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CHAPITRE 3 : CADRAGE MACROECONOMIQUE ET BUDGETAIRE DE LA STRATEGIE

3.1 CADRAGE MACROECONOMIQUE

3.1.2. Scénario de croissance accélérée

Le scénario de croissance accélérée est un scénario volontariste. Il table sur les mêmes hypothèses générales et celles portant sur l’évolution de l’environnement international. Il postule la poursuite vigoureuse des réformes et un impact positif plus significatif des politiques, programmes et projets de la SCAPE. Il trouve son fondement dans la nécessité de vite faire reculer la pauvreté à travers l’atteinte à très brève échéance de taux de croissance élevé et à fort impact sur les conditions de vie des populations. Alors que pour le scénario de référence, il faudrait attendre l’an 2035 pour doubler le revenu par tête, pour le scénario accéléré, cet objectif pourrait être atteint dès 2029, soit 6 ans plus tôt.

Dans ce scénario, l’accent est mis sur un profil de dépenses publiques plus efficaces au regard de l’atteinte des OMD tout en accordant une attention particulière tant aux investissements productifs qu’aux dépenses courantes en faveur des secteurs sociaux mais, aussi, à l’emploi et aux transferts bien ciblés en faveur des groupes vulnérables.

Le scénario accéléré est celui souhaité par la stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi. Il table sur une croissance régulière et plus forte des différentes branches d’activités des secteurs à fort potentiel de croissance de la SCAPE. Ainsi, l’agriculture progresserait à un rythme moyen plus élevé (6,3%) que dans le scénario de référence (4,2%), en tablant sur la poursuite de la politique de soutien du Gouvernement à la production vivrière et l’hypothèse d’une mise en œuvre réussie du PNIASA. Cette évolution serait tirée par les cultures de rente dont la croissance réelle sur la période serait de 21,5% en moyenne contre 13% dans le scénario de référence. De même, il est attendu des réformes dans les industries extractives, un effet accélérateur sur l’exploitation du phosphate qui pourrait croître à un rythme annuel moyen de 30,2% (contre 21,7% dans le scénario de référence) ainsi que sur la production de clinker dont la croissance réelle se situerait à 18,2% en moyenne (contre 8%

128 dans le scénario de référence). Par ailleurs, la trajectoire des autres industries extractives prendrait en compte le regain d’activité espéré dans la filière fer et marbre. Le taux de croissance de cette branche serait de 25% en moyenne (contre 21,6% dans le scénario de référence). Quant aux BTP, les hypothèses d’évolution (21% en moyenne contre 13,1% pour le scénario de référence) reflètent les effets positifs attendus des investissements en matière de modernisation et/ou de reconstruction d’infrastructures économiques.

Tableau 15 : Evolution des croissances sectorielles (%)

Années 2 012 2 013 2 014 2 015 2 016 2 017 Est. Proj. Proj. Proj. Proj. Proj.

