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1. L’ANALYSE DE CONCEPT

1.7 Identification des antécédents et des conséquents du concept : Étape 7

1.7.4 Sélection des antécédents du concept

Pour donner suite à l’exercice de repérage et de codification des caractéristiques précédant le concept, la sélection des antécédents a été réalisée. Les extraits ont été analysés en tentant de répondre à une deuxième question afin de déterminer quelles caractéristiques repérées devaient être identifiées comme des antécédents du concept : « Quels sont les événements, contextes, états ou caractéristiques qui sont relevés le plus souvent avant l’apparition du concept et qui sont nécessaires à son apparition? ». Afin de répondre à cette deuxième question, différentes possibilités d’ajouts et de retraits de caractéristiques ont été testées afin d’évaluer, de manière hypothétique, leur impact sur le développement du concept. Pour être considérée comme un antécédent, une caractéristique devait se révéler nécessaire au développement du concept, c’est-à- dire qu’il fallait que son retrait empêche l’apparition du concept. À partir de ces critères, quatre antécédents sont ressortis : 1) la présence du TSM, 2) la période marquée par des pertes, 3) la période de crise et de stress et 4) l’acceptation de son diagnostic. Selon les résultats de l’analyse,

chacun de ces quatre antécédents doit précéder l’apparition du rétablissement chez les adolescents, sans quoi ce dernier ne peut être entamé. Autrement dit, la présence de ces quatre antécédents est requise pour permettre l’apparition du concept.

1.7.4.1 La présence du TSM

L’antécédent « présence du TSM » est évidemment présent dans l’ensemble des études recensées puisqu’il est impossible de se rétablir d’un TSM si ce dernier n’est pas présent. Toutefois, 32 extraits provenant de 8 études soulignent des caractéristiques permettant de comprendre comment le diagnostic et les symptômes reliés s’installent chez l’adolescent (extraits présentés à l’Annexe C).

Tout d’abord, il est important de souligner que le processus de rétablissement pourrait avoir lieu uniquement si l’adolescent reçoit d’abord un diagnostic de TSM et, de façon plus importante, le bon diagnostic (Leavey, 2005; Veater, 2016). Par ailleurs, dans le cadre de la thèse de Veater (2016), l’un des thèmes émergeant des entrevues dirigées auprès d’adolescents vivant avec un trouble obsessionnel compulsif concernait l’impact que le TSM a sur la vie des adolescents. Un extrait relié à ce thème met bien en évidence l’expérience d’un adolescent vivant avec ce trouble : « OCD appeared […]to be powerful and all consuming. Participants lacked control and were left with no option but to adhere to the demands of OCD » [Le trouble obsessionnel compulsif semblait […] être puissant et ravageur. Les participants manquaient de contrôle et n’avaient pas d’autres options que d’adhérer aux demandes du trouble] (Veater, 2016, p. 96). Par la même occasion, cet extrait met en valeur que le fait de vivre avec un TSM serait particulièrement chargé émotivement en raison des symptômes associés au TSM diagnostiqué.

1.7.4.2 La période marquée par des pertes

Tout d’abord, l’antécédent « période marquée par des pertes » a été identifié au travers de 6 études et a permis de repérer 46 extraits qui sont présentés à l’annexe C (Bonnett, 2016; Grealish et al., 2016; Hense et al., 2014; John et al.,2015; Leavey, 2005; Veater, 2016). L’étude de Leavey (2005) met en valeur ce thème à l’intérieur de différents extraits illustrant que l’adolescent vivrait une perte de son autonomie et serait porté à être dépendant de sa famille alors qu’il devrait être en pleine découverte de son indépendance. Cette période est aussi caractérisée par une perception embrouillée que l’adolescent a de lui-même et par des difficultés qui se répercutent sur son développement identitaire : « This often contributed to a sense of loss of the self they once knew or a disruption in the way the participant related to themselves » [Cela contribue au sentiment de perte de la personne qu’ils ont connue ou à une perturbation dans la façon dont la personne participante était en relation avec eux] (Simmonds et al., 2014; Wisdom et Green, 2004; Woodgate, 2006). L’expérience de l’adolescent quant à son TSM aurait un impact important sur ses relations sociales. La peur du jugement et de la stigmatisation entraînerait l’adolescent à se refermer sur lui- même et à s’isoler socialement. Cet isolement aurait d’ailleurs des impacts sur la perte de certains, voire de plusieurs amis.

1.7.4.3 La période de crise et de stress

Ce thème a été identifié à l’intérieur de 6 études et grâce à 14 extraits qui sont présentés à l’annexe C (Bonnett, 2016; First person recovery: A mother’s love is indeed unconditional, 2005; Henriksen, 2014; Jackson et Lurie, 2006; John et al., 2015). Une période de crise et de stress serait aussi un moment marquant se situant souvent après la réception du diagnostic et avant le début du processus de rétablissement pouvant s’échelonner sur une durée variable. L’extrait provenant de

la thèse de Veater (2016) présente une situation de crise vécue par une adolescente envahie par ses symptômes reliés au trouble obsessionnel compulsif :

« I couldn’t … it all happened quite quickly I couldn’t rest … I couldn’t do anything that other people would do in the morning… so when I was putting my shoes on I couldn’t do the Velcro or do anything. … I didn’t like the noise I couldn’t do it quick enough I was doing it so many times all I remember is one day just kind of sitting in my room and the bus had I think the bus had already left and … sitting on the floor crying and my mum was saying I think we need help…so at that point I think we went to the GP. » [Je ne pouvais pas… C’est arrivé si vite, je ne pouvais pas me calmer… Je ne pouvais rien faire de ce que les autres font le matin…donc, quand je mettais mes souliers, je n’étais pas capable de mettre mes velcros ou faire autre chose… Je n’aimais pas le bruit et je ne pouvais pas le faire assez vite. Je le faisais si souvent que tout ce dont je me souviens c’est qu’un jour, j’étais assise dans ma chambre et l’autobus avait, je pense que l’autobus avait déjà quitté et… je pleurais sur le plancher et ma mère disait, je crois que nous avons besoin d’aide… Donc je crois que c’est à ce point que nous sommes allés voir un professionnel] (Veater, 2016, p. 95).

Cette période de crise serait gérée de façon différente pour chaque personne. Certains tenteraient de fuir le stress de cette période en utilisant des stratégies variées : « participants reported engaging in sexually promiscuous behaviour and substance abuse as a way of coping, and also contemplated suicide. » [Les participants ont indiqué s’engager dans des comportements de promiscuité sexuelle, d’abus de substance comme un moyen pour gérer la situation et qu’ils envisageaient le suicide] (Veater, 2016, p. 46).

1.7.4.4 L’acceptation de son diagnostic

Parmi les 13 études ayant repéré des antécédents du concept, 5 d’entre elles identifiaient à travers 15 extraits (présentés à l’Annexe C) que l’acceptation de son TSM et des difficultés qui en découlent représente une étape importante permettant d’enclencher un processus de rétablissement (Knutson et al., 2013; Lal, 2010; Leavey, 2005; Veater, 2016; Yip, 2005). L’extrait de l’étude de Lal (2010) est celui qui mettait le mieux en valeur cet antécédent : « An important first step in applying the recovery concept entails that an individual accept having an illness to recover from or be in recovery » [Que l’individu accepte d’être atteint d’une maladie ou d’être en rétablissement est un premier pas important dans l’application du concept de rétablissement] (Lal, 2010, p. 86).