivante (milieu XVIIIe milieu XXe) : celle de la bourgeoisie et celle de l'Église.

La première prône un mariage d'amour raisonnable, contrairement à l'aristocratie qui se méfie de l'amour dans le mariage, tandis que la seconde continue d'insister sur le devoir de s'aimer une fois mariés. Toutefois l'Église se montre moins sévère qu'auparavant par rapport au plaisir amoureux, à condition qu'il soit vécu dans le mariage. Quant à la conception dominante du couple marié, elle préconise toujours le mariage d'intérêt, même s'il est aussi un mariage d'inclinaison puisque le devoir de s'aimer une fois marié est présent. Il s'agit encore ici d'un amour raisonnable et lorsqu'il y a passion, elle est canalisée lors des fiançailles.

Le milieu du XVIIIe siècle constitue un tournant majeur dans l'histoire des sentiments

conjugaux. Jean Claude Bologne64 mentionne qu'une crise de la sensibilité a eu lieu entre

1755 et 1764. Selon lui, une campagne de moralisation a vu le jour et l'ouvrage de référence