Secteur primaire 5,1 5,3 6,1 6,5 6,6 6,9

Agriculture 4,9 5,7 5,9 6,3 6,6 6,9

Cultures vivrières 3,8 4,4 4,4 4,6 4,6 4,7

Cultures de rente 18,5 21,3 21,4 21,6 21,6 21,7

Elevage-Forêt-Pêche 5,7 4,3 6,6 6,8 6,9 6,9

Secteur secondaire 12,4 13,3 14,3 15,2 15,8 16,4

Industries extractives 20,3 23,4 24,6 25,3 25,7 26,2

Phosphate 25,0 29,0 30,0 30,7 30,7 30,8

Clinker 15,0 17,2 18,1 18,4 18,6 18,6

Autres 18,5 21,2 22,3 22,6 23,0 24,1

Industries manufacturières 10,0 11,5 11,8 12,1 12,1 12,2

BTP 17,0 19,5 20,5 21,6 21,7 21,8

Electricité, Eau et Gaz 3,0 3,4 3,6 3,8 4,0 4,1

Secteur tertiaire 3,5 5,9 5,9 6,4 6,4 6,5

Commerce 4,5 6,0 6,0 6,4 6,4 6,5

Transport, Entrepôts et Communications 5,0 5,7 5,7 6,3 6,3 6,4

Banques et assurances 5,5 6,3 6,5 7,0 7,1 7,2

Autres services 5,0 5,7 5,8 6,3 6,3 6,3

Production Imputée de Services Bancaires 5,1 13,0 13,0 13,0 13,0 13,0

DTI et TVA 4,5 4,7 4,9 4,9 4,4 4,4

PIB aux prix constants 5,6 6,0 6,6 7,2 7,6 8,1

Source : Estimations/Prévisions MEF-MPDAT, août 2012

Le scénario accéléré postule un taux d’investissement moyen de 24,7% sur la période 2013-2017 contre 20,9% pour le scénario de référence. Le taux d’investissement public est attendu à 13,3% en moyenne (soit 2,5 points de plus que dans le scénario de référence) tandis que le taux d’investissement privé s’établirait à 11,4% en moyenne.

Au total, la croissance économique s’accélérera sur la période, passant de 6% en 2013 à 8,1% en 2017, soit une moyenne annuelle de 7,1% sur la période (en hausse de 1,2 point par rapport au scénario de référence), et correspondant à une amélioration du PIB par tête de 4,1% (soit 1,1 point de plus que dans le scénario de référence).

La croissance économique s’accompagnerait d’une maîtrise du niveau général des prix dont le taux moyen se situerait à 3,1%.

En lien avec un taux d’investissement plus élevé, la propension moyenne à importer se situerait à 62%

du PIB, soit 4,5 points plus élevé que dans le scénario de référence tandis que la propension à exporter refléterait l’accroissement de la production des cultures de rente et autres biens échangeables à l’export en se situant à 43,6%, soit 2,3 points au-dessus de la valeur enregistrée sous le scénario de référence. Le solde des transactions courantes afficherait un déficit de 8,6% du PIB en moyenne (1,4 fois plus élevé que le scénario de référence) sur la période 2013-2017.

Il est attendu que le profil de croissance sous-jacent au scénario accéléré donne lieu à un regain d’activités, donc à un élargissement de l’assiette fiscale et par conséquent un accroissement des revenus de l’Etat. Le total des recettes publiques devrait augmenter de 19,3% en moyenne, en passant

129 de 414,1 milliards de FCFA (20,2% du PIB) en 2013 à 734,3 milliards de FCFA (25,3% du PIB) en 2017. La pression fiscale en ressortirait en moyenne à 20,96% sur la période 2013-2017 contre 16,1%

en 2009-2011, soit près de 4 points au-dessus du seuil communautaire (programme de convergence de l’UEMOA) de 17% prévu pour 2013.

Les dépenses publiques devraient s’accroître pour passer de 22,9% du PIB en moyenne sur la période 2009-2011 à 31,8% sur la période 2013-2017, conséquence d’une augmentation de 6 points du taux d’investissement qui passerait de 7,3% en moyenne entre 2009 et 2011 à 13,3% en moyenne sur la période 2013-2017. La structure des dépenses courantes relativement aux dépenses totales enregistrerait une baisse, passant de 59,8% en 2013 à 58,0% en 2017, au profit des dépenses d’investissement qui progresseraient respectivement de 40,2% à 42,0%.

Aucun financement nouveau autre que ceux déjà identifiés dans le scénario de référence n’a été pris en compte dans le scénario accéléré. De cette hypothèse a résulté une dégradation des différents soldes avec comme corollaire des besoins de financement de l’ordre de 146,3 milliards de FCFA en moyenne par an, soit 83,1 milliards de FCFA de plus que dans le scénario de référence.

Tableau 16 : Schéma de financement prévisionnel du scénario accéléré (milliards de FCFA)

2013 2014 2015 2016 2017 Total Moyenne Source : Prévisions MEF-MPDAT, août 2012

Les résultats du cadrage macroéconomique dégagent une enveloppe financière et un schéma prévisionnel de financement qui devra soutenir une croissance accélérée, promouvoir l’emploi et réduire les inégalités. Sur la période 2013-2017, le taux de croissance du PIB visé est de 7,1% en moyenne.

Le coût global de mise en œuvre de la stratégie est estimé en moyenne à 791,1 milliards de FCFA par an (hors charge de la dette) contre une capacité nationale annuelle moyenne de financement de 566,2 milliards de FCFA.

Le coût global des investissements s’élève en moyenne à 329 milliards de FCFA (41,6%) par an.

130 Quant aux charges de fonctionnement, elles sont estimées en moyenne à 458,1 milliards de FCFA par an, représentant 57,9% du coût de financement de la SCAPE.

Le financement de la stratégie sera assuré à 71,6% sur les ressources propres du budget et à 19,6% sur les ressources extérieures. Il en ressort un gap additionnel estimé à 8,8% du coût global de la stratégie (y compris la variation des arriérés estimée à 0,5% du coût global). Ce gap sera couvert par la mobilisation de l’épargne nationale et sous-régionale y compris celle des Togolais de l’extérieur par les émissions de titres publics (emprunts obligataires) et par le mécanisme du partenariat public-privé.

La mobilisation des ressources extérieures (de préférence sous la forme d’appui budgétaire global) se fera aussi bien auprès des partenaires bilatéraux, multilatéraux traditionnels que de la coopération Sud-Sud et triangulaire. En matière de financement extérieur, l’accent sera mis sur l’aide au commerce pour développer les compétences et les infrastructures liées au commerce afin d’accroître les échanges. Le Togo privilégiera également une stratégie d’endettement prudente, par une mobilisation accrue de dons pour financer les secteurs à caractère social, entre autres l’éducation, la santé et l’eau potable-assainissement.

Le partenariat public-privé sera un outil privilégié de mobilisation des ressources pour financer les mines, les infrastructures économiques, le tourisme, l’artisanat, l’industrie et les PME/PMI, et la promotion des pôles régionaux de développement.

Les autres formes de financements innovants, tels que la taxe carbone, la taxe sur les billets d’avions, la taxe sur les changes et la contribution citoyenne des individus et des entreprises seront exploitées.

Le marché financier régional sera également mis à contribution à travers l’émission de bons et d’obligations de Trésor.

Les prêts seraient contractés à des conditions concessionnelles et orientés vers les secteurs à fort potentiels de croissance et les infrastructures économiques. Le volume de prêts contractés devrait respecter les ratios de viabilité et de soutenabilité de la dette. Les prêts aux conditions très souples et flexibles seront privilégiés pour le financement de la stratégie.

Les hypothèses sur la situation monétaire suggèrent également de détenir l’équivalent de 4,4 mois d’importations de biens et services en avoirs extérieurs nets, de faire croître la masse monétaire au taux de 9,4% par an et les crédits à l’économie de 21,3%.

Le profil de croissance du scénario accéléré contribuerait à réduire la pauvreté de 15 points, passant de 58,7% en 2011 à 43,7% en 2017 si les inégalités telles que révélées par les résultats de l’enquête QUIBB persistaient. Par contre, en présence de politiques de redistribution efficaces, le taux de pauvreté serait de 39,2%, soit une réduction de 19,5 points à l’horizon de 2017.

L’incidence de ce profil de croissance sur le taux de sous-emploi serait de 4,5 points de pourcentage.

Ainsi, le taux de sous-emploi passerait de 22,8% en 2011 à 18,3% en 2017.

La situation des critères de convergence de l’UEMOA se présente selon le tableau ci-après.

131 Tableau 17 : Situation des critères de convergence de 2012 à 2017 (scénario accéléré)

Norme

UEMOA 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Moyenne

2013-2017

Etat de convergence Criteres de premier rang

Solde budgétaire de base sur

PIB nominal (%) 0% -4,4 0,48 1,80 3,43 4,74 7,32 3,55 Respect

Taux d’inflation annuel

moyen (%) 3% 2,5 3,9 3,6 2,9 2,3 2,6 3,1 Non respect

Encours de la dette publique

sur PIB nominal (%) 70% 22,6 17,5 13,5 10,5 7,6 6,0 11,0* Respect

Variation des arriérés de paiements intérieurs et extérieurs

0 0 0 0 0 0 0 0 Respect

Criteres de second rang Masse salariale sur recettes

fiscales (%) ≤ 35% 35,7 33,8 31,5 28,3 26,3 23,8 28,7 Respect

Investissements sur ressources internes sur recettes fiscales (%)

20% 35,1 27,5 27,5 26,3 26,4 24,5 26,4 Respect

Solde extérieur courant hors

dons sur PIB (%) -5% -8,1 -8,5 -8,1 -8,3 -8,6 -8,9 -8,5 Non respect

Taux de pression fiscale (%)

17% 16,2 18,2 19,3 21,0 21,8 22,9 20,6 Respect

Source : Estimations/Prévisions MEF-MPDAT, août 2012 * Non compris les nouveaux tirages