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B) Résultats

5) Sexualité et PrEP

5.1) Désinhibition

Deux répondants ont connu une période d’activité sexuelle plus importante que d’habitude, avec plus de partenaires ;

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« C’est qu’on prend plus de risque, on se rend même parfois compte qu’on prend

des risques maximums de manière un peu légère au prix d’IST que je n’avais jamais eu avant. » (E5)

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« Au début c’était un peu n’importe quoi » (E8)

Pour les autres participants, leurs habitudes sexuelles n’ont pas changé quant au nombre de partenaires ;

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« Je n’ai pas multiplié les partenaires pour autant (…) ça m’a un peu désinhibé,

sans pour autant me jeter sur toutes les braguettes qui passent » (E4)

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« Mais ce n’est pas pour autant que j’ai augmenté ma prise de risque. En terme de

sexualité je n’ai pas plus je n’ai pas moins de partenaires. » (E7)

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« Ce n’est pas parce que je prends la PrEP que je fais du bareback et que je fais

n’importe quoi avec ma santé. » (E1)

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La plupart des interrogés n’a donc pas véritablement transformé sa sexualité à ce niveau et ils relatent que peu de personnes de leur entourage ont drastiquement augmenté le nombre de partenaires sexuels. La désinhibition, qui est une des critiques la plus répandue à l’encontre de la PrEP ne trouve pas écho ici, bien qu’aucune conclusion ne peut être tirée sur un panel aussi réduit de patients dans le cadre d’une étude quantitative.

5.2) Sexualité après la Prep

La plupart des participants relatent une évolution dans leur sexualité, une sexualité moins risquée, moins angoissante comme elle pouvait l’être avant ;

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« On est pas obligé de tout contrôler soit même parce que le médicament le fait

aussi (…) Je me sens plus en sécurité depuis que je la prends… » (E2)

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« Ça m’a apporté une sécurité et une tranquillité d’esprit » (E1)

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« Depuis que j’ai la PrEP je n’ai pas l’impression de dépendre de quelqu’un

d’autre » (E3)

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« Une sorte de liberté et surtout moins d’angoisse pendant et après » (E4)

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« Moins inquiet, l’impression de profiter plus pendant l’acte. » (E5)

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« Moins inquiet mais pas plus libre » (E9)

Plusieurs parlent d’une toute nouvelle sexualité ;

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« Grâce à la PrEP je dissocie le plaisir et la peur du VIH dans ma sexualité. » (E1)

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« Ça m’a rendu complètement ouvert à ma sexualité » (E3)

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« L’accès à une autre sexualité. » (E6)

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« J’ai pu plus développer ma sexualité (…) un plaisir plus sauvage. » (E7)

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Certains des participants parlent aussi de la PrEP comme protection en cas de perte de contrôle ;

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« Ça m'a mis plus à l’aise (…) en ce sens que s’il y a un accident il y a peu de chance

que ce soit grave (…) enfin si jamais il m’arrive un truc, si jamais je m’endors ou que je ne suis plus trop maître de ce que je fais je sais que je suis protégé. » (E2)

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« L’alcool aidant, ou je n’en mettais ou je n’en demandais pas, du coup je flippais

pendant 1 mois et la PrEP a changé ça (…) Le fait de prendre la PrEP ça me rassure quand je bois ou que je prends des drogues. » (E3)

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« A des soirées j’ai perdu connaissance et je ne me souviens de rien et je me retrouve dans un état…et là je me dis heureusement qu’il y a la PrEP » (E5)

Cette tranquillité et liberté retrouvée dans leur sexualité, traduit aussi une mise au second plan des autres IST. La protection assurée par la PrEP, bien qu’inefficace face aux autres IST leur permet de jouir d’une sexualité inaccessible auparavant et ce malgré le risque omniprésent. Un autre aspect intéressant est celui de la protection offerte par la PrEP en cas de prise de toxique ou d’alcoolisation aiguë. En effet, pour plusieurs participants, la perte d'inhibition provoquée les drogues ou l’alcool est une chose contre laquelle il semble difficile de s’opposer. La PrEP fait-elle office de filet de protection en cas de « perte de contrôle » et facilite t’elle la prise de risque?

