• Aucun résultat trouvé

La sexualité, entre plaisirs et tensions

Dans le document PARCE QUE L’AMOUR N’EST PAS TOUJOURS GAI (Page 121-125)

5.2 Les éléments constitutifs des représentations sociales

5.2.2.4 Le contexte belge entourant les relations intimes gaies

5.2.2.4.4 La sexualité, entre plaisirs et tensions

Les participants évoquent à plusieurs reprises le regard singulier que posent les hommes gais à propos de leur sexualité, et les façons que cette dernière est célébrée ou mise en scène au sein des communautés gaies. Que ce soit par l’entremise de la presse gaie ou des espaces de socialisation comme les bars et les discothèques, la sexualité occupe une place privilégiée dans les interactions entre homosexuels en Belgique francophone. Selon certains participants des deux groupes, cela a le mérite de favoriser la réflexion chez les gais à propos de leur cheminement personnel et de leurs préférences sexuelles.

L’homosexuel est quelqu’un qui a réfléchi beaucoup à sa sexualité et qui a dû assumer sa sexualité au grand jour.

L’affirmer devant sa famille, ses amis : « Voilà, moi j’ai une sexualité qui n’est pas majoritaire, qui est différente de la vôtre ». Du coup, il y a regard sur la sexualité plus désinhibée, plus facile aussi et beaucoup plus relativisée. Il y a un regard sur la sexualité moins cantonnée dans des cadres. On peut déborder de manières différentes. C’est pareil pour les relations intimes pour moi, dans le sens où l’intimité, le relationnel chez les gais sont quelque chose de fort proche de l’hétéro, mais encore une fois, il a dû réfléchir à son intimité et à sa façon dont il allait intégrer le couple.

Homme gai, groupe 1

Certains hommes parlent même d’une « norme homosexuelle » quant à l’ouverture du couple sur le plan sexuel, confortée entre autres par les lieux de rencontre sexualisés et les modes de séduction entre hommes. Cela n’a toutefois pas que des apports positifs, puisque selon le tiers des participants, les représentations de la sexualité chez les gais réfèrent à une vision unidimensionnelle, fortement influencée par la pornographie. Selon ces quatre hommes, la non-exclusivité sexuelle concourt à perpétuer les stéréotypes associés

à l’homosexualité masculine, à l’instar des standards en matière de beauté au sien de la communauté gaie qui glorifient la jeunesse, les muscles saillants et les vêtements raffinés.

Par ailleurs, les relations intimes étant un thème abordé lors des entrevues, les participants s’y réfèrent pour discuter de la place occupée par la sexualité dans les rapports entre hommes gais. Leurs propos concernent surtout la variabilité des ententes conjugales où, selon un intervenant, « on retrouve beaucoup d’inventivité et de créativité dans la façon d’organiser son couple ». Un autre représentant associatif abonde dans le même sens :

Ce qui est très marquant dans la communauté gaie au sens très large, c’est que c’est à géométrie variable. D’une personne à l’autre, ça va être très différent. Certaines personnes vont rechercher un couple fermé, d’autres vont chercher un couple ouvert, d’autres vont chercher juste des coups d’une nuit. Il y a une multitude de possibilités.

Chaque couple a ses règles. S’il y avait un mot qui pourrait décrire les relations intimes chez les homosexuels, c’est vraiment « multiforme ». Même ce mot ne suffit pas. Peut-être « polymultiallophone » [rires]. Bref, c’est très varié.

Intervenant, groupe 2

Le discours des participants du premier groupe à propos de la variabilité des ententes conjugales corrobore celui des intervenants du deuxième groupe.

Certains ajoutent que les valeurs et les conceptions de la fidélité varient selon les personnes, ce qui peut parfois attiser les conflits au sein du couple. Néanmoins, comme le souligne un homme du premier groupe, les membres de la communauté gaie font en général la distinction entre l’amour perçu comme étant exclusif, et la sexualité vécue hors du couple.

J’ai l’impression que tous les couples ont eu cette discussion.

Est-ce qu’on ouvre le couple, ou on ne l’ouvre pas? Parfois, ça devient très rapidement ou très brutalement, dans le sens : « Si tu vas voir ailleurs, je te quitte tout de suite, je ne vais pas rester avec toi ». Là, c’est dit très clairement. […]

Chez les gais, dans tous les couples que je connais, c’est venu d’une manière ou d’une autre. Après, chaque couple gère ça comme il le peut. […] Il est possible de faire une séparation entre les relations sexuelles multiples, et les relations amoureuses. Homme gai, groupe 1

De façon générale, la négociation des ententes conjugales amène les couples à réfléchir à la manière d’actualiser leurs désirs. L’établissement de règles est une stratégie permettant de « baliser » l’ouverture du couple sur le plan des pratiques sexuelles avec d’autres partenaires. Comme un intervenant du deuxième groupe le rappelle, cette négociation ne se fait pas sans heurts, étant donné l’absence de modèles de couples ouverts qui fonctionnent bien et les difficultés d’aborder sainement le sujet avec son amoureux, sans craindre d’attiser la méfiance ou la jalousie.

Ce sont des questionnements auxquels nous sommes confrontés de force, de par les cercles d’amis, le type de rencontres, l’image sociale de l’homosexualité. Je pense que ça joue dans le rapport amoureux, notamment sur la liberté dans le couple, et sur la pression de la communauté homo.

On a l’impression que le couple homo doit être complètement ou obligatoirement ouvert. Le problème n’est pas le type d’entente, couple ouvert ou fermé, mais le manque de communication entre les partenaires à propos de leurs désirs et leurs besoins. C’est difficile d’exprimer nos limites personnelles. On n’a pas de modèle pour ça.

Intervenant, groupe 2

En résumé, le discours des participants évoque une image de la violence entre partenaires masculins fortement ancrée dans les connaissances sur la violence conjugale hétérosexuelle. Invités à identifier les formes et les manifestations de violence conjugale, les participants nomment d’abord des comportements associés à la violence physique, puis des attitudes et des exemples relevant selon eux de la violence psychologique, comme les insultes, la menace du dévoilement et la jalousie. La violence sexuelle est quant à elle révélée par l’entremise de la négociation des ententes conjugales. Certaines dimensions associées à la violence entre partenaires telles que le cycle de la violence et l’escalade des moyens sont évoqués sommairement par un petit nombre d’intervenants. Le contexte social belge entourant l’homosexualité masculine tel que perçu par les participants propose quant à lui un réseau de significations faisant partie de l’objet représentationnel.

5.2.3 Attitude

Finalement, le troisième élément du contenu des représentations sociales, l’attitude, est longuement abordé lors des entrevues avec les participants. Cette composante correspond à l’orientation de l’individu au regard de l’objet représentationnel, qu’elle soit positive ou négative. Les éléments de réponses des participants sont regroupés en trois catégories, soit les réactions émotives, les réactions normatives et les réactions pragmatiques. Chacune est décrite plus longuement dans les sections suivantes.

Dans le document PARCE QUE L’AMOUR N’EST PAS TOUJOURS GAI (Page 121-125)