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Encadré 3. Apprentissage traditionnel ou informel?

Certains préfèrent le terme “apprentissage traditionnel”

au terme “apprentissage informel”. Ce guide établit pourtant une distinction entre les deux termes:

L'apprentissage traditionnel désigne le système de transmission de compétences d'un père ou d'une mère à un de ses enfants ou des membres de la famille proche. L'apprentissage traditionnel comporte géné-ralement une “éducation morale” de l'apprenti.

L'apprentissage informel est plus ouvert que l'apprentissage traditionnel et les apprentis viennent de l'extérieur de la famille proche ou élargie. Néanmoins, un maître artisan qui forme des apprentis dans un cadre informel peut aussi former son propre enfant dans le cadre d'un apprentissage traditionnel.

© ILO/Clemens Greiner

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sur la formation. Ce sont des mécanismes institutionalisés qui veillent au respect de l'application de ces règles formelles, tels que les tribunaux du travail, les conventions collectives, les commissions chargées de l'enseignement, les chambres de commerce, les inspecteurs du travail, etc.

ou d'un système de formation informelle qui obéit à des règles informelles commes les normes, coutumes ou conventions sociales ou encore les valeurs culturelles. Ce sont des mécanismes informels qui incitent à l'applica-tion de ces règles informelles, tels la réciprocité, les sanctions sociales, le rejet, l'ostracisme, les croyances religieuses, etc.

Il est important de bien comprendre que la distinction entre formel et informel ne signifie pas opérant ou non opérant.

Les règles et mécanismes informels peuvent être aussi opérants, voire davantage, que leurs homologues formels.

Ainsi, les lois successorales informelles (traditionnelles et relevant du droit coutumier) qui, dans les sociétés patrilinéaires, privilégient les hommes par rapport aux femmes dans la transmission des biens, sont souvent beaucoup plus puissantes que les lois successorales formelles (statutaires) qui mettent les deux sexes sur un pied d'égalité (Jütting et autres auteurs, 2008). Il serait donc préférable d'appeler les règles informelles les “règles en usage” par opposition aux règles définies par la loi. Cet exemple montre toutefois que les règles informelles peuvent aussi faire obstacle aux objectifs de développement comme l'instauration de l'égalité entre hommes et femmes.

Le contexte africain: des systèmes d'apprentissage formel en perte de vitesse...

Nombreux sont les pays africains qui disposent d'une législation sur l'apprentissage formel. Cependant, le nombre actuel d'apprentis régis par une réglementa-tion sur l'apprentissage formel est très faible. Dans de nombreux pays, la privatisation des entreprises para-étatiques, dans les années quatre-vingts et quatre-vingt-dix, a provoqué un sérieux déclin de l'apprentissage formel car les grandes entreprises privées ont estimé qu'il était trop coûteux ou elles ont eu le sentiment que les centres de formation étaient obsolètes. Le nombre d'apprentis qui sollicitent un apprentissage formel est faible en raison de la sévérité des critères d'admission et des taux d'absorption habi-tuellement bas du marché du travail (OCDE, 2008;

Adams et Johanson, 2004; Atchoarena et Delluc,

2002; Fofana, 2007; Athumani, 2008).

… et des systèmes d'apprentissage informel large-ment répandus

L'apprentissage informel, lui, est largement répandu dans la plupart des pays africains. Il est ancré dans les traditions et la culture locales et obéit à un grand nombre de règles informelles diverses qui reposent sur la réputation, les sanctions sociales ou la réciprocité.

L'apprentissage informel est considéré, et de loin, comme la source de formation professionnelle la plus importante en Afrique. Au Ghana, on estime que la majeure partie de la formation professionnelle passe par l'apprentissage informel et traditionnel. Celui-ci participe pour 90 pour cent de la formation de tous les métiers au Bénin, au Sénégal et au Cameroun et forme plus de jeunes que le système d'apprentissage formel au Maroc (Walther et Filipiak, 2007; Haan, 2006; Korboe, 2001). En Côte d'Ivoire, par exemple, on compte quelque 350 000 à 450 000 apprentis qui travaillent dans 150 000 micro et petites entreprises de l'artisanat et des métiers manuels (Koné, 2001), tandis que le système d'apprentissage formel n'a formé que 3 700 apprentis en 2009.

Un certain nombre d'études empiriques ont été entreprises, à la fin des années soixante-dix jusqu'à très récemment, pour décrire comment fonctionne l'apprentissage informel. Mais beaucoup de ces études sont dépourvues de cadre conceptuel et analytique. Si, dans de nombreux pays, l'apprentissage informel reste majoritairement ignoré des statistiques (Atchoarena et

LE SAVIEZ-VOUS?

Encadré 4. Apprentis ou aides familiaux?

Les aides familiaux sont souvent pris à tort pour des apprentis.

Les aides familiaux sont des membres de la famille qui participent, à mi-temps ou à temps plein, aux activités de l'entreprise familiale sans être rémunérés. Ils sont expérimentés ou peu expérimentés et peuvent accom-plir toutes les tâches possibles dans une entreprise.

Leur principale fonction consiste à prêter main forte pour les activités de l'entreprise.

Les apprentis entrent dans une entreprise/un atelier pour y apprendre un métier. Ils peuvent être rémunérés ou non, apprendre et travailler à mi-temps ou à temps plein.

Les apprentis traditionnels, qui sont les enfants du maître artisan, jouent donc un double rôle: ils peuvent être considérés à la fois comme apprentis et comme aides familiaux.

Delluc, 2002), certains pays recueillent des informations par le biais d'enquêtes nationales (voir la section 3.1).

• L'Annexe 1 fournit une liste de grandes études empiriques sur l'apprentissage informel, menées en Afrique.

Toutes les études ont confirmé que l'apprentissage informel en Afrique comportait les éléments consti-tutifs de l'apprentissage, mentionnés à la section 1.1 (voir tableau 2).

Les contrats entre employeur et apprenti (ou parents de l'apprenti selon son âge) existent dans le système d'apprentissage informel. La plupart d'entre eux sont oraux, mais n'en sont pas moins contraignant socialement (Elément 1). L'apprentissage se charge de transmettre les compétences propres à un métier, comme le forgeron, le mécanicien automobile, le tail-leur, le coiffeur, etc. Dans certains pays de l'Afrique de l'Est, les apprentis demandent à recevoir des compé-tences très spécifiques pendant de courtes périodes de temps. Cette transmission du savoir-faire n'est consi-dérée comme de l'apprentissage que si le niveau de compétence acquis leur permet d'obtenir un emploi

(Elément 2). La formation est entièrement dispensée sur le lieu de travail. Souvent, le maître artisan suit un programme de formation informel2 (Elément 3).

En Afrique, l'apprentissage informel est un système auquel ont surtout recours les jeunes. En Afrique de l'Ouest les apprentis sont en général plus jeunes qu'en Afrique de l'Est. C'est la raison pour laquelle il y a davantage de risque, en Afrique de l'Ouest, d'être confronté au travail des enfants chez les apprentis (Elément 4). Dans tous les dispositifs d'apprentissage informel, le coût de la formation est partagé: les maîtres artisans investissent du temps et des moyens pour former le jeune, en contrepartie de quoi l'apprenti apporte sa contribution en fabriquant des produits ou en fournissant des services. Les autres transferts comme les frais d'apprentissage, les contributions en nature, la mise à disposition de matériel, les indem-nités, l'argent de poche ou les salaires dépendent du pays, du métier ou du contexte local. La section 4.2 donne des informations plus détaillées sur les systèmes de financement (Elément 5).

Tableau 2: Les éléments d'apprentissage – formel et informel

Eléments d'apprentissage Apprentissage formel Apprentissage informel

Contrat de formation entre l'employeur et l'apprenti

Contrat écrit entre l'employeur, l'apprenti et parfois les centres/

écoles de formation

Contrat oral ou écrit entre le maître artisan, l'apprenti et parfois les parents de l'apprenti L'apprenti acquiert des

compétences professionnelles pour exercer un métier

Compétences générales qui

permettent la maîtrise d'un métier Compétences générales qui permettent la maîtrise d'un métier

La formation est dispensée sur le lieu de travail et intégrée au processus de production

La formation est dispensée sur le lieu de travail et habituellement complétée par des cours en centres/

écoles de formation; programmes d'étude et de formation officiels

La formation est dispensée en totalité sur le lieu de travail, observant souvent un programme

de formation informel

L'apprenti est un jeune C'est habituellement le cas, certaines réglementations fixent

des limites d'âge, d'autres non

C'est habituellement le cas, risque d'être confronté

au travail des enfants

Le coût de la formation par apprentissage est partagé entre

l'employeur et l'apprenti

L'employeur investit du temps et des moyens (dont le salaire de l'apprenti),

l'apprenti fournit des services de main-d'oeuvre, le gouvernement

accorde une aide financière

Le maître artisan investit du temps et des moyens (argent de

poche, prestations en nature), l'apprenti fournit des services de main-d'oeuvre et s'acquitte parfois de frais d'apprentissage Source: Auteur.

2. Les apprentis commencent en général par une première phase d'observation et d'imitation, suivie d'une phase où on leur apprend à se servir des outils et à exécuter des tâches simples : ils sont supervisés et corrigés. Puis, l'apprenti exécute des tâches plus complexes, participe à l'élaboration finale des produits et apprend comment négocier avec les clients (Nübler et autres auteurs, 2009; Walther et Filipiak, 2007).

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SECTION 2

Comprendre les systèmes

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