5.3) Responsabilisation de la PrEP

Se dégage aussi une responsabilisation de sa propre sexualité, en rapport avec les IST et de protéger son/ses partenaires ;

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« Mon idée c’était de la prendre en plus du préservatif et pour qu’on soit plus nombreux à la prendre et pour participer à l’éradication du virus. » (E2)

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« Ça m’oblige de faire un contrôle tous les 3 mois très complet, La PrEP me force

à plus de régularité. » (E4)

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« Une manière de protéger mon partenaire » (E7)

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« Je prenais ce soin de moi c’est aussi une manière de prendre soin des autres. »

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« Tu es controlé, tu sais où tu en es, ça responsabilise il s’agit de faire des analyses

on sait pourquoi on va les faire » (E1)

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« Tu prends tes responsabilités, ça veut dire se tester régulièrement aussi.

Maintenant que je me teste régulièrement je n’ai plus peur, le pire que je peux choper c’est une Bléno alors qu’avant j’avais peur de me tester. » (E6)

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« Ce qui m'intéresse c'est aussi servir la recherche et aussi être dépisté

régulièrement » (E9)

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« Prendre la PrEP c‘était pour moi avant tout mais aussi pour les autres » (E10)

Il est intéressant de voir se développer l’idée de responsabilité depuis le début de la prise de Truvada®. Il est possible que cette forme de prophylaxie renforce l’aspect actif de la protection en soit, mais aussi la protection de l’autre. Alors que la plupart des interviewés expliquent que la PrEP ne protège que soit même, elle protège aussi leur entourage par extension. Cette dimension peut aussi être un des moteurs de l’excellente observance que l’on a observée.

5.4) Remarques dans l’entourage

La plupart des participants à l’étude ont été l’objet de remarques ou critiques plus ou moins agressives de la part de leur entourage ;

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« L’idée de faire « la pute » avec la PrEP » (E2)

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« PrEP ça veut dire salope » « PrEP ça veut dire trou de la sécu ». » (E3)

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« Regard négatif sur le PrEP et qui nous classe chez les gens qui prend des risques »

(E5)

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« Sur les réseaux sociaux surtout. » (E6)

Dans certains cas, il ne s’agit pas de critique mais plutôt d’une incompréhension devant une médicalisation lourde de la sexualité ;

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« Dommage que tu t'obliges à prendre un médicament alors que tu es négatif et

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« Une ou deux personnes m'ont dit qu’on ne pouvait pas tout médicaliser, qu’on

ne pouvait pas trouver une solution chimique à tous les problèmes, les réalités humaines ne se soldent pas à coup de molécules » (E2)

Trois des participants n’ont pas subi de critique vis à vis de la PrEP, dont deux parce qu'ils n'en parlent pas autour d’eux et restent discret ;

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« Non aucune » (E4)

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« Non non parce que je n'en parle pas » (E7)

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« Non parce que je n'en parle à personne » (E9)

Ces deux participants expliquent qu'ils veulent éviter « de devoir se justifier à ne pas vouloir

prendre des risques ». En effet ils n’ont pas changé leurs habitudes sexuelles et continuent

d'avoir la grande majeure partie du temps des rapports protégés.

On remarque bien que la PrEP n'est pas encore acceptée dans les milieux gays et qu’elle renvoie à une image de débauche et de prise de risque inconsidéré. Il y a encore du chemin avant qu’elle soit bien acceptée dans tous les milieux. Même dans le milieu médical, il semble que la PrEP soit perçu de la même manière par le peu de médecin qui la connaisse

Ces résultats sont en contradiction avec des résultats antérieurs (18, 57), réalisés après un recul de plusieurs années sur la PrEP et ainsi une connaissance plus importante et plus répandue. Ainsi on voit bien que ces réticences autour de la PrEP sont surtout fonction du niveau d’information et de connaissance de ce traitement.

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6) PrEP et protection